En guise de remerciements

 

Lorsque paru en 2013 aux éditions de « L’œil du sphinx » l'excellent « Planètes pilleuses et autres thématiques de la science-fiction », imaginez l'aubaine pour le défricheur de l'imaginaire que je suis. J'avais entre les mains une somme de précieuses informations concernant non seulement la thématique mentionnée dans le titre mais en plus :

  • Sur les traces du voyageur temporel de H.G.Wells

  • L'Europe sauvage ou les colonies orphelines

  • Les autres lunes de la terre

  • Des enclaves météoritiques sur la terre

 

En somme du petit lait pour celui et celle qui recherche nombre titres de référence , car bien évidemment les articles se complètent par une généreuse bibliographie !

Il faut dire que l'auteur de son véritable nom Jean-Pierre Moumon, est un fin spécialiste de la science-fiction : auteur de romans et nouvelles, critique littéraire, essayiste, chroniqueur pour différentes revues, créateur de la célèbre revue « Antarès » qui ouvrit toute grande ses portes à des auteurs classiques, mais également à ceux d'une multitude de pays ( Jean-Pierre parlant plusieurs langues), sans oublier Barsoon consacré aux amateurs de Edgar Rice Burroughs, et de Mellonta, partageant un goût ecclectique pour la SF et le fantastique. Il publia également dans une collection connue pour la particularité de son format et intitulée « Les mémoires du futur » (fin des années 80 ), bon nombre de textes de Edgar Rice Burroughs alors totalement inconnus du public Français, Mais comme cela ne suffisait pas à son travail de bénédictin des domaines de l'imaginaire, il créa deux autres collections très recherchée des collectionneurs : « Bédéphilia » reprenant des bandes dessinées de science fiction de l'age d'or et jamais reprises en album et la collection « Périodica » qui elle, avait pour but de mettre à la disposition du lecteur curieux des ouvrages anciens, qu'ils soient Français ou Américains, rares et donc pratiquement inaccessibles.

J'en oublie, que l'auteur veuille bien me pardonner!

Si le personnage est hélas moins présent dans le domaine de l 'édition, ce que nous regrettons tous, il n’arrête pas moins ses activités de chercheurs puisqu'il vient de nous offrir ce précieux ouvrage publié chez « L’œil du sphinx ». Mais comme nous le savons tous, c'est un domaine où les découvertes sont fréquentes et afin de pouvoir récompenser ses lecteurs, il nous propose en exclusivité sur le site de votre serviteur, cette version mise à jour des « Planètes pilleuses » avec une dizaine de références supplémentaires et ce dans tous les domaines qu'il s'agisse de la bande dessinée ou du cinéma avec de fait,un texte considérablement révisé et augmenté.

Par cette présentation assez sommaire sur une grande figure de la science fiction française grâce à qui il nous a été possible d'accéder à biens des curiosités introuvables, je voudrais ainsi remercier un homme discret, passionné, d'une grande érudition et sans qui le Fandom français ne serait pas ce qu'il est actuellement.

Il a beaucoup œuvré pour notre cause et il nous prouve une fois de plus par cette acte généreux de mise à disposition gratuite de son article sur les « Planètes pilleuses » que le partage est la plus grande des richesses.En somme une aubaine également pour les radins qui hésitèrent à l'époque de se munir du si précieux « Études du Dr Armitage volume 1 »

Un grand merci également à Philippe Marlin responsable des éditions de « L’œil du sphinx » de m'avoir autorisé à reproduire cette toute nouvelle version dans son intégralité .

Avec ma plus Savanturière reconnaissance.

Bonne lecture et n'oubliez pas que l'ouvrage est toujours disponible à la vente, vous accéderez au lien du site en cliquant sur la dernière image en bas de l'article, croyez moi, vous ne le regretterez pas !

 

L’auteur remercie

Joseph Altairac, Jean-Luc Blary, Patrick Centerwall, Bertil Falk, PierGiorgi,Internet,Rémy Lechevalier, Christophe Marécaille, Charles Moreau, Antoni Munné-Jordà,Raymond Milési, Brian Stableford, Graham Stone et Francis Valéry

Pour les informations et les documents bibliographiques.

Jean-Luc Boutel pour la mise en ligne de cet article sur son site.

 

Une autre façon de se servir

 

Dans  The War of the Worlds  (tr. La Guerre des Mondes, 1897), bien qu’il n’en fût pas l’inventeur, Herbert George Wells (1866-1946) donna ses lettres de noblesse à la façon la plus simple de s’approprier une planète. Mais il s’inspirait aussi d’un lieu commun de l’astronomie : l’hypothèse du gentleman-astronome Percival Lowell (1855-1916) que Mars était un monde agonisant. D’où le désir ses habitants d’en changer.

Si logique soit-elle, cette solution est typiquement humaine. Pourquoi ne pas transporter chez soi les ressources d’une planète : air, eau, etc.? Ou mieux : les capter à distance, solution guère scientifique mais plus imaginative et plus élégante? C’est cette appropriation en pantoufles dont relève en général le thème des planètes pilleuses, traité en principe de façon cataclysmique, relativement riche et comptant quelques joyaux.

Avant de le détailler, précisons toutefois que ce thème ne s’inscrit pas forcément dans le cadre de conflits entre mondes mais plus généralement dans celui du transfert de ressources, l’astre dépouillé pouvant appartenir au profiteur ou être dépourvu d’habitants. Cela n’empêche pas de poser la problématique du droit à exploiter les autres mondes ou du moins de la justification d’une aussi lourde intervention.

Dans A Jövö Század Regénye (Le Roman du Siècle Prochain, 1872) du Hongrois Mór Jókay, une comète largue sur la Lune des fragments des anneaux de Saturne, lui donnant une atmosphère et la rendant habitable, avant d'adopter une orbite stable. Dans La Nuit Solaire (1981) du Français Maurice Limat, La Lune, projetée contre la Terre, lui arrache une partie de son air. Mais ces transferts ne doivent rien à des intelligences rapaces.

Ce thème est au moins en partie un rameau de celui de la transmission de matière. Ainsi The Moon Metal (Le Métal de la Lune, 1900) de l’États-unien Garrett P. Serviss (1851-1929) a-t-il pu l’inspirer dans la mesure où y utilisé un procédé permettant d’extraire à distance un métal lunaire, l’artémisium, qui remplace l’or devenu surabondant. De là à dépouiller une planète de ses ressources vitales, la transition n’est-elle pas aisée?

Une autre production états-unienne due à la plume de Stan Lee et au crayon de Jack Kirby, la saga des Fantastic Four (tr. Les Quatre Fantastiques, 1961), présente dans The Coming of Galactus (tr. La Venue de Galactus, 1968), premier de trois fascicules, une entité quasi-divine qualifiée de « pilleur des planètes » qui entend drainer l’énergie de la Terre, des océans jusqu’au cœur, aux dépens de ses habitants. Mais le transfert est-il original?

C’est une forme plus subtile d’extraction que pratiquent les extra-terrestres innommés dans The Quatermass Conclusion (Quatermass: la Conclusion, 1980), film britannique de Piers Haggard. Leur rayon lumineux attire et réduit en cendres la jeunesse du monde. Celui-ci transmet alors une substance pour l’exploitation de laquelle fut sans pitié conditionnée l’humanité. Mais rattacher cela au thème serait sans doute tiré par les cheveux.

Rappelons enfin que celui-ci peut rejeter des procédés aussi pratiques que la transmission de matière et autres raccourcis plus ou moins explicités au profit de transports lents, si alambiqués soient-ils. C’est à peu près aussi inadapté que pour un space-opera de fonctionner sans l’hyper-espace ou les trous de vers cosmiques, mais peu importe puisque le moteur majeur du thème est le vol, non les moyens.

 

The Quatermass conclusion

Débuts laborieux

 

Son initiateur semble être le Suédois Erik Nyblom (1893-1947), connu en SF pour deux des trois nouvelles du mince recueil Fantastiska historier (Histoires Fantastiques, 1910), paru sous le pseudonyme de Mac. Vår strid med Mars (Notre Conflit avec Mars) lui confère la gloire douteuse de précurseur oublié. Sans doute ne suscita-t-elle de postérité en Scandinavie ou ailleurs, tout en l’emportant de peu sur ses suivantes immédiates.

Vår strid med Mars s’ouvre dans l’Océan Indien à bord d'un paquebot affrontant un étrange phénomène. Les marins observent une colonne d’eau tourbillonnante qui s’élève de la mer pour se perdre dans le ciel; ils s’écroulent asphyxiés, ayant constaté un vacarme épouvantable, une baisse vertigineuse de la pression barométrique, l’arrêt des machines et la chute d’un banc de poissons volants sur le pont. Après s’être relevés et avoir gagné un port, ils apprennent que de nombreux vaisseaux ont fait des rencontres souvent fatales avec d’autres typhons qui constituent une ligne infranchissable sur l’équateur. Les courants marins sont déviés et le climat profondément altéré; les deux hémisphères sont isolés; le commerce maritime et les échanges économiques en souffrent gravement. L’activité humaine et la civilisation sont menacées sans que les météorologistes trouvent une explication.

En 1924, Mars s’étant rapprochée à 55 millions de kilomètres, les observateurs remarquent que son disque, habituellement net, est devenu flou, que son atmosphère est encombrée de nuages et son réseau de canaux complètement effacé. Vu la situation cataclysmique, peu s’en soucient jusqu’à ce qu’un astronome attribue cette transformation à l’air et l’eau volés à la Terre. Celle-ci déclare donc la guerre à la planète rouge, même si, étant donné sa masse réduite, ses besoins seront vite remplis et pour quelques millénaires. Déduisant que l’épuisement de ses ressources n'a laissé à cette dernière d’autre énergie que l’électricité, l’humanité unie mobilise toute sa production et lance de titanesques décharges à travers l’éther. Les installations nécessaires au maintien de leur survie gravement perturbées, les Martiens comprennent le message et cessent leurs rapines.

Dans ce récit, seule est satisfaisante l’ouverture. Celle-ci propose un traitement dramatique et un jeu de personnages élaborés qui annoncent sinon un roman, du moins une longue nouvelle. Or la suite rompt avec cette dynamique prometteuse au profit d’une narration stricte et plate qui l’apparente à un résumé, comme si l’auteur avait estimé son idée, pourtant assez originale, indigne d’un vrai développement. Ainsi, passé son déclenchement, néglige-t-il quelque peu la description des catastrophes déchaînées par ce conflit à distance sur la Terre puis sur Mars; et les paragraphes relatifs à la civilisation martienne sont encore plus sommaires. L’histoire est décevante, quoique pas si mauvaise pour l’époque et qu'y figurent déjà presque tous les canons – voire les poncifs – du thème, comme l’agressivité des pilleurs et des victimes, mais aussi les problèmes moraux qu'implique cette captation:

« Au milieu de cet effroi apocalyptique s'exprimaient sur la question de toutes nouvelles questions. On pesait l'entreprise du peuple martien sur la balance de la morale. Dans leur rage impuissante, la plupart déclarèrent que sa conduite était tout simplement une infamie à rapprocher du meurtre avec préméditation sur une personne innocente. Mais il y en avait aussi qui se demandaient fort si, en cas de besoin, la Terre – pour autant que c'eût été en notre pouvoir – aurait hésité à s'en prendre, par exemple, aux conditions de vie de notre voisine, la planète Vénus. Étaient-ce bien là les lois de la morale universelle? Et pouvait-on exiger de nous, par égard pour des créatures qui devaient nous rester à jamais plus inconnues, plus mystérieuses que, par exemple, la vie intérieure de nos animaux domestiques, que nous nous refusions à tout ce qui était envisageable pour préserver les moyens d'existence de notre espèce? »

L'auteur va donc au-delà d'une simple idée. D'où venait-elle? Transmettre de l’électricité entre deux planètes par la voie des ondes n’est, après tout, qu’une extrapolation de la première communication par T.S.F. que Guglielmo Marconi (1874-1937) avait réussie entre les deux rives de la Manche en 1899. Mais, s’il mentionne son télégraphe, E. Nyblom n’établit nulle relation explicite avec le transport d’eau et de gaz opéré par la science martienne. Libre au lecteur de le faire: E. Nyblom, en bon auteur de SF, se contente de supposer le problème résolu; il n’explicite aucun émetteur ou récepteur de matière, même si de telles hypothèses furent prêtées à Nikola Tesla (1857-1943). Sans être scientifiquement plus convaincants, ses successeurs n’observeront pas la même réserve. Du moins certains porteront-ils assez haut le thème sur les ailes de la poésie et de l’humour.

