« Irons-Nous Passer un Jour Nos Vacances Sur La Lune? »
Article paru dans la revue « Nos loisirs » N° 36. 7 septembre 1913
Depuis qu'il a redressé le torse et regardé autre chose que ses pieds dans les profondeurs des cavernes, l'homme a commencé à scruter la cime des arbres, puis celle des montagnes et, comme son imagination est sans limite ou presque, a finalement observé avec interrogation le ciel et les étoiles. Son premier objectif, fut comme le dirait un certain Hergé, la lune et depuis elle n'a eu cesse d'intriguer et de terrifier même, nos misérables existences. Elle fut source des hypothèses les plus invraisemblables, des divagations les plus improbables, on lui prêta une civilisation composée d'étranges créatures. Avec ce petit intermède scientifique qui, j'en suis certain, ravira nos lecteurs, preuve en est que les esprits imaginatifs ne manquaient de solution pour aller rendre une petite visite à nos mystérieux et invisibles voisins. Encore une théorie des plus distrayante qui use de raccourcis aussi amusants qu'invraisemblables.....l'ombre de la Cavorite et de la Répulsite n'est pas loin!
Nous irons peut-être un jour passer nos vacances dans la lune
Les rêves de Jules Verne et de Wells, à la veille de se réaliser. Vénus, Mars, la lune et autres mondes à la portée des voyageurs blasés sur les beautés de notre petite planète, voilà ce que verra sans doute la génération de demain.
Nous avons accoutumé de nous émerveiller sur nos propres progrès et il faut avouer que les découvertes scientifiques, surtout depuis un quart de siècle, nous y autorisent. Mais vous rencontrerez communément des pessimistes qui croient que le génie humain a fourni le maximum de son effort.
Ces gens-là ne croyaient pas à l'automobile : « De sales machines, puantes et geignantes qui s'arrêtent tous les cent mètres, quand elles ne tuent pas les passants. » Leur confiance dans l'aéroplane n'était pas plus grande et aujourd'hui encore quand on leur demande ce qu'ils pensent des progrès réalisés, ils vous disent froidement :
– Bon, c'est entendu, les autos marchent bien, les aéroplanes peuvent devenir pratiques, la télégraphie sans fil élargit chaque jour son champ d'action, etc., etc., mais l'époque des grandes inventions est terminée. Que voulez-vous découvrir maintenant?
- Les hommes ont conquis des territoires sauvages, inconnus, sous un soleil de feu ou dans les neiges éternelles, répond l'astronome Krauss Nield, ils iront maintenant conquérir d'autres mondes, en plein ciel et l'œuvre qu'ils ont accomplie jusqu'ici n'est qu'une petite chose infime comparée à celle qui s'offrira à eux.
M. Krauss Nield n'est pas le premier venu. La théorie qu'il expose mérite donc de retenir l'attention. Membre de la « Royal Astronomical Society d'Angleterre », il dirigea en 1905, la mission scientifique installée à Burgos, eu Espagne, pour étudier l'éclipsé de soleil, comme il avait étudié celle de 1900 au cap Matifou en Algérie.
Le moyen préconisé par ce savant pour franchir les immenses espaces éthérés qui nous séparent des autres planètes est l'utilisation d'un gaz : le coronium. Ce gaz est tellement plus léger que l'air qu'un petit ballon d'enfant gonflé avec, suffirait à enlever un éléphant. C'est dire tout de suite le parti qu'on en pourrait tirer en l'appliquant à l'aérostation.
Qu'est-ce donc que le coronium?
Ce gaz se trouve autour du soleil, lui constituant une sorte d'enveloppe que l'on peut seulement observer au moment des éclipses. M. Krauss Nield a pu photographier cette espèce d'auréole à l'aide de plaques spéciales.
La grosse difficulté du problème consiste à se procurer du coronium. L'astronome espère que l'on y réussira un jour, car il doit en exister aussi dans l'atmosphère terrestre. Il s'agira de l'isoler pour pouvoir en tirer parti. Quand ce sera fait – et les découvertes scientifiques de ces dernières années permettent de croire que ce n'est nullement irréalisable – un voyage dans la lune ou à Vénus deviendra sans doute possible.
Le savant et ceux de ses amis qui s'intéressent à la question ont déjà défini dans ses grandes lignes, l'appareil qui permettra d'accomplir cette randonnée gigantesque.
C'est la réalisation de l'ingénieux rêve de Wells: Les premiers hommes dans la lune.
La machine volante construite en acier et d'une solidité exceptionnelle affectera la forme d'un poisson. Les voyageurs placés à l'intérieur et qui emporteront une réserve d'air liquéfié suffisante pour rester longtemps hors de notre atmosphère respirable, pourront actionner et diriger facilement la machine, laquelle ne différera pas sensiblement d'un aéroplane actuel.
A l'extérieur seront disposés de petits réservoirs contenant le gaz précieux et construits de telle sorte qu'ils pourront résister à toutes les pressions extérieures ou intérieures. La question du poids est totalement négligeable puisque le coronium ne pourrait entraîner à une vitesse fantastique un appareil extrêmement lourd. En raison même de la tendance qu'aura celui-ci à s'élever, il sera nécessaire de l'ancrer au sol avant son départ par un système offrant toutes les garanties de sécurité et qui reste à inventer.
Disons enfin que la puissance du coronium est telle que les explorateurs du ciel n'auraient pas à craindre de voir leur engin s'arrêter une fois franchie la couche d'air qui entoure notre planète. Leur randonnée continuerait dans l'éther.
Qui sait, si plus tard, nos descendants n'utiliseront pas l'engin de M. Krauss Nield pour émigrer en masse vers d'autres mondes ?...La terre se refroidit lentement et c'est peut-être dans les autres planètes comme Vénus qu'ira se perpétuer la race des petits hommes modifiée par les siècles.
Combien nous apparaîtront ridicules alors les guerres meurtrières que nous nous livrons pour nous disputer entre peuples quelques kilomètres carrés de territoire...
Les colonies des grands Etats seront des mondes éparpillés dans le ciel.
Et peut-être l'appareil de l'astronome Nield nous permettra-t-il aussi d'entrer enfin en relations avec les habitants de la planète Mars qui, depuis si longtemps – à ce que l'on croit –multiplient leurs signaux pour attirer notre attention.
On se plaît à attribuer à ces habitants de la planète voisine une civilisation plus développée que la nôtre. Quelles surprises ne nous révélerait pas un voyage chez eux !...
Mais cela c'est encore le rêve. Attendons sans trop de scepticisme que la science nous le transforme en réalité.
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