La revue « Sciences et Voyages » publia pas moins de six numéros spéciaux de 100 pages appelés « Almanach scientifique » et dans lesquels il vous sera possible de lire quatre textes conjecturaux : « Le secteur fatal » de Gabriel Bernard (N°3 1923), « Le voyageur éternel, ou les prospecteurs de l'infini » de José Moselli (N°4, 1924), « Le messager de la planète » de José Moselli (N°5, 1925) et « La cité du gouffre »toujours de José Moselli ( « Almanach Pittoresque de Sciences et Voyages » N°6, 1926). Revue extrêmement difficile à trouver, elle fut l'une des rares à mettre à l'honneur le talent d'un auteur qui à l'époque ne fut jamais publié en volume : José Moselli. Outre de nombreux articles purement scientifiques, il y en à d'autres à caractère purement conjecturaux, ou les auteurs vont extrapoler sur certaines inventions : « Qu'est-ce au juste que le rayon diabolique ? », « Ne rions pas de ce projet, le chemin de fer aérien sera peut-être le métro de l'avenir » ou « La maison sans feu ». Mais l'un des plus amusant reste sans nul doute celui dont je vous propose ici la reproduction où l'auteur se pose quelques questions, assez justifiées d'ailleurs, sur la possibilité d'une existence de vie sur Mars et qui plus est, doté d'une intelligence supérieure à la notre. Par un raisonnement ne laissant aucun place aux spéculations, il nous démontre toutefois,pourquoi la présence d'une telle civilisation est impossible et je vous laisse donc découvrir son hypothèse.
Ah, merveilleuse époque ou l'on ne doutait de rien et où il était encore possible d'échafauder de bien curieuses théories !
« La fumisterie des sans fils Martiens » article paru dans « L'almanach Scientifique » de 1924 N°4, page 82. Illustration non signée.
On s’est fort occupé, ces temps derniers, de la planète Mars, et, il faut bien l’avouer, beaucoup de nos confrères ont, à ce propos, avancé des hypothèses plutôt... fantaisistes.
Mais la palme appartient, dans cette circonstance, aux reporters américains... Ces derniers ont été jusqu’à annoncer urbi et orbi que les Martiens nous avaient envoyé d’innombrables « sans fil », qui empêchaient M. Marconi de dormir.
Les habitants de la planète, qui porte le nom du dieu de la guerre, seraient donc, d’après les journalistes d’outre-Atlantique, très avancés dans le domaine des sciences appliquées. Ils ne se contenteraient pas de creuser des canaux, mettant en communication leurs mers intérieures, ils auraient découvert avant nous les ondes hertziennes !...
Mais d’abord, ces habitants existent-ils ?
Tout est là, en effet. S’ils n’existent pas, les fameux canaux sont un mythe et les prétendus « sans fil » seraient tout simplement dus à des décharges électriques provoquées par des orages...
Dans son charmant ouvrage, qui fit la joie de notre lointaine jeunesse, nous voulons parler des « Mondes imaginaires et des mondes réels », Camille Flammarion écrivait que « ce que l’on peut dire de plus rationnel et de plus probable sur les habitants de Mars, c’est qu’ils doivent offrir plus de ressemblance avec nous que les habitants de toute autre planète de notre système, car si les caractères organiques et peut-être aussi les facultés mentales sont en harmonie avec le monde auquel nous appartenons, et si la constitution des êtres est en corrélation intime avec la nature de laquelle dépendent ces êtres, on est légitimement amené à cette conclusion : que, semblables par
leur ordre astronomique dans notre groupe solaire, ce globe et le nôtre sont semblables par leur conditions d'habitabilité et par leur habitaion même »
De son côté, un savant, dont la perte sera longtemps regrettée, Edmond Perrier, étudiant, dans « la Vie dans les planètes », les conditions d’habitabilité de Mars, s’exprimait ainsi :
« On peut imaginer que les hommes de Mars, grands, parce que la pesanteur y est faible, blonds, parce que la lumière y est atténuée, ont quelque chose, avec plus de gracilité,des membres de nos Scandinaves. Ils ont aussi probablement le crâne relativement plus élargi, parce que les muscles masticateurs ont plus vite cessé de grimper sur ses parvis et de les comprimer ; ils ont, au contraire, contribué à l’élargir, en tirant les os pariétaux en bas et en dehors.
