Nuz Sombrelieu ? Pas de jambes mais un cerveau et une sacré paire d’attributs!
Dans cette petite famille que l'on appelle les « Détectives de l'impossible » il est toujours agréable d'accueillir des « petits nouveaux » et je dois avouer que je suis très heureux de pouvoir compter dans notre petit cercle un membre supplémentaire. Comme j'en avait fait état précédemment dans mon billet consacré à Jean Pol Laselle, je vous disais toute l'affection et la sympathie que je portais à son ou plutôt « ses » détectives de l'occulte. Nous le savons tous à présent, derrière ce pseudonyme se cache un écrivain qui au fil de plusieurs décennies ne cessa de se consacrer au travail si difficile et souvent ingrat de l'écriture, Brice Tarvel.
Son parcours est des plus passionnant et je dois avouer que si je ne me suis pas penché de façon acharnée sur l'ensemble de son œuvre il faut quand même dire que certaines de ses ouvrages m'ont fortement intéressés. J'ai en effet beaucoup adoré « Destination cauchemar » et « Dépression » signés François Sarkel mais plus encore, en bon « Geek » de Harry Dickson son premier volume consacré aux « Dossiers secrets de Harry Dickson » paru chez le petit éditeur préféré de la famille « Malpertuis ».
Il y a chez Brice Tarvel un style particulier, une « patte » inimitable qui le caractérise fortement et que l'on retrouve depuis ses premiers textes consacrés à « Brice Flandre ». Bien évidemment le style a beaucoup évolué, il est devenu plus fluide, plus agréable à lire et l'on se laisse porter par la richesse de son vocabulaire qui possède tout le charme suranné d'une époque ou le langage se dégustait comme les promesses d'un bon repas. Ces deux aventures se lisent d'un traite et se savourent comme un bon cigare et si je dois préciser une légère préférence pour la première aventure « la main maléfique » ( un hommage peut-être à la « main du diable » de Tourneur) avec des chapitres aussi mémorables que « La pieuvre de la tamise » ou « Les pantins de l'épouvante » la seconde aventure « L'héritage de Cagliostro » n'est pas en reste avec son passage surprenant où nous assistons à la mort de....mais je ne voudrais pas déflorer tout le suspens de cet épisode haletant. Une histoire des plus singulière mettant en avant l'existence d'une incroyable machine à ressusciter les morts. On se croirait dans le roman de Léon-Marie Thylienne « Celui qui se ressuscita » (la machine à ressusciter est une constante dans l'anticipation ancienne).
Une ambiance souvent glauque et poisseuse, un rendu final qui loin de copier l'auteur Gantois, le sublime en le personnalisant et lui donnant un souffle supplémentaire. Tout un monde dans lequel on s'abandonne avec délectation et qui me donne envie de me lancer sur les traces de son second volume. Lorsque j'ai découvert sa dernière production « Nuz Sombrelieu », quelle ne fut pas ma hâte de me plonger dans ce nouvel univers qui me semblait avoir toutes les caractéristiques d'un nouveau personnage populaire hors du commun.
Déjà le contexte de l'histoire, les années 20, la belle époque et si l'on regarde mes billets consacrés à « Fulgur » « Le Rour » « Fascinax » ou les « Vampires » vous savez à quel point je suis attaché à cette période. Ensuite il y a le personnage en lui-même. Imaginez un peu, un cul de jatte patron d'une agence portant le nom absolument génial de « cabinet des obligeances ». Victime des appétits féroces d'un monstre rencontré dans la mer des Sargasses alors qu'il trafiquait l'alcool de contrebande (Jean Ray encore et toujours) il compense alors cette singulière infirmité par une agilité extrême de ses membres supérieurs. Le pari n'était pas évident, car choisir un héros qui contrairement à la production habituelle est atteint d'une infirmité, il fallait oser. Dehors le beau ténébreux, le dandy bellâtre, le reporter adeptes des sports extrêmes, voilà une nouvelle race d'investigateur : le Détective cul de jatte.
