Désormais en France l’horreur possède un nouveau visage
Entamer une collection n'est pas chose facile qui plus est lorsqu'il s'agit d'un petit nouveau faisant renaître de ses cendres putrides un objet mythique à la sulfureuse réputation.
Sous l'égide d'une bande de copain qui, il y a un an de cela, décidèrent de créer une collection faisant cruellement défaut à notre horizon de l'imaginaire, le défi était de taille et en regard des
difficultés rencontrées par certains éditeurs, sérieusement couillu ! Mais à cœur vaillant rien d'impossible et voici que vient de débouler dans notre petite vie pépère, un nouveau label dont le nom
« Trash », ne semble pas vouloir faire dans le compromis et le politiquement correct. Marqué au fer noir de la tête de mort, autre petit rappel/ hommage à la défunte collection « Angoisse » du fleuve
noir et d'un titre dégoulinant du rouge vermillon de ce précieux liquide symbole d'une vie pouvant s'arrêter net à tout instant, cette série ne va pas tarder à faire couler, non pas l'hémoglobine
mais de la bonne vieille encre de la part de ses fans enthousiasmés. Car voyez vous, les lecteurs que nous sommes furent habitués jusqu'à présent à la retenue souvent chaste et compréhensive, de
quelques auteurs hésitant à franchir le pas d'une débauche sanguinolente hélas trop souvent censurée ou mise au ban de la littérature. Ecrire ce genre de choses ne fait pas très sérieux et l'on
pourrait alors les soumettre à une critique bien pensante et être relégués au rang d'écrivains de romans de gare, ou pire encore, les mépriser. Faut-il avoir le courage de se moquer du sempiternel «
Qu'en dira t-on ? »
Va-t-elle trouver un tout nouveau lectorat composé de nostalgiques collectionnant jalousement l'intégrale des « Gore » comme le symbole d'une époque révolue, ou générer une nouvelle tendance et se
rallier la cause d'un public ouvert à de nouvelles sensations ? Seul l'avenir nous le confirmera car venant ainsi bousculer toute une génération fortement dopée à la fantasy et à la « Bit-lit », nul
doute que le pari n'est pas gagné d'avance mais je pense qu'avec les gros atout de « Trash », en misant sur la qualité de ses textes et le soigné de ses couvertures, nul doute que le défi sera relevé
: bon sang ne saurait mentir !
Comme pour vouloir un peu secouer les mentalités, cette première salve, ou plutôt devrais-je dire nuée de mouches méphitiques, donne le ton et franchement, moi qui ne suis pas un spécialiste de cette littérature, la surprise fut totale. Bien que connaissant le talent de l'auteur, par ailleurs éditeur du célèbre « Carnoplaste » (un titre au nom prédestiné) et jusqu'au boutiste dans l'âme, je me doutais bien qu'il allait nous réserver une mise en bouche digne d'un premier volume de collection. Le choc est de taille :
Accrochez vos ceintures et préparez votre sachet plastique !
Dans ce roman fractionné en neuf chapitres et présenté par un savant descriptif des différentes mouches nécrophages (et extrait de « La faune des cadavres
» du Dr P.Mégnin) l'auteur nous livre une histoire de contamination par de curieuses bestioles volantes,dont la fâcheuse manie est de transmettre une horrible infection à une population
prise au dépourvu et incapable de comprendre ce qui lui arrive. Non content de vous transformer en masse de chair sanguinolente, boursouflée et purulente, elle vous transmet de surcroît
d'incontrôlables pulsions sexuelles qui ne trouvent leur repos qu'après des pratiques où peu d'auteurs avaient eu l'audace de s'aventurer. Alors comme si de rien n'était et pour endormir les foules,
on nous présente ce début d'ouvrage comme une petite ballade historique dans une région lourde de quelques terribles secrets, nous détaille la malédiction locale et en matière de préambule présente
son cavalier choléra qui décima au temps jadis la majorité de la population. Trop tard la broyeuse Darvel est en route, les dés sont jetés, on ne s'encombre pas plus de vaines futilités et dés la
page 11 dans le petit village d'Eternod, la victime zéro vient d'être contaminée, les hostilités commencent.
Jouant avec les codes du genre mais avec la puissance maximale « Nécroporno » est la chronique d'un village comme tant d'autres mais qui bascule
rapidement dans le cauchemar absolu. Les scènes d'une violence inouïe s'enchaînent à une vitesse infernale, ne laissant que peu de place pour respirer et le lecteur ne trouve qu'un faible salut lors
de la pérégrination des deux protagonistes principaux qui, dans toute la vigueur de leur jeunesse, émaillent leur voyage vers Eternod, de scènes érotiques, modeste exutoire pour notre esprit en quasi
déliquescence. Voilà le premier point fort, on s'excite devant les scènes érotiques et la page suivante on a presque la nausée au bord des lèvres.....j'exagère mais on n'est pas très loin !
Rarement il me fut possible de lire des scènes aussi macabres avec un tel souci de description et, loin de vous blaser et de provoquer une irrémédiable envie de gerber, et c'est toute la force du
roman, quelques chose vous pousse à aller plus avant : Jusqu'où ira-t-il dans cet univers de mort et de putrescence ? Car l'écriture y est adroite, le style fluide et le mode narratif assez
ingénieux, avec ces passages d'une situation à l'autre en se servant de l'arrivée d'un fait bien précis qui va avoir une conséquence directe sur un personnage qui sera l'acteur principal dans le
chapitre suivant. Même si le désespoir qui vous étreint au fil des 150 pages ne cesse de monter en puissance, il y a une sorte d'humour décalé et de situations incongrues qui font que le lecteur
reste accroché au livre, comme l'attitude de certains habitants face au drame qui surgit dans leur vie de manière aussi abrupte, ou l'intervention de ce Sherman de la dernière guerre, peint en rouge
et qui......mais ne gâchons pas votre plaisir de lecture. Ce roman est un peu comme une série « Z » Gore, tellement énorme qu'elle en devient attachante. Les corps se décomposent, éclatent, se
liquéfient, se déchirent, explosent, se lacèrent...éviscération, énucléation, démembrement, écrasement, autant de qualificatifs pour désigner les souffrances que vont subir les habitants du village
lors de cette contamination en masse. Mais aussi incroyable que cela puisse paraître : ça passe.
Mais rassurez vous, il y toute de même au milieu de tout cela quelques petits moments de poésie. Poésie macabre certes, mais avec ce petit « je ne sais quoi » si propre à Robert qui fait que lorsque
je lis un passage particulièrement hallucinant, j'entends derrière mon épaule son petit ricanement.
