Faut-il voir dans cette manière de collecter une aussi grande quantité de livres, une forme d'affection mentale incurable ?
Je dois avouer qu'après un temps assez court de réflexion, abrité dans mon bureau/refuge, je me suis dit que, d'une certaine manière, cette pièce aux murs tapissés de livres, était le réceptacle d'objets bibliophiliques assez hétéroclites, et dont les nombreux formats, supports, présentations, constituaient un ensemble unique, car personnel, de ma représentation de l'imaginaire. En somme, une chance extraordinaire pour l'anonyme que je suis de me faire le représentant d'une multitude de passionnés et de gens curieux qui, tout comme moi, entassent dans une maison, dont la résistance des murs cédera un jour ou l'autre, une quantité incroyable de volumes en tous genres.


La curiosité est-elle pathologique ? Voilà une question que je me suis souvent posée, lorsque d'un regard coupable je contemplais les rayonnages se remplir sous le regard souvent amusé, parfois réprobateur, mais toujours bienveillant de mon adorable épouse. Si naguère je considérais cette frénésie compulsive comme relativement encombrante et quelque peu hors norme, je m'aperçois avec le temps, que toute cette énergie dépensée à la recherche de livres et d'éditions rares fait partie intégrante de ma vie, qu'elle y a puisée une certaine forme d'équilibre et la possibilité d'affirmer une certaine identité.
Mais la partie ne fut pas des plus faciles, car en ayant toujours affiché mon goût pour le fantastique et la littérature de l'imaginaire, le regard que l'on me porta, fut pendant de longues années assez mitigé, pour ne pas dire dédaigneux. Cette littérature rentre dans un cadre assez strict, cataloguée pendant longtemps comme un sous genre et condamnée pour sa teneur fantasque, peuplée de chimères et de frissons à bon marché. Les romans fantastiques, il y a quelques années, n'avaient pas très bonne presse, et je me rappelle qu'il fut un temps où la simple vision d'une couverture au titre un peu racoleur provoquait dans mon entourage des regards accusateurs.

Les gens sont-ils vraiment curieux ? Voilà une autre question que je me suis alors posé. Curieux, curiosité, une faculté qui pousse l’individu à apprendre, voir, connaître, à s’intéresser au monde qui l’entoure. Elle peut toucher des domaines différents, n’a pas de cadre restrictif, englobe un vaste éventail de possibilités. Quand ces « ancêtres » des musées que sont les cabinets de curiosités furent inventés vers le XIVéme siècle sous le nom de « studiolo », ils avaient une fonction purement décorative, renfermait plus spécialement des objets d’arts, exposés pour le plaisir des yeux. Pendant très longtemps, en raison des objets de valeurs qui s’y trouvaient, ils furent l’apanage des personnes fortunés. Par la suite, les gens de conditions moyennes se passionnèrent par cette nouvelle forme de collection et  trouvèrent là un moyen d’exprimer leurs goûts pour la curiosité. Mais cette envie qui nous pousse à comprendre, pouvait être considérée comme un vilain défaut, car elle incite les gens à réfléchir et donc à se poser des questions.


A l’origine, lorsque la science qui était un tout nouveau concept ,ne brillait pas pour son exactitude, qu’elle ne possédait pas de véritable « statut » ce sont les collectionneurs qui commencèrent à accumuler et à répertorier, les objets curieux, les créatures insolites que l’on rapportait  de ces nouvelles terres, découvertes au-delà des océans. Déjà à cette époque (le XVIéme siècle) on s’interroge sur l’utilité de telles démarches et des personnages célèbres comme Saint Augustin, Saint Thomas D’Aquin opposent une farouche résistance, car ce poser trop de questions sur tout ce qui nous entoure, peut révéler des choses dérangeantes et avoir un effet néfaste sur les croyants : La curiosité est alors considérée comme un vilain défaut. L’ignorance est le meilleur moyen de lutter contre la contestation .

 

Comment définir un cabinet de curiosité bibliophilique ? En ce qui me concerne, en bon collectionneur qui se respecte, c'est avant tout un plaisir personnel, qui me procure une certaine satisfaction. Mais ce cabinet est aussi le reflet de la personnalité de chaque collectionneur, de leur intérêt pour le monde qui les entoure et de l'ouverture d'esprit qui anime leur existence. À ces débuts, il était le témoignage des bizarreries qui faisaient du monde sa spécificité et sa particularité, le moyen d'affirmer l'existence d'êtres différents, de cultures différentes et de courants artistiques qui divergeaient complètement de nos propres influences. Ils furent le reflet, à une époque où les moyens de communications étaient d'une lenteur extrême et que la photographie n'existait pas, la solution idéale pour voyager dans le calme feutré, apaisant et rassurant, d'une maison : Une certaine représentation de la mémoire du monde dans un lieu unique !


