Dernièrement Fabrice Mundzik, grand spécialiste de Rosny Aîné et défricheur de l'imaginaire devant l'éternel, nous avait étonné en publiant dans son incontournable blog, un texte de Camille Mauclair « La question morale dans le Roman » et publié dans « La revue » du 15 Février 1902, remettant en question la paternité du terme « merveilleux scientifique » à Maurice Renard. S'il est exact qu'il en fit son apologie lors d'une brillante étude dans « Le spectateur » en Octobre 1909 sous le titre « Du roman merveilleux-scientifique et de son action sur l’intelligence du progrès » il est évident qu'en regard de cette découverte il n'en fut pas l'inventeur , mais son brillant porte parole . Mais notre domaine est plein de surprises et il suffit parfois d'ouvrir les yeux et de se replonger dans quelques textes consultés il y a fort longtemps pour remettre à jour de nouveaux éléments.

En effet, dans la superbe préface de Claude Déméocq « Maurice Renard , maître du merveilleux et chantre du merveilleux scientifique », faisant dans les 90 pages tout de même, et publiée dans la réédition de « Fantômes et fantoches » ( «  Bibliothèque du fantastique »éditions Fleuve Noir 1999)

j'ai relevé ( honte à moi j'avais oublié ce petit détail) un phrase extraite d'une étude de Charles Le Goffic consacré à la littérature et intitulé « Les romanciers d’aujourd’hui » ( 1890 chez Léon Vanier libraire éditeur) .Voilà ce qu'il dit dans son 10éme et dernier chapitre intitulé « Romanciers divers » :

« A côté du roman de voyage (et se confondant souvent avec lui) nous placerons le roman scientifique, dont M. Jules Verne est à cette heure le représentant le mieux accrédité. J'estime qu'il serait parfaitement oiseux de se poser au sujet de M. Jules Verne l'éternelle question: «M. Jules Verne a-t-il fait entrer la science dans le cadre du roman ou a-t-il introduit le roman dans le domaine austère de la science?» Ce qu'il faut reconnaître à M. Jules Verne, c'est son entrain, sa facilité et sa fécondité; il a su, le premier en France, utiliser le merveilleux scientifique, et c'est là surtout ce qui a décidé de son énorme succès. Après lui, je citerai M. de Lamothe, qui ne fait souvent, au reste, que le copier; M. André Laurie (Paschal Grousset), dans ses études sur La vie de collège aux Etats-Unis, en Angleterre, en Allemagne, etc.; M. Jean Macé]; M. Eugène Parès]; et en général les 342 auteurs du Magasin d'éducation et de récréation, de la Bibliothèque rose, du Journal de la jeunesse et de l'Ouvrier. »

Nul doute que le terme de « merveilleux scientifique (pour la toute première fois d'ailleurs mis en parallèle avec l’œuvre de Jules Verne) ne soit pas à attribuer à l'auteur de ce court,mais pour nous percutant article, et qu'il va nous falloir revoir notre copie et percer encore plus profond le mystère des origines de cette expression à la tonalité riche et profonde et dont la teneur n'a pas fini de faire couler de l'encre