« Le Psychagog » De Robert Darvel: Un singulier voyage dans L'au-delà!
Mais quel pourrait être le lien entre un blog consacré à l'anticipation ancienne et un roman ou plutôt un fascicule dont le titre, à l'aspect des plus « fantastique », nous affiche qui plus est un bien curieux personnage ?Diantre! vous oubliez deux éléments importants...
Ah !les fascicules à lui seul le terme est synonyme de dépaysement. Le plaisir d'avoir entre les mains cet assemblage de papiers, si souple, que l'on peut aisément ouvrir en deux sans risquer d'en abîmer le dos, de pouvoir le ranger n'importe où si l'on veut se déplacer et le cas échéant l'utiliser comme cornet à frites, ou mettre sous ses vêtements si l'hiver se fait un peu trop rude : de culturel qui plus est, il devient alors fonctionnel.
Le fascicule c'est le support idéal, dont le contact et le visuel ne peuvent qu'évoquer dans le cerveau des mollusques attardés que nous sommes, des souvenirs basiques et primaires des collections d'antan qui s'affichaient sans aucune vergogne sous l'œil réprobateur des gens de bonnes vertus. Car le fascicule est le symbole de toute une époque où le littérature populaire était dans son droit, clamait haut et fort son identité, affichait ses couleurs d'une manière triomphante, était le symbole d'aventure d'exotisme et d'évasion. Très fragile de part sa constitution rudimentaire, il est aujourd'hui l'objet de toute nos convoitises car, bien que produits à des milliers d'exemplaires, nous connaissons tous la tragique fin d'une grande majorité de ses plaquettes d'un papier de piètre qualité et qui résistent si mal à l'usure du temps.
De nos jours cette forme de parution est complètement obsolète, elle ne représente plus qu'un vague souvenir dans les esprits de certains nostalgiques, tout un monde disparu à jamais où les couvertures offraient une luxuriance bariolée, se permettaient toutes les audaces, aguichaient l'œil de la servante, enflammaient l'imagination du gamin de la rue. Tout un univers de papier à « quatre sous », qui fleurait bon l'inventivité et l'outrance imaginative.Un gigantesque vivier où de nombreux écrivains, réalisateurs et dessinateurs, puisèrent à pleines mains.
Ensuite, et le plus important, il y a Robert Darvel. Comment, vous ne le connaissez pas ? Alors il faudra relire vos classiques et faire un tour du coté de la planète Mars. Il faut dire que le diable d'homme brouille les pistes car certains disent avoir aperçu sa silhouette fantomatique dans quelques ruelles sordides de Limehouse ou de Whitechapel à la poursuite de monstres criminels, d'autres vous diront qu'il est en train de combattre le « Roi des boy-scouts » sur une fragment gelé de la calotte glacière en compagnie d'une étrange créature toute de métal recouverte, à moins qu'il ne soit sur un rocher Martien, à améliorer son apnée afin de plonger dans un sable aussi rouge que son auteur fétiche. Beaucoup vous diront pas mal de choses à son sujet et une rumeur grandissante affirme qu'il serait mort dans de curieuses circonstances à la recherche des mystères de l'au-delà.... A croire que ce fascinant personnage est un ectoplasme ou un esprit des plus tenace et dont la faculté serait de pouvoir se réincarner à l'infini, histoire de nous raconter des histoires de plus en plus extraordinaires et de nous pervertir un peu plus nos circonvolutions cérébrales....
Robert Darvel serait-il un chat doté de plusieurs vies ?
Dans sa dernière aventure il va donc frayer avec la mort et nous en revenir avec cet édifiant témoignage : Oui mes amis après la mort, et comme pour répondre à la phrase siégeant en couverture « Vous mourez, et Après ? », il y a bien autre chose, mais attention, le voyage est une pure hallucination dont vous ressortirez complètement abasourdi. Esprits rationnels s'abstenir....quoi que !
Trop lire de fascicules du Carnoplaste conduit à la folie!
