Esquisse bibliographique d'un des pères fondateurs du roman d'aventure scientifique français ou "Merveilleux Scientifique"
Fantômes et Fantoches
Cet ouvrage contient plusieurs nouvelles qui, du fantastique au « merveilleux scientifique », vont mettre en exergue la puissante imagination du futur écrivain du « Docteur Lerne sous dieu » et du « Péril bleu » . Ce recueil trouve sa genèse en 1902, alors qu'il venait de publier son tout premier poème « A Victor Hugo,Vox Saeculi » dans « Le gaulois du dimanche » ( le 15 et 16 Mars 1902),lorsque Maurice Renard compose un poème symphonique en un tableau intitulé « La nuit » et dans lequel nous retrouvons un tableau qui sera repris par la suite dans « Fantômes et fantoches » : « Tokutaro et Murasaki ».C'est la grande époque du Japonisme et la société Parisienne est passionnée par cette culture venue de si loin, tout en contraste et venant bouleverser les codes de l'esthétique occidentale.
Tableaux où Maurice Renard se fait poète et récite son texte accompagné d'une musique toute en finesse dans un décor de Charles Montaland. L'écrivain cherche sa voie,qu'il trouvera trois années plus tard lorsqu'il se décide à publier son premier ouvrage « Fantômes et fantoches ».
Pour ce premier volume, comme il était souvent d'usage à l'époque, il décide de prendre un pseudonyme,celui de Vincent Saint Vincent : Le clos St Vincent est une petite maison à Hermonville et dont il a hérite de ses parents. C'est un endroit où il aime se retirer pour écrire et méditer,entouré de ses précieux livres (Edgar Allan Poe, Verne, Wells, Rosny-Aîné )et c'est un peu comme pour rendre hommage à se havre de paix, sa source d'inspiration,qu'il va choisir cette identité.
L'ouvrage va être publié chez Plon Nourrit à compte d'auteurs et donc dans un tirage assez confidentiel que l'auteur va distribuer autour de lui. Très peu seront vendus, mais son style et son imagination vont attirer l'admiration d'auteurs comme Catulle-Mendès, Charles Derennes son futur grand ami et Rachilde qui dans le numéro du premier janvier 1906 de sa revue « Mercure de France » présente « Fantômes et fantoches » en ses termes :
« Des récits mi-fantastiques, mi-scientifiques.J'aime bien la naissance du fabuleux Iguanodon, et la théorie du grain de blé égyptien était digne d'inspirer l'incomparable Wells. Je me souviens qu'à l'occasion de son roman sur l'ange-oiseau et l'homme, je regrettais que le Jules Verne nouveau n'eut pas fait sortir son céleste personnage d'un œuf conservé au fond d'une caverne dans toutes les conditions que réunit l'auteur des « Vacances de Mr Dupont » autour de sa monstrueuse éclosion.Monsieur Davray, le spirituel traducteur de Wells,à qui l'on dédie cette fort jolie nouvelle, s'en souvient-il ? J'ai pris un grand plaisir aux renseignements du bonhomme Gambertin et vraiment sa mort affreuse me met en deuil, puisque j'avais trouvé mon maître »
L'ouvrage comporte une préface de l'auteur:
« Ce livre n ’est peut-être pas inutile ;
Car je l'ai désiré un délassement pour l'esprit du lecteur, une suite de spectacles reposants de « la vie des affaires » par contraste ;
Sous peine de devenir fatigants, ces spectacles devaient être dissemblables entre eux ;
Voilà pourquoi ce livre est un recueil.
J'ai tenté d’en faire un vitrail heptachrome, employant une seule couleur et toutes ses nuances pour un seul conte, chacun de ceux-là formant un camaïeu ;
Et je me suis plus inquiété de la disposition à donner aux plombs et de l'intensité à fournir aux teintes que de prévoir les choses qu'à travers cette mosaïque diaphane on aurait à regarder.