Pas de héros, juste un couple qui se trouve dans la tourmente de cette apocalypse, des personnages qui subissent de plein fouet cette horrible épidémie et un final d'une macabre délicatesse qui
donnera je n'en doute pas, un petit serrement au cœur des habitués de l'univers de l'auteur.
Violent, repoussant, révoltant parfois avec l'aspect extrême de certains passages, nul n'est épargné, bien au contraire. Voilà donc un roman qui fera date dans ce tout nouveau genre du « Trash »
littéraire, une catégorie qui vient de trouver une nouvelle référence en la matière et je pense qu'il faudra être carrément fou pour pousser encore plus loin cette expérience ultime.
Une mention particulière à Willy Favre, l'auteur de cette magnifique couverture qui rend merveilleusement bien, si je puis m'exprimer ainsi, toute l'atmosphère glauque et putride du roman. Voilà un
nu au regard aguicheur qui va en déstabiliser plus d'un et si ce n'était ce « X » placé fort judicieusement sur l'intimité de cette « écorché vive », nul doute que l'éditeur se verrait condamner par
les foudres de la censure. Un artiste à la production plus que recommandable.
Décidément jamais l'estampillage « Pour adulte consentant » ne fut à ce point justifié.
« Nécroporno » de Robert Darvel Trash édition N°1.2013
Fin du premier épisode
Après cette orgie démesurée de corps suppliciés soumis aux affres d'une épidémie sexuellement transmissible, passons à un autre type d'infection aux effets tout aussi dévastateurs. Encore un roman qui parle de contagion allez vous me dire et je vois déjà l'œil blasé du lecteur qui d'une regard torve va me reluquer avec force compassion en se disant quelle misérable créature je dois être vous me livrer ainsi coup sur coup à un doublon épidémiologique. Que nenni, vais-je leur balancer en pleine poire, formule tout à fait à propos, histoire de rester dans l'ambiance du roman. Car si effectivement nous assistons à la propagation d'une bien redoutable maladie, les deux romans sont totalement à l'opposé, non seulement sur un contexte « historique » mais également sur la forme du texte. « Pestilence » en affirmant son originalité pourra vous sembler en dessous (et le terme n'est pas ici péjoratif) en terme de violence et de scènes chocs, mais il comporte toutefois un grand nombre de morceaux d'anthologies, d'odes à la démesure et au grotesque de situation : Les « Trash » se suivent et ne se ressemblent pas !
Comment résumer ce livre ? Je dirai afin de vous donner une vue d'ensemble, que c'est l'histoire du « Nom de la rose » écrite par un Brussolo au sommet de sa forme. J'ai franchement été bluffé par l'aisance de l'auteur (mais comment en pourrait-il être autrement) à nous décrire cette « petite chronique d'un village du moyen age à l'heure de la peste ». Bigre ! Julien aurait-il lui aussi inventé une machine à voyager dans le temps afin de noter sur le vif, le phénomène de panique qui vient envahir les petites gens et assister à leur transformation physique lorsqu'ils ont contracté ce redoutable virus ? Et c'est là que notre ami fait preuve d'une grande ingéniosité et d'un talent de narrateur sans égal car loin de nous servir la sempiternelle apparition mystérieuse d'un redoutable mal en raison d'un problème d'insalubrité ou de châtiment divin, il entraîne le lecteur dans une histoire de complot à dimension « fantastique ». Toute la portée de cette conspiration en vase clos (village marécage, château) prend alors toute la mesure de la sinistre vengeance qu'ourdissent des moines d'un genre bien particuliers : Qui a dit que le fanatisme religieux ne pouvait à ce point être aussi délirant !
Tancréde Barbet, médecin rejeté par sa communauté débarque à Saint Ragondard afin de proposer ses services au seigneur local, Enguerrand de la Grabeuille. Une terrible épidémie y décime la populace
et malgré les invectives du père Turbot, ne voyant en ce charlatan qu'un suppôt de Satan va de ce pas dépêcher le recours de la sainte inquisition afin de remettre ses ouailles dans le droit chemin.
Le médecin mène alors une enquête aux relents méphitiques et découvre un bien horrible complot qui risque de compromettre la stabilité du fief.
Une histoire passionnante qui se laisse engloutir avec un appétit aussi véloce que la propagation de l'épidémie. J'ai toujours eu un faible pour cet auteur aux idées débordantes d'imagination et dont
le style navigue avec aisance entre l'humour et le fantastique. Le travail réalisé pour l'écriture de « Pestilence » est une preuve supplémentaire d'une forme de perfection et de respect pour le
lecteur. Chapitres après chapitres, nous sommes dans une immersion totale non seulement par la force du descriptif d'un époque moyenâgeuse aux aspects sordides et repoussants, mais parce que le texte
est rédigé avec moult expressions de l'époque, forçant le lecteur à se retrouver vraiment dans le contexte de l'histoire, à penser et respirer comme un de ses protagonistes. Lors de la lecture, je
n'ai pas arrêté de me gratter, de renifler de fortes mauvaises odeurs et de sentir tout le « poids » de cette époque où il était mieux de se retrouver du coté de la soldatesque que de la piétaille.
Un roman qui devrait être accompagné du fameux masque des médecins de l'époque afin d'y placer nombre de plantes aromatiques et désinfectantes, afin de repousser les miasmes et les risques de
contaminations qui se dégagent de chaque page.
Faisant honneur à ses illustres prédécesseurs on retrouve dans « Pestilence » tout ce qui fit le succès des collections « Angoisse » et « Gore » : une littérature populaire dans le
sens noble du terme, d'un grand divertissement et que l'on a du mal à lâcher.
Le texte oscille en permanence entre roman policier, fantastique, gothique et d'horreur pour se conclure dans le « Trash » le plus total. Car comment mieux définir le genre en disant que c'est un
mélange de Gore et de sexe qui trouve sa catharsis dans des scènes ultimes où, par une savante alchimie, les auteurs parviennent à nous décrire des situations ou l'immonde côtoie le grotesque avec
suffisamment de recul pour donner une certaine lisibilité à toutes leurs abominations. Entendez par là le talent nécessaire pour que, malgré la morbidité des situations, le lecteur possède toujours
cette même frénésie d'aller toujours plus en avant.
Je dois avouer que dés le départ, mis à part le contexte glauque qui se détachait de l'ensemble, je me disais en mon fort intérieur que Julien essayait de ménager le lecteur avec quelques petites
scènes un peu Trash tout en restant dans une certaine réserve. Mais c'était mal connaître notre bonhomme et la montée progressive de l'horreur se fait ressentir dés le chapitre « La chambre du petit
souffreteux », monter en puissance dans « Les flagellants » et atteindre son paroxysme dans le bien nommé « La griffe et le foutre ».