Je me suis créé mon propre cabinet de curiosité à partir de fragments de papiers, de feuilles jaunies par le temps, de journaux, de fascicules, d'ouvrages brochés ou reliés, abandonnés, orphelin en attente d'un nouveau propriétaire qui daignera lui accorder une nouvelle vie. Très souvent, lorsque je trouve un livre au hasard de mes nombreuses chines, je m'imagine le périple extraordinaire qu'il a effectué avant de se retrouver entre mes mains.


Dés sa sortie de l'imprimeur, ce fascicule de « La Guerre infernale », cet exemplaire des Mystères de demain, cette reliure de Calvet « Dans 1000 ans », cette édition rare de Frankiln « Les ruines de Paris en 4875, document officiels et inédits » datant de 1875 et tiré à seulement 250 exemplaires, ou le sublime « La Guerre des mondes » illustré par Alvin Corêa lui à tirage confidentiel... Dans quelles mains sont-ils passés, dans quelles bibliothèques ont-ils été rangés, dans quelles caves ou greniers ont-ils été oubliés ? Ce sont les genres de « papiers » qui ont survécu aux deux guerres, aux bombardements, à l'occupation, aux incendies et aux inondations.


Le livre est une chose fragile et vulnérable, capable de résister à tout, mais aussi de disparaître en un instant. J'ai souvent l'impression d'être le dépositaire et le gardien de tout un univers voué à la destruction.


La moindre petite édition populaire fait pour moi office d'incunable que je garde jalousement sur le bois de mes étagères. Mais il ne faut pas croire que je suis un maniaque obsessionnel qui ferme son bureau à double tour (le mien ne possède ni portes, ni serrures). La lecture est une découverte et un partage, je n'hésite pas à prêter mes ouvrages, ou à faire partager mes découvertes par l'intermédiaire des nombreux réseaux sociaux. Au mieux j'invite les personnes chez moi.

Je suis un lecteur assez « tardif », et donc mon enfance, contrairement à d'autres, n'a pas été bercée par Jules Verne. Cela remonte à un peu plus de 25 ans, j'étais un passionné de littérature fantastique avant d'être fan de science-fiction. En bon chineur qui se respecte, je faisais les brocantes et les bouquinistes de ma ville et de ses environs. Un jour, je pousse la porte d'un magasin de livres d'occasions, tenu par un homme d'origine asiatique, très affable et qui semblait posséder une bonne culture littéraire. Dans le fond de sa boutique, je découvre un carton avec, comme il me le fait remarquer, « de vieux livres qui n'intéressent personne ». À l'époque, je ne connaissais pas l'anticipation ancienne, et c'est avec un peu de méfiance que je m'empare d'un volume à la couverture verdâtre. Le titre me fascine et, pour moi, c'est un ouvrage « fantastique ». Je regarde la table des matières et je ne peux que m'enthousiasmer à la lecture de certains chapitres : « L'incroyable phénomène », « L'épouvante », « Dans le repaire du monstre ».... Des annonces accrocheuses avec un titre de volume non moins « mystérieux » : « La Révolte des pierres », d'un certain Léon Groc. L'ouvrage est dédicacé, ce qui ne semble pas émouvoir le vendeur qui me laisse le précieux volume pour la modique somme de 1 Franc. De retour à mon domicile, je me jette sur le volume, le style est assez inhabituel, un genre impossible à cataloguer. Dans quelle catégorie le classer ? C'est une surprise car il s'agit d'une thématique assez particulière et surtout, fait incroyable, la France compte parmi ses écrivains, de fortes personnalités, qui dans les années 1930, avaient une inspiration proche des auteurs de science-fiction.  

 

Ce fut le début d'une longue histoire d'amour : Léon Groc est devenu mon auteur fétiche. Rapidement, je me suis lancé à la recherche d'autres auteurs du même style, et ma deuxième rencontre importante fut bien évidemment la découverte de Versins et de son incontournable Encyclopédie de l'utopie et de la science-fiction.


À cette époque, je n'avais aucune notion de « cabinet de curiosité », bien que je connusse, dans mon entourage, des gens un peu excentriques qui collectionnaient toutes sortes de choses que nous qualifierons de « bizarres ». Et avec le temps, je suis de plus en plus enclin à penser que nous sommes tous des amateurs de curiosités, que nous possédons tous, avec des approches différentes, nos propres « cabinets de curiosités ». Notre société développe une certaine exagération quant au concept de la propriété, de l'accumulation, et nous nous retrouvons, dans une certaine mesure, être les victimes d'un nouveau mal : l'achat compulsif ! Tout se collectionne et le nombre incroyable de nouvelles séries que l'on rencontre dans les kiosques en est un exemple frappant.