L'œuvre achevée, c 'est une frise de chimères ;
Elles se suivent, sept, non aussi variées de ton ni distinctes par le dessin que je les eusse souhaitées pour le divertissent des yeux ;
Au travers, on aperçoit, par-ci par-là, des lambeaux du vrai, pas assez peut-être : Toutefois, lorsque la Vérité est imperceptible, ce n ’est pas que des mensonges se dressent de l'autre côté de la verrière, c 'est qu 'alors, celle-ci, je n 'ai pas su la rendre transparente, mais translucide seulement ; et si l'on ne découvre qu'une chimère, elle est une image de verre cerné de plomb, et l'on connaît bien que ce n'est autre chose
L ’écrit n ’enseignera donc rien, ou presque, pas même des erreurs ;
Aussi bien, les ouvrages instructifs n’étant point pitance de savants — que leur apprendraient-ils ? —, les écrire, c’est se priver très à l’étourdie de lecteurs considérables.
Pour cette raison décisive, et aussi par essence, le livre, somme toute, est futile ; Ses pareils sont toujours opportuns,
Et celui-ci vient d’autant plus à son heure qu'il n'est pas d'actualité ;
Pourtant, ces motifs ne justifieraient pas son existence si je n 'étais persuadé que, parmi la multitude des livres, les plus frivoles ne sont pas les moins profitables. »
V.S.V
1) « Fantômes et fantoches » ouvrage signé Vincent Saint-Vincent. Paris Librairie Plon. Plon et Nourrit et Cie, Imprimeurs Éditeurs. 9 rue Garanciére 6éme . 1905 ,327 pages. Édition restreinte à compte d'auteur.
Derrière la page de titre, une mention indique : En préparation du même auteur « L’enchanteur » ( titre qui deviendra « Le Dr Lerne sous-dieu »)
Ce livre broché présenterait deux types de couvertures, l’une bistre, l’autre grise.
Recueil de sept nouvelles accompagnées d’une préface de l’auteur :
- Préface
- « Le lapidaire » A Monsieur Henri De Régnier. Pages 3 à 78.
- « Tokutaro et Murasaki » A Monsieur Ernest Lefèvre-Derodé . Pages 81 à 109.
- « Le bourreu de dieu » A Monsieur François Coppéé. Pages 111 à 139.
- « Amaryllis » A Monsieur Auguste Dorchin. Pages 142 à 153.
- « La félure » Pages 157 à 178.
- « Ofrande à Cypris porte-miroir » A Henri Marteau. Pages 181 à 216.
- « Les Vacances de Monsieur Dupont » A Monsieur H.D.Davray . Pages 219 à 327.
- Sommaire
2) « Fantômes et fantoches » Éditions Fleuve Noir, « Bibliothèque du fantastique » 1999. Il s’agit de la réédition du texte original auquel ont été ajoutés « Contes à la plume d’oie et Autres histoires étranges ». L'ouvrage comporte une passionnante préface de Claude Deméocq de 102 pages et d'une très complète bibliographie de l'auteur
Le Docteur Lerne sous dieu 1908
1) Paris, « Éditions Mercure de France », 317 pages. Titre en noir sur la couverture.Envoi en guise de préface « à Monsieur H.G. Wells ». Achevé d'imprimé le 20 Juin 1908. Édition à compte d’auteur.
Cet ouvrage fut annoncé dans « Fantômes et fantoches » comme devant porter le titre de « L’enchanteur »
En quatrième page, sous la justification du tirage, figure une tête souriante de renard roux qui se retrouvera plus tard sur d'autres ouvrages de l’auteur parus soit au Mercure de France soit à L’édition française illustrée. Ce titre de l'auteur fut d'ailleur le seul publié par « Le Mercure de France »
« Je vous prie.. Monsieur, d'accepter ce livre.
De tous les plaisirs que son invention m'a procurés, celui de vous le destiner, certes, n'est pas le moindre.
Je l’ai conçu dans un ordre d'idées qui vous est cher. Et j'aurais souhaité qu'il s'y rapprochât des vôtres d'avantages, sinon par une valeur où je ne saurais prétendre sans ridicule, au moins par cet aimable mérite dont témoignent tous vos ouvrages et qui permet aux intelligences les plus virginales comme aux esprits les moins accommodants la fréquentation de votre génie, sans que les meilleurs de notre époque y trouvent,par ce fait, un charme atténué.
Mais quand la Fortune, mauvaise ou bonne, m'a fait rencontrer, sous forme d'allégorie, le sujet de ce roman, je n'ai pas cru devoir le négliger pour quelques hardiesses qu'une exposition fidèle comportait, et qu'un développement raccourci — c'est-à-dire : un délit de conscience littéraire — pouvait seul esquiver.