C'est franchement jubilatoire, décalé et le plaisir est d'autant plus affirmé que l'on retrouve dans sa technique narrative, l'utilisation des titres de chapitres, procédé que je trouve
particulièrement bien réussi dans le cas présent, certains sont tout à fait explicites et donnent au lecteur un avant goût de ce qui l'attend.
Roman des odeurs, perceptibles à force d'y être bien décrites, romans des couleurs où règne certaines dominantes qui ne sont pas sans me rappeler des illustrations de Jérôme Bosch, roman des
fulgurances descriptives où bubons, furoncles, pustules et autres abcès pestilentiels abondent, roman de la démesure qui trouve son apogée finale dans une débauche de situations à la hauteur de la
réputation du titre de collection, voilà donc au risque de me répéter un roman qui fait également honneur à cette toute nouvelle collection qui, je n'en doute pas un seul instant, devrait nous
réserver encore quelques bonnes surprises.
Au fait qui a dit que les histoires d'amour finissent mal ?
Souhaitons que Julien, dont il s'agit ici de son tout premier roman publié, nous réserve encore d'autres plaisirs de lecture comme celui que je viens de passer et je ne peux que vous conseiller
l'achat de ce « Pestilence » dont le titre résonne comme une malédiction venue du fond des ages et qui nous est ici restituée avec tout le talent, le dynamisme, la culture littéraire et
cinématographique d'un auteur dont nous suivons avec grand intérêt le parcours prometteur.
Pour terminer saluons les auteurs qui eurent la bienséance de confier les couvertures à des artistes aussi bien inspiré et je puis vous affirmer, pour avoir vu l'original lors du festival ImaJn'ère que cette couverture de « Pestilence » est d'une grande beauté et que son auteur Francis Gautier alias Vitta Van Der Vully, fut une fois de plus très inspiré lors de son travail ou le doigté copine de belle manière avec un immense talent.
« Pestilence » par Deguëllus. Editions Trash. Volume 2.2013
Fin du second épisode
La grande qualité de cette collection Trash provient sans nul doute de la diversité des thèmes abordés qui reflètent trois sensibilités différentes, trois approches originales d'un genre que l'on croyait tombé en désuétude, trois visons particulièrement malsaines et glauques sans pour autant faillir à une grande qualité d'écriture. Sorte de trilogie infernale, il est clair que cette nouvelle venue arrive sur le marché en jouant des bras dans la cour des grands et qu'elle ne va pas hésiter à trancher dans le lard les idées préconçues, bousculer la bonne vieille morale et remettre au goût du jour une littérature laissée depuis pas mal de temps sur le banc de l'infamie.
Chaque volume possède sa propre identité et il me serait impossible de choisir lequel des ces trois morceaux de steaks j'ai préféré le plus : tous sont saignants à souhait et si l'un commence à
dégager une odeur plus fétide que son voisin, ne voyez pas en cela un signe de bidoche avariée mais plutôt celui d'une vigueur étonnante pour un genre ayant plutôt tendance à faire dans la viande
froide.
Pour avoir déjà apprécié la nouvelle de l'auteur dans l'excellente anthologie « Riposte Apo » (« Caïn et la belle »), je dois avouer qu'il me tardait de me frotter une peu à la plume de ce passionnant personnage, fin érudit de cinéma, de littérature gore et fantastique et avec qui j'ai eu de nombreux échanges enrichissants et productifs. Mais l'homme cache bien son jeu, car sous des airs d'une gentillesse extrême, se dissimule un auteur à la plume tranchante comme le rasoir et d'une originalité qui vient ici confirmer que certaines prises de risques valent la peine d'être tentées.
Pourquoi me diriez vous utiliser un tel qualificatif ? Tout simplement parce que le procédé narratif de l'auteur est une véritable surprise et qu'il rédige cela comme une réflexion du « héros » dévoilant son ressenti au fil des lignes de manière à plonger le lecteur dans une immersion totale. Brusquement, VOUS devenez le tuer (où du moins c'est l'impression que j'ai eu) agissant comme lui, partageant ses propres réflexions et une perception de tout ce qui l'entoure au travers du prisme déformant de sa pathologie mentale.
Je ne gâcherai pas votre plaisir en vous disant qu'il s'agit ici d'un psychopathe, et d'ailleurs comment pourrait-il en être autrement à la lecture de ses quelques exactions qui parcourent le roman.
Bien que distillées avec une parcimonie frisant le sadisme, elles n'en demeurent pas moins violentes et d'une brutalité toute malsaine et le terme n'est pas utilisé à la légère. Dans cette
vertigineuse plongée dans l'univers décalé d'un tueur fou agissant selon sa propre logique, le climat général ne peut être que dérangeant et à se laisser ainsi porter dans ce « road movies sanglant »
à la funeste conclusion, le lecteur ressent comme une méchante sueur poisseuse et glacée dégouliner le long de son dos : on regarde sans être vue, position du voyeur avide se sensations fortes sans
participer de façon directe.
