"Le monstre de la St Basile" de J.P.Besson: Des insectes et des hommes....encore!
Agence Parisienne de distribution 1941. Collection « Stick ». Fascicule de 32 pages. Couverture et 2éme plat illustrés par un montage photo. (Bulletin des amateurs d'anticipation ancienne et de fantastique N° 19. Décembre 1997)
Il est 22 heures sur une petite route menant à Gradour sur Vayres (Limousin) et Gédéon Bracy, un brave agriculteur y marche seul, sans se douter qu'il se dirige vers un horrible destin. Un bruit sourd se fait entendre, précédé d'un vrombrissement et c'est une mort brutale qui s'abat sur lui, soudaine, effroyable. De son corps on ne retrouvera le lendemain que des « restes » à peines reconnaissables. Ce cadavre sera le premier d'une longue série, victime comme on se plait à le dire dans la région, du monstre de la St Basile.
Paris, sous la pression médiatique va donc y envoyer ses deux plus fins limiers : Octave Beaumont et Babylas plique....tout un programme ! Les deux hommes vont mener une enquête discrète et à l'examen du dernier corps, découvrent un étrange poil, pouvant appartenir à un gorille. Poussant plus avant leur investigation, les différentes pistes les conduisent dans un magnifique château d'où s'échappe, une nuit de veille, une longue et mystérieuse plainte. Les deux comparses tentent d'élucider le mystère mais ils seront chassés du lieu comme des malpropres. Le chemin du retour sera tout aussi mouvementé, se faisant en effet poursuivre par une monstrueuse créature volante, la légende devient alors réalité :
« La bête à des ailes, de grandes ailes transparentes. L'affreuse bête ! Noire, gigantesque, immonde, peut-on concevoir pareille horreur ? Moi qui me refusais à croire.... »
Mais pour l'instant cette abomination volante semble avoir d'autres projets et s'éloigne dans bourdonnement assourdissant. Il en faut plus pour décourager nos courageux aventuriers et face à un Babylas insistant, décident de retourner vers l'énigmatique demeure. Non sans mal ils parviennent à pénétrer dans le parc sans encombre. Plique, le plus audacieux, s'introduit dans le pavillon et ne réussit que de justesse à réchapper aux crocs mortels de Blackie, le molosse de service.
Dans la confusion et les aboiements, Babylas perçoit des cris et tout en s'approchant de l'origine du bruit, découvre qu'il s'agit en fait d'une altercation entre un homme et une femme. Cette dernière semble être sa prisonnière, son corps est marqué par de nombreux jours de privation mais sa vitalité verbale n'en est pour autant affectée. Dans cette altercation, il est question de savant et d'expériences et la victime exprime son profond désaccord. Elle se dit être la fille du propriétaire du château, un certain professeur Pousset, dont les expériences sur les expériences l'ont conduit à la folie. Après avoir tué sa femme, il a séquestré sa propre fille, car elles représentaient une menace pour ses recherches.
Le policier passe à l'action et décide d'intervenir. Le professeur semble vouloir coopérer et entame des explications assez invraisemblables. Depuis des années, il travaille sur un produit, la vitamine Alpha dont la propriété est de faire accroître le développement des insectes. Toutefois, son fameux produit ne semble pas vouloir fonctionner sur toutes les espèces. Il va donc le tester avec acharnement sur des centaines de cobayes, jusqu'à ce qu'il découvre le sujet idéal : L'alliphora Vomitoria....une mouche quoi ! Babylas , un peu trop curieux demande à vois le phénomène, Pousset le conduit dans l'antre du monstre. Il ne faut jamais faire confiance à un lunatique, l'homme pousse notre infortuné détective dans la cage de la bête, la curiosité est un vilain défaut :
« Au fond de la grange qu'elle remplissait au trois-quarts, gisait une énorme masse aux reflets bleus qui figurait bien une mouche, mais une mouche démesurée, colossale, laquelle ne cessait de se frotter ses pattes répugnantes l'une contre l'autre. Atroce vision que celle de cet insecte atteignant un volume mille fois supérieur à la normale. Toutefois si la mouche paraissait disproportionnée et grotesque, non moins répugnantes s'avéraient les larves qui rampaient autour d'elle. »
Fort heureusement, les fous étant ce qu'ils sont, celui-ci n'avait pas pris la peine de fouiller son prisonnier. Après plusieurs attaques forcenées de la « mouche », il parvint à lui loger plusieurs balles dans la tête, il faut dire qu'à cette distance... Blessée a mort tout en s'écroulant, elle provoqua un éboulement de la cellule permettant ainsi à Babylas de s'échapper. Couvert de bleus mais sain et sauf, il en profite pour libérer la fille du scientifique et dans sa fuite éperdue, tombe nez à nez avec son supérieur, fraîchement débarqué de Paris. Ce dernier, inquiet par sa longue absence fit encerclé la propriété de Pousset, qui se trouve à présent bien en joue dans le prolongement de son arme de service.