À l’inconnu E. Nyblom succède Austin Hall (1885?-1933), prolifique auteur populaire dont quelques titres marquèrent la proto-SF états-unienne. The Man Who saved the Earth (L’Homme qui sauva la Terre, 1919) est une longue nouvelle lourde, mal fagotée et ennuyeuse. Son développement et son influence – trois rééditions de 1926 à 1940 aux USA – justifient son intérêt, mais ses mérites propres seulement un résumé succinct:

C’est la biographie partielle, de Charley Huyck, génie scientifique inventeur d’un procédé permettant de capter la force du Soleil, qui s’en sert pour repousser une tentative de vampirisation du globe. Celle-ci débute par un éclair qui laisse un grand trou dans la ville d’Oakland tandis que disparaît toute trace d’humidité, y compris dans le corps humain. Le phénomène se répète dans le reste des Etats-Unis et atteint l’Atlantique, commençant à en aspirer l’eau, détournant le Gulf-Stream et provoquant une glaciation en Europe. Pendant que le niveau marin baisse, un astronome trouve le coupable: la surface de Mars change de couleur et un point lumineux s’y manifeste. Ch. Huyck lance vers celui-ci une décharge d’énergie et la captation cesse, mais il meurt dans la surcharge qui anéantit sa centrale. La Terre est prévenue que sa voisine est dangereuse et en tire la leçon.

« …Et nous contemplons Mars verte et magnifique. Nous ne lui en tenons pas rigueur. Ce n’était que la loi de l’auto-conservation. Espérons qu’ils ont assez d’eau et que leurs mers dureront. Nous ne leur en voulons pas pour autant; pas plus qu’à nous-mêmes. Nous avons besoin de ce que nous avons et nous espérons le garder, » conclut A. Hall. Pragmatique ou cynique, sa tirade ne s’inscrit pas que dans un rapport de forces interplanétaire. Plus explicite qu’E. Nyblom, il raconte que, si les Martiens avaient creusé des canaux, c'était pour drainer l’eau des pôles, refrain déjà entonné par Percival Lowell, Camille Flammarion, H.G. Wells, Alexandre Bogdanov, Edgar Rice Burroughs, etc. Il ajoute qu’à mesure que déclinent les planètes, elles compensent la dureté des lois de la nature par leur intelligence. D’où l’emploi par Mars de la « cinétique céleste » contre sa voisine.

L’auteur défend-il l'idée qu’une planète avancée détient une espèce de droit naturel à en dépouiller une arriérée? C’est peut-être faire beaucoup plus de crédit qu’il n’en mérite à un texte sans prétentions littéraires ou philosophiques, guère convaincant dans sa forme comme dans sa formulation. Au moins la morale de cette histoire est-elle qu’une race de sauvages peut préserver son habitat contre une plus civilisée. Ah mais!

Troisième texte recensé, Restoring the Moon (La Lune restaurée, 1922) de Burnie L. Bevill, obscure nouvelle d’un obscur auteur états-unien, est encore plus sommaire, mais plus amusant et bien plus court. Il n’y est pas question d’une planète mal intentionnée mais d’un Terrien qui veut dépouiller la sienne au profit d’une autre sans avoir été sollicité. C’est un des rares cas d’astre honnête dans ce thème.

Cela commence par une baisse de la pression atmosphérique et se poursuit par l’enquête de deux journalistes qui aboutit à un génie scientifique. Celui-ci a découvert qu’il y a un million d’années la Lune était vivante et perdit son atmosphère, captée par la Terre. Il se propose donc de la lui restituer afin de la repeupler et d’en exploiter les richesses grâce à un annulateur de gravité qui projette l’air dans l’espace. Heureusement, les intrus arrêtent la machine, qui est détruite par un iceberg gazeux formé au contact du vide spatial. Finalement, les dégâts se limitent à un hiver plus rigoureux par suite de l’écrasement des masses gelées récupérées par l’attraction terrestre. Bien que publiée dans Science & Invention, une revue scientifique d’Hugo Gernsback, cette nouvelle est franchement farfelue. C’est une de ces histoires de savants fous qui n’appelle guère plus de commentaires.

C’est là en effet le texte d’un tâcheron estimant qu’il n’y avait rien de mieux à en tirer, ce qui est dommage vu la variation proposée. Celle-ci est réutilisée par Onofre Parés (1891-1976), obscur auteur catalan d’un unique roman, L’Illa del Gran Experiment (Reportatges de l’Any 2000) (L’Île de la Grande Expérience – Reportages de l’An 2000, 1927), où le thème est encore sous-exploité, mais non par désintérêt.

L’œuvre est avant tout une anticipation utopique. En 1950, les idéalistes de toute la planète s’exilent et s’isolent en Australie pour fonder une société communiste. Jusqu’en l’an 2000 où une délégation du reste du globe, dominé par un capitalisme débonnaire, est admise à la visiter. Le roman est la relation assez touffue et didactique des progrès industriels, urbanistiques, sociaux, artistiques, philosophiques et scientifiques de la nouvelle société.

Le chapitre consacré aux sciences concerne largement la conquête de la Lune. Des expéditions y ont trouvé de petites bêtes vivant dans un air raréfié et découvert que jadis sa surface entretenait une biosphère fournie et des mers abondantes que l’attraction terrestre avait captées, provoquant des déluges (en fait les fossiles excavés sur la Terre en proviennent). Aussi les Australiens ont-ils décidé de réhabiliter ce monde dépouillé. Grâce aux rayons « pneumiques », ils y ont projeté une colonne d’eau de cent kilomètres carrés de section prélevée dans l’Océan Pacifique. Il ne restait plus qu’à la dégeler et à enrichir l’atmosphère lunaire renaissante au moyen d’usines. C’est depuis cette époque que notre satellite a changé de visage. Chose étonnante, les autres nations n’ont rien soupçonné de l’opération, pourtant lourde et génératrice d’une baisse du niveau marin.

À l’évidence, du moins pour le lecteur du XXIe siècle débutant, le côté scientifique du roman n’est pas plus convaincant que l’optimiste vision politique et philosophique de l’auteur. Cependant, il annexe au thème celui de la « terraformation » des planètes et, contrairement à B.L. Bevill, l’envisage pour la première fois sous un angle pacifique et positif. Regrettons qu’il n’y ait consacré qu’un bout de chapitre, si significatif soit-il.

L’Illa del Gran Experiment est le premier tome d’une œuvre demeurée sans suite et probablement sans grand public. Peut-être est-ce dommage dans la mesure où elle demeure un classique de l’utopie futuriste et un reflet intéressant de son temps. Rien de tel à propos de The Fate of the Poseidonia (Le Destin du Poseidonia, 1927) de Clare Winger Harris (1891-1968), féministe et une des premières autrices des pulps états-uniens de SF.

Cette nouvelle s'inscrit dans le cadre d'une rivalité amoureuse entre le narrateur et un nommé Martell, qui cache une peau rouge et une couronne de plumes naturelles. Jaloux, il l'espionne et surprend ses communications secrètes avec Mars. Entre temps, des avions et des navires disparaissent et de mystérieux engins volants apparaissent; mais surtout le niveau des océans baisse à trois reprises de plusieurs pieds. L'amoureux éconduit comprend trop tard qu'ils sont drainés pour remplir les canaux martiens asséchés. Dans un dernier message télévisé, son ancienne fiancée, qui était dans un des paquebots enlevés, l'informe qu'elle coule des jours heureux avec Martell et que désormais la planète rouge laissera tranquille la Terre, satisfaite de son larcin et des trophées qu'elle a récoltés. L'autrice ne précise pas quel procédé a été utilisé, une des failles de cette histoire assez superficielle.

Comme The Fate of the Poseidonia, Red Twilight  (Crépuscule Rouge, 1931) de Harl Vincent, pseudonyme de Harold Vincent Schoepflin (1893-1968), s'inscrit dans la continuité directe d’A. Hall. Mais ce dernier fut un grand pourvoyeur des « pulps » états-uniens alors que C.W. Harris n'eut qu'une carrière météorique (une douzaine de nouvelles). D'une manière générale, leurs contributions à la SF ne sont guère mémorables.

Tout commence par l’apparition au-dessus des U.S.A. d’une nuée rouge qui absorbe l’humidité de la surface sans affecter la santé des habitants. Le phénomène coïncidant avec une conjonction de la Terre avec Mars, une fusée est lancée. Ses deux occupants découvrent qu’une précédente expédition terrienne y a fait souche et s’est assimilée à la population martienne en passe de disparaître suite à la sécheresse qui désole la planète. Aussi a-t-elle construit un émetteur de rayons qui absorbe l’eau terrestre. Les nouveaux venus obtiennent l’arrêt momentané de la captation, ce qui permet au gouvernement états-unien de charger en énergie les hautes couches de l’atmosphère pour neutraliser la succion. Mais la puissance est insuffisante et le niveau marin recommence à baisser. Finalement, Mars prend juste de quoi reconstituer ses mers et laisse la Terre regagner son équilibre.

Contrairement à A. Hall, H. Vincent limite sa philosophie à l’idée d’une charité un peu forcée envers une planète nécessiteuse. Il s’intéresse surtout aux penchants d’un des astronautes pour la fille d’un membre de la première expédition, ce qui aide ce dernier à digérer le pillage qu’il n’a pu empêcher. Ce récit à l’eau de rose, assez banal et dépourvu d’originalité, apporte pourtant au thème le concept de confraternité interastrale.

 

The Fate of the Poseidonia, Red Twilight 

La Nouvelle Babel, un des deux romans de SF du Français Sylvain Eugène Paquier (1872-1969), cultive presque la même superficialité. Paru sous le pseudonyme de Sylvain Déglantine en 1936, puis en 1954 dans une version scientifiquement et géopolitiquement réactualisée, il reprend l’idée du transfert de ressources de la Terre à la Lune dans le cadre d’une guerre entre l’Europe et l’Asie, de missions d’espionnage et d’intrigues amoureuses.

