Les revues ne cessent de nous fasciner et dans cette masse de publication, il nous arrive très fréquemment de rencontrer quelques nouvelles, illustrations et articles inédits que nous nous faisons un de voir de dévorer avec avidité. La découverte toute récente d'un lot de la collection « L'aventure » va me donner très prochainement l'occasion de faire un recensement de l'ensemble des romans et nouvelles qu'elle renferme ( avec quelques bonnes surprises) et de vous présenter dès aujourd'hui , ce texte de Henri Lanos, connu des aficionados des littératures de l'imaginaire pour son coup de crayon exemplaire. L'article suivant va nous révéler non seulement toute l'admiration de l'artiste pour le « père » de la science fiction fiction, mais également mettre à jour deux nouvelles illustrations inédites que pour ma part, je ne connaissais pas .Lanos Illustrateur, auteur de roman, le voici qu'il se révèle journaliste passionné en faveur d'un écrivain qui ne pouvait pas le laisser indifférent !
Voici donc cet article paru dans le numéro 44 de L'aventure » (19 avril 1928) en espérant vous faire partager cet enthousiasme qui est le mien, en faveur d'un artiste talentueux qui nous réserve encore bien des surprises,
Le merveilleux et savant conteur que fut Jules Verne naquit à Nantes, le 8 février 1828. Dans un livre spirituel et documenté qui vient de paraître Mme Allotte de la Fuye, qui fut la mère du grand écrivain nom raconte avec humour sa jeunesse et nous fait connaître son joyeux caractère.
Nous y trouvons d'intéressants renseignements sur les débuts de son œuvre, qui ne fut pas dès le départ toute de réussite, comme on pourrait l’imaginer.
Quoique d'un naturel gai et même fantaisiste, et doué d’une imagination qui ne devait trouver son éclosion que plus tard, le grand conteur eut de sérieux déboires et même des difficultés pécuniaires qui assombrirent quelque peu ses débuts.
Très enthousiaste du théâtre, il s’y destina avec l’appui d’Alexandre Dumas père sans réussite importante. Il s’essaya au drame avec La conspiration des poudres et à la comédie versifiée avec Les pailles rompues qui fut représentée, à Nantes même, avec des fortunes diverses.
En somme, Jules Verne, à cette époque, se cherche encore! Cependant la science l’intéresse au plus haut point et cette pensée lutte dans son esprit avec le désir de réussite théâtrale auquel il ne renonce pas. Il lit à Dumas un vaudeville intitulé Qui me rît et obtient le rire énorme du célèbre écrivain !
Cela ne doit pas l'empêcher de passer sa thèse, ce qu’il fait avec succès. Son père, Pierre Verne, avoué à Nantes, qui rêve de lui laisser sa charge, lui écrit alors pour le mettre au pied du mur. « II est temps qu’il se fasse inscrire au barreau nantais ».
C’est alors que Jules, très respectueusement, refuse avec d’affectueuses paroles de devenir le successeur de son père, la littérature seule a toute sa pensée, les « Lettres » sont sa vie... et Pierre Verne désolé s’incline avec chagrin.
Cependant, l'avenir ne se peint pas de suite en rose, tant s'en faut! Notre écrivain devient secrétaire au Théâtre lyrique, tenant enfin quelques appointements réguliers dont il a grand besoin. Il en profite peur chercher la base de son œuvre future et entrevoit un peu la courbe qui le mènera au roman de la science,
II en parle à nouveau à Alexandre Dumas qui s’enthousiasme et déclare « immense » l’idée de son jeune ami.
Déjà Jules Verne s'est essayé à ce genre nouveau et audacieux,il a dû lire les contes extraordinaires d’Edgard Poë mais il en laisse de coté l'angoisse déprimante, il est et sera optimiste et sain de parti pris.
Hélas ! sa situation au Théâtre lyrique devient bien aléatoire par suite de diverses circonstances, et notre joyeux conteur rentre à Paris, découragé, mais toujours ardent au travail quand même.
Mme Allotte nous le montre dans sa chambre haute, vivant de son imagination qui envahit sa pensée et va bientôt dominer toute sa vie.
Un peuple de personnages s’agite dans son cerveau ! !
C’est à ce moment qu il rencontre Mme Honorine Anne Hebé-Morel, jeune veuve dont il s’éprend et qu’il épouse.
Il n’est pas dans le plan de notre article d’entrer dans la vie intime du savant écrivain, mais il nous fallait expliquer comment Jules Verne, sans fortune et inquiet de l’avenir, fut obligé d’acquérir une part d'argent de change que lui assurera, grâce à son père qui en a fait les frais, de sérieuses ressources pour son jeune ménage.
Pendant ces jours heureux, notre auteur s’offre avec des amis un des rares voyages qu'il fit dans sa vie en allant vers le « soleil de minuit »,et il déclara plus tard préférer aux lumineuses visions des pays du soleil les froids et les mers tristes des côtes norvégiennes.
