Écrire une nouvelle n'est pas aussi simple qu'il n'y paraît, car en l'espace de peu de lignes, il vous faut placer vos personnages, centrer l'action, bien souvent trouver une chute originale et
inattendue.....bref un exercice extrêmement difficile pour l'auteur ! De plus, cette forme d'histoire se trouve un peu reléguée en seconde zone, laissant place au roman et je dois avouer que pour ma
part, je m’abandonne plus facilement au gros pavé plutôt que de me lancer dans ce format plus rapide et incisif. Pas que je méprise la nouvelle, mais il se trouve que bon nombre de mes amis écrivains
choisissent le traditionnel roman et il faut avouer qu'en ce moment, il y a de quoi faire !
Fort heureusement, des écrivains de talents sont là pour nous rappeler notre fatale erreur en nous propulsant dans un recueil de textes plus ou moins courts et dont la qualité vient un peu nous
rappeler à l'ordre.
Dans ce volume de chez « Rivière Blanche » , couleur ténèbres comme les textes qui s'y abritent, nous (re) découvrons un auteur qui, il y a quelques années, avait déjà un peu remué la
communauté Lovecraftienne, en publiant deux ou trois textes mettant en exergue les rejetons de Cthulhu et principalement chez un éditeur que les passionnés du genre connaissent bien : « L’œil du
Sphinx », C'est en effet dans le mythique « Les manuscrits d'Edward Derby » que Serge Rollet utilisa les adorateurs des grands anciens à des fins peu recommandables et qui
sans aucun doute marqua les mémoires des amateurs du cycle de Cthulhu.
Pour ce qui est du premier court texte ( ou de la longue nouvelle), donnant au volume son titre explicite, l'auteur nous plonge au cœur des forêts mexicaines et de la découverte d'un temple enfoui
sous une jungle luxuriante. Les premiers signes d'une insurrection de la gente animale se manifestent, invasions de fourmis, de volatiles, de mammifères marins......occasionnant de terribles
catastrophes. C'est que le dieu caché dans le temple et libéré par inadvertance par des archéologues insouciants a décidé remettre à mal la terre des hommes et de reprendre ce qui lui appartient.
Aidé par un vieil homme, un gardien séculaire à la lourde responsabilité, habité par la force d'un savoir ancestral communiqué par les anciens dieux,Yann va devoir affronter son destin, mais surtout
le terrible dieu sans nom aux redoutables appétits.
C'est toujours dans la jungle que nous allons affronter la prochaine menace et toujours sous le signe de Lovecraft . Un commando est chargé, au Vietnam, de récupérer un groupe de soldats
mystérieusement disparu. Ce qu'il vont découvrir dans cette jungle étouffante dépasse de loin leurs pires cauchemars et nul doute que l'armée ne les avait pas préparé à affronter l’indicible. Un
remake avoué lors d'une interview en fin de volume du fameux « Terminator » et l'occasion d'y insuffler un nouveau souffle encore plus destructeur
« Dans l'ombre des Docks » la découverte d'une île inconnue va permettre à d'intrépides marins de prendre possession d'un fabuleux trésor, mais lorsqu'ils vont rentrer à
Londres, celui-ci risque de générer l'un des plus grands mystères de l'histoire anglaise. Une lecture d'autant plus surprenante que je viens de terminer « Je suis le sang »
de Ludovic Lamarque et Pierre Portrait et qu'il y a une similitude de thématique quant à trouver une explication aux effroyables méfaits de Jack l'éventreur. Dans la version de Serge Rollet elle
arrive parfaitement bien à se fondre dans le célèbre mythe de Cthulhu et de plus nous réserver quelques surprises. La quatrième nouvelle du recueil, « Baphomet » terminant
le cycle « Lovecraftien », nous plonge au cœur d'un singulier trafic d'art qui, pour l'antiquaire et son acolyte, risque de se terminer par une effroyable rencontre
Dans les quelque176 pages qu'occupe cette thématique, l'auteur en véritable amateur et amoureux du genre, est parvenu à dynamiser un mythe qui jusqu'alors en a vu de toutes les couleurs en lui insufflant ce petit plus qui nous fait penser que, loin de s'épuiser, celui-ci demeure bel et bien vivant. Il y utilise les ressorts classiques afin de satisfaire les inconditionnels ( manuscrits maudits, objets maléfiques, peintures obscènes et pas reliefs monstrueux.....) tout en leur ajoutant une petite touche personnelle en n'hésitant pas même à réinventer certains noms. Une nouvelle rencontre avec le cycle bien agréable ! Le reste du volume se compose de six nouvelles, mélangeant avec brio et parfois beaucoup d'humour, fantastique et science fiction et si l'on est