Des rescapés d'une des légions de Crassus partie mater les Parthes retourne la queue entre les jambes, rejoindre une Rome aimée mais ô combien lointaine ! Il faut dire que cette troupe hirsute et désorganisée , conservant quelques vestige de sa splendeur passée, ne va pas choisir la solution de facilité et organise un petit périple vers le pays natal via les Indes, La route sera difficile et semée d’embûches et, outre les privations diverses, nourritures, vêtements chauds et les centaines d'obstacles qui se mettent en travers de leur route, il vont devoir en plus affronter un ennemi bien plus redoutable, une horde de démons qui eux sont bien décidés à les utiliser comme garde manger !Le seul prix de passage à payer pour leur tranquillité,sera d'abonner une trentaine des blessés romains à une mystérieuse garde qui, tels des Charons à la funeste apparence, entendent bien coûte que coûte récupérer une partie de leur redevance,
L'auteur nous fait vivre à travers cette aventure vraiment très originale, un genre de peplum fantastique où la tension monte crescendo pour aboutir à un chapitre ultime où l'horreur va culminer dans une sort d'apothéose. J'ai vraiment adoré le ton du roman, une écriture alerte et fluide qui arrive à passionner le lecteur et de ne plus le faire décrocher du fil du l'histoire, Un fil qui va se tisser et se renforcer au travers d'un groupe de quatre personnages, légionnaires romains atypiques qui les premiers vont prendre la mesure de toute l'abomination vers laquelle ils s’engouffrent inexorablement, en sachant très rapidement que tout espoir est perdu. Mais que diable ! En bon soldat rompu aux guerres et leurs cortèges d'atrocités, il vont essayer de braver les dangers les plus abominables, quitte à braver l'autorité de leur chef supérieur et enfreindre la loi la plus sacrée de l'armée romaine , bien que dans le cas présent , marcher est aussi synonyme de crever !
L'histoire est donc riche en rebondissement, le lecteur éprouve une certaine empathie pour ces quatre figures qui, bien que très austère vous font goûter avec délice à la dure vie de la soldatesque avec ses bons et ses mauvais cotés. Situé dans un paysage aride, ou la nature n'a d'équivalent que l’austérité des habitants qui la défende, les amateurs de l'univers de Lovecraft y trouveront de quoi repaître leurs appétits les plus indicibles ( sans toutefois le plagier ni l'imiter en restant dans un style qui lui est personnel) et assouvir par la même occasion leur envie de découvrir une histoire originale et « savoureuse » qui une fois de plus ne va pas dépareiller au sein de cette collection carnoplastique à la hauteur avec ce « Revoir Rome » à la hauteur de sa réputation.
C'est dans un final qui n'est pas sans me rappeler le final d'un film de Ridley Scott ( je vous laisse trouver le titre), où les héros finissent comme ils ont toujours vécus, en vivant à fond leur implacable destin, que le lecteur referme les pages de ce fascicule superbement illustré par un Nicollet au sommet de son art à l'époque regrettée où il travaillait pour la collection des éditions Oswald. Un gage supplémentaire de l'excellence de cet éditeur et du mal qui se donne pour satisfaire nos petites maniaqueries de lecteurs.
Il me plaît à imaginer l'idée motrice de ce court roman dans une œuvre plus « étoffée » en s'attardant avec un peu plus de détails sur certaines figures charismatiques de cette histoire et sur les origines de ces mystérieuses créatures qui hantent ce plateau désolé au bout du monde.....Mais l'esprit de l'éditeur est là avec force et inventivité avec pour seul but de nous distraire et de ne laisser aucun répit au lecteur, Boucler un sujet aussi dense dans une quarantaine de page, il fallait le faire, un grand bravo à Tristan Lhomme !
Alors n'attendez pas pour commander et lire cette histoire bien emmenée, parole de Savanturier, vous ne le regretterez pas !
« Revoir Rome » de Tristan Lhomme à partir d'une couverture de Jean-Michel Nicollet, paru chez « Le Carnoplaste » éditeur de fascicules
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