Il rentre à Paris, juste à temps pour la naissance de son unique enfant. A cette époque, il avait fait la connaissance de Nadar, qui lui apporta son fameux ballon Le Géant, dont parla tout Paris, mais qui n’était encore qu'à l'état de projet lorsque déjà Jules Verne mettait le point final à un roman scientifique Le Victoria qui devait décider de son avenir.
C*est un matin d'automne 1862 que Jules Verne, son manuscrit en poche» se présents chez M, Hetzel, éditeur, 18, rue Jacob.
Hetzel, qui était lui-même un écrivain exquis et avait signé sous le pseudonyme de P.J.Stahl des ouvrages charmants et délicats, possédait une connaissance approfondie des hommes et un flair infaillible des écrivains.
C’était une physionomie noble, un regard profond, il lut le créateur d'une bibliothèque de la jeunesse. Sera-t-il accueillant pour le jeune romancier ?
Les premiers résultats de l'entrevue ne furent pas heureux. Hetzel avait accepté de lire ouvrage et, à la seconde visite, il déclarait à Jules Verne que malgré les qualités de l'œuvre il ne pouvait...
Déjà le malheureux auteur avait roulé son manuscrit et allait gagner la porte, le cœur en déroute, mais Hetzel qui l’observait l'arrête d’un mot, l’encourageant à reprendre son ouvrage points par points et à lier le tout en un roman véritable, puis de revenir après le lui rapporter.
C'est alors un éclair de bonheur qui brille sur le visage du désespéré...
Quinze jours après, il rapportait à Hetzel Cinq semaine en ballon, ouvrage très étudié et très complet.
Cette fois, dit Mme Alliotte, l’éditeur fut subjugué !
La multiplicité des connaissances de Jules Verne,l'aisance littéraire avec laquelle elles se rattachaient à l’action formaient un tout que l’éditeur reçut d'emblée.
Le merveilleux conteur exposa alors tout son programme qui était un monde... Son éditeur futur l’écou tait, et à mesure que l’écrivain exposait ses idées, sa propre pensée se précisait dans son esprit.
Cinq semaines en Ballon allait être édité de suite, et Hetzel voulait signer avec Jules Verne un traité par lequel celui-ci devenait sa propriété et s’engageait à lui fournir pendant vingt ans deux volumes par an, 40 volumes au prix de 20.000 francs par an, soit 10.000 francs par volume.
Plusieurs, fois, Hetzel annula ce traité pour le refaire à chaque fois plus brillant pour le romancier.
Les pronostics de Jules Verne avaient donc été exacts ; il quitte la Bourse et se donne tout à la littérature scientifique qui est pour lui le filon de la mine d’or.
Traduit dans toutes les langues d’Europe, Cinq semaines en ballon ouvrait la série des voyages extraordinaires devant l’auditoire universel.
Après, ce fut Le capitaine Hatteras, l’homme qu’une idée fixe qui devient folie, aimantera vers le centre arctique, suivi du Désert de glace.
Et nous arrivons à un roman scientifique merveilleux Vingt mille lieues sous les mers où l’écrivain a dépassé les limites de l'observation pour atteindre la science pure et ouvrir les portes de l’avenir. Jules Verne, qui ne croyait sans doute charmer que l’imagination de ses lecteurs, a apporté à la vie la plus formidable invention qui se puisse imaginer et qui, réalisée plus tard, donna au monde, la lois les plus admirables spectacles et les plus douloureuses catastrophes.
Tout le monde a lu maintenant l’aventure du professeur Arronnax, accroché après une tempête qui la jeté à la mer avec le harponneur Ned, sur une sorte de long poisson qui n’est qu’un navire sous-marin, le Nautilus habité par le capitaine Némo et son mystérieux équipage et qui, prisonnier de ce sombre personnage, assiste aux plus terribles événements comme à de merveilleux spectacles des fonds sous-marins. Notre dessin représente le capitaine Nemo montrant de intérieur du Nautilus, à travers une large baie vitrée, au professeur Arronnax un énorme poulpe qui s'ébat dans le sillage du sous-marin.
En 1866, paraît De la Terre à la Lune, suivi de Autour de la Lune que le Journal des Débats avait donné en feuilleton.
On s’amuse alors dans Paris à discuter la trajectoire de l’obus dans l’éther. Chacun se rappelle le thème du roman, un pari fait et tenu dans un club d’Amérique, et l’arrivée soudain d'un Français typique qui veut faire partie du voyage, Michel Ardan. Ce frénétique Français et deux savants américains s’embarquent pour la lune et les voilà lancés dans l’espace pour y trouver d’étourdissantes aventures. Nous présentons au lecteur l’immense lune avec ses cratères et le petit obus gravitant autour d'elle.