franchement étonné par la tournure que prend la nouvelle « L'étranger », les deux récits d'une veine plus « classique » que sont « Le portrait » et « Les successeurs » ne dépareilleraient pas dans une anthologie de Jean Ray pour le premier titre et Frédéric Brown pour le second. « Le grand tirage » bien que courte est absolument hilarante et « Conte de poivrot » pourrait être dans l'esprit des « Contes du Whisky », mais dans un genre plutôt décalé tant l'histoire oscille entre humour et absurde, un régal ! La toute dernière nouvelle qui est l'une des plus longue de cette dernière partie est l'une de mes préférées, car elle aborde une thématique très intéressante bien que difficile à gérer : l'histoire du dernier survivant sur la terre. Bien des auteurs s'y consacrèrent et une fois de plus, Serge Rollet avec cette faculté de nous décrire en peu de mots toute la dramaturgie d'une scène et toute la mise en place d'un univers de désolation voué à la décrépitude et l'abandon, parvient à nous faire passer les angoisses du héros livré à un monde désertique. Imaginez l'essentiel du roman de Paulin « S'il n'en reste qu'un » ( éditions Le Siècle collection anticipation 1946) et dont on aurait soutiré la substantifique moelle, et vous aurez un aperçu de son talent à vous planter, en quelques lignes d'une puissance dramatique, un décor et le tragique d'une situation hors du commun.Au final, nous avons entre les mains un recueil de belle facture qui devrait en outre combler les amateurs du reclus de Providence et satisfaire les amateurs du genre. Il y a dans le style de l'auteur quelque chose de léger, une écriture qui ne s'embarrasse pas des fioritures pour aligner les lignes coûte que coûte. Non, il y a une économie des mots, mais qui n'est là que pour dire l'essentiel, tout en donnant à ses personnages suffisamment de consistance pour que ces nouvelles, au final, soient non seulement agréables et d'une nature addictive, mais vous font refermer le livre ne vous disant qu'il serait grand temps qu'il en ressorte un autre; Si les nouvelles de son premier recueil « Les douze heures de la nuit » signé du pseudonyme Lester L.Gore que je ne vais pas tarder à me procurer, sont d'une aussi bonne facture, nul doute que ma frustration sera encore plus grande et qu'il faudra signer une pétition afin que cet intéressant auteur travaille un petit peu plus pour le compte des domaines de l'imaginaire. En tout cas, un grand bravo aux éditions « Rivière blanche » d'avoir eu la riche idée de nous proposer ce morceau de choix et de mettre enfin en plein jour un auteur qui s'efforce de nous raconter avec autant d'originalité ce monde des ténèbres que nous chérissons tant!
« Le dieu sans nom » de Serge Rollet Éditions Rivière Blanche « Collection Noire » N° 82. Couverture de Danièle Serra
Rejoignez le groupe des Savanturiers sur Facebook
"A ma mort, je souhaite léguer mon corps à la science-fiction" Steven Wright. Acteur et réalisateur Américain
Découvrez cette nouvelle page entièrement consacrée à Henri Lanos
Pour une Esquisse Bibliographique de Maurice Renard , Père du" Merveilleux Scientifique"
Ici on aime l'aventure et les voyages extraordinaires
Un long métrage d'un jeune réalisateur qui fleure bon les séries d'antan
Derniers articles en ligne
Une exposition incontournable à la BNF, toute en finessse et érudition: Magnifique!
Cliquez sur l'image pour accéder à l'article et les photos de l'exposition
L'auberge entre les mondes: Péril en cuisine" de Jean-Luc Marcastel, pour lire l'article cliquez sur l'image
"Sherlock Holmes aux enfers" de Nicolas Le Breton. Pour lire l'article, cliquez sur l'image
"Espérer le soleil" de Nelly Chadour .Pour lire l'article, cliquez sur l'image
"Pierre fendre " de Brice Tarvel pour lire l'article cliquez ici
"La fin du monde est pour demain" pour l'article cliquez sur l'image
"Le monstrologue" pour lire l'article, cliquez sur l'image
"les planétes pilleuses" de Jean-Pierre Laigle. Pour lire l'article, cliquez sur l'image
"Une journée en l'an 2000" Pour lire la nouvelle cliquez sur l'image
Maurice Renard par Jean Cabanel. Cliquez sur l'image pour lire l'article
Pour accéder à l'article, cliquez sur l'image"
"L'aviation: journal de bord"
Pour l'ire la nouvelle, cliquez sur l'image
Pour accéder à l'article, cliquez sur l'image.
Pour accéder à l'article, cliquez sur l'image
Pour accéder à l'article, cliquez sur l'image
Pour accéder à l'article, cliquez sur l'image
Pour accéder à l'article, cliquez sur l'image
Pour accéder à l'article, cliquez sur l'image