Toute la force du roman est cette lente construction du mur que le « tueur » commence à ériger dans son esprit retors.Il y a comme un destin inéluctable qui vient de marquer la « bête » de son doigt
sanglant, chauffé au fer rouge afin de laisser sa trace indélébile mais surtout pour qu'il se sente comme investi d'une mission de purge non pas divine mais toute personnelle. Le monde qu'il
contemple ou plutôt qu'il subit n'est que pourriture, avilissement, répondant à des critères qui ne lui conviennent pas et décide alors de changer la donne du problème. De cette adolescence perturbée
où la lumière va se faire au collège lors de ses premières dissections sur animal de laboratoire (bizarre ça, on le retrouve dans les trois romans....) et d'une relation amoureuse avec une créature
aux appétits sexuels ne respectant aucune « règles », sa conviction est qu'il est temps pour lui de passer à la vitesse supérieure et de prendre contact avec un étrange « Gourou ». Mais si ce dernier
voit en notre personnage une proie facile, il ignore totalement que la perversion n'est pas simplement de son unique fait. Notre tueur en puissance, fait croire à une sorte de « soumission » et la
rhétorique utilisée par son mentor ne manque pas de persuasion, le loup est dans la bergerie et le plus affamé des deux n'est pas forcément celui auquel on pense. L'homme est un solitaire qui ne
supporte pas les contraintes que cette « secte » semble vouloir lui soumettre. Il va s'en détacher d'une manière brusque et sanglante suite à une erreur d'appréciation du prétendu « Gourou »
Nous sommes alors abasourdis par la logique implacable de cet homme dicté par une courant de pensées qui ne tolère aucun obstacle. C'est une machine à tuer qui n'éprouve aucune compassion, d'une
détermination implacable massacrant ces fragiles créatures comme un moyen d'apaiser cette espèce de « mal être » et d'atténuer la vision opaque du monde qui l'entoure, le lecteur à l'impression d'une
mauvaise descente sous acide, les visons qui par fulgurances traversent certains passages nous entraînent alors dans un univers malsain, dérangeant comme si Clive Barker se mettait à écrire un roman
policier, avec la même vison décalée et horrifique, perception d'un cauchemar venant brusquement de franchir les portes de la réalité. Le roman est un parcours initiatique sanglant une vertigineuse
descente dans les recoins les plus obscurs de l'âme et de la perversion humaine
Comme pour vouloir renforcer cette ambiance glauque et déliquescente, il y a l'écriture de l'auteur qui force un peu vos portes d'une certaine perception de l'univers stable qui vous entoure et vous
plonge dans une sorte de « terra incognita », peuplé de visons hallucinatoires au rendu particulièrement efficace. A mon avis ce n'est pas tant les actes qui découlent de sa folie qui sont
particulièrement spectaculaire, décrire une scène de carnage est un exercice « relativement facile » (sans vouloir minimiser ce genre de descriptifs) mais ce qu'il est parvenu à faire avec des mots,
à savoir créer l'univers d'un psychopathe et d'entraîner le lecteur dans les circonvolutions tortueuses de sa logique donnant lieu à une succession de phrases au contenu qui relèvent de la prouesse
descriptive. Les mots ici coulent non pas comme un fleuve tranquille mais comme le Styx à la funèbre destination et dont notre auteur, redoutable Charon au verbiage bien pesé, nous embarque pour
un voyage aux macabres rivages.
Son style, où il manipule avec aisance jeux de mots et proverbes dénote sa grande culture d'une langue dont la complexité ne peut trouver meilleure satisfaction que dans l'aboutissement d'un ouvrage
d'une telle identité :
« Un peu plus tard dans la ville. Un autre jour. Plutôt une autre nuit, le jour c est trop difficile. En fait la nuit aussi ça remue dans tous les sens, mais je préfère avoir le vertige dans le noir, comme ça au moins je ne vois pas le sol. Et puis, la nuit, les artifices sont plus sophistiqués, sous les néons d'épaisses traînées verdâtres relaient en minaudant l'agression mensongère gravée en lettres capitales sur les clinquants panneaux publicitaires. Une escouade de morues sans âge échouée sur les trottoirs écoule sous le manteau une huile de mauvaise foi coupée avec le parfum Prisunic en promotion cette semaine. Tout le monde le sait et tout le monde le tait. Il faut bien que la terre tourne. Il faut bien que les têtes se tournent, et se détournent, dans tous les sens jusqu'à ce que les os craquent, pour tous la peine est capitale, et Guillotin le diablotin se frotte les mains en grimaçant. Il le « faut » ? Il le faux. »
Véritable exercice de style dont la richesse textuelle du roman est sans nul doute sa grande force mais qui pour certains pourra se révéler son unique faiblesse. Il faudra en effet oser ouvrir la porte et entrer dans l'univers d'Antoine comme dans un bain aussi rouge et épais d'un sang qui commence à se coaguler et se laisser porter par sa plume envoûtante. Vous allez de fait vivre une expérience unique, le fruit de plusieurs années de culture bis, trash et gore avec ce petit plus qui caractérise la patte d'un auteur plus que passionnant car il est parvenu à mettre par écrit, sous la forme d'un roman original et obsédant, toute la complexité d'une esprit d'une logique meurtrière qui ne souffre ni de compassion de remord ou d'un quelconque sentiment de culpabilité. Dans un final assez surprenant vous découvrirez alors que cette première salve d'une future mythique collection, est à la hauteur des ambitions de cette formidable équipe qui vient enfin renouer avec une ancienne tradition des littératures de l'imaginaire, à savoir réussir à prendre le lecteur par la main et de l'entraîner ou jusqu'alors, nul n'avait jamais oser aller s'aventurer.Un très grand cru!
Magnifique couverture de Vitta Van Der Vuuly, qui retranscrit avec brio toute l'ambiance violente et malsaine sous jacente à cette vertigineuse descente aux enfers. Du grand art !
« Bloodfist » par Schweinhund. Collection Trash.Volume3.2013
Affaire à suivre avec un certain Brice Tarvel, on se frotte les amins par avance
Collection Trash: deuxième vague!
Ce matin , alors que je me délectais d'un thé vert Japonais aux subtiles fragrance d'une verte prairie après une fine pluie d'automne, je fus brusquement ramené à la réalité du quotidien par une cri d'horreur en provenance du portail de mon jardin. Méfiant, je jette un œil prudent par la fenêtre et je vois derrière la grille de la porte , un homme, un paquet à la main, me faire de grands gestes désordonnés, comme saisi soudainement de cette danse de St Guy, décrite depuis le moyen age et affectant ses pauvres hères que l’on croyait atteint de quelques possessions démoniaques.
Je reconnais la tenue du facteur, un nouveau, jamais vu celui-ci !
Je m'avance prudemment, peut-être est-il contagieux et afin de briser un tension qui commence à se faire peu à peu sentir,je lui dis d'une voix timide
« C'est pour le calandrier ? »
« Arghhhh ! » me réplique t-il
Quelques peu étonné , face à un telle réponse et me disant en moi même que la poste avait sûrement recruté de la main d’œuvre étrangère en période de fête, je retourne à l'intérieur pour aller chercher quelque menue monnaie.
De fait l'homme s'agite de plus belle et me lance d'une voix angoissée
« Débarrassez moi vite de ça ! »
Le « ça » est un petit paquet d'apparence anodine imbibé d'une substance d'un rouge profond qui vient d’entamer une sortie poisseuse sur la main du préposé aux PTT .
J'ouvre la porte, il me lance pratiquement le colis à la figure, juste le temps d'éviter de la prendre en pleine figure.