L’histoire décrit un monde partagé entre les USA qui ont absorbé le reste de l’Amérique, la Chine qui a annexé l’Asie et une partie de l’Océanie et l’Europe unie. Cette dernière – dont la capitale est Paris et la langue dérive du français – a beau être scientifiquement la plus avancée, elle se sent menacée et décide la colonisation lunaire. La lave de trois puits creusés en Égypte fournit, une fois filtrée, de quoi ériger autant de piliers d’une titanesque tour destinée à atteindre les parages de la Lune. Le gouvernement européen compte l’utiliser pour y transporter 2 % de l’air et de l’eau terrestres, puis tous ses ressortissants. Or, les volcans artificiels commençant à se tarir, il faut en obstruer quelques naturels, ce qui rétablit le débit mais cause une recrudescence d’éruptions en Asie. D’où une tentative ennemie avortée de les reboucher, puis une déclaration de guerre. Entre temps:

« Sur la plate-forme de la tour, au point où s’annule la force attractive de la terre et où commence celle de la lune, on avait construit une colonne tubulaire de huit mille kilomètres. Et cela avec de telles précautions que les matériaux employés n’avaient pas été, selon l’espérance des Chinois, précipités sur le satellite par l’action de sa force centripète. Cette colonne allait un peu au-delà du point où devait se terminer l’atmosphère lunaire régénérée par l’air de la terre. À leur sortie des caisses-réservoirs qui les amenaient jusqu’à la plate-forme, l’air et l’eau venant de cette planète devaient couler dans son intérieur et se déverser sur la lune par son orifice. »

« Elle était fixée à la plate-forme par de fortes charnières, donc mobile et obéissant à l’attraction de la lune, attirée à l’est quand cet astre se levait, le suivant vers l’ouest dans sa révolution, et revenant au centre quand il était couché. L’air et l’eau pouvaient se répandre ainsi sans interruption sur la surface de la lune, sauf pendant le temps où celle-ci se trouvait derrière l’hémisphère terrestre sur laquelle la tour était édifiée. »

« La construction des caisses-réservoirs destinées à monter et à descendre dans chaque pilier par un système de chaîne sans fin venait d’autre part d’être terminée. On en était à l’adaptation des appareils de chauffage utilisant le feu central de la terre et devant permettre de conserver à l’air et à l’eau une température déterminée pendant la traversée du froid interplanétaire. »

L’ennemi souffre dans son offensive non seulement des éruptions volcaniques, mais des graves perturbations atmosphériques que causent le pompage de l’air et l’abaissement du niveau marin; les rivières se tarissent et la sécheresse s’étend. En outre, la diminution du poids de la Terre entraîne l’accélération de sa rotation et un léger rapprochement du Soleil. La Lune, alourdie par cet apport, tourne plus lentement et s’éloigne un peu; des mers, des lacs et une hydrographie s’y forment; la végétation autochtone et terrienne s’étend. Pendant que la population embarque, les Asiatiques finissent par s’emparer d’un pilier. Les Américains, qui comptent occuper au moins une partie de leur territoire, interviennent alors pour que les Européens achèvent l’évacuation. Ces derniers détruisent ensuite la tour avec l’armée du général chinois qui visait l’empire des deux mondes.

Bien que B.L. Bevill et Onofre Parés aient déjà traité la variante lunaire, S. Déglantine apporte du nouveau. Outre l’ascenseur spatial dont il est un des précurseurs, il promeut une prédation à la fois défensive et cynique: celle d’un empire européen qui, pressé par ses rivaux, n’hésite pas à fuir avec sa part d’air et d’eau et à laisser derrière soi la dévastation sur toute la Terre. Même si l’ennemi ne vaut guère mieux, il y a là apologie de la xénophobie. La Nouvelle Babel est à verser au dossier des planètes pilleuses moins qu’à ceux de la colonisation lunaire et surtout du péril jaune. Scientifiquement, le roman n’est pas très convaincant, mais l’auteur ne visait visiblement pas la vraisemblance. Il n’a cependant pas trouvé le souffle épique qui aurait convenu à des thèmes aussi grandioses, les desservant par l’excès d’intrigues humaines assez terre-à-terre et un style aussi quelconque.

Si ce roman ne rehausse que modérément le niveau général de la production de cette période, la médiocrité de la contribution de langue anglaise s’accentue encore avec la nouvelle Red Heritage (tr. Héritage Rouge, 1938) du prolifique auteur populaire britannique John Russell Fearn (1908-60) qui le développa en un roman, The Avenging Martian (tr. Le Martien Vengeur, 1951), publié sous le pseudonyme de Vargo Statten.

Plus que les précédents, Red Heritage raconte à quoi la Terre échappe. À une époque où Vénus était à bout de ressources, ses habitants décidèrent de capter l’air et l’eau de Mars, alors florissante, grâce aux « ondes hétérodynes ». Mais les Martiens survivants détruisirent l’unique satellite vénusien qui répandit des spores de plantes capables d’empoisonner l’atmosphère. Ainsi les pillards devront-ils un jour émigrer sur Mars, seule planète capable de les accueillir, d’où ils renouvelleront leur forfait sur la Terre pour repartir à zéro. Devinant leurs intentions, les derniers Martiens creusèrent des canaux et transformèrent leur planète en un gigantesque piège électrique, puis envoyèrent vers la Terre un couple qui se mêla aux humains. Plus tard, l’un d’eux s’y réincarne et réactive le plan de ses ancêtres. La flotte vénusienne est électrocutée sur Mars, la vengeance accomplie et la Terre sauvée.

Comme beaucoup d’histoires de J.R. Fearn, celle-ci est superficielle et peu convaincante. Elle est fastidieuse, tirée par les cheveux et ne soutient guère un examen attentif, collectionne les clichés du thème et du genre. Ceci dit, l’auteur ne prétendit jamais plus qu’offrir une distraction facile. La version roman, grâce à du remplissage et des dialogues, est plus digeste que l’original, trop compact.

Sous le même titre, le roman suscita en France une bande dessinée en 1974. Anonyme, elle rappelle graphiquement un style alors très cultivé en Espagne. De fait, l’éditeur employa des artistes espagnols et la couverture était signée R. Cortella. Le résultat est assez quelconque et le scénariste repique souvent verbatim le texte de la traduction. Cette adaptation servile, lourde et sans imagination rajoute aux défauts de l’original.

L'année faste

 

Au cours de ses quatre premières décennies, convenons que le thème ne progressa guère et produisit surtout des textes devenus vieillots. Jusqu’en 1939, année faste qui les racheta in extremis avec pas moins de trois contributions, dont deux romans, et qui le lança vraiment. Jack Williamson (1908-2006), déjà professionnel chevronné du space-opera, lui donna son premier lustre avec Non-Stop to Mars (Sans Escale jusqu’à Mars).

Cette longue nouvelle conte l’aventure d’un pilote et de son avion démodé obligé d’atterrir sur une île du Pacifique où est installé un observatoire. Là, une jeune astronome l’informe que depuis peu le globe est la proie d’étranges cyclones et Mars le siège de phénomènes inédits : un objet d’origine inconnue l’a atteinte, ses satellites l’ont quittée et son atmosphère s’est épaissie. Elle émet l’hypothèse que les nouveaux-venus en manipulent la force gravitationnelle et l’orientent en un tube qui relie les deux planètes pour aspirer l’air terrestre. Le pilote y dirige son vieux coucou et au bout d’une cinquantaine d’heures se pose rudement non loin du vaisseau des étrangers. Avec un mélange d’oxygène et d’essence, il fait exploser leurs installations; puis il élimine le dernier survivant. Un mois plus tard, son astronome le rejoint en fusée et lui transmet les félicitations de la Terre.

Non-Stop to Mars est un texte de facture classique et déjà moderne, efficace, dynamique et bien mené, aux personnages crédibles et attachants. Scientifiquement, il n’est guère convaincant, mais ce n’est pas là-dessus qu’il repose. Thématiquement, il prend un notable recul par rapport aux clichés antérieurs, notamment ceux de Red Twilight. Enfin l’auteur donne là une de ses premières productions véritablement adultes.

Red Heritage n'est qu'un des apports de J.R. Fearn au thème. Signé Polton Cross, Martian Avenger (Le Vengeur Martien, 1939) en est une variante indigente. Ici, le pilleur est la Terre, qui était jadis aussi sèche et désoxygénée que celle de Mars aujourd'hui. Les Terriens d'alors utilisèrent donc des tubes énergétiques pour lui arracher ses mers et son atmosphère. Toutefois, six capsules de cellules germinatives martiennes subsistent. Des astronautes les trouvent et les confient à un laboratoire tenu par un couple, où une seule arrive à terme. La créature copie l'apparence de l'homme et, incapable de tromper la femme, la capture et lui révèle qu'elle va détruire l'humanité en combinant l'azote et l'oxygène de l'air en gaz hilarant. Mais, étant de nature végétale, elle succombe à l'acide nitrique, qui dissout instantanément la cellulose, dont sa prisonnière l'arrose. Une nouvelle assez sommaire.

C’est au contraire un récit très développé qu'Edmond Hamilton (1904-77) offre à sa clientèle habituelle d’adolescents avec le troisième roman du thème, The Prisoner of Mars (Le Prisonnier de Mars), repris en volume sous le titre Tharkol, Lord of the Unknown (Tharkol, Seigneur de l’Inconnu). C’est un space-opera optimiste où le monde est menacé et sauvé, dont le héros gagne une patrie, un trône et une princesse.

Voici l’histoire – très résumée vu sa complexité. Philip Crain est le fils d’un homme surgi de nulle part et demeuré amnésique jusqu’à sa mort. A vingt ans, il essaie de découvrir d’où venait son père et tombe sur l’épave d’un astronef muni d’un transmetteur de matière qui l’envoie sur Mars. Il y apprend que son père en était le souverain et comptait transférer l’eau de la Terre sur sa planète. Car son globe natal agonise et ses derniers habitants se soumettent périodiquement à un tirage au sort au terme duquel les malchanceux sont transformés en Electrae, entités fantomatiques sans besoins physiques qui attendent dans des sortes de limbes le jour hypothétique de la régénération de Mars où forme humaine leur sera rendue. L’arrivée de Ph. Crain déclenche une crise car, maintenant qu’est ouvert le passage entre les deux mondes et le pompage possible, un usurpateur enlève le roi martien afin de prendre la direction des opérations et s’en attribuer le mérite. Or, Ph. Crain est à la fois le demi-frère et le sosie du souverain et le remplace incognito, y compris auprès de sa fiancée dont il tombe amoureux. Tout en se sentant partagé entre deux planètes, il refuse de sacrifier l’une à l’autre et, suite à moult péripéties, rend leurs corps aux Electrae après avoir été l’un d’eux et se téléporte sur la Terre avec son armée. L’usurpateur est arrêté au bord de l’Atlantique, mais non sans avoir tué son souverain. Ph. Crain devient l ‘héritier légitime du trône et a une idée tardive mais géniale: pourquoi ne pas prendre la glace des pôles dont la Terre n’a que faire? Il peut alors rejoindre son royaume et sa reine. Ouf!

Objectivement, pareille accumulation de poncifs est rare dans la SF ou même dans la littérature populaire. Et pourtant, malgré la discutable trouvaille finale et la complexité du scénario, le roman est un chef d’œuvre en son genre tant il est ficelé de façon souple, agréable et dynamique. C’est un pur divertissement qui remplit parfaitement son but auprès de l’adolescent moyen. Ceci dit, il n’apporte rien de neuf au thème et au genre.

Autre roman pour la jeunesse mais plus sobre et bien plus court, La Guerre des Forces est la deuxième contribution française au thème et la seule valable d’Henri Suquet à la SF. Réédité en 1940 sous le titre de Panique sur le Monde, puis, dans une version édulcorée, sous celui de Ciel de Cuivre en 1949, il se distingue des précédents, dont la plupart n’ont pu l’inspirer vu la barrière des langues, par une variation intéressante.

Au trentième siècle où le globe se divise en cinq blocs relevant du Directoire des Nations. Mais celui-ci s’incline devant le Directeur des Forces Centrales, maître des centrales solaires qui diffusent l’énergie par ondes depuis que le pétrole, le charbon et autres carburants fossiles sont épuisés. Seule échappe à son emprise Ceylan, siège d’une société traditionnelle qui ne connaît que le bois et d’où viendra le salut. Car un astronome y observe une brillance accrue de Io, satellite de Jupiter, à mesure que se multiplient dans le reste du monde de gigantesques pannes. Celles-ci, liées à l’apparition de nuages cuivrés, provoquent des accidents graves, des dysfonctionnements et des troubles sociaux. La civilisation vacille. Informé de l’étrange coïncidence, le Directeur des Forces Centrales interdit à la population l’usage du courant et pousse au maximum les centrales pour provoquer une surcharge qui embrase instantanément l’astricule. Ses habitants avaient-ils épuisé leurs ressources naturelles et n’avaient-ils d’autre solution que de piller celles de la Terre? Nul ne le saura. De tous les titres, c’est le seul avec L’Illa del Gran Experiment à proposer une vision globale et cohérente d’une civilisation future. Dans la version de 1949, l’auteur a remanié le récit pour un public plus jeune et rajoute un onzième chapitre. Il présente le gouvernement mondial comme une tyrannie technocratique et technologique qui nie la dimension spirituelle de l’homme et persécute sournoisement les chrétiens. Le texte original est cependant plus dynamique, mais entre les deux se placent une guerre et l’expérience des totalitarismes.