Le cinéma de genre avait son masseur aveugle, son sabreur manchot, son justicier borgne ou son inspecteur en fauteuil roulant, Brice Tarvel vient d'enrichir le panthéon du héros handicapé.
Mais loin de s'arrêter à cette singularité, l'auteur vient enrichir sa toute nouvelle agence d'une galerie, de personnages en tous points pittoresques. Pour commencer Marcelline Hochebois, une ex femme canon et doué du don de divination, Ribert Lucot spécialiste des rapines en tous genres et contorsionniste de son état. A en juger par cet étrange état des lieux on pourrait avoir l'impression de se retrouver dans une annexe du cirque Barnum, détrompez vous car l'habit ne faisant pas le moine, cette curieuse équipe qui semble faite de bric et de broc possède plus d'un tour dans son sac. La vaillance et la perspicacité de chacun son des atouts déterminants afin de mener à terme cette seconde enquête. Car l'auteur, habitué à ce genre d'exercice, voulant donner de la consistance au « cabinet des obligeances » crée une histoire dans l'histoire ou il serait question d'un procès en cour, relatif à une affaire passée et relative à un curieux restaurant réservé à la haute bourgeoisie et où l'on consommait....de jeunes enfants.L'affaire fut rondement menée par Sombrelieu mais cela ne semble pas convenir aux différents accusées qui à l'image de leurs dents possèdent également un bras tout aussi long
D'entrée de jeu Brice Tarvel nous pose les bases d'un monde corrompu où toutes les exactions sont possibles, un univers construit sur le mal et la perversion . Une époque où les sociétés secrètes et les savants fous de tout acabits ont pignons sur rue et peuvent se livrer à leurs besognes peu recommandables. Tout leur est permis, ou presque car Nuz Sombrelieu en détective redresseur de torts veille au grain.
Dans cette première aventure « L'homme au ventre de cuir » devra déjouer les dessins abominables d'un lunatique savant qui, à la suite de circonstances incroyables et pour le moins ironiques (un cadeau fait à un ingénieur et ressemblant à cinq magnifiques rubis) vont en fait se révéler une terrible menace pour la population Parisienne. En résultera une déferlante de « Démons de Birmanie » dans les rues de la capitale que vous ne serez pas prête d'oublier. D'un contexte purement policier avec une série de crimes abominables, l'auteur va ainsi vous prendre par le bras et vous conduire subrepticement vers cette redoutable « maison du silence » où se tapissent de redoutables créatures, dignes des pires abominations volantes que vous retrouverez dans les pages de ce blog. Et tout cela sur 16 feuillets !
Dans un style très alerte et d'une grande fluidité, c'est un peu tout l'univers de Harry Dickson qui se retrouve ainsi transposé dans les murs de la capitale, mais avec le talent créatif qui semble être la principale qualité de l'auteur, les aventures de ce nouveau « détective de l'impossible » n'en sont que plus savoureuses et remarquables.
Un seul mot de conclusion, on en redemande encore car au travers de « Nuz Sombrelieu », c'est toute la magie et la démesure des feuilletonistes de la belle époque qui vient ainsi de renaître. D'aileurs le second volume des aventures de ce détective hors pair est tout aussi extraordinaire et nous plonge dans un enquéte effroyable où d'horribles petites créatures des ténébres vont donner du fil à retordre à notre détective cul de jatte. Un fascicule magnifiquemnt illustré par Emile Fitz
Pour l'heure et dans l'attente des prochaines histoires, je me lance dans les extraordinaires aventures de « Jeanne d'arc » de Robert Darvel, toujours chez le même éditeur et à la lecture du premier chapitre je pense que cette nouvelle saga tiendra également toute ses promesses. Le « Carnoplaste » n'a pas fini de nous étonner!
- « Nuz Sombrelieu, l'homme au ventre de cuir » Volume 1 : « Les prisonnières du silence » Une fantaisie de Brice Tarvel. Edition « Le Carnoplaste » éditeur de fascicules.
- « Nuz Sombrelieu, l'homme au ventre de cuir » Volume 2 : « La nuit sinueuse » Une fantaisie de Brice Tarvel. Edition « Le Carnoplaste » éditeur de fascicules.
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