Epuisé par tant de contrariétés, le savant va s'écrouler victime d'une crise cardiaque. Avant de mourir il parviendra à murmurer l'inévitable : « La science...je n'ai agi qu'en son nom... » Sa file lui pardonnera toutes ses atrocités ( la mort de la mère n'est qu'un détail...) en versant quelques larmes tout en regrettant la mort d'un si grand homme,victime de ses expériences et de sa soif de connaissance. Les larves quand à elles seront détruites par le feu et sous les décombres de la grange, il ne reste plus que de la mouche, qu'une bouillie informe et méconnaissable. En ce qui concerne la fameuse vitamine A, évaporée dans les airs avec le dernier souffle du professeur.
Gigantisme
Une mouche aussi grosse qu'un éléphant, voilà qui n'est pas banal et ce petit roman, soupoudré de quelques scènes de grand guignol, ne manque pas de charmes. Mais voyons un peu, jusqu'à présent nos écrivains nous avaient envoyé des araignées géantes avec Pierre Jouvet et son « Araignée de l'île » et « L'impossible enquête », toujours des araignées avec les « Catacombes infernales » de L.Vanderhaeghe et J.Des Marchenelles, Norbert Sevestre et sa « Révolte des monstres ». Vint ensuite le temps des fourmis plus ou moins géantes : « La ruée des monstres » dans le recueil « Le mystère du puy » de Daniel-Girard, « Spiridon le muet » d'André Laurie, sans oublier toute une ribambelle d'insectes en tous genres avec « La horde des monstres » de Charles Ronze et le célèbre « La horde des monstres » réédité neuf ans plus tard sous le titres « Face à face avec les monstres » (ces deux romans analysés dans les pages de ce blog) et puis « Désert des spectres » « Le monstre du Dr Karloff » « La cité sous la terre »...
Arrêtons ici, il faudrait tout un article afin de répertorier toutes ces charmantes bestioles, chose qui sera bientôt faite par votre serviteur. Par contre qu'en est-il des mouches ? Si ce n'est le remarquable ouvrage de Jacques Spitz « La guerre des mouches » dans lequel celles-ci gardent leur taille normale, ce qui n'empêche pas une férocité et une intelligence redoutable et la célèbre nouvelle de George Langelaan « La mouche », il n'existe pas grand-chose. Nous voici donc en présence (pour le moment car je sais qu'il y a parmi vous de redoutables rats de bibliothèques) d'un cas rare en conjecture ancienne de gigantisme d'une mouche. Les insectes volants d'une telle taille ne sont pas légion en ce domaine. Même le cinéma, friand de gigantisme (rats, lapins, vers, scorpions, fourmis....femme) fut de ce coté relativement modeste. Citons pour l'occasion la fameuse création de Inoshiro Honda : Mothra la mite géante !
Mais revenons à notre mouche, qui demeure malgré tout dans le roman, victime de sa grande taille mais de sa petite cervelle. Fort heureusement, celle-ci carnivore, eut la bonne idée de trucider et massacrer quelques malheureuses victimes, ce qui donna un peu plus de « piquant » et de mystère. Imaginons un seul instant, une gigantesque mouche à merde, faisant main basse sur toutes les fosses septiques de la région. Bon je vous laisse, j'ai quelques cafards à atomiser avant qu'ils ne prennent le pouvoir et vu les circonstances...je ne vous fais pas la Bizzzzzze !
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