Je me baisse pour le ramasser, le temps de ce furtif mouvement, l'individu est déjà remonté dans sa voiture, faisant rugir le moteur de sa renault jaune
« Je ne dois rien signer » lui dis-je
« Espèce de taré » me réplique t-il
Encore un que je ne suis pas prêt de revoir
Je me saisis du paquet à l'apparence aussi ragoutante et me précipite à l'intérieur afin d'en vérifier le contenu,
Pas de doute....et d'un air ravi , je me saisis de son contenu, trois magnifiques objets au logo sanguinolent et qui évoque en moi le souvenir passé de magnifiques lectures
Le sourire aux lèvres, je feuillette les trois nouveaux titres de la collection Trash : « Silence rouge » de Brice Travel, « Emoragie » de Brain Salad et « Night Stalker » d'un certain Zaroff et tout en buvant une dernière gorgée de thé, me dirige vers ma bibliothèque pour y ranger les précieux volumes,
Nul doute que je vais commencer par celui de mon ami Brice
Brusquement je relevé la tête :
« J’espère que ce trouillard de postier ne va pas alerter la police »
Toujours dans mes lectures de fin d'année, le tout aussi percutant « Silence rouge » de Brice Tarvel dont il est inutile de préciser tout le bien que je pense de lui et de son œuvre. Publié à
l'origine en 1993 dans la défunte collection « Gore » aux éditions fleuve noir, cette nouvelle version revue et corrigée par l'auteur va combler les amateurs d'histoires où le macabre côtoie un «
comique » de situation assez décalé et dont l'écrivain s'est fait une spécialité.On retrouve son humour pince sans rire, dont la noirceur n'a d'équivalent que le rouge vif des malheureuses victimes
qui parsèment ce roman qu'il sera utile de lire avec des boules quies dans les oreilles (au cas où). Une bien singulière secte, les « Zélateurs du silence », ramassis de vieux dégénérés qui ne
supportent pas le moindre décibel, entame sous la houlette d'un illuminé revêtu d'une cape faite des langues de ses victimes, une croisade contre les « adorateurs » du bruit, pauvres hères d'une
société dont le bruit est le seul moyen d'affirmer leur identité .Francine, une héroïne des temps modernes que l'on vient de priver de la douce présence d'une sœur aimée, accepte de récupérer le
puzzle macabre de cet être si cher, en échange des avances de ce fou aux allures de prophète d'un autre temps.Aidé dans sa quette par Maxime, l'ami de toujours, ils vont alors découvrir quels
horribles secrets se cachent derrière la façade tranquille d'un village sans histoire , et qui ne vont pas manquer de vous plonger dans une histoire macabre à souhait . Les apparences sont trompeuses
et personne ne sera épargné
Brice avec son habituelle aisance d'écriture, nous entraîne dans une histoire gore, tout en conservant sa patte de vieux conteur proche d'une Seignolle ou d'un Jean Ray, avec une écriture fluide et
agréable qui vous emporter dans les recoins les plus sombres de l'esprit humain avec tout ce qu'il à de plus vil et de plus détestable. Nous retrouvons d'ailleurs dans ce roman, ce qui fit le succès
et la spécificité d'un autre de ses textes où de vieux sadiques étaient à l'honneur, « Le bal des iguanes » : J’espère qu'il n'ira jamais dans un maison de retraire car le diable d'homme risque de
leur en faire voir de toutes les couleurs !
Jusqu'à la dernière ligne vous pensez que tout est joué mais il a ce don inimitable de la chute inattendue qui font que ces romans sont toujours d'une grande originalité. A croire que ses histoires
ont un petit goût d'authentique et que derrière le mince vernis de la fiction, se cache un vécu ou du moins des lieux et des personnages ayant réellement existé.C'est ce qui fait toute la force de
son œuvre, un certain goût de « l'authentique », une imprégnation profonde d'un homme amoureux de ce qu'il fait, avec toujours plus de sincérité et de talent. Les histoires de Brice sont toujours à
la hauteur de nos attentes, c'est une valeur sûre et les éditions Trash, dont je salue la magnifique travail éditorial avec le choix de ses auteurs et de ses illustrateurs, confirment avec ce
quatrième titre toute la confiance que nous lui accordons depuis le début de l'aventure et nul doute que les deux autres volumes qui attendent sur ma pile des ouvrages à lire, seront à la hauteur de
ce « Silence rouge » à la couverture explicite et au contenu tout aussi réjouissant
Connaissez-vous la « Synchronicité » ? Ce curieux
et incroyable pouvoir vous permettant de donner vie à vos fantasmes les plus sordides et de vous projeter dans un univers parallèle où seuls vos travers les plus abjects et les plus repoussants
seront de mise. Tout commence par la rencontre de Lorena Bloom, musicienne en herbe qui ne cesse de parcourir les endroits les plus sordides de Londres à la recherche d'un son nouveau lui permettant
de composer des odes que seules des oreilles d'un autre monde seraient en mesure de comprendre. Cette quête perpétuelle va la conduire dans une histoire singulière qui va être marquée par le rouge du
sang de ses propres viscères lorsqu'elle va rencontrer des créatures issues de ses cauchemars les plus abominables. D'entrée de jeu, l'auteur vous plonge dans un univers entre la rencontre de
Lovecraft et de Clive Barker et dont vous ne ressortirez que 148 pages plus tard, complètement horrifié, mais avec un sourire de satisfaction que seul un excellent auteur et une ambitieuse collection
peuvent vous permettent d'afficher. Car le périple de l'héroïne, qui de statut de morte ( dans des conditions qu'il m'est impossible ici de vous décrire en raison de la violence de la chose) va
basculer à celui de vengeur impitoyable, une Ushabti, au service d'une occulte association dont le seul but est de sauver le monde et de lui éviter une nouvelle fois de plonger dans le chaos. En
véritable chasseur de spectres, ou devrais-je dire d'abominations aux singulières particularités,équipée de tout un attirail mystique lui permettant de faire face aux hordes infernales lâchées sur
notre monde fragile, la belle tueuse ne voit pas d'un œil amical la façon dont elle a été massacrée et encore moins la façon dont sa tante fut retrouvée méconnaissable, éparpillée en petit morceau
façon puzzle, dans sa cuisine. Celle-ci venait de lui faire certaines révélations concernant feu ses parents, révélations ayant un lien avec un certain Pretty boy, un mage puissant que son nouvel
employeur « L'Isis incorporated », voudrait bien rayer définitivement de sa liste noire. Mais Lorena est une véritable marginale doublée d'une teigne aux féroces appétits de vengeance et va
préférer devenir une paria au sein de son organisation et partir en croisade contre ses assassins et exterminer toutes celles et ceux qui se mettront en travers de son chemin. Assistée par un curieux
petit « génie » se matérialisant à l'écoute d'un certain enregistrement, elle va finir sa quête dans les recoins les plus glauques de notre côté obscur et découvrir que dans cette histoire
ceux qui cherchent à l'aider ne sont pas forcement les moins intéressés et que dans ce genre d'histoires, il y a d'un coté les méchants et de l'autre....les méchants !
Toute la force du roman est impactée par un sens du rythme qui ne laisse jamais au lecteur le temps de souffler une minute. Chaque descriptif est méticuleux et lors de la première scène vraiment gore
du roman, je savais qu'il y avait là un incroyable potentiel, que l'auteur est parvenu à exploiter avec brio.