Pour les livres par exemple (c’est un peu le coté pervers du phénomène) : je voue un amour démesuré pour l’auteur Gantois, Jean Ray. « Malpertuis » est une œuvre de référence que je ne cesse de lire. Pour cet ouvrage donc, dés que je rencontre une nouvelle édition, il m’est difficile de résister à son achat. Fascinant personnage, il fait preuve d’une approche de l’insolite absolument incroyable, dans un style percutant et riche en vocabulaire. Son univers est fait de senteurs de cuisine qu’il m’arrive souvent de percevoir lors de mes lectures effrénées. Il est parvenu à créer un microcosme original où les apparences sont trompeuses, un monde de petites veilles aux appétits féroces, de créatures impitoyables, de fantômes vengeurs, de ruelles ténébreuses et d’univers parallèles. Il est l’auteur de cette phrase admirable qui semble être un parfait résumé de cette passion que j’éprouve pour ce genre de littérature : « Je ne crois pas aux fantômes, j’en ai peur ».

Et puis il y a la légende « Jean Ray ». Toute une période de sa vie a très longtemps été secrète, mystérieuse, où la fiction se mêlait à la réalité. Toute une vie immense, à l’image de son œuvre, dont il est encore difficile, de nos jours, d’imaginer l’importance.

Un de ses ouvrages me fit et nous fit pendant très longtemps fantasmer : l’insaisissable « Terre d’aventure ». Annoncé comme « épuisé » dans le premier recueil de nouvelles qui fut publié sous le nom de Jean Ray (La renaissance du livre, 1925), ce livre est un petit peu le « Saint Graal » des collectionneurs du genre. J’ai rencontré un bouquiniste à Marseille qui m’a affirmé qu’un jour, lors d’une brocante, il avait vu le livre sur un étal mais qu’il ne lui restait plus d’argent pour l’acheter. Voilà comment un livre entre dans la légende. Le genre de fables qui nous poussent à continuer nos recherches incessantes et qui attise nos appétits pour l’insaisissable, l’introuvable, la pièce rare. Un livre « fantôme » comme tout amateur de curiosités se plaît à imaginer posséder dans sa bibliothèque.

Il existe également dans nos propres cabinets bibliophiliques des ouvrages dont nous ne pensions pas croiser un jour le chemin, et je crois que c'est en cela que réside tout le plaisir des « archéologues du merveilleux » que nous sommes, pour reprendre une expression célèbre d'un autre grand monsieur, Claude Hermier. Imaginez un ouvrage du domaine de l'imaginaire, dont la quasi-totalité a été détruite lors d'un incendie. Seuls quelques ouvrages ont échappé à la catastrophe et un jour, par le plus grand des hasards, grâce à un ami libraire, il vous arrive entre les mains. Ce « fantômes et fantoches » de Vincent Saint Vincent, alias Maurice Renard, est vraiment une curiosité littéraire qui certes fera l'objet d'une réédition bien des années plus tard, mais il n'y a rien de comparable que de feuilleter d'une main fébrile, une édition originale. Avoir un contact avec un tel livre, son odeur, le bruit des pages que l'on tourne, sentir sa « masse » entre ses mains, sont vraiment des sensations particulières, une intense communion qu'il me sera impossible de ressentir avec un tout autre objet.


Lorsque je trouve un volume depuis longtemps convoité, c'est un moment unique qui me procure une joie indescriptible et il me semble difficile de faire partager cette approche quasiment sensuelle avec un tiers qui ne connaît pas ce doux frémissement de plaisir. Maurice Renard, cet incomparable écrivain est le créateur du terme si poétique de « merveilleux scientifique » pour désigner tout un courant littéraire où la science était l'élément de base pouvant donner libre cour à des spéculations les plus insensées. Pendant très longtemps et faute de mieux, cette littérature était qualifiée de « fantastique ». Probablement un mélange des genres à une époque où les mentalités n'étaient pas prêtes à un tel bouleversement. Il faut dire que les auteurs n'y allaient pas de main morte avec des romans aussi novateurs que « Le Dr Lerne sous dieux », « Le Péril bleu » du même Renard, « Le Prisonnier de la planète Mars et la guerre des vampires » de Gustave Le Rouge, les romans de André Couvreur « Une invasion de Macrobes », « Le Biocole », « Le Valseur phosphorescent » et l'extraordinaire « Caresco surhomme ou le voyage en Eucrasie »(1904) qui mériterait une réédition et dont il faudra un jour redécouvrir toute l'originalité. Un auteur unique dont il me reste à trouver un titre phare et peu courant « Le Mal nécessaire », où débutent les méfaits de ce chirurgien « fou » Caresco. L'auteur était médecin de formation et il savait donner à ses romans « d'anticipation médicale » toute la verve et l'imagination nécessaire. Une multitude de titres, intrigants et curieux, qui laissent présager des moments d'agréables lectures.