La Guerre des Forces conclue l’apport de 1939, marqué autant par la quantité que par la qualité. Comme la plupart, cette œuvre respecte en fin de compte l’opposition entre planète épuisée et planète jeune, avec la vengeance de celle-ci. Mais il s’agit ici d’énergie, plus vraisemblable que l’air ou l’eau. Cas presque unique qui, avec son contexte et sa rigueur, lui donne une autre tonalité. En effet le thème est difficile à diversifier.

 

La guerre et l'après-guerre

 

Troisième contribution française, Les Signaux du Soleil (1943) de Jacques Spitz (1896-1963) revient aux traditionnelles ponctions atmosphériques. Et pourtant elle renouvelle le thème de fond en comble. L’auteur a-t-il lu le roman d'H. Suquet et a-t-il voulu l'améliorer ou a-t-il tout réinventé? Seules quelques années séparent les deux œuvres. Pour la dernière fois, il renoue avec la veine cataclysmique de ses débuts dans la SF.

Philippe Bontemps observe de curieuses taches sur l’équateur solaire et détermine que leur succession correspond à des séries logiques de chiffres et à des opérations arithmétiques. Mars et Vénus communiquent entre elles et s’adressent aussi à la Terre. L’affaire resterait un canular astronomique si peu après n’éclataient de monstrueux cyclones et la pression atmosphérique ne baissait dramatiquement. À l’évidence, devant le silence de la Terre, ses voisines l’ont estimée dépourvue d’intelligence et se sont concertées pour lui dérober, qui l’oxygène, qui l’azote. Promu dictateur technique, l’astronome fait construire un réseau de câbles et de pylônes afin d’ioniser l’atmosphère selon un rythme reproduisant 3,1416. Ainsi bouleverse-t-il le magnétisme terrestre, complétant par des séismes, des effondrements et des raz de marée les dévastations de Mars et Vénus. Celles-ci comprennent enfin et arrêtent tout.

Les Signaux du Soleil est un roman tiré par les cheveux et à la vraisemblance scientifique douteuse, ce qui entame un peu son originalité thématique. Ceci dit, l’auteur ne se prend pas au sérieux mais cherche un prétexte à décrire l’humanité poussée dans ses derniers retranchements et, étant donné ses commentaires caustiques, son sort ne semble guère l’émouvoir. J. Spitz observe ses semblables comme un entomologiste des fourmis et raille leur agitation .Son propos est essentiellement satirique: traits d’esprits et pointes d’humour noir abondent; son mépris des institutions éclate; certains passages sur la société, la politique et les assemblées ou ses parodies de coupures de presse sont des morceaux d’anthologie. Seuls les extraterrestres suscitent sa sympathie: eux reconnaissent leur erreur. Des industriels terriens auraient-ils cessé par bonté d’âme l’exploitation d’un tel filon?

Trois citations révélatrices:

«  – Le gouvernement et les citoyens des Etats-Unis, dit-il, pensent que l’oxygène et l’azote sont la légitime propriété de la Terre. Des gangsters veulent nous les ravir. Force doit rester à la loi naturelle. À la violence, on doit répondre par la violence. Nous trouverons le moyen de maintenir impérativement l’air autour de notre globe. Nous détraquerons les machines à l’aide desquelles on nous dépouille. La Science fournira les moyens, si on lui donne les appuis nécessaires. Pour stimuler les travaux, la première mesure à prendre est de verser au budget de la recherche scientifique les sommes consacrées par tous les États à la défense nationale. Plus de budget de la guerre, partout un budget de la science ! Et puisqu’un télescope coûte moins cher qu’un torpilleur, pour le prix d’un cuirassé, on fabriquera dix Franklin, vingt Edison et cent Ford! »

«  – La délégation soviétique souscrit aux décisions qui préconisent la manière forte. Mais la défensive n’ayant jamais eu raison d’un adversaire, il faut répondre à l’attaque par une offensive dirigée contre Mars et Vénus, en allant reprendre à ces planètes l’air dont elles se sont déjà emparées. Bien plus, il faut procéder à une vaste épuration du système solaire, châtier les chefs qui y perpétuent de monde à monde de coupables méthodes capitalistes d’exploitation et, en substituant à la IIIe Internationale une Ire Interplanétaire, assurer de Mercure à Pluton la subsistance et la vie de tous les peuples dans une harmonie sociale digne de celle des sphères… »

«  – Le dernier signal que l’humanité enverrait dans l’espace, son S.O.S., son chant du cygne, serait donc 3.1416. Son sort se déciderait non sur un appel émouvant, non sur une prière, elle ne crierait pas « Grâce! » en langage sublime, elle ne protesterait pas en périodes harmonieuses contre le sort injuste et cruel qui lui était fait; elle dirait simplement : pi, pi, pi, pi… »

Difficile à surpasser dans la dérision.

Si, de tous les titres commentés ici, celui-ci mérite seul une analyse littéraire à proprement parler, il faut reconnaître qu’à force d’accumuler propos cyniques et grinçants, J. Spitz peut saturer son texte et agacer le lecteur. Sans doute ne trouva-t-il pas dans la SF l’inspiration qui lui aurait permis de dépasser ses préoccupations satiriques. Mais peut-être était-ce trop demander à quelqu’un ayant débuté par une carrière littéraire conventionnelle (encore que surréaliste). J. Spitz rehausse de façon éclatante le volet dérisoirement humain du thème, sous-traité au profit de l’aspect cataclysmique – que pourtant il ne néglige pas – par la plupart de ses prédécesseurs. Il est vrai que l’art n’était généralement pas leur priorité et que seuls J. Williamson et H. Suquet révèlent une certaine ambition. Les Signaux du Soleil témoigne d’un souci de l’écriture qui n’a pas été dépassé dans le thème.

À citer pour mémoire: The Wind between the Worlds (tr. Le Vent qui soufflait entre les Mondes, 1951) de Lester del Rey (1915-93). Une porte à transmettre la matière a été sabotée et, l’atmosphère de la planète de destination étant bien moins dense, l’air de la Terre devrait s’y engouffrer jusqu’à égalisation de la pression. Mais alors la biosphère terrestre se sera dégradée. D’où la panique des gouvernements et de stupides dégâts ici et outre-ciel.

Cette longue et fastidieuse nouvelle détonne en n’exploitant aucune cupidité extraterrestre: la bêtise humaine est seule à blâmer pour ce larcin involontaire. La coopération entre les planètes et l’ingéniosité de leurs habitants ferment la porte. Mais elle ne renouvelle pas le thème et rejoint Restoring the Moon, exemple de pure malveillance terrienne, et même Les Signaux du Soleil, comédie du rattrapage d’un malentendu entre la Terre et ses voisines.

Proche aussi de Restoring the Moon ainsi que de L'Illa del Grand Experiment et de La Nouvelle Babel, The Conquerors of the Moon! (Les Conquérants de la Lune!, 1951) marque l'irruption de la bande dessinée dans le thème avec les scénaristes Bill Gaines (1922-92) et Al Feldstein (1925-2014) et Wallace Wood (1927-81) aux crayons, tous états-uniens. En huit planches, ce dernier rattrape par son talent une histoire assez faiblarde mais sarcastique.

L'argument est l'accaparement et l'exploitation de la Lune par l'Uranium-Development Corporation. L'extraction se révélant non-rentable à cause des coûts d'expédition du métal et de l'obligation pour les mineurs de travailler en scaphandres, le président de la firme propose aux actionnaires de la doter d'une atmosphère en prélevant par téléportation un peu de celle de la Terre. Devant l'opposition terrienne, il agit en secret, mais le transmetteur s'emballe et ne peut être arrêté à temps. L'humanité étouffe et la planète brûle, n'étant plus protégée des rayons solaires. À bout de vivres et dépourvus de végétaux, les colons seraient condamnés une fois l'oxygène épuisé par leur respiration si des spores de l'ancienne flore lunaire ne ressuscitaient l'ancienne flore lunaire, en partie comestible. Mais sa dangereuse faune renaît aussi et contraint les derniers survivants à se réfugier dans leurs refuges souterrains initiaux.

Comme d'autres, les scénaristes ont sous-estimé la capacité de la faible gravité lunaire à retenir une atmosphère. De plus, la téléportation de l'uranium aurait pu rentabiliser l'affaire. Par contre, ils insistent lourdement sur l'avidité et l'irresponsabilité du capital privé, deux mots présents au tout début de l'histoire. Un des aspects sociaux développés dans ses productions par l'éditeur et cause de leur fin au temps du maccartisme et de l'ordre moral.

Autre histoire d'exploitation, The Planet Mender (Le Réparateur de Planètes, 1952) de George O(liver) Smith (1911-81) a pour cadre un Système Solaire que les ingénieurs planétaires viabilisent grâce aux transmetteurs de matière qui facilitent les transferts de ressources naturelles. Cette nouvelle, bien conçue mais contredite par l’astrophysique moderne, est un épisode de la carrière de l’un d’eux qui fait ainsi sa profession de foi:

« – Pendant des siècles on nous a dit que l’Homme est un animal adaptable. Il n’en est rien. L’Homme n’est pas adaptable. Il adapte. Quand son environnement ne correspond pas à son métabolisme, il change son environnement. Personne ne pourrait véritablement vivre sur Mars. Alors nous la changeons. Nous extrayons de la glace sur Uranus et l’expédions sur Mercure pour la réchauffer et ensuite nous la fournissons à Mars sous forme de pluie bien chaude. Ça change à la fois la température et la teneur en vapeur d’eau de la planète en accord avec des normes humainement acceptables. Vénus avait une atmosphère merdique; alors nous l’expédions sur Jupiter où on n’y verra rien à redire et nous la remplaçons par de l’oxygène et de l’azote en provenance de Mercure que nous obtenons en fournissant les gaz gelés de Neptune. Tout ça, c’est simple. Pluton était dépourvue d’air et drôlement froide. L’air que reçoit à présent Pluton est brûlant et un jour Pluton sera assez chaude pour permettre la colonisation. Vénus n’a pas besoin d’air surchauffé, alors le truc qu’on y expédie n’est pas très réchauffé. Et voilà. Quant au reste des planètes et des satellites, tout est traité de la même manière, selon leurs besoins divers et variés. »

Mais voilà que Mars subit un déluge inexplicable qui menace les colons. L’ingénieur planétaire gagne Mercure où l’accumulation de glace sur du magma a provoqué des éruptions cataclysmiques, puis Uranus où son extraction continue automatiquement: après avoir tué les opérateurs de la station, une avalanche géante est en cours d’absorption par les transmetteurs de matière. Il rétablit un débit normal et reprend son travail d’humanisation des mondes.

Avec The Planet Mender, se développent les ébauches de L’Illa del Gran Experiment et La Nouvelle Babel et le thème opère un virage intéressant. Il s’agit moins de spoliation de certains mondes que de l'harmonisation d’un Système Solaire (providentiellement inhabité) au profit de l’humanité. Une vision de la conquête de l’espace qui, si idyllique et pacifique qu’elle paraisse, découle du principe typiquement judéo-chrétien – voir la genèse biblique – que la Terre a été donnée à l’homme, droit divin étendu à l’Univers. Fidèle à l’esprit pionnier des USA, G.O. Smith ne se prévaut toutefois pas d’un darwinisme à la sauce cosmique en vertu de quoi l’espace serait privatisable au bénéfice du plus fort et du plus avancé, à savoir du plus riche et du plus dénué de scrupules. En ce sens, c’est le second à se montrer humaniste et constructif dans la morale du thème. Il en rejette ainsi bien des clichés.