Mais il faudrait citer tout des œuvre, de ce merveilleux conteur et la place nous manque ; notons cependant le Voyage au centre de la terre Une ville flottante la Maison à vapeur etc... Dans le Voyage au centre de la terre nous voyons Lidenbrock, minéralogiste Hambourgeois et son neveu Axel descendre par la gueule refroidie d’un volcan dans les profondeurs suprêmes, et en ressortir plus tard, loin de là, par un autre volcan, aspirés par un formidable appel d'air.
Puis c’est Les Enfants du capitaine Grant, ou l'inoubliable Paganel,le savant français, déchiffre un document trouvé en mer avec une assurance scientifique qui mènera le noble écossais Glenarvan et sa famille aux confins du monde !
Ils retrouveront à la fin du volume le grand navigateur sur le rocher d’une île déserte et nous sentons nos yeux humides en lisant l’effusion et les baisers de sa fille et de son brave enfant en retrouvant leur père.
L'apparition de cet ouvrage eut lieu en 1870, époque douloureuse pendant laquelle Jules Verne fut mobilisé comme garde-côte au Crotoy, véritable sinécure.
L’admirable conteur écrit pendant ce temps divers romans d'un inégal succès, à cause de la tristesse des événements. Aventures de trois Russes et de trois Anglais, Le Pays des fourrures.
Sitôt l’armistice signé, Jules Verne se précipite à Paris. Mais c'est la Commune,tout est bouleversé dans la maison Hetzel, l'écrivain est désemparé, mais ce désarroi ne durera pas longtemps. Un projet est déjà formé dans ce cerveau extraordinaire et ce sera Le Tour du monde en 80 jours.
Venir à notre époque raconter le Tour du monde en 80 jours serait faire sourire les lecteurs. Qui ne connaît Philéas Fogg, de même que l’on peut dire : qui ne connaît d'Ennery, collaborateur de Jules Verne, pour cette féerique pièce.
Toutes les fois que le Châtelet a cru voir ses destinées fléchir, le Tour du monde est venu redorer son blason et nous pouvons prédire qu'il en sera toujours ainsi. C’est la même opinion qu‘il faut avancer pour une admirable pièce que l'on revoit toujours avec le même plaisir et qui fut la joie et l'émotion des jeunes et même des plus vieux spectateurs, j ai nommé Michel Strogoff....
Nous terminons là cette courte étude. Ceux qui la voudraient plus complète liront le beau livre de Mme Alliotte de la Fuye qui donne en détail toutes les caractéristiques de cet admirable talent que fut Jules Verne, et auxquelles on devrait joindre toute l’admiration reconnaissante de la jeunesse qui doit à cet admirable professeur d'énergie ses plus belles heures et ses plus belles leçons.
Henri Lanos.
Rejoignez le groupe des Savanturiers sur Facebook
"A ma mort, je souhaite léguer mon corps à la science-fiction" Steven Wright. Acteur et réalisateur Américain
Découvrez cette nouvelle page entièrement consacrée à Henri Lanos
Pour une Esquisse Bibliographique de Maurice Renard , Père du" Merveilleux Scientifique"
Ici on aime l'aventure et les voyages extraordinaires
Un long métrage d'un jeune réalisateur qui fleure bon les séries d'antan
Derniers articles en ligne
Une exposition incontournable à la BNF, toute en finessse et érudition: Magnifique!
Cliquez sur l'image pour accéder à l'article et les photos de l'exposition
L'auberge entre les mondes: Péril en cuisine" de Jean-Luc Marcastel, pour lire l'article cliquez sur l'image
"Sherlock Holmes aux enfers" de Nicolas Le Breton. Pour lire l'article, cliquez sur l'image
"Espérer le soleil" de Nelly Chadour .Pour lire l'article, cliquez sur l'image
"Pierre fendre " de Brice Tarvel pour lire l'article cliquez ici
"La fin du monde est pour demain" pour l'article cliquez sur l'image
"Le monstrologue" pour lire l'article, cliquez sur l'image
"les planétes pilleuses" de Jean-Pierre Laigle. Pour lire l'article, cliquez sur l'image
"Une journée en l'an 2000" Pour lire la nouvelle cliquez sur l'image
Maurice Renard par Jean Cabanel. Cliquez sur l'image pour lire l'article
Pour accéder à l'article, cliquez sur l'image"
"L'aviation: journal de bord"
Pour l'ire la nouvelle, cliquez sur l'image
Pour accéder à l'article, cliquez sur l'image.
Pour accéder à l'article, cliquez sur l'image
Pour accéder à l'article, cliquez sur l'image
Pour accéder à l'article, cliquez sur l'image
Pour accéder à l'article, cliquez sur l'image
Pour accéder à l'article, cliquez sur l'image