Imaginez le témoignage d'un esprit, formé aux théories de l'abbé Moreux (pour les béotiens consultez votre moteur de recherche) qui nous livre son expérience de la fin tragique et surprenante de son enveloppe corporelle et qui va ensuite nous livrer un descriptif détaillé de son voyage dans l'au-delà, avec force de détails et d'images saisissantes. Mr Dacre, puisque c'est le nom du héros et qu'il en faut un, va rencontrer sur les territoires nébuleux et crépusculaires de « L'autre coté » un bien étrange guide, forme vaporeuse surmontée d'un cerveau, spécialiste de la bicyclette psychique et dont il va se faire un allié important. C'est lui qui va le l'initier, accompagner sa forme translucide et lumineuse, pendant cette étape transitoire où il devra faire le choix entre un monde des esprits plus cloisonné et restreint, ou continuer dans le vaste néant, plus spacieux mais ô Combien plus redoutable (l'épisode de la mer de « tentacules de poussière » est absolument original).Le choix est difficile mais l'appel de l'aventure plus important.
C'est ainsi, avec cette prolixité du verbe et le sens de la démesure que nous connaissons de l'auteur, que notre éthéré personnage va s'octroyer un petit passage dans le monde des vivants dont vous me direz des nouvelles. S'immisçant dans une séance de spiritisme qui fera date dans les annales du spiritisme, il va de ce fait jouer un sale tour à l'un de ses anciens condisciple et détracteur, condamné comme lui à une vie évanescente, mais dont la soif de réel et de tangible finira par lui jouer des tours...et quel tour !
Mais il est difficile de parler d'une telle aventure, il faut en être l'acteur et plonger sans retenues dans cette ébouriffante épopée aux pays des morts. Rassurez vous l'auteur est un guide excellent et il parvient avec une justesse du langage, un sens de la transcription des images en mot et une humour toujours fort à propos, à vous faire regretter, dés la fin du fascicule, à toujours appartenir au monde des vivants :
- Pensez-vous ? Tout danger de croiser un tentacule est écarté, dit le psychagog. Vous pouvez errer ici tant qu'il y aura une humanité.
- Et si l'humanité vient à disparaître ?...
- Et bien vous peuplerez sans doute les songes médiumniques d'un pyrozoaire, conclut son guide en dodelinant de son étonnent chef.
Nous serions presque à nous demander, si ce n'est sur la planète Mars, où le bougre va chercher une telle inspiration. Peut-être une séance un peu trop prolongée dans le vide cosmique lors d'un de ses fameux transfert psychique à la recherche de quelques « Erloor » facétieux. Aurait-il baigné trop longtemps dans les effluves médiumniques de centaines de fakirs troglodytes ?...... Juste pour vous en rendre compte, reportez vous à la page 34 dans le chapitre « Une séance de Oui-ja » et voyez de quoi il est capable lorsqu'il fait voler un esprit dans le monde des vivants.
Un chose est certaine, ouvrir un fascicule de Robert Darvel ou de la collection du « Carnoplaste » en règle générale, c'est renouer avec une tradition du court roman, publié à une époque en fascicule et qui n'avait d'autres ambitions que de vous faire voyager, vous aventurer aux confins du réel et de l'imaginaire. Une méthode qui peut vous sembler facile au premier abord, mais qui demande une certaine maîtrise, un certain talent et surtout une bonne connaissance du genre.
Car sous des airs de parfaite décontraction, force est de constater que l'auteur à de solides connaissances en la matière qu'il connaît parfaitement les sujets dont il traite et qu'il ne se contente pas de reproduire....il crée !
Décidément, une nouvelle collection originale et ambitieuse ayant la particularité de nous étonner à chaque parution et dans l'attente de me plonger, avec les protections qui s'imposent, dans l'univers des « Luchadore », il ne me reste plus qu'à vous conseiller de vous ruer sans plus tarder sur le site de l'éditeur et de passer commande d'aussi savoureuses lectures. Sans compter que vous y trouverez une rubrique « Blog » ( car ce fascinant personnage est aussi l'historien de la planète du dieu de la guerre) tout à fait passionnante où délire et inspiration sont au rendez-vous, et en cette période de morosité, quoi de plus jouissif.
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