 

Portes sur l'Inconnu (1956), premier des deux romans de SF du Français Adrien Sobra (1897-1985), plus connu comme auteur de littérature fantastique sous le nom de Marc Agapit, introduit une variation: les habitants d'un univers parallèle s'intéressent à un élément, la matière V, qui permet de voler. Presque épuisé sur U 16, il abonde sur la Terre. Ils proposent donc à l'humanité d'échanger sa planète contre une des leurs qu'ils ont remodelée à son goût et d'y transférer son atmosphère pour la rendre habitable. Interviennent alors des hommes-chats, espèce vassale, qui s'allient aux humains. Ils sont vaincus par leurs maîtres alors que le transfert commence. Celui-ci s'interrompt juste avant l'asphyxie générale. Bons princes, les rares survivants usseiziens ont fermé les portes interdimensionnelles et sollicitent des épouses terriennes pour reconstituer leur race. Une histoire naïve et puérile.

Le thème évolue encore dans la bande dessinée états-unienne. Dans The Man Who Collected Planets (tr. L'Homme qui collectionnait les Planètes, 1957), au scénariste inconnu, avec Jack Kirby (1917-94) aux crayons, un astronome note la disparition de Mars, Saturne et Uranus. Il les retrouve réduites sous des cloches à melon dans l'astronef extra-terrestre où un rayon l'a porté. Une entité énergétique lui explique que chacune renferme un élément nécessaire à sa nouvelle arme contre sa propre espèce et qu'il a besoin de son aide. Le Terrien assiste alors à la réduction de la Terre et la vole avant que son hôte en extraie l'oxygène. L'ayant piégé entre deux électrodes où circule l'énergie du vaisseau, il l'y laisse à la merci de ses congénères après avoir rendu à chaque planète sa taille et sa place et regagné son laboratoire. La scène où il tient six sextillons de tonnes sous le bras traduit la naïveté du récit.

Dans l'épisode de la série espagnole Atomo Kid intitulé Oxigeno en la Luna (tr. De l'Oxygène pour la Lune, 1957) d'Adolfo (Alvarez-)Buylla (1927-1998), une grosse météorite frôle la Terre puis son satellite et recommence. Atomo Kid et de son épouse Pamela l'abordent avec leurs réacteurs dorsaux. Ils sont d'abord étonnés par son sillage de fumée, puis à leur arrivée sur la Lune par les rats et les plantes qui y prospèrent grâce à une atmosphère très basse mais respirable. Au prochain passage du bolide, ils y remontent et découvrent qu'il est creux. Ils neutralisent un savant doublé d'un entrepreneur sans scrupules qui utilisait sa faible attraction pour voler chaque fois un peu d'air terrestre et le laisser retomber sur la Lune. Il comptait en vendre les terrains rendus habitables. Une idée astucieuse et matérialiste pour un dessin assez médiocre. Une histoire anti-capitaliste dans l'Espagne du caudillo Franco.

Autre évolution du thème par la bande dessinée, toujours dans la démesure et la naïveté, Mystery Planet (La Planète Mystérieuse, 1958) de l’États-unien Steve Ditko présente une planète à la fois vagabonde et cannibale: ayant alimenté ses propulseurs de ses propres entrailles, ce n’est plus qu’une coquille creuse qui réduit intégralement en poussière et absorbe les mondes sur son passage pour poursuivre sa course et entretenir sa vie. Un couple d’astronautes envoyé enquêter sur la disparition de l’un d’eux est capturé par les habitants insectoïdes qui lui annoncent que la Terre sera le prochain à disparaître. Mais les prisonniers dérèglent la machinerie de l'astre prédateur et le détruisent grâce à leurs rayons. C'est vraiment sommaire, mais comment faire mieux en six planches? Reste l'idée qu'un corps céleste entier, pas seulement son air ou son eau, constitue une ressource exploitable

Dernières ponctions

 

Cinquième bande dessinée états-unienne, The Water Pirates (tr. Les Voleurs d'Eau, 1960) de Lee Falk & Phil Davis appartient à la série du magicien Mandrake. En promenade avec son éternelle fiancée Narda, il trouve un lac vide, puis une douzaine d'autres: leur contenu a été siphonné par une trombe qui se perdait dans les nuages. Vêtu d'un scaphandre spatial, il se jette dans le dernier encore plein quand le phénomène se répète et aboutit à un astronef traînant des poches de glace. Ses occupants se disent marchands d'eau: ils la revendent à des planètes sèches. Ils n'assécheront pas la Terre cette fois-ci mais reviendront. Or, depuis un épisode précédent, Mandrake tient de l'empereur galactique Magnon une montre munie d'un bouton d'alarme. Il l'actionne et une flotte accourt. Elle capture les pirates et restitue le liquide. Bien que développée en 17 planches, cette histoire est assez banale.

Sixième bande dessinée de même origine, un peu sommaire (huit planches), The Giant Who Stole Mountains (tr. Le Géant qui volait les Montagnes, 1961) de Gardner Fox (1911-86) & Carmine Infantino (1925-2013) s'est peut-être inspiré de The Planet Mender. Son point de départ est assez original. Les astronomes observent la transformation de Mars: Phébé et Japet, deux lunes de Saturne, se satellisent autour de celle-ci; une partie des océans de Vénus s’envole et s’y déverse; une forêt de cristal de Jupiter et une masse de magma de Mercure y atterrissent, etc. En fait, chaque planète du Système Solaire contribue à sa renaissance, sauf la Terre. Jusqu’à ce que sorte d’un astronef un géant qui se met à arracher des montagnes. S’il continue, celles-ci ne feront plus obstacle aux intempéries, les séismes se multiplieront, le vide ainsi créé ébréchera la croûte terrestre et le globe explosera peut-être.

Le géant étant invincible et inconscient d'eux, les humains projettent sur un écran des images montrant la gravité de ses actes. Il répond par télépathie que son peuple a fui sa planète détruite par une nova et entreprend de modeler Mars à sa ressemblance. Or, seules les montagnes de la Terre conviennent. Les extra-terrestres résolvent le problème en remorquant sur des plates-formes spatiales celles des fonds marins, en les remplaçant par d’autres prises sur Neptune et en fondant une partie des glaces polaires pour compenser le vide et rétablir la pression exercée sur la croûte terrestre. Par chance, la jeunesse des années cinquante et soixante destinataire de ces mini-récits méconnaissait la vraisemblance scientifique. Cette fable super-scientifique partage leur caractère naïf et schématique mais fait regretter que l’histoire n’ait pas été traitée sérieusement tant elle témoigne d’une riche imagination.

Par contre, cinquième roman français, Planète en Péril (1961) du prolifique Henri-René (dit Jimmy) Guieu (1926-2000) revient au classique larcin, quoique raisonnable et justifié et même régularisé au terme d’une entente interplanétaire. Une série de séismes disloque la calotte glaciaire antarctique qui laisse la place à un grand lac, puis à un gouffre béant. Où est passée l’eau? Sur Mars, où la retrouvent des explorateurs polaires en empruntant le « translateur de matière » qui l’a aspirée. Là, des humanoïdes nains leur expliquent qu’ils n’avaient d’autre choix pour retarder le déclin de leur planète et qu’ils ont pris juste la quantité dont ils avaient besoin. Ils proposent même une sorte de dédommagement aux Terriens; mais leurs invités leur font quand même comprendre que ce ne sont pas là des manières et préfèrent leur « emprunter » un astronef pour rentrer chez eux.

Comme chez H. Vincent, la planète en péril n’est pas la Terre mais Mars qui a besoin de l’aide un peu forcée de sa voisine, laquelle peut se permettre cette déperdition relativement bénigne. Il évacue le caractère dramatique du thème et, par là même, l’édulcore un peu. Bien documenté quoiqu’assez didactique, dynamique et solidement construit mais sans plus, c’est un produit conventionnel qui ne lui apporte guère qu’une approche décontractée.

Sixième roman français, Les Poumons de Ganymède (1962) du non moins prolifique F. Richard-Bessière (pseudonyme de Henri-François Bessière, 1923-2011) est du même tonneau. Dans des régions désertiques, l’oxygène se volatilise. Trois Terriens présents lors d’une ponction se matérialisent ainsi sur Ganymède, dont les habitants ont surmonté au prix de monstrueuses mutations le conflit atomique qui a anéanti leur biosphère. Ils ont reconstitué leur atmosphère dans des villes sous globe en achetant des minerais d’oxylithes aux Vénusiens réfugiés sur Callisto après avoir aussi empoisonné leur planète d’origine de radiations. Suite à une guerre entre ces satellites, le commerce a cessé et les Ganymédiens pillent la Terre à laquelle ils proposent en échange leurs connaissances scientifiques tout en s’apprêtant à l’envahir si les humains persistent à la dégrader à coup d’essais nucléaires.

Se prétendant délégué par une Terre alliée de Ganymède, le trio menace Callisto de guerre si les échanges ne reprennent pas. Grâce à un coup de pouce du destin, la dictature callistienne est renversée, les ponctions cessent et l’humanité comprend la leçon. Conclusion attendue d’un roman naïf et simpliste qui est surtout un plaidoyer antinucléaire. Le thème y est traité de façon relativement complexe mais sans originalité.

 

De niveau assez médiocre, Town of Terror (tr. La Cité de la Terreur, 1967) est un téléfilm de Herschel Daugherty, trentième et dernier de la série états-unienne Time Tunnel (tr. Au Coeur du Temps, 1966-67) créée et supervisée par Irwin Allen (1916-91). Celle-ci raconte les tribulations des deux héros, Tony et Doug, piégés par une machine temporelle déréglée qui les projette aléatoirement à diverses époques où ils affrontent de sérieux problèmes.

Cet épisode est un des rares où ils visitent le futur (1978). Ils se retrouvent prisonniers dans la cave d'un hôtel d'une petite ville dont des extra-terrestres se sont emparé pour transférer l'oxygène de la Terre sur la planète Andros. L'opération commence, mais la ponction se fait à travers le tunnel temporel. Aidés par un couple demeuré libre, les naufragés l'interrompent en détruisant la machinerie téléporteuse, avant de reprendre leur odyssée.

À la limite du thème, The Gods Themselves (tr. Les Dieux Eux-mêmes, 1972) de l'États-unien Isaac Asimov (1920-92) est un roman un peu lourd entamant la dernière partie de sa carrière mais bien conçu. Il est le seul à se rapprocher de celui d'H. Suquet dans la mesure où il traite de transferts énergétiques entre deux planètes. Mais ceux-ci sont à double sens, s'effectuent entre un autre univers et la Terre et menacent l'existence de cette dernière.

La « pompe à électrons » est un procédé permettant d'extraire une énergie gratuite et non polluante d'une autre dimension. Or, celle-ci meurt car la fusion nucléaire qui gouverne ses étoiles est plus rapide et donc leur longévité bien moindre. Mais l'introduction massive des particules de notre univers plus lent permet de retarder l'échéance en le re-énergisant, cependant que l'inverse est aussi bénéfique pour l'autre côté, du moins en apparence.

En effet, une fois en contact, les lois des deux univers tendent à s'homogénéiser. Ce n'est pas grave pour l'autre; mais les particules étrangères au nôtre ne font pas que produire de l'énergie en bombardant sa matière: celles qui s'échappent accélèrent l'évolution du Soleil et pourraient le transformer en nova. Or les extra-terrestres qui ont percé le mur dimensionnel pour transmettre le procédé à la Terre ne se soucient pas de ce cadeau empoisonné.