Vous savez à présent — vous l'auriez sans doute deviné — ce que je désirerais qu'on pensât de mon œuvre, si d'aventure quelqu'un lui rendait l'hommage imprévu d’en penser quelque chose. Loin de vouloir, chez le lecteur, provoquer l'être d'instinct, réjoui de tableaux fripons, elle, s'adresse au philosophe épris de Vérité sous la fiction merveilleuse et de Bon Ordre parmi la feinte cohue des péripéties.
Voilà, Monsieur, pourquoi je vous prie de l'accepter. »
2) Paris, « Édition française illustrée », Collection littéraire des romans d’aventures. 1919, 287 pages, couverture et frontispice illustrés par Joseph Hémard. Tirage 5 000.
Il a été tiré 15 exemplaires sur papier de Hollande numérotés à la presse de 1 à 15 ; sept exemplaires, 1 à 7, n’ont pas été mis dans le commerce.
Le couverture de l'édition sur grand papier et celle de l'édition « courante » est identique
3) Paris, « Éditions Crès & Cie» 1919 (reprise de l’édition ci-dessus, mais Crès, ayant repris L’édition française illustrée, s’est contenté de coller des étiquettes à son nom sur la couverture pour cacher l’ancienne raison sociale). Couverture neutre blanche sans illustration
4) Paris, « Éditions Crès & Cie», Collection Romans d’aventures, 1922, reprise de l’édition précédente . Couverture neutre blanche sans illustration. La couverture est bleutée pour les exemplaires Services de presse. Premier tirage 5 000 exemplaires
5) Paris « Editions Tallandier » 1958,251 pages. Une des rares éditions à comporter une portrait de l'auteur.
6) Paris « Editions Belfond » collection « Domiane du fantastique » 1970,277 pages . Cette édition comporte une préface de Hubert Juin
7) Belgique « Éditions Verviers,Marabout » collection « Bibliothèque Marabout Fantastique». Collection dirigée par Jean Baptiste Baromian. N°567 .1975,249 pages.Couverture couleur illustrée par
8) Paris, « Éditions José Corti » collection « LesMassicotés » 2004,236 page.
C'est en 1906 que Maurice Renard va faire son entrée à la société du Mercure de France grâce au précieux appui de Henri de Régnier. Au sein de cette noble institution, il va tisser de solides liens avec de nombreux écrivains et plus particulièrement Charles Derennes qui partage avec lui la même admiration pour l'écrivain Britannique H,G,Wells. Chacun ayant une attirance pour un ouvrage particulier, Derennes publiera en 1907 « Le peuple du pôle » en hommage aux « Pirates de la mer », hélas jamais réédité depuis, alors que le roman de Maurice Renard ne sortira que son « Docteur lerne sous dieu » qu'en 1908 et à compte d'auteur.Renard était fasciné par le roman de Wells « L’île du Dr Moreau » et de cette histoire de savant fou pratiquant de singulières greffes afin d'obtenir de monstrueuses hybridations Le titre qu'il avait choisi au départ « L'enchanteur » ne lui conviendra plus, tout comme son pseudonyme de Vincent Saint Vincent qu'il sera obligé d'abandonner pour prendre sa véritable identité en raison d'un certain Lord John Lervis, amiral Vincent Saint Vincent. Malgré le soutien de ses fidèles amis, le livre ne connaîtra pas le succès escompté, Rachilde qui avait louangé son « Fantômes et fantoches » va lui réserver un accueil favorable mais mitigé, seul Guillaume Apollinaire dans « La Phalange » en Août 1908 sera à la hauteur de cette œuvre novatrice :
« Le talent magique de Maurice Renard paraît destiné à avoir une grande influence littéraire. Son roman est véritablement une petite merveille de fantaisie gracieuse, cultivée et aisément savante... Ce roman subdivin des métamorphoses n 'est pas inférieur aux contes de Voltaire, et se tient à mon sens, au-dessus des fantaisies de l'Anglais Wells auquel il est dédié... »
Il faudra attendre 1912 et son prochain chef d’œuvre « Le péril bleu » pour que soit enfin reconnu la plume de cet immense conteur
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