Depuis très longtemps les écrivains entretiennent une relation privilégiée avec le surnaturel, le macabre, le sensationnel. Nos étagères se couvrent littéralement de ces titres aux consonances sulfureuses, aux illustrations colorées et extraordinaires. Je dois avouer prendre un certain plaisir de savoir rangé dans mes rayonnage le rarissime ouvrage d'Élise Gagne, « Omégar , ou le dernier homme » (Didier et Cie Libraires éditeurs, 1859), « Les Derniers Jours de la terre » du Dr Eusèbe Magnus (A la librairie illustrée, 1875), « La Revanche fantastique » de Louis Denay et Eugène Tassin ( E.Dentu, Libraire éditeur, 1873), « La guerre finale, histoire fantastique » de Barillet-Lagargousse » ( Berger-Levrailt & Cie éditeurs 1885) ou ce « L'An 2440 rêve s'il n'en fut jamais » de Louis Sébastien Mercier (A Londres 1776) et bien d'autres encore...... Ce plaisir est doublement jubilatoire lorsque certains textes des plus incroyables sont enrichis de magnifiques illustrations comme « Le Monde tel qu'il sera »d'Émile Souvestre (Éditions W.Coquebert,1846), « Voyage dans la lune avant 1900 »De A.de Ville-D'Avray (Paris ancienne librairie Furne),« Ignis » du Comte Didier de Chousy (La science illustrée, 1895/96) et la célèbre série d'Albert Robida, « Voyage très extraordinaire de Saturnin Farandoul » (en 100 livraisons librairie illustrée M.Dreyfous, 1879). Cette saga qui préfigure L'Homme singe d'E.R.Burroughs, mérite que l'on s'y attarde quelques lignes :

Ce roman de 800 pages, abondamment illustré par l'auteur (noir et blanc et hors texte couleurs magnifiques), relate les aventures de Farandoul qui à l'age de quatre mois et sept jours va échouer sur une île peuplée de singes.
Il sera élevé par les primates et partira, dés l'age de onze ans, retrouver la civilisation conscient de sa différence.
Il deviendra rapidement un homme hors du commun, un être supérieur parmi les hommes, tout en conservant un grand pouvoir sur les animaux.
De retour de manière fortuite chez les singes, il en fera une société instruite et constituera sa propre armée.
Toute l'histoire sera par la suite une aventure délirante et haute en couleur dans laquelle Robida pastichera de manière très savoureuse les héros de Jules Verne et de ses « Voyages Extraordinaires. »

Le signe finalement, qu'en dépit d'une certaine réticence, les écrivains ont toujours entretenu avec ce domaine des rapports assez étroits et privilégiés. Toutefois, dans le pays de Descartes, très rationnel, il n'était pas de bon aloi d'afficher certaines sympathies pour l'imaginaire et le merveilleux. Reste que, malgré tout, il y eut une production assez importante (on découvre encore des titres inconnus dans notre registre) et certains auteurs qui n'avaient pas peur d'être classifiés comme « fantastiques ».

J'ai toujours été fasciné par les choses anciennes et je trouve absolument prodigieux que des hommes et des femmes, il y a plus d'une centaine d'années, étaient capables de se projeter dans le futur, d'imaginer et de concevoir des technologies nouvelles, alors que l'on ne se déplaçait encore qu'au moyen de chevaux et que de se rendre dans certains pays était une expédition inimaginable. C'était une époque où l'individu avait un sens incroyable de l'aventure : il y avait encore des pays inexplorés, des terres vierges. Un autre temps où tout était possible. Il n'y avait pas cette sensation de lassitude que l'on peut rencontrer maintenant où tout le monde est blasé en raison d'une technologie par trop envahissante, la télé, d'Internet...