Le roman raconte les efforts de scientifiques soupçonnant le danger contre les politiques inquiets pour leur popularité et surtout un collègue prompt à s'attribuer l'invention de la pompe à électrons et entendant préserver sa réputation, même au prix de la destruction universelle; mais aussi ceux d'une extra-terrestre que révolte l'attitude de ses congénères et qui parvient à transmettre aux Terriens des avertissements gravés sur des plaques.

The Gods Themselves se divise en trois parties bien développées. La première se passe sur la Terre à laquelle la pompe à électrons apporte la prospérité. La deuxième sur la planète instigatrice et criminelle de l'autre univers. La troisième sur la Lune où un des opposants scientifiques convainc les habitants. Il contribue à l'arrêt de l'échange énergétique, puis à sa conversion en un procédé plus sûr et inoffensif. Triomphe de l'optimisme asimovien.

Assez médiocre, Guldmånen (La Lune en Or, 1975) est le troisième d'une série populaire de trente-deux courts romans, Jaktrymdskeppet X12 (Chasseur Spatial X12, 1974-80), du Suédois Olof Möller (1923-85). Les trois premiers se passent sur Anti-Tellus, une planète co-orbitale à la Terre mais située de l'autre côté du Soleil d'où viennent les soucoupes volantes. Elle possède quatre satellites dont le plus petit disparaît morceau par morceau.

C'est l'œuvre des habitants reptiliens d'une planète d'Alpha Centauri progressivement envahie par les eaux. Ils empilent les fragments lunaires sur des zones émergées pour compenser la perte d'espace vital, utilisant un immense anneau lumineux par lequel passent aussi leurs astronefs. Ceci n'étant qu'un pis-aller, ils décident d'émigrer. Anti-Tellus ne lui convient pas. Par contre, dans le volume suivant, ils tentent en vain de conquérir la Terre.

Créé, écrit et réalisé originellement par Kenneth Johnson, V (tr. Les Visiteurs) est un autre feuilleton télévisé états-unien en trois séries: une de deux épisodes en 1983, une de trois en 1984 et une de dix-neuf en 1984-85, les deux dernières confiées à divers tâcherons. Une adaptation de la première a été publiée en 1984 par Ann Carol Crispin. Bien que basé sur les idées d'échec écologique et de prédation de ressources, il ne les traite qu'accessoirement.

Arrivés dans de gigantesques astronefs lenticulaires, des reptiles humanoïdes d’une planète aux ressources épuisées proposent à la Terre leur technologie très avancée contre des produits industriels et en prennent peu à peu le contrôle. Dans la première série, s’étant introduits dans un de leurs vaisseaux, des fouineurs trouvent des réservoirs pleins d’eau ou d’humains en léthargie: les étrangers comptent en une génération vider les océans, ce qui n’est guère vraisemblable car ils couvrent 70% de la superficie terrestre et, étant carnivores, éliminer la vie animale. La suite raconte presque exclusivement et de façon très peu crédible les tentatives de résistants de chasser l’occupant. En effet, malgré un début intéressant, le scénario devient vite incohérent. De plus, un vingtième et dernier épisode aurait dû être tourné, ce qui laisse une fin ouverte. Thématiquement, l'ensemble est insignifiant.

Il manquait la dimension parodique. Celle-ci arrive tardivement avec Spaceballs (tr. La Folle Histoire de l’Espace, 1987), film du comique Mel Brooks (Melvin Kaminsky) qui se moque ouvertement de Star Wars (tr. La Guerre des Étoiles, 1977) de George Lucas mais aussi à la série Star Trek (tr. Star Trek, à partir de 1966) de Gene Rodenberry. Grâce à son interminable astronef, l’abominable Heaume Noir veut renouveler l’atmosphère de sa planète, Spaceball, en s’emparant de celle de Druidia. Mais une coque indestructible la protège. Il médite donc de ravir la princesse Vespa et de la relâcher en échange de son code d’ouverture. Justement, elle s’enfuit pour échapper au mariage que lui impose le roi, son père. Celui-ci loue alors les services d’un aventurier cupide mais au grand cœur, Lone Starr. Il la récupère au nez et à la barbe de Heaume Noir qui se lance sur leurs traces.

Après maintes tribulations au cours desquelles la princesse et l’aventurier tombent amoureux et ce dernier apprend sa naissance royale que lui cachait sa condition d’enfant trouvé, Heaume Noir les capture. Il extorque au roi de Druidia le code d’ouverture. Son astronef se transforme alors en un robot ménager géant dont l’aspirateur commence à absorber l’atmosphère de Druidia. Par bonheur, grâce à l’anneau du mystique Yoghourt rencontré pendant la poursuite, Lone Starr inverse l’opération, détruit le vaisseau et épouse Vespa. Spaceballs a bénéficié d’un budget important. Les effets spéciaux sont corrects mais loufoques. Comme les autres productions parodiques de M. Brooks, celle-ci est basée sur des gags ingénieux mais souvent lourds. Elle prouve qu’il est possible d’exploiter de façon comique un thème grave, mais sans plus.

La dimension parodique s’affirme ensuite avec Lobster Man from Mars (tr. L’Homme-Homard Venu de Mars, 1989), film fauché de l’États-unien Stanley Sheff tourné en vue de sortir le pire navet possible en faisant appel aux clichés les plus éculés du cinéma de SF. C’est présenté comme l’idée d’un producteur pensant ainsi justifier une faillite frauduleuse. L’atmosphère de Mars se raréfiant, son roi décide de voler celle de la Terre et en charge le terrible homme-homard (qui a effectivement cette apparence). À peine hors de sa soucoupe volante, il commence par dévorer les automobilistes de passage, puis lorgne dans un vestiaire de filles. Au terme d’une série de gags où se perd la mission originelle, un savant fou arrive à s’en débarrasser. Le résultat dépasse peut-être les espérances du réalisateur tant il est horripilant. Il n’est pas nul que thématiquement

Il existe un dernier traitement parodique mais grinçant, Les Buveurs de Mondes (2004), bande dessinée d’une série humoristique et non réaliste bien que soignée de Christophe Arleston & Didier Tarquin qui promènent leurs personnages, tous pittoresques et dotés de pouvoirs plus ou moins mirobolants, dans une Galaxie certainement peu conforme aux canons de l’astrophysique ainsi que dans différentes époques.

Ainsi Lanfeust de Troy et son mentor, un coquillage philosophe à six bras, atterrissent-ils au bord d’une mer dont le niveau baisse anormalement. Après quelques péripéties héroïques et galantes, il apprend que d’affreux extra-terrestres tentaculaires et polymorphes, les Pathacelses, la vident pour la transférer sur leur monde dont l’eau se dissipe dans l’espace, menaçant d’extinction une race de sages et sympathiques créatures aquatiques. Ils ont déjà ruiné deux planètes et ont installé sur celle-ci un transmetteur de matière (en forme de bonde d’évier!). Le héros aborde leur base flottante (ronde comme le bouchon qui va avec!) et fait sauter leur installation alors qu’ils projetaient de la transporter au fond d’un océan. Mais il a eu de le temps de s’y engouffrer avec ses amis vers de nouvelles aventures. Avec cette histoire amusante, le thème a peut-être atteint ses limites dans la superficialité.

Sa suite, La Chevauchée des Bactéries (2005), inclue marginalement un épilogue: la flotte de l’Autorité Galactique accourt et, au nom du Tribunal des Mondes, détruit la station de pompage ainsi que, au titre des dommages collatéraux, la quasi-totalité des Pathacelses, tandis que le héros et ses amis poursuivent leur odyssée. Plus qu’ailleurs, le cynisme se trouve aussi du côté des justiciers, exemple de l’humour grinçant qui teinte cette série.

Une récente analyse du cynisme amenant une planète à en dépouiller une autre est fournie dans Terraformer la Terre (2009). Cette longue nouvelle de votre serviteur reprend les aspects les plus classiques du thème des point de vue moral et idéologique sous un mince vernis scientifique. Non seulement y sont confrontés les pilleurs (ou du moins leur envoyée) et leurs victimes (ou plutôt leurs descendants) mais s'y conclue une forme de réparation.

L'histoire se passe six siècles après qu'une planète vagabonde, Vastator, frôla la Terre, lui arrachant les quatre cinquièmes de l'air et de l'eau, tuant presque dix milliards d'habitants. Une colonie a néanmoins survécu sur Mars et a commencé à reconstituer ses anciennes mers grâce aux glaces de satellites joviens. Son gouvernement, après avoir recivilisé une partie des sauvages de leur patrie originelle envisage à présent de lui rendre sa splendeur, malgré l'opposition de deux factions: l'une, les Martiniens, sachant la pesanteur martienne trop faible pour les empêcher de se dissiper dans l'espace, entend ménager ces ressources auxquelles il faudra périodiquement faire appel pour entretenir une discrète prospérité; l'autre, menée par la Compagnie d'Ingénierie Planétaire, soutient le projet car elle y voit un moyen d'accroître sa puissance et son emprise sur toute l'humanité.

Cette dernière l'emporte, mais au prix d'un compromis: l'élection d'un gouverneur de la Terre trop vieux pour mener le projet. Descendant vers sa circonscription, il est victime d'un attentat et sa nacelle de sauvetage atterrit entre la Corse et la Sardaigne. Bientôt capturé par des sauvages, il est emmené dans leur village au fond d'une cuvette de la Méditerranée où subsiste assez d'air et d'eau pour permettre de vivoter, mais aussi un astronef endommagé. L'intelligence artificielle qu'il renferme lui apprend qu'elle fut envoyée par Vastator pour préparer le pillage de la planète et qu'elle fut victime du cataclysme. En effet, ses habitants avaient déplacé leur monde pour échapper à l'explosion de leur étoile. Leur biosphère fut quand même anéantie et ils se réfugièrent dans les profondeurs. Ils la reconstituèrent donc au passage grâce à leur maîtrise de la gravitation, l'attraction naturelle ne suffisant pas.

Un dialogue animé s'engage entre le visiteur et l'entité extraterrestre. Celui-là a beau donner libre cours à son indignation, celle-ci lui rétorque que l'humanité n'était rien pour les habitants de Vastator et que, si les humains avaient connu la même situation, ils auraient sans doute été aussi immoraux, eux qui avaient déjà dévasté leur planète avant le cataclysme. Ils concluent néanmoins un marché: en échange de la réparation de ses moteurs grâce auxquels elle espère rejoindre ses créateurs, elle livrera au gouverneur leur technologie anti-gravitationnelle et prolongera significativement son existence. Le bénéficiaire commence par écarter la Compagnie d'Ingénierie Planétaire de la réhabilitation de la Terre et par envoyer dans le Soleil les centrales nucléaires et les déchets industriels et militaires qui menaçaient de la repolluer. Puis il entreprend d'extraire les glaces d'Encelade pour reconstituer ses océans.

« N'avait-il pas aussi l'âme d'un pilleur de planètes, lui qui arrachait à l'une pour donner à l'autre? Il espéra que telle n'était pas la loi universelle et que l'exemple de Vastator ne se répandrait ni parmi l'humanité ni ailleurs, » pense-t-il en supervisant l'opération. Avant que l'intelligence artificielle reparte, celle-ci lui avait demandé si l'humanité aurait renoncé à exploiter les glaces d'un satellite de Jupiter au cas où dans l'océan sous-jacent elle aurait trouvé de la vie intelligente... Terraformer la Terre ne donne aucune réponse mais traduit une inquiétude peut-être pas si injustifiée. S'inspirant au moins en partie de The Planet Mender, l'auteur y ajoute une dimension morale considérable et se méfie de la libre entreprise des réparateurs de planètes. Avec l'antigravitation, il recourt à une solution aussi discutable que les transmetteurs de matière, mais sa réflexion dépasse celle d'un space-opera moyen.