« Un tel développement crânien comporte un cerveau plus développé, des organes, des sens plus subtils ; il est donc probable que le front des Martiens est plus haut et plus large que le nôtre et leur crâne plus volumineux par rapport à leur face.
« Leur énorme tête, leur vaste poitrine, leurs membres longs et grêles leur donnent un aspect général assez différent de celui que nous présentons. Leur nez puissant, à narines mobiles, leurs grands yeux, leurs larges pavillons auditifs, constituent un type de beauté que nous n’apprécierions sans doute pas beaucoup, à moins qu’il ne nous charmât par un rayonnement d’intelligence que l’on pourrait qualifier de surhumain. »
Cependant, après avoir exalté la supériorité des Martiens sur les Terriens, Edmond Perrier mettant en doute la réalité des canaux, ajoutait :
« Il est peu probable que les canaux de Mars soient des œuvres d’art et la preuve qu’on pensait tirer de leur stupéfiant développement en faveur de l’existence du surhomme martien tombe par cela même ! »
Ah ! ces canaux, en a-t-on assez parlé !
On sait qu’ils furent aperçus d’abord par l’astronome italien Schiaparelli et qu’un autre astronome, Percival Lowell, directeur de l’Observatoire de Flagstaff, dans l’Arizona, leur a consacré un important ouvrage. Et, tout d’abord, cet observateur s’est demandé pour quelle raison les Martiens se seraient décidés à construire leurs canaux ?
L’analyse spectroscopique aurait révélé que la planète est à peu près dépourvue d’eau, sauf dans les régions polaires. Et c’est précisément pour amener cette eau qui leur manque, dans les terres centrales, que les avisés Martiens auraient réalisé l’œuvre magnifique et grandiose qu’on leur prête.
«Tout le monde, dit M. Percival Lowell, dans le livre qu’il a écrit sur sa planète favorite, ne peut pas voir d’emblée ces traits délicats, même quand on vous les montre et, pour en
apercevoir les détails les plus fins, il faut un œil pénétrant et exercé, observant dans les meilleures conditions.
« Vu ainsi, toutefois, le disque de la planète prend une apparence singulière. Il semble entouré partout d’un filet. Comme une toile d’araignée tendue sur le gazon un matin de printemps, un réseau de fines lignes réticulées le recouvre et, avec un peu d’attention, on le voit l’embrasser d’un pôle à l’autre.
« Toutes ces lignes sont d’une largeur uniforme et d'une grande longueur. Ce sont les canaux de Mars. »
Malgré l'autorité de Schiaperelli, de Percival Lowell et de tant d’autres, les canaux de Mars ont perdu, au cours de ces dernières années, un grand nombre ce leurs partisans. Car il faudrait d’abord prouver que les Martiens existent. Et ce ne l’est pas encore.
Que la chose soit possible, nous n’en disconvenons pas ; la nature manifeste sa puissance et la complexité de ses phénomènes dans des conditions si merveilleuses, qu’il serait antiphilosophique de limiter son action. Et il y a de grandes probabilités, en effet, pour que Mars soit habité.
Mais cela ne veut pas dire que les Martiens soient capables de transformer le relief de leur planète et de nous envoyer des « sans fil ».
Actuellement, nous sommes en mesure, ou à peu près, de faire parcourir à une onde hertzienne la circonférence terrestre, c’est-à- dire, 40 000 kilomètres, mais qu’est-ce que cette distance auprès de celle qui nous sépare de Mars, même quand ce dernier est à son point le plus rapproché de la terre, c’est-à-dire quelque 14 millions de lieues !...
Il faudrait donc supposer que les Martiens auraient inventé des générateurs d’ondes d’une puissance dont nous ne pouvons avoir aucune idée, accompagnés — car s’ils nous télégraphient, c’est avec l’espoir d’obtenir une réponse — d’organes de réception auprès desquels nos détecteurs les plus perfectionnés ne constitueraient qu’un premier balbutiement.
D’ailleurs, les savants illustres auxquels nous avons demandé leur opinion touchant les « sans fil » martiens — et parmi ces savants il convient de citer avant tous notre grand Branly — nous ont exprimé énergiquement leur scepticisme.
Les communications interplanétaires seront peut-être réalisées un jour, mais nous n’en sommes pas encore là, et, en ce qui regarde particulièrement celles avec Mars, il faut les considérer comme des inventions écloses dans les cerveaux de reporters à court de copie. Et il y en a même en Amérique !...
Georges Wulff.
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