Mais je crois être, avant toute chose, un nostalgique non seulement du contenu de l'ouvrage mais surtout de ce qu'il représente. Déjà l'objet en lui-même renferme plein de promesses. Imaginons toute la production de littérature populaire de l'époque avec des centaines de couvertures chatoyantes, parfois même criardes. Dans les kiosques à journaux cela devait être merveilleux ! Une époque où de grands artistes, un peu oubliés de nos jours, employaient tout leur talent à faire vivre, l'espace d'une couverture, des aventures extraordinaires, à affronter de redoutables gangsters, à braver des territoires hostiles, à secourir de belles créatures éplorées. Nostalgique d'une époque où il y avait peut-être une certaine insouciance de la part de nombreux éditeurs qui abondaient à la demande de « Monsieur tout le monde », en produisant du rêve et de l'évasion à bon marché. Il n'y avait pas l'emprise des médias et de l'audiovisuel, les gens préféraient lire et s'évader par la lecture.

 

En raison d'une certaine marginalisation de cette thématique, ces livres « fantastiques », dont il serait fastidieux de faire ici l'inventaire, occupent une place de choix dans « mon » cabinet de curiosités. Ils sont le signe d'une forme d'originalité, de mon goût prononcé pour tout ce qui est étrange et mystérieux. Tous ces livres qui peuplent ainsi ma bibliothèque sont habités par une multitude de fantômes qu'il m'arrive parfois d'entendre soupirer, lorsque le soir, je consulte un de ces vieux volumes, fatigués par le temps. Le livre est une entité vivante, chargé des souvenirs, des histoires qui l'habitent, mais aussi et surtout, des émotions de toutes les personnes qui l'ont consulté, avant de se retrouver par le plus grand des hasards, sur le chemin que je me suis tracé. Tout livre est par définition une curiosité car il renferme en lui, les idées, les espoirs, les illusions et toute l'imagination de celui qui l'a écrit. Les livres nous ouvrent de nouveaux horizons, nous font rêver, voyager, frémir et réfléchir. Ils nous incitent à aller plus loin encore, de découvrir d'autres horizons, faire de nouvelles rencontres, en lire encore et toujours plus. Au final, la lecture est une maladie qui ne pourra trouver de traitement que par le mal qui l'anime.

Si on définit un cabinet de curiosités comme « un microcosme, un résumé du monde où prennent place des objets de la terre, des mers et des airs (minéral, végétal et animal), à côté des productions de l'homme » (1), il est possible d'avancer qu'il est également le fait d'hommes ou de femmes qui ne trouvent de satisfaction qu'en réunissant le plus possibles d'objets possédant des caractéristiques inhabituelles ou insolites. Cette passion pourra se définir par l'originalité des objets accumulés ou par leur quantité. Mais je crois que le principe essentiel du cabinet, et ce qui le caractérise d'une manière fondamentale, est son aspect « hors du commun », un critère incontournable qui en fait toute son originalité. Par essence donc, c'est un lieu qui doit posséder un attrait pour le domaine de l'imaginaire, un lieu où il sera possible de laisser libre court à notre émerveillement, notre étonnement, nous permettant de découvrir des choses ou des mondes insoupçonnés.


Au final, c'est un lieu plein de promesses, une terre inconnue qu'il nous faut explorer sans cesse, car l'objet que l'on y entrepose nous révèle toujours une facette cachée, une vision qui nous avait échappé. Il est un lieu de mémoire et d'émerveillement dont on ne se lasse pas de découvrir les mystères et la beauté. Mon cabinet de curiosité est toujours ouvert à celui qui ose s'y aventurer et je prends un certain plaisir à percevoir dans le regard des quelques amis visiteurs qui viennent s'y abandonner, cette lueur chaleureuse et passionnée qui est aussi le mienne depuis de nombreuses années. Le but, n'est pas de créer l'admiration par tant d'ouvrages accumulés, mais de provoquer une vive émotion, de la curiosité, une envie de consulter les ouvrages, de les caresser, d'avoir la toute première relation avec le livre qui, à mon sens, est la plus importante : le toucher.


Cet endroit qui me fait oublier le chaos qui règne à l'extérieur est un endroit privilégié, un havre de paix en constante évolution. En tout état de cause, le plus important dans cette quête que nous nous sommes fixés c'est que la plus belle des rencontres reste à venir, la plus merveilleuse et la plus insolite des « pièces » restent à conquérir.


« Au détour de mon cabinet de curiosité, j'ai retrouvé un livre que je croyais égaré. Il était là, il m'attendait et à la nuit tombée lorsque je me suis assis pour le contempler, j'ai tout de suite senti qu'il me remerciait. »

 

(1) « Une histoire intime des collectionneurs » Philipp Blom. Editions Payot 2010

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