Dernier exemple un peu marginal de cynisme extra-terrestre, Oblivion (tr. Oblivion, 2013), long métrage de l’Etats-unien Joseph Kosinski. Ici, à la suite d’un cataclysme écologique mondial, l’humanité est censée avoir été évacuée sur Titan et l’eau de ses océans est pompée par de gigantesques stations pour y être transférée. Un couple d’opérateurs surveille l’opération. Ce sont en fait des clones d’une expédition spatiale récupérée par des extra-terrestres qui leur ont menti : ils ont dévasté la Terre et presque anéanti sa population. Ils absorbent les ressources de la planète pour leur propre compte. Informé par des survivants, l’opérateur mâle se rend sur le satellite des pilleurs et la fait exploser, rendant ainsi le monde ou ce qu’il en reste à ses légitimes propriétaires. C’est la seule note optimiste (?) de ce film par ailleurs bien conçu et intéressant par la variante qu’il propose au thème.

 

 

Anthropologie des planètes pilleuses

 

Le thème s’inscrivant le plus souvent dans une logique conflictuelle des relations interplanétaires, les extraterrestres sont généralement présentés comme des agresseurs caractérisés, même s’ils ne sont pas si mauvais que cela, comme dans The Prisoner of Mars. Car, d’après l’auteur, bon sang ne saurait mentir: Terriens et Martiens sont deux rameaux d’une race née sur une planète disparue entre Mars et Jupiter.

Chez E. Hamilton, E. Nyblom A. Hall, C.W. Harris, J.R. Fearn, H. Suquet, A. Sobra. J. Kirby, J. Guieu, C. Infantino, F. Richard-Bessière, I. Asimov, S. Sheff, C. Arleston & D. Tarquin et J.P. Laigle, les extraterrestres ont, faute d’excuses, des impératifs; ils sont absents chez B.L. Bevill, O. Parés, S. Déglantine et H. Vincent. La morale des planètes pilleuses est celle de victimes rendues prédatrices. Comme l'écrit E. Nyblom, qui ne serait tenté?

Le thème est aussi amoral que la nature. Seuls sauvent un peu les apparences Red Twiligh et Planète en Péril, où le dommage est présenté comme admissible, The Prisoner of Mars, où surgit une alternative miraculeuse et Les Signaux du Soleil, où les extraterrestres se révèlent doués de scrupules. Relevant d’un contexte non conflictuel, L’Illa del Gran Experiment, The Wind between the Worlds et The Planet Mender sont définitivement à part.

Notons que dans The Planet Mender l'humanité est prédatrice du Système Solaire, même sans nuisance. Par contre, ses ancêtres ont pillé Mars dans Martian Avenger. Dans Restoring the Moon, The Conquerors of the Moon! et Oxigeno en la Luna, de mauvais génies dépouillent la Terre au profit de Lune. Et tout un peuple s'y exile avec sa part d'eau et d'air dans La Nouvelle Babel et L'Illa del Gran Experiment: la propriété, c'est le vol dans l'envol.

Dans quelle mesure le thème est-il une apologie de la prédation interplanétaire? Chez A. Hall, comme si la fonction créait l’organe, nécessité fait loi. Si son texte a bien fait école, ses épigones ne tempèrent guère son message. E. Hamilton ne sauve la morale que de façon littérairement fort discutable. Hypocritement ou non, à doses diverses, le cynisme règne un peu partout. Il est même caricatural dans Mystery Planet, The Water Pirates, V et Spaceballs.

Plus précisément, dans au moins cinq cas, le thème est une apologie de la vengeance ou du moins de la justice expéditive. Chez J.R. Fearn deux rancunes particulièrement tenaces; chez H. Suquet et S. Ditko une tentative réussie d’anéantissement, si justifiée soit-elle; chez E. Nyblom un coup de semonce; chez J. Williamson une expédition punitive et chez Chr. Arleston un génocide joyeusement organisé et assumé au nom d’un « axe du bien ».

Le thème se révèle donc dur – d’où ces tentatives d’édulcoration – et difficile à traiter sans se référer à la lutte pour la vie en particulier et aux lois de la nature en général, qui sont après tout la référence incontournable de la SF. Par les Terriens ou les extra-terrestres, l’Univers est un milieu mal fréquenté. Toutes ces histoires sont surtout un décalque des rapports humains. C’est pourquoi elles proposent un avertissement plutôt qu’une morale.

À coup sûr, le thème est une extrapolation de la rapacité humaine. Les Signaux du Soleil pourrait même refléter le pillage des ressources françaises par l’occupant allemand à un moment où il battait son plein. D’autres oeuvres précèdent ou suivent de peu des conflits mondiaux ou autres. Après tout, le dépouillement du faible par le fort n’est-il pas un des buts de la guerre, militaire ou économique? Voir les « marchands d'eau » de The Water Pirates.

Dans son traitement agressif, le thème traduit sans doute la phobie de pays ou de classes riches d’être dépossédés par des pays ou des classes pauvres. Par extension, avons-nous la prétention d’estimer la Terre si belle que les autre planètes nous l’envient? Là réside au moins en partie l’origine de la peur des invasions extra-terrestres dans la SF, dont le pillage à distance ou direct est un substitut astucieux et sans risque.

Il devient difficile de plaindre les habitants de la Terre. Vu la façon dont ils se traitent entre eux, comment s’étonner que ceux d’autres planètes les imitent? La victime de naguère est un bourreau en puissance et inversement. Après l’exploitation de l’homme par l’homme, voici celle de l’homme par l’extra-terrestre, de l’extra-terrestre par l’extra-terrestre. Et pourquoi pas de l’extra-terrestre par l’homme?

Mentalité capitaliste? Les auteurs précités sont britannique, états-uniens, français, ibériques et suédois. Sans doute, à part O. Parés, sont-ils trop immoraux pour un bon communiste. D’où l’intérêt de Planeta Mrina în Alarmă! (Planète Mrina en Alerte!, 1959) du Roumain Adrian Rogoz (1921-96) qui fait écho au thème tout en en apparaissant comme l’antithèse – peut-être intentionnelle, l’auteur ayant été un collectionneur multilingue de SF.

Au pillage unilatéral des planètes l’auteur oppose la fraternité interplanétaire. La planète Mrina (Mars) a atteint l’Âge de la Sagesse, gage d’une civilisation sans guerre et sans classes. Ses habitants ont rayé sa surface de canaux pour y distribuer l’eau mais n’arrivent plus à compenser sa déperdition dans l’espace. Comble d’infortune, l’Amérique leur envoie un premier projectile nucléaire qui explose, puis d’autres qu’ils arrivent à détourner. Mais, à la longue, ils ne peuvent empêcher une flotte d’atterrir. Par bonheur, entre-temps, toute la Terre est devenue communiste et ses habitants proposent aux Mriniens de leur fournir le précieux liquide. Celui-ci sera prélevé sur les calottes polaires et transporté par astronefs-citernes. À un des Martiens sceptique devant l’énormité de l’entreprise, le chef de l’expédition rétorque: « Dans le communisme, tout ce qui ennoblit le monde est possible. »

Gageons que sous la plume d’un auteur occidental contemporain, les Mriniens – peut-être communistes mais pas pacifiques – auraient commencé par siphonner l’eau des Terriens et que ceux-ci auraient riposté nucléairement. L’histoire se serait sans doute conclue par la paix mais aussi par la dévastation d’au moins une des planètes. En effet, le monde « libre » n’utilisa guère la SF pour montrer son pacifisme à l’outre-rideau de fer.

Cette nouvelle propagandiste (elle fut traduite en au moins trois langues des pays de l'Est) donne du communisme une image irréaliste, voire naïve et angélique et est révélatrice d’un endoctrinement et/ou d’une éducation basés sur un humanisme scientifique au moins de façade mais auquel des masses ou même des élites ont pu adhérer sincèrement. Elle s’oppose radicalement à, par exemple, l’incroyable cynisme d’A. Hall ou à l’ultra-libéralisme à courte vue qui justifia naguère un darwinisme social caricatural en assimilant le mieux adapté au privilégié et récupéra le judéo-chrétien en tant qu'élu de Dieu. À l’inverse, la SF communiste a-t-elle imaginé une planète riche et développée captant les ressources d’une autre pauvre et arriérée? La transposition de l’exploitation du Tiers-Monde eût été d’autant plus piquante que les empires soviétique et chinois avaient aussi leurs colonies et satellites.

Mais la comparaison entre traitements orientaux et occidentaux l’eût sans doute été tout autant. Témoin la riposte cinglante et pacifiste d’Ivan Éfrémov (1907-72) développée dans Cor Serpentis/Сердце Змеи (tr. Cor Serpentis, 1959) contre First Contact (tr. Premier Contact, 1945) de Murray Leinster (1896-1975) et son exploitation de la paranoïa anti-extra-terrestre. Il eût probablement approuvé O. Parés et G.O. Smith qui pacifient le thème.

Les planètes pilleuses préfigurent-elles le caractère éminemment prédateur de l’ultra-libéralisme? Elles l’auraient pu, et une telle orientation aurait rendu compte d’une époque où l’exploitation forcenée des ressources naturelles est devenu un système de gouvernement et une doctrine économique. Imaginons qu’il faille régénérer une biosphère dégradée en important de l’oxygène et/ou de l’eau au détriment d’un monde habité ou non. Ou qu’une firme interstellaire dépouille des extra-terrestres d’un élément essentiel – à inventer – de leur milieu pour le rentabiliser ailleurs. Et pourquoi pas des larcins inter-temporels? Variations du modèle primitif, certes, mais du moins réactualisées. Le dernier renouvellement du thème date de 1952, mais The Planet Mender n’a guère fait école. Vingt ans plus tard, The Gods Themselves fut une œuvre largement diffusée mais pas assez marquante pour le populariser.

Rare et peu diversifié, ce thème ne mérite pourtant pas l’oubli dans lequel il s’étiole. Après des débuts souvent piteux, il a produit deux excellentes nouvelles (de J. Williamson et de G.O. Smith), trois romans intéressants dans leur catégorie (d’H. Suquet, d’E. Hamilton et d'I. Asimov) et un chef d’œuvre de J. Spitz. Il peut encore refleurir avec exubérance s’il retrouve des auteurs, des graphistes ou des cinéastes capables de cultiver ses potentialités.

 

20/11/2003 – 28/11/2003

(+ divers rajouts 2005-2014)

 

 

Bibliographie thématique

 

 

1 / MAC : VÅR STRID MED MARS (Suède)

 

1 – Recueil Fantastiska historier, Ljus, Stockholm, 1910.

 

2 / AUSTIN HALL : THE MAN WHO SAVED THE EARTH (USA)

 

1 – Argosy, 13 décembre 1919.

2 – Amazing Stories, avril 1926.

3 – Amazing Stories Annual, 1927.

4 – Famous Fantastic Mysteries, février 1940.

5 – Anthologie de Groff Conklin The Best of Science-Fiction, Crown Publishers, New York, 1946.

6 – Idem, 1963.

 

3 / BURNIE L. BEVILL : RESTORING THE MOON (USA)

 

1 – Science & Invention, septembre 1922.

 

4 / ONOFRE PARÉS : L’ILLA DEL GRAN EXPERIMENT (REPORTATGES DE L’ANY 2000) (Espagne-Catalogne)

 

1 – Llibreria Catàlonia, Barcelone, 1927.

2 – Ciència n°14 et 15, mars et avril1982 (chapitre premier seulement).

3 – Ed. Matriu/Matràs, Tiana, 1999.

 

5 / CLARE WINGER HARRIS : THE FATE OF THE POSEIDONIA (USA)

 

1 – Amazing Stories, juin 1927.

2 – Recueil Away from the Here and Now, Dorrance, Philadelphie, 1947.

3 – Site du Projet Gutenberg, vers 2000.

4 – Site Mars & SF - Nouvelles martiennes en anglais, 2006.

5 – Site Community Books.

 

6 / HARL VINCENT : RED TWILIGHT (USA)

 

1 – Argosy, 12, 19 et 26 septembre 1931.