Entre le gore et le fantastique, on sent que
l'auteur joue sur les deux tableaux avec une certaine intelligence, pour ne pas noyer le lecteur dans des flots de sang inutiles, pouvant vite nous lasser, préférant plutôt naviguer sur une trame
fantastique aux forts relents de gore, pleine d'idées et d'innovations qui vont ravir, je n'en doute pas un seul instant, les amateurs du genre. Le texte baigne en permanence d'en une ambiance
glauque, traversé d'images incroyables et cette virée dans un Londres « parallèle » propose au lecteur une palette chromatique d'une richesse apocalyptique. Car ici, la capitale Anglaise
devient le « Lieu géométrique de toutes les terreurs », l'antre des sorciers, des monstres et de certaines abominations que seul un esprit dérangé pouvait être en mesure de créer et il n'y
a pas une page où l'auteur ne s'adonne à un descriptif particulièrement monstrueux, comme s'il avait lui-même fait part à l'expérience, une sorte de double à ce redoutable chasseur de monstres de
retour parmi les vivants afin de nous raconter sa cauchemardesque aventure.
On se prête à l'exercice avec délectation car il est parvenu à rendre l'héroïne très attachante, maniant avec autant de virtuosité la hache ( qui lorsqu'elle décapite quelqu'un, permet à la victime
de rester encore en vie quelques minutes...) que l'humour et l'on se bidonne face à certaines situations cocasses, comme celle de son embarquement pour le « Dead Body Train »,train spécial
devant la conduire dans un endroit peu recommandable et où il faut s'acquitter d'un droit de passage en chair humaine....le « passeur » en sera pour ses frais. Le roman se termine dans un
final apocalyptique, dans un marché des plus inhabituel et y aller faire ses courses se révèle particulièrement dangereux. Fort heureusement, notre héroïne n'a pas sa hache dans la poche et
lorsqu'elle se retrouve aux prises avec le Boss final, aidé de ses redoutables sbires dont quatre vénus multicolores pas commodes du tout et des « Oragiman » ayant une certaine tendance à
se « froisser » rapidement, il y a de la chair, des viscères et des dents qui vont gicler dans tous les sens, mais c'est tellement bien emmené que, loin de vous dégoûter, on en redemande
encore.
Sans nul doute avec ce roman bien construit, bourré d'idées et de scènes chocs, nous sommes en présence une fois de plus d'un auteur ayant une place toute justifiée dans cette nouvelle collection qui
jusqu'à présent fait un sans-faute et nous pousse à encourager toute l'équipe à continuer dans cette voie
Non seulement Willy Favre est un excellent artiste mais en plus il possède ce talent si particulier de tenir un lecteur en haleine, lecteur qui, même après des années de lectures souvent laborieuses,
trouve encore matière à émerveillement et jubilation en ouvrant certains livres. Un grand bravo : aussitôt ouvert, aussitôt lu, mais je peux vous garantir qu'il ne sera pas aussitôt
oublié !
Au risque de me répéter l'atout principal de la collection Trash est de posséder une succession de titres qui, tout en restant dans un univers glauque et malsain, arrive à trouver ses marques en nous proposant des thématiques totalement différentes. Les résumés réalisés lors de mes précédentes rubriques vous donneront un petit avant goût de ce qui vous attend.Avec ce sixième tome, l'auteur, un certain Zaroff, nous plonge dans une sordide enquête, à la poursuite d'un criminel ayant un sérieux penchant pour la sodomie et les disques de AC/DC . En choisissant l'univers des années 80, l'auteur arrive à capter toute notre attention et je dirais notre nostalgie d'une décennie qui certes n'est pas une de mes préférées dans le domaine cinématographique, mais qui a pourtant connu un début d'escalade dans l'univers des tueurs en série et plus particulièrement la « naissance » du redoutable héros de ce roman « Richard Munoz, allias Richard Ramirez. Je dois avouer avoir été un peu dérouté par la violence avec laquelle l'auteur nous décrit les meurtres du « Night Stalker » ( « le traqueur de la nuit » surnommé ainsi en référence à la chanson « Night Prowler » d'AC/DC, qui était la chanson préférée de Richard Ramirez) et certaines scènes sont à la limite du supportable car tout nous y est décrit avec force détails ce qui risque de choquer à mon avais certains lecteurs. Mais après mure réflexion, je pense qu'il a joué ainsi le cahier des charges de la collection en proposant un texte non seulement d'une sombre cruauté, mais surtout fidèle quant aux déviances de certains maniaques et de leurs modes opératoires. Fort heureusement le texte bascule de temps à autre dans l'enquête policière, menée certes par des figures archétypales avec leurs mauvais penchants de flics blasés tout en restant d'une grande efficacité, mais la galerie de personnages croustillants que nous propose Zaroff, vient ici détendre un peu l'atmosphère en créant une rupture de bon aloi, au fil de cette enquête souvent éprouvante.On y trouve ainsi, le shérif en fin de carrière, brillant mais qui veut rester peinard jusqu'à la retraite, la jeune recrue ayant un lien familial avec le maire et que celui-ci veut pistonner pour lui attribuer un poste à responsabilité ( inutile de préciser que le postulant est nul à chier, sans le moindre bon sens et qui préfère se masturber devant les films de Ginger Lynn), l'agent du FBI, propre sur soi, avec un ego surdimensionné mais d'une grande perspicacité, le flic ancien Marines adepte de la gâchette et fans de l'inspecteur Harry qui planque tout un arsenal dans son coffre de voiture, sans oublier le fameux reporter, un Breton de souche qui rêve de revenir sur la terre de ses ancêtres et que l'on surnomme le « Scatto » en raison des affaires merdiques dont il a toujours la charge …... dont celle-ci sera la dernière soit dit en passant ! Autant de personnages haut en couleur qui peuplent cet univers d'une violence extrême et qui viennent contrebalancer un peu l'atmosphère étouffante qui s'installe dans le livre. Les scènes de meurtres disais-je sont particulièrement éprouvantes et tant les scènes macabres que l'on rencontre dans le premier volume de la collection « Nécro porno » parviennent à nous amuser, tant ici je les trouve particulièrement dérangeantes car hélas assez proche d'une certaine réalité.Mais l'auteur, une fois de plus et ce afin de vouloir nous sortir du cadre quelque peu réaliste de l'univers de son personnage, parsème son ouvrage de quelques petites références qui ne manqueront pas de faire mouche chez le lecteur attentif, telle l'intervention d'un certain agent Sterling du FBI ou d'un écrivain servant de bouc émissaire à la jeune recrue et du non de « Nécrorian ».....et la fameuse figure imposée que les lecteurs assidus ne manqueront pas de relever, comme ce fut le cas pour les autres volumes.
