« Le Vainqueur De La Mort, Chronique Des Siècles A Venir » De Camille Debans
Court Roman de Camille Debans. Dans la revue « La science illustrée »du N° 414 (3 Novembre 1895) au N° 418 (1er Décembre 1895). Illustré par Damblans
L'année1999, est une ère de progrès et de félicité. Alors on fête joyeusement un formidable événement, celui du centenaire de la première invention de W.Benjamin Smithson qui, en 1899 développa une nouvelle technologie dont le but fut de créer artificiellement la pluie. Au moyen d'un lourd appareillage lancé dans les airs par de gigantesques ballons, il parvint ainsi à créer de monstrueux orages et les pluies diluviennes qui les accompagnent. Ainsi le problème des mauvaises récoltes en raison des grandes sécheresses était terminé, plus de famine. Hélas toute médaille à son revers et de nouveaux conflits d'intérêts surgirent avec cette invention fabuleuse, certains voulaient la pluie et d'autres le beau temps....
Le savant n'a que faire de ces vaines querelles et dans l'espace clos de son laboratoire, poursuit de formidables expériences pour le bien être de l'humanité. Toutefois, il en est une qu'il ne semble pas vouloir partager et le milieu scientifique eut vent de cette dernière en constatant avec stupéfaction que l'humaniste ne semblait pas vouloir vieillir. Son allure élégante et son dynamisme ne semblent pas avoir été diminué alors qu'en théorie l'homme devrait avoir au moins 130 ans. Sa compagne semble avoir bénéficié du même traitement car elle conserve également une fraîcheur toute juvénile. Cependant Smithson refuse catégoriquement de divulguer son secret, la communauté scientifique le presse, le supplie, l'humanité aux abois, dans l'attente d'une seconde jeunesse attend la commémoration du centenaire de sa toute première invention, pensant à de fabuleuses révélations, mais en vain. Il ne veut cèder aux suppliques : Donner l'immortalité à toute la planète serait source de conflits, de misère aussi car les gens animés de mauvaises intentions ne feraient que perpétrer leur animosité jusqu'à la fin des temps, quand aux autres, ils ne leur resterait plus qu'à la subir éternellement.
Une révolte gronde, les plus folles rumeurs circulent, on évoque de le faire parler de force et s'il le faut, l'enfermer et utiliser la torture...humanité ingrate !
En Europe, voyant que cet arrogant Américains s'obstine toujours, on dépêche une délégation qui n'aura pas plus de succès, la réponse est sans appel, évoquant en outre un problème démographique important si la terre entière se peuple ainsi d'immortels.
Fort heureusement Benjamin n'est pas un ingrat et travaille d'arrache pied pour assurer une avancée technologique des plus profitable. Les voyages aériens se développent, les airs sont sillonnés par de gigantesques appareils comparables à de majestueux oiseaux. Depuis l'invention de puissantes piles électriques, ils possèdent une autonomie indéfinie. La distance entre les villes se parcourt à des allures folles grâce aux tubes pneumatiques, il faut quinze minutes pour se rendre de New York à Paris. La production est telle que le travail est devenu une distraction qui ne prend que deux heures de notre temps, d'ailleurs tout est automatisé, les loisirs occupent la majeure partie de notre vie. Les moyens d'observations se développent, la communication est établie avec d'autres planètes, Mars et Mercure sont habités....
Alors dans une dernière tentative, les Français qui semblent être les plus obstinés, invitent notre génial inventeur à une cérémonie qui doit se dérouler à Bordeaux. On le couvre de gloire, le flatte, le congratule, le faisant passer pour l'homme le plus important de la terre, le bienfaiteur universel, le plus grand de tous les scientifiques que la terre ait connu. Mais de toutes ces flagorneries, il n'en a cure, sa décision est toujours aussi ferme, il quitte ainsi la France avec le regard accusateur de tout un pays pointé dans son dos. Comme tout bon bienfaiteur qui se respecte il leur laissera en gage de son immense mansuétude, une substance supprimant presque toutes les douleurs dans tous les cas de souffrance physique.
Les journaux publient sur lui d'abominables diatribes, on le caricature, le vilipende, le dénigre. Un jour pourtant un membre de sa famille va lui présenter un de ses petits fils atteint d'un mal inconnu, ses jours sont comptés. De fait, envahi par un remord profond et une incommensurable fatigue morale, il cède aux suppliques de la jeune femme éplorée et verse quelques gouttes d'une liquide doré dans la bouche de l'enfant. Le résultat est foudroyant, le mal semble avoir abandonné le petit malade. Sa résistance montre des signes de faiblesse, il réitérera cette intervention miraculeuse, mais au compte goutte