"A la surface de Mars" Wilfrid de Fonvielle"
Fantaisie d'astronome par Wilfrid De Fonvielle . N° 220 du « Journal des voyages »Dimanche 17 Février 1901. pages 186 et 187.Illustration de Albert Robida
Si les premières histoires relatant la vie sur une autre planète se déroulèrent sur notre bon vieux satellite, car plus facilement observable à l'œil nu, il faudra attendre 1877 et l'incroyable découverte de Schiaparelli pour commencer à fantasmer véritablement sur l'astre du dieu de la guerre.
En effet la mise en évidence de tout un réseau de « canaux » permit alors d'élaborer les hypothèses les plus folles, les théories les plus farfelues.
Pourtant le véritable « facteur déclanchant » seront les études faites par Percival Lowell qui à partir de 1894 et ce pendant une vingtaine d'années, usera son temps et son argent à l'observation et l'analyse de la planète rouge. Constituant toute une équipe de scientifique, il va ainsi scruter Mars dans ces recoins les plus intimes, passer tout en détail avec la prise de milliers de photos, disséquer, analyser, spéculer......
De toutes ses observation, il va en tirer une théorie fantastique mais séduisante : Mars est comme la terre, mais une terre beaucoup plus vieille, beaucoup plus avancée.
C'est une théorie qui fait date dans la genèse de la science fiction, elle marque le début de tout un courant de la littérature de l'imaginaire,car de nouvelles terres, vierges de toutes découvertes s'ouvrent à l'exploration humaine.
L'homme dans sa quête perpétuelle du mystérieux, de l'inconnu et de l'insondable, trouve ici le nouveau terreau qui lui permettra de développer à pleine puissance son esprit à la fois aventureux mais aussi scientifique
Il est possible de dire que c'est avec les théories de Lowell que débuta toute ce mythe autour de mars, mythe qui fut l'un des plus vivaces et des plus productif dans l'imaginaire collectif.
Fin 19ème début 20ème une véritable frénésie martienne s'empara de la plume prolixe de nos écrivains qui rivalisèrent alors d'ingéniosité et d'imagination, afin de nous décrire toutes les splendeurs de cette société habitant une autre planète.
Mais il faut bien le reconnaître, le modèle de cette société idéale martienne reste souvent calqué sur le même schéma et si la religion, le travail, l'égalité des sexes, la morphologie restent un des points forts des différentes descriptions, bien souvent l'évolution technique reste très discrète, un peu comparables aux progrès réalisés sur terre mais en « mieux »
En fait une civilisation de type humain mais plus avancée que la notre.
Le modèle du genre restant un monde pacifiste, ayant abolie les guerres depuis fortes longtemps, car imprégnés d'une sagesse incommensurable.
Le premier récit digne d'intérêt remonte en 1865 avec le roman de Henri De Parville« Un habitant de la planète Mars » (J.Hetzel).Trois annnées pus tardVictor d'Azuer en 1868, nous livrera son « Régiment fantastique » (Paris chez tous les libraies.1868), peu connu des amateurs et des spécialistes du genre et qui pourtant nous narre l'aventure d'un officier dont l'âme désincarnée se retrouve propulsée sur Mars où il va prendre connaisssance d'une curieuse civilisation et rencontrer de bien étrange personnes.
Guy de Maupassant cédera aussi à la mode avec « L'homme de mars » en 1889,suive de prés par Camille Flammarion,grand spécialiste de la faune et de la flore Martienne que l'on retrouve dans « Uranie » en 1889 et « Stella » en 1897.
Il faudra attendre Wells et son extraordinaire « Guerre des mondes » (en feuilleton en 1897, publié en 1898 en volume et Mercure de France en 1900 pour l'édition Française) pour rencontrer des Martiens vraiment belliqueux. Avec ce roman L'écrivain Britannique va écrire le premier texte opposant les terriens à une invasion extra-terrestre.
Du coté de la France on n'est pas en reste et parmi les réussites du genre citons une fois de plus Gustave Le Rouge « Le prisonnier de la planète Mars » (Méricant 1908) et sa suite « la guerre des vampires » (Méricant 1909).
Le texte de Le Rouge est étroitement lié à une autre saga d'un auteur Français qui en son temps suscita quelque polémique au sujet de ressemblances assez troublantes. Il s'agit des « Aventures merveilleuses de Serge Myrandhal » composé en deux volumes « Sur la planète Mars » (Bibliothèque Métropolitaine L.Laumoniert & Cie éditeurs 1908) et « Les robinsons de la planète Mars » (Bibliothèque Métropolitaine L.Laumoniert & Cie éditeurs 1908), de H.Gayar. Réédité sous le titre « Les robinsons de la planète Mars » Signé sous le pseudonyme de Cyrius (Tallandier « Bibliothèque des grandes aventures » N° 142, 1927)
Je ne suis pas ici pour faire le procès de tel ou tel auteur, chacun des textes possédant des qualités non négligeables.
Comment ne pas terminer ce très rapide tour d'horizon (le but n'étant pas pour cette fois de répertorier tous les ouvrages de littérature « Martienne) sans vous parler d'une autre « épopée Martienne » que j'affectionne plus particulièrement : « Les Titans du ciel, roman planétaire » (Librairie Edgar Malfére 1921) et sa suite « L'agonie de la Terre, roman planétaire » (Librairie Edgar Malfére 1922) De Octave Joncquel et Théo Varlet
Outre un terrible invasion en provenance de Mars nous avons droit à un conflit à l'échelle du système solaire avec Jupiter et Vénus.
Il est à noter que le cycle fut réédité aux éditions Encrage collection « Classique N°1 » en 1996 avec de superbes compositions d'un illustrateur très talentueux, Guillaume Sorel. L'ouvrage contient en outre « La belle Valence » (éditions Edgar Malfére 1923 pour l'édition originale) ou il est question de voyage dans le temps.
Pour terminer cette rubrique je vais donc vous retranscrire la vision des Martiens en ce début du 20éme siècle, vision certes tellement naïve mais si touchante à la fois.
« Dans l'aspect général des peuples de mars, ces différences quoique profondes, n'ont pas établi de variations bien sensibles. Ils ne sont pas devenus des cyclopes, il ne leur a pas poussé des ailes, mais leurs organes de locomotion et de propension se sont affinés et rapetissés. Comme leur taille moyenne est moindre que la notre,à cause du plus faible diamètre de leur globe,ils ont un air mignon,gracieux et leur tournure est très élégante.
Leurs paysans ressemblent a de vrais aristocrates d'Angleterre. Comme ils ont besoin de respirer une moindre quantité d'air, leurs narines sont moins proéminentes. Leurs aliments sont plus délicats, moins volumineux et, par conséquent leurs bouches sont en général moins grandes.
Quant aux femmes, leur type s'approche beaucoup de celui que les poètes de la terre considèrent comme la perfection.
Les systèmes circulatoires et respiratoires n'ayant point absorbé autant de place dans le développement organique, le cerveau a pu s'épanouir plus librement tant chez l'homme que chez la femme. Il en résulte que les Martiens ont une tête relativement plus grosse que la notre, mais pas assez pour produire un effet disgracieux. Les êtres délicats et charmants,que la phtisie immolerait chez nous,prospèrent à merveille dans le pays de Mars, et en font le plus splendide ornement.
Tout cela est admirablement d'accord avec ce que nous apprend l'analyse télescopique. En effet ce qui caractérise la planète, c'est qu'elle porte la marque d'un état de civilisation très avancé. »
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