« Night Stalker » vient donc ici renouer avec toute la violence qui fit la réputation de certains volumes de la défunte collection « Gore », tout en lui insufflant une dimension supplémentaire que l'on pourrait qualifier de « No limit ». Affirmer, comme je viens de le lire sur un forum que cet ouvrage fut écrit au coin d'un table, est toutefois injustifié et je pense que la personne en question ne doit pas avoir souvent alignée plus de trois lignes dans sa vie, il y a du style, des idées et un univers sordides particulièrement bien décrit, mais qui à mon avis, c'est juste le seul reproche que je pourrai lui faire, aurait mérité plus de développement. Cet en effet un roman qui frappe plus par toute l'aridité dans laquelle nous sont décrites les scènes de meurtres au détriment du profil du personnage, car il nous est présenté en grande partie qu'au travers de ses rebutantes exactions. Toutefois, ce roman reste malgré tout très sympathique grâce à toute la galerie de personnages qui gravite autour, nous révélant à leur manière un jusqu’au-boutisme déconcertant. Une expérience assez unique et un final d'apocalypse qui est un reflet de la société Américaine et de son fameux « faire justice soi-même ».....mais dans un pays où les armes sont en vente libre, comment pourrait-il en être autrement.
La dernière page enfin,nous ramène à un autre film tout aussi glauque, « The cruising » de William Friedkin, qui fut curieusement réalisé en 1980 et qui nous montre également un inversement des rôles et la métamorphose d'un personnage que l'on croyait au-dessus de tout soupçon. Comme quoi en chacun de nous sommeille un monstre que le moindre petit claquement de doigts peut réveiller.
Bonne lecture et surtout rappelez-vous, ceci est un roman Trash qui n'a d'autres buts que de provoquer, de choquer mais surtout de vous divertir : mission accomplie !
Félicitation une fois de plus à l'illustrateur Willy Favre dont j'apprécie le travail, ses couvertures sont toujours d'un réalisme convaincant ajoutant cette note très malsaine au roman, bien avant d'en avoir parcouru son contenu
Une fois n'est pas coutume dans cette collection les éditeurs nous proposent une histoire bien « Trash » en nous livrant le parcours d'un tueur hors normes, un tueur sanguinaire et grand amateur
de Tango de surcroît.Il faut dire que les gènes de la famille sont marqués de l’empreinte indélébile d'une père ayant sévi à l'époque de la dictature Argentine et dont le rejeton avait pour cadre de
jeu les cachots de la junte militaire : torture quand tu nous tiens !
Brice nous livre alors l’itinéraire non pas d'un enfant gâté, mais d'un être à la recherche de son identité, partagé entre une sexualité refoulée et une soif de meurtre pas encore pleinement assumée.
C'est la rencontre de créatures improbables, personnages falots qui agissent dans l'ombre, mais dont la soif de sang est aussi grande qu'il faut qu'elle s'accomplisse dans la douleur et les larmes et
qui viendront renforcer la détermination de Gonzalo à accomplir son œuvre de destruction et de violence. C'est une histoire d'amour d'un genre bien particulier, traversée de fulgurances d'un sadisme
bien pesé, dans un univers terne et glauque habité de personnages comme seul l'auteur sait nous les décrire, (Délicieuse Patchouli aux charmes envoûtants, extraordinaire Mouma d'une répugnance
fascinante, spectral inspecteur « Mortel » aux intentions plus que douteuses ) à la fois immondes mais extrêmement bien à leur place dans cet univers qui se veut hors du temps et pourtant pas si
éloigné du notre : C'est la grande force de l'auteur que de nous dépeindre un monde horrible et parfaitement possible, il suffit de bien regarder autour de nous !
J'aime Brice Travel parce qu'il parvient à nous décrire un monde de sexe et de meurtre, dans son style si particulier à la fois drôle et terrifiant, et cette façon de nous raconter ce quotidien qui
pourrait être si banal, mais qu'il parvient à enduire d'une chape visqueuse couleur ténèbres qui nous hypnotise et nous emprisonne.
« Charogne Tango » c'est du pur concentré d'hémoglobine, une sorte de « Tueurs de la lune de miel » revisité à la sauce « Trash » qui se lit d'une traite avec le sentiment que
l'auteur s'est bien amusé et qu'il a voulu nous faire partager son univers où cette violence extrême est tellement exacerbée qu'elle en devient risible et pas du tout pesante. Toute la différence de
l'auteur est là, parvenir à créer une ambiance malsaine tout en respectant les codes de la littérature fantastique avec sa vison personnelle et combien attractive d'un « Trash » dont il a non
seulement compris tous les rouages, mais qu'il est parvenu à rendre terriblement jouissif ! Un véritable conteur populaire dans le sens noble du terme qui malgrè une longue et passionnante carrière
possède encore quelques bonnes cartouches capables de nous exploser à la figure et ce, pour notre plus grand plaisir.
Un seul regret, la fin trop consensuelle que je voyais pour ma part beaucoup plus désespérée : Brice est un grand sentimental !
Un grand bravo une fois de plus à Vitta Van Der Vulvv (mais pourquoi prennent-ils des noms aussi compliqués) pour sa magnifique couverture , très parlante et bien dans le ton du roman : Humour gore et Tango !
« Charogne Tango » de Brice Travel Trash Éditions N° 10
En découvrant peu à peu, l’œuvre de Romain d'Huissier, je me rends compte à quel point cet auteur à un profond amour des littératures de l'imaginaire et m'impressionne une fois de plus par son sens
du rythme et cette manière qu'il a toujours d’entraîner le lecteur dans des univers rarement explorés dans ce domaine. Il est sans nul doute le grand spécialiste du fantastique asiatique et si je fus
fortement impressionné par son dernier roman « Les 81 frères », le « Seppuku » publié aux éditions « Trash » bien que
plus « léger » nous permet de pénétrer au plus profond de cette passion qui l'anime depuis toujours : les arts martiaux !
Kurogane du clan d'Asagawa, est un noble et fier Samouraï, au talent d'escrimeur indiscutable et dont la fougue de la jeunesse lui permet toutes les audaces. Son avenir est tout tracé et nul doute
qu'il fasse la fierté de sa famille, mais il semblerait que d'infernales créatures surgi de la nuit des temps en ont décidé autrement. Tout son clan sera exterminé, massacré d'une façon horrible et
humiliante par l'un des cinq Onis de Nagaki. Rare survivant de cette boucherie, il sera sauvé de justesse par Abe no Seimei qui lui propose un bien curieux marché. Il lui propose en effet de lui
accorder la vie tout en bénéficiant de certains pouvoir, mais en contrepartie, il se devra d'éradiquer du Japon les cinq démons dont le but ultime est de ressusciter le Shuten Doji, maître suprême
des enfers Japonais. Son corps ne sera plus humain, vidé de sa substance sanguine, c'est de la cendre qui coulera dans sa veine et tant que son âme sera emprisonnée dans une jarre hermétiquement
close, il n’aura pas à redouter la mort …....enfin presque ! Il ressentira toujours la douleur, mais ses capacités physiques seront décuplées. Ainsi armé d'un talisman protecteur et du
redoutable Katana nommé Himei, forgée dans des conditions bien particulières et assoiffée de mort et de destruction, Kurogane va s’enfoncer dans un Japon féodal, pétri de traditions, de légendes
fantastiques et d'une violence inouïe.
On sent dans l’atmosphère qui plane dans ce livre toute la connaissance de Romain pour cette culture si fascinante, mystérieuse et déroutante à la fois.
Chaque pays possède ses légendes et ses traditions en matière de créatures extraordinaires. Parfois amicales mais très souvent belliqueuses, elles sont l’interprétation des angoisses et de la peur
des hommes. Si elles prirent naissance à l’origine de l’histoire d’un pays, c’est parce qu’elles sont le symbole de l’ignorance de l’homme face aux manifestations étranges de la nature. Des légendes
prirent forme pour expliquer les origines des tempêtes, de la foudre, du vent…. Les mystères de la vie furent le terreau de créations fabuleuses et pour apaiser notre peur ou notre conscience, notre
imagination fantasque créa alors des dieux, des créatures fabuleuses, des chimères aux visages improbables. La spécificité et le point commun de chaque culture est la présence dans sa propre
mythologie, de son propre panthéon de créatures extraordinaires.
Bien évidemment le Japon n’échappe pas à la règle, bien au contraire. Fortement ancré dans la religion Shintoïste, donc fortement animiste où toute chose est vivante et se trouve animée et protégée
par une entité, il était facile voire même indispensable, de créer pour la circonstance, des histoires ou des légendes pouvant ainsi donner plus de poids aux créatures en question. Elles possèdent
ainsi des fonctions bien spécifiques et des pouvoirs particuliers en fonction des éléments auxquels celles-ci appartiennent Fortes de l’importance que leur accorde les humains, elles n’en deviennent
que plus puissantes et respectées. Jouant donc sur ce tableau, Romain est venu s'engouffrer dans cette manne pour en tirer le meilleur parti et nous livrer une histoire protéiforme qui non seulement
dessert bien la cause de la collection « Trash » mais pourrait être tout aussi bien dans le cadre d'un roman plus fantastique que gore et y développer plus pleinement un aperçu de son réel don d'
écriture. Mais en l 'état, le roman se suffit à lui-même et si les exactions des démons sont d'une violence à faire froid dans le dos, il est parvenu à un parfait équilibre entre les scènes purement
gores et d'un genre toute à fait inhabituel et cette vision quasi cinématographique lorsqu'il décrit un combat et dont il c'est fait le spécialiste.
Sorte de « Road-movie » complètement déjanté et dont le lecteur devine l'issue fatale, le bout de chemin que va parcourir le héros en compagnie de Netsuko la jeune et superbe prêtresse de la déesse
Amaterasu, vient ici un peu adoucir le cadre de ce récit au parcours ensanglanté. Félicitons Romain pour son sens de l'aventure et d'un fantastique toujours aussi jouissif, et ce, quel que soit le
genre abordé. Le lecteur se laisse prendre au jeu, et nul doute que le non-initié trouvera ici la pleine mesure du talent de ce « jeune » auteur plein de promesses, car il est l'un des rares à
sublimer avec autant de fougue une culture pleine de ressources et d'un potentiel énorme,
« Seppuku » ( pour une fois, le terme du rituel du suicide est nommé avec exactitude, Bravo!) est un roman qui se lit d'une traite, les cinq démons y sont vraiment
terrifiants, les combats réglés au diapason et le héros, évoluant dans un Japon traditionnel décrit avec une belle minutie, rappelle certains personnages des classiques de la fantasy pour son coté
sombre, désespéré avec ce goût du sacrifice indissociable à son statut de « sacrifié ».
Nous aimerions voir un jour débouler sur l'étal de notre libraire un bon gros roman fantastique dans un contexte de Japon féodal qui, sous la plume toujours inspirée de Romain, prendrait l'apparence
de ces incontournables que les lecteurs, de plus en plus exigeants que nous sommes, attendent toujours avec fébrilité, car voyez vous chers amis, nos auteurs ont cette flacheuse tendance à nous
habituer à l'excellence et parviennent à nous divertir au delà de nos appétits littéraires.
Un excellent titre de cette collection « Trash » qu'il n'est plus utile de présenter, un gros coup de cœur dont il me fallait vous parler.
Une fois encore et pour conclure, un grand bravo pour la percutante l'illustration de Willy Favre qui à son habitude occupe d'une façon merveilleuse la couverture de ce
numéro 14 de la collection et nous éclabousse par la même occasion la rétine de cet incontournable rouge vif, marque de fabrique de cet excellent éditeur
« Seppuku » de Romain d'Huissier, Collection « Trash » N° 14. Couverture de Willy Favre. 2015
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Commentaires
-
Au nom de l'ensemble du collectif Trash, un très grand merci pour ces trois magnifiques articles.
Ainsi que je l'ai écrit tout à l'heure en d'autres lieux: "Croyez-moi, le Père Noël existe. Parfois, il passe même au mois de juin". -
Superbes chroniques ! Bravo.
-
La réaction à chaud d'un ami en découvrant cette critique: "Un sacré chroniqueur ce Boutel !"
En effet. Si j'osais, j'ajouterais même que s'il en existait davantage de cette trempe, la littérature populaire n'aurait aucun souci à se faire en France.
Ah, tiens. On dirait que j'ai osé. ;) -
J'ai écrit un commentaire à la suite de cet article il y a deux jours, mais il s'est hélas perdu dans les limbes de l'espace virtuel.
Alors je recommence, car entre l'inconvénient de se répéter et le risque de n'être pas entendu, il n'y a pas à hésiter.
Voici donc en substance ce que cette chronique m'a inspiré: Jean-Luc Boutel, c'est le bien. Cet homme devrait se présenter aux élections. Ainsi je saurais pour qui voter. Vous croyez que j'exagère ?
Vous avez tort.
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