2 – Starmont House, Mercer Island, Starmont Facsimile Fiction # 13, 1991 (avec World’s End de Victor Rousseau).

 

7 / SYLVAIN DÉGLANTINE : LA NOUVELLE BABEL (France)

 

1 – L’Intransigeant, du 30 juillet au 24 août 1936.

2 – Éd. Tallandier, Paris, Le Livre d’Aventures n°34, 1954 (version remaniée).

 

8 / JOHN RUSSELL FEARN : RED HERITAGE (Grande-Bretagne)

 

1 – Astounding Science-Fiction, janvier 1938.

 

Traduction: Héritage Rouge (recueil Dimension Vargo Statten, Black Coat Press, Encino (Californie), Rivière Blanche n°29, 2013).

 

9 / JACK WILLIAMSON : NON-STOP TO MARS (USA)

 

1 – Argosy, 25 février 1939.

2 – Strange Tales, Londres, 1946.

3 – Fantastic Science Fiction Stories, avril 1962.

4 – Anthologie de T.E. Dikty Great Science Fiction about Mars, F. Fell, USA, 1966; McLeod, Canada, 1966.

5 – People Machine de J. Williamson (Ace Books, New York, 1971).

6 – The Best of Jack Williamson (Ballantine Books, New York, 1978).

7 – Site Mars & SF- Nouvelles martiennes en anglais, 2006.

8 – Site Community Books, vers 2006.

9 – Recueil The Crucible of Power, Haffner Press, Royal Oak, 2008.

 

10 / HENRI SUQUET : LA GUERRE DES FORCES (France)

 

1 – Jeunesse-Magazine n°9 à 14 (26 février à 24 avril 1939).

2 – Éd. du Clocher, Toulouse, Pour la Jeunesse n°20, 1940 (sous le titre Panique sur le Monde).

3 – Idem, 1945.

4 – Éd. Alsatia, Paris, 1949 (sous le titre Ciel de Cuivre; version remaniée et allongée).

5 – Premiers Cahiers de l’Université Impériale de Trantor sous la direction de Hari Seldon, juin 1985 (sous le titre La Guerre des Forces; fac-similé de la première édition).

6 – Coédition Éd. Apex, La Valette, Periodica n°8, et Éd. Regards, Espérausses, 1994 (sous le titre La Guerre des Forces; fac-similé de la première édition).

 

11 / POLTON CROSS : THE MARTIAN AVENGER (Grande-Bretagne)

 

1 – Amazing Stories, avril 1939.

2 – Site Mars & SF - Nouvelles martiennes en anglais, 2006.

 

12 / EDMOND HAMILTON : THE PRISONER OF MARS (USA)

 

1 – Startling Stories, mai 1939.

2 – World Distributors, Londres, 1950 (sous le titre Tharkol, Lord of the Unknown).

 

13 / JACQUES SPITZ : LES SIGNAUX DU SOLEIL (France)

 

1 – Éd. Jean Vigneau, Marseille, 1943.

2 – Anthologie Chasseurs de Chimères, Éd. Omnibus, Paris, 2006.

 

14 / VARGO STATTEN : THE AVENGING MARTIAN (Grande-Bretagne)

 

1 – Scion, Londres, 1951 (version remaniée et allongée de 6).

 

Traduction : Le Martien Vengeur, Éd. Fleuve Noir, Paris, Anticipation n°28, 1953.

 

15 / BILL GAINES et AL FELDSTEIN & WALLACE WOOD : THE CONQUERORS OF THE MOON! (USA)

 

1 – Weird Science n°11, janvier-février 1952.

2 – Anthologie Weird Science 2, Russ Cochrane, West Plains, 1980 (en noir & blanc).

3 – Anthologie Weird Science 2, Gemstone Publishing, Timonium et West Plains, The EC Archives, 2007 (en couleurs).

 

16 / LESTER DEL REY : THE WIND BETWEEN THE WORLDS (USA)

 

1 – Galaxy, mars 1951.

2 – Anthologie Adventures in the Far Future, Ace Books, New York, 1954.

3 – Recueil The Early DEL REY de Lester del Rey, Nelson Doubleday, Garden City, 1975.

4 – Idem, Ballantine Books, New York, 1976 (tome 2).

 

 

Traduction: Le Vent qui soufflait entre les Mondes, Marginal n°9, Éd. Opta, Paris, septembre-octobre 1975.

 

17 / GEORGE O. SMITH : THE PLANET MENDER (USA)

 

1 – Thrilling Wonder Stories, avril 1952.

2 – Recueil Worlds of George O. de George O. Smith, Bantam Books, New York, 1982.

 

18 / ADRIEN SOBRA : PORTES SUR L'INCONNU (France)

 

1 – Éd. Métal, Paris, Série 2000 n°20, 1956.

 

19 / ? & JACK KIRBY : THE MAN WHO COLLECTED PLANETS (USA)

 

1 – Tales of the Unexpected n°18, octobre 1957.

2 – Anthologie Showcase Presents Tales of the Unexpected 1, DC Comics, New York, 2012.

 

Traduction: L'Homme qui collectionnait les Planètes (Aventures Fiction première série n°1, mars 1958.)

 

20 / ADOLFO BUYLLA : OXIGENO EN LA LUNA (Espagne)

 

1 – Atomo Kid n°9, 1957.

 

Traduction: De l'Oxygène pour la Lune (Atome Kid première série n°23, septembre 1958; Atome Kid deuxième série n°21, 1975, vignettes redécoupées).

 

21 / STEVE DITKO : MYSTERY PLANET (USA)

 

1 – Strange Suspense Stories n°36, mars 1958.

2 – Recueil Space Wars, Vanguard Productions, Somerset, New Jersey, 2004.

 

22 / ADRIAN ROGOZ : PLANETA MRINA ÎN ALARMĂ (Roumanie)

 

1 – Colecţia Povestiri Ştiinţifico-Fantastice n°107, 15 mai 1959.

 

23 / LEE FALK & PHIL DAVIS : THE WATER PIRATES (USA)

 

1 – Divers quotidiens états-uniens du 14 août au 4 décembre 1960 (bandes hebdomadaires).

2 – Site Internet Mandrake, 200?.

 

Traduction: Les Voleurs d'Eau (Le Journal de Mickey n°1031 à 1036, du 19 mars au 21 avril 1972).

 

24 / GARDNER FOX & CARMINE INFANTINO : THE GIANT WHO STOLE MOUNTAINS (USA)

 

1 – Strange Adventures n°129, juin 1961.

 

Traduction: Le Géant qui volait les Montagnes ( Sidéral (première série) n°48, avril 1962; Green Lantern n°27, mai 1979).

 

25 / JIMMY GUIEU : PLANÈTE EN PÉRIL (France)

 

1 – Éd. Fleuve Noir, Paris, Anticipation n°174, 1961.

2 – Éd. Plon, Paris, S.F. Jimmy Guieu n°20, 1982 (version remaniée).

3 – Éd. Vaugirard, Paris, S.F. Jimmy Guieu n°20, 1984 (version remaniée).

 

26 / F. RICHARD-BESSIÈRE : LES POUMONS DE GANYMÈDE (France)

 

1 – Éd. Fleuve Noir, Paris, Anticipation n°198, 1962.

 

27 / HERSCHEL DAUGHERTY : TOWN OF TERROR (TIME TUNNEL 30) (USA)

 

1 – Réseau ABC, 7 avril 1967; scénario: Carey Wilber; distribution: Robert Colbert, James Darren, Whit Bissel, John Zaremba, Lee Meriwether, Gary Haynes, Mabel Albertson, Heather Young.

 

Traduction: La Cité de la Terreur (Au Coeur du Temps 30).

 

28 / ANONYME : LE MARTIEN VENGEUR (Espagne?)

 

1 – Sidéral deuxième série n°35 & 36, janvier et février 1974.

 

29 / ISAAC ASIMOV : THE GODS THEMSELVES (USA)

 

1 – Galaxy, mars et avril, Worlds of IF, mars et avril et Galaxy, mai et juin 1972.

2 – Doubleday, Garden City, Doubleday, 1972.

3 – Gollancz, 1972

Nombreuses rééditions.

 

Traduction: Les Dieux Eux-mêmes (Éd. Denoël, Paris, Présence du Futur n°173, 1973; Éd. Folio, Paris, Folio SF n°120, 2002, 2005, traduction révisée).

 

30 / OLOF MÖLLER : GULDMÅNEN (Suède)

 

1 – Regal Förlag, Köping, Rymdjaktskepp X12 n°3, 1975.

 

31 / KENNETH JOHNSON : V (USA)

 

1 – NBC. 1/ 1983 : 2 épisodes de 100 minutes. Scénario: Kenneth Johnson; musique: Joe Harnell; effets spéciaux: Peter Albiez, Joe Gross, Carl Incorvaia, Tom Tokunaga; distribution: Marc Singer, Julie Parrish, Michael Ironside, Jeff Yagher, Jane Badler, Robert Englund, Lane Smith.

 

Suite de la série: 2/ 1984: 3 épisodes de 100 minutes (sous le titre V: The Final Battle). 3/ 1984-85: 19 épisodes de 50 minutes.

 

Traduction: Les Visiteurs.

 

32 / ANN CAROL CRISPIN : V (USA)

 

1 – Warner Bros, 1984.

2 – Pinnacle Books, New York, 1985.

 

Traduction: Les Visiteurs (Presses de la Cité, Paris, 1985; Éd. France-Loisirs, 1985).

 

33 / MEL BROOKS : SPACEBALLS (USA)

 

1 – Brooksfilms, 1987 : Scénario: Mel Brooks, Thomas Meehan & Ronny Graham; distribution: Mel Brooks, Bill Pullman, Daphne Zuniga, Dick van Patten, Rick Moranis, John Candy.

 

Traduction: La Folle Histoire de l’Espace.

 

34 / BOB STINE : SPACEBALLS (USA)

 

1 - Scholastic Inc, 1987.

 

Traduction: La Folle Histoire de l’Espace (Éd. J’ai Lu, Paris, n°2294, 1987).

 

35 / STANLEY SHEFF : LOBSTER MAN FROM MARS (USA)

 

1 – 1989. Scénario: Bob Greenberg & Stanley Sheff; distribution: Deborah Foreman, Patrick Mcnee, Tony Curtis, Phil Proctor, Tim Haldeman, Bobby Pichett, Anthony Hickox, Tommy Sledge.

 

Traduction: L’Homme-Homard Venu de Mars.

 

36 / CHRISTOPHE ARLESTON & DIDIER TARQUIN : LES BUVEURS DE MONDES (LANFEUST DES ÉTOILES 4) (France)

 

1 – Lanfeust Mag n°67 (juillet 2004) à 71 (décembre 2004).

2 – Soleil Productions, Toulon, 2005 (plusieurs réimpressions).

 

37 / CHRISTOPHE ARLESTON & DIDIER TARQUIN : LA CHEVAUCHÉE DES BACTÉRIES (LANFEUST DES ÉTOILES 5) (France)

 

1 – Lanfeust Mag n°78 (juillet/août 2005) à 82 (décembre 2005).

2 – Soleil Productions, Toulon, 2005 (plusieurs réimpressions).

 

38 / JEAN-PIERRE LAIGLE : TERRAFORMER LA TERRE (France)

 

1 – Lunatique n°82, juin 2009 (édition numérique).

2 – Idem, mai 2011 (édition sur papier).

 

39 / JOSEPH KOSINSKI : OBLIVION (USA)

 

1 – Universal, 2013. Distribution: Tom Cruise, Morgan Freeman, Olga Kurylenko, Andrea Riseborough, Nicolaj Coster Waldau, Melissa Leo Zoe Bell, James Rawlings.

 

Traduction: Oblivion.

 

L’auteur accueillera avec reconnaissance toutes remarques et rectifications relatives à cette étude à l’adresse suivante: erelis_gon@yahoo.fr

 

 

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