Dans cette dernière partie, l'auteur nous propose un voyage un peu plus « terre à terre » avec une petite exploration des villes futures et des profonds bouleversements que va subir notre société tant sur le plan social que technologique. Catastrophes naturelles, course folle d'une évolution qui avance coûte que coûte en faisant fi d'une humanité prise dans la redoutable tenaille d'une technologie écrasante, les villes vont être le témoin d'une science triomphante qui ne tiendra pas souvent compte du facteur humain. L'auteur de cet article pour une fois signé par A.Chaplet, nous brosse un tableau assez succinct mais en mentionnant toutefois quelques titres emblématiques où les villes en seront les symboles tout puissant. J'avais déjà eu l'occasion de vous en faire un petit inventaire dans un article sur les pages de ce site au sujet du roman de Perrin et Lanos « Un monde sur le monde » ainsi que dans la catalogue d'exposition « Futur Antérieur » ( le mot et le reste/Galerie du jour Agnès B. 2012) lors d'un chapitre intitulé « Les ruines de Paris ».
Une thématique riche qui ne cesse au fils de nos découvertes respectives de grossir une liste déjà fort longue mais qui nous prouve une fois de plus, qu'en matière d'urbanisme, l'homme n'a eu de cesse de faire preuve d'une grand imagination et de vouloir, pour notre plus grand malheur ou bonheur, pousser toujours plus loin les limites du possible. L'article que vous allez lire, n'est pas un modèle du genre, mais a probablement titillée la corde sensible de certains lecteurs en mal de nouveaux territoires littéraires à explorer.
Je vous conseille enfin de vous trouver l'indispensable numéro du « Miroir du monde » avec un spécial Noël 1933 particulièrement intéressant et regorgeant d'articles, nouvelles et illustrations de ce que seront les villes du XXXéme siècle . Bonne chasse !
Nous avons souvent fait ensemble des voyages aux pays du Rêve et de l’aventure et même de très lointains voyages puisque nous fûmes jusqu'aux étoiles ! Pourtant jusqu’ici présent nous n’avons pas encore voyagé dans le royaume du Futur. C’est une lacune qu’il faut combler. Car rien n’est plus intéressant qu’un tel voyage, au cours duquel nous guiderons les esprits les plus distingués, les rêves les plus hardis, les écrivains les meilleurs. Le monde contemporain est si imparfait et les progrès à réaliser si nombreux qu’il était naturel, de chercher à peindre dans la cité, future un monde rendu meilleur par le développement de la science.
Il existe tellement de récits d’explorateurs de temps à venir qu’il nous fallut faire un choix sévère. Bien entendu, nous ne nous occuperons point des auteurs à prétentions plus ou moins sociologiques : ce sont, à commencer par le plus fameux visionnaire d’entre eux,Karl Marx, des « raseurs ». Mais ne trouve-t-on point tout autant de vérité, sinon davantage chez les romanciers ?
Ce sont eux seuls qui nous guideront dans notre visite sur la vieille terre un peu, très peu vieillie davantage seulement de quelques siècles à quelques millénaires.
Le prophète Jules Verne et l'an 2888
C’est dans un de ses récits romanesques les moins connus, et d’un genre tout à fait diffèrent de son genre, habituel, que le célèbre romancier nous peint les hommes qui vivront sur notre terre. Un cataclysme anéantit entièrement tout à coup la population humaine excepté l’équipage d’un voilier. Ces quelques survivants abordent une île nouvelle et la colonisent, mais en perdant peu à peu ce qu’ils ont de civilisation. De sorte que les enfants du Nouvel Adam deviennent peu à peu des sauvages ; il faudra des siècles et dés siècles d'efforts nouveaux pour reconstituer une civilisation nouvelle. Conclusion pessimiste originale, car les peintres de la cité future cous peignent généralement des gens plutôt supercivilisés que primitifs !*
Jules Verne est plus gai dans son récit de voyage à New-York... en l’an 2889. Nous pénétrons avec lui dans une rédaction de grand journal, où par viennent des photolélégrammes » de Mercure, de Vénus et même de Jupiter. Puis nous visitons un home sans cuisine, les plats arrivant par tube pneumatique d’une usine culinaire centrale où tout se fait dans la plus parfaite aseptie. Cela d’ailleurs ne semble pas avoir' provoqué une amélioration de la santé, car le héros du récit passe journellement la visite du médecin... lequel d’ailleurs n’est pas gênant puisque, s’il vous commande par téléphoné de tirer la langue, l’observe par le « microtélécinéscope », ce qui le met évidemment à l’abri des microbes et des exhalaisons désagréables de clients q li viennent de manger de l’ail !*
* Jules Verne « L'éternel Adam » dans le recueil « Hier et demain » collection Hachette 1931
*Jules Verne « La journée d'un journaliste Américain en 2889 » dans le recueil « Hier et demain » collection Hachette 1931
Le prophète H. G. Wells et l’an 2100
Lorsque Graham s’éveilla de son extraordinaire sommeil cataleptique: il a dormi plus de deux siècles : il est donc dans le Londres de l’année 2100. Mais, c’est un Londres étrangement modifié *. C’est ainsi qu’à peine réveillé le héros, confié au tailleur, se voit entouré par les multiples « palpeurs » d’une machine à prendre les mesures, laquelle machine coupe et coud ensuite de façon absolument automatique, le vêtement à la mode « sorte de combinaison remplaçant chaussettes, pantalon et veston ».
Le Londres est couvert d’édifices titanesques, les rues étant abritées- pair des voûtes et parcourues de multiples chemins roulants suspendus dans l’espace, les chaussées étant elles-mêmes mobiles. Un monde d’inventions extraordinaires se révèle au dormeur C’est ainsi qu’au lieu de lire un roman par exemple, on l’écoute raconter par dispositif phonographique tout en le voyant projeter par un dispositif annexe cinématographique !
Plus de chemin de fer depuis qu’on a trouvé le moyen de faire des routes en « eadhmite » aussi dure que l’acier. Plus de villages depuis que les laboureurs, la . journée faite, peuvent en une demi-heure d’aéronat, regagner l’appartement qu’ils habitent à cinq cents kilomètres de leur champ.
Les hommes s’habillent de façon aussi recherchée que les dames et d’aucuns portent la natte ou le chignon la plus grande fantaisie règne dans le costume où les « modes » des divers siècles sont adoptées-par chacun selon préférences personnelles.
Mais si tous les privilégiés sont vêtus de soiries multicolores, les malheureux prolétaires, sortes de serfs, doivent se contenter de cotonnades uniformément bleues, et tout le reste est assorti : on fait à leur usage des théâtres de genre inférieur et des nourritures sans goût raffiné, cependant que l'élite dispose de plaisirs sans nombre, ce qui d’ailleurs n’a d’autre effet que de produire blasés et névrosés...
Wells écrivit aussi d’autres romans et nouvelles où est dépeint le monde de demain : signalons celui où, faisant suite à une guerre mondiale extrêmement destructrice, les Européens reviennent, comme les héros de Jules Verne, à l’état de sauvagerie.
*H.G.Wells « Quand le dormeur s'éveillera » Éditions Mercure de France 1904
En l’an 2330.Un avenir peu rassurant
| Si l’on en. croit Cyril Berger qui dans La Merveilleuse aventure * décrivit le mondede l’année 2130, un développement industriel intense caractérise la société que dirige une oligarchie internationale. Il n’y a, en Angleterre qu'une douzaine de villes, le reste de l’Île britannique servant de jardin. Plus d’agriculture, ni de routes, ni de chemins de fer, tous les transports se faisant par d’énormes tubes pneumatiques transocéans.
Une domesticité asiatique sert les chefs de grands trusts qui vivent dans un luxe sardanapalesque toutes précautions étant prises pour que la foule des ouvriers se contente de sa vie passée moitié à l’usine, moitié au cinéma ou dans des cirques et autres lieux d’exhibition.
Ne vend-on point d’ailleurs, pour les dégoûtés de la vie,chez tous les pharmaciens, la synthétique abiosine qui procure la mort joyeuse !
Et puis les « taupes » par exemple qui naissent, vivent, travaillent et meurent dans les mines savent à peine ce qui se passe dans le monde du jour ! Ils sont au reste si peu des hommes avec la figure grosse comme une noix de coco, composée d’un nez volumineux, front, pommettes, mâchoires n’existant que pour servir de base à ce monstrueux appendice surmonté de petits yeux flamboyants qu’entourent des cils blancs. »
* Cyril-Berger « La merveilleuse aventure » Éditions Ollendorf vers 1900
Le roman d’un savant, l’an 2500
Un professeur du Collège de France, Tarde *, se délassa de publications plus savantes en écrivant un roman pour conter ce qu’il advient vers l’an 2500. A cette époque, les progrès de la médecine sont tels qu’il n’y a plus de malades (ce sont les médecins qui doivent être embêtés d’avoir fait tant de progrès !) Il n’y a plus non plus de pauvres. Et il n’y a plus de « prolétaires » trois heures par jour d’un travail agréable, réservé aux « volontaires » suffisent pour produire de tout à gogo ! Ne sachant plus que faire, les citoyens s’occupent de politique : ils ont, comme on voit, des goûts singuliers ! Mais s’il n’y a plus d’anémiques sur terre, il y en a dans le ciel ; le soleil s’anémie et un froid épouvantable menace de faire périr l’humanité.Les techniciens réussissent pourtant à créer des cités souterraines chauffées et toute vie disparaît de la surface du globe, à l'exception de la vie humaine, entretenue par des nourritures chimiques. Et les hommes continuent à vivre relativement, peu nombreux mais extrêmement. développés au point de vue de la culture...
*Gabriel de Tarde « Fragment d'histoires futures » Édition Giard & Brière 1896 réédité en 1980 par les éditions Slatkine collection « Ressources »
Un prophète de mauvais augure l’an 6907
D’après le romancier américain Wilnorth, dans un millier d’années à peu près, la race blanche, minée par sa, dépopulation sera subjuguée après presque un total anéantissement par les nègres africains unis aux jaunes asiatiques. Après quoi les alliés noirs se montrant trop exigeants seront « gazés » en masse par les autres, puis les rivaux japonais et chinois s’entre supprimeront ne laissant de vivants que les hindous qui, n’ayant pas fait la guerre depuis des siècles, ne périssent point par la guerre. Agréable perspective ! La dépopulation atteignit aussi cette race trop vieille, les savants aryens « perfectionnant » des gorilles pour en faire des serviteurs et des ouvriers.
Mais un beau jour, la race simiesque, trop perfectionnée, lève l’étendard de la révolte : elle n’a pas la moindre peine à subjuguer la petite minorité d’êtres savants mais débiles qui restent de la race humaine... mais où les difficultés commencent, c’est lorsqu’il faut fabriquer sur guides les nourritures synthétiques, c’est lorsqu’il faut réparer sans chef les mécanismes compliqués des centrales qui distribuent chaleur, lumière, air suroxygéné. Rien ne va plus et les gorilles, perdant vite le semblant de « culture » donnée, par les physiologues, retournent à la primitive animalité...
Anatole France bâtit en l'an 2770 sa cité future
C’est en l’année 2270 de notre ère que le héros du très grand écrivain que nous avons récemment perdu fait sa promenade dans un Paris qu’il a peine à reconnaître. Aux premières pages du récit, on voit que ce n’est pas un technicien qui parle : « tables de marbre chargées de jolies faïences peintes », « bâtiment de fonte à fronton orné de géants de bronze ». Quels vieux matériaux sont-ce là ! ne leur substitue-t-on pas déjà l’opaline, le béton armé, l’aluminium ?*
Au point de vue vêtement, hommes et femmes sont vêtus pareillement de culottes de velours et de bas gris et ces dames ont les cheveux à la Ninon : ce n'est plus une anticipation. Au point de vue cuisine « nous mangeons presque aussi grossièrement que les hommes de l’ère close » avoue le cicerone. C’est au point de vue militaire que le peuple pacifiste semble être réellement perfectionné. « Nos frontières, assure le guide de M. Bergeret, sont défendues par l'électricité. Il règne autour de la fédération une zone de foudre. Un petit homme à lunettes est assis je ne sais où, devant un clavier. C’est notre unique soldat. Il n’a qu’à mettre le doigt sur une touche pour pulvériser une armée de cinq cent mille hommes. »
*Anatole France « Sur la pierre blanche » Éditions Calman Levy 1921, Contrairement a ce que dit l'auteur de cet article dans le titre l'action se déroule en 2270
La mort de la Terre vers. L'an 15000
C’est plus de quinze mille années après nous que vivent les derniers hommes isolés dans quelques oasis tropicales, la disparition progressive de l’eau ayant supprimé presque toute vie sur la surface du globe *. Plus d’animaux, sinon quelques bêtes comestibles transformées de chair et de graisse par des éleveurs habiles. Par contre est apparue une nouvelle catégorie d’êtres, les « ferro-magnétaux », ni plantes, ni bêtes, mais sortes de lèpres qui se développent sur le fer et sont- elles-mêmes formées de fer « organisé ». Ils se déplacent très lentement (deux mètres à l’heure) se groupent, attirent à distance les parcelles métalliques, jusques et y compris les atomes de métal qui circulent dans notre sang. L’homme ne peut donc vivre au voisinage de ces êtres singuliers, contre lesquels il lui faut lutter sans trêve. Un jour vient où totalement dépourvu d’eau, l'homme ne peut plus lutter : la terre appartient désormais sans conteste aux être mystérieux du nouveau règne.
* Rosny-Aîné « La mort de la terre » Éditions Plon-Nourrit 1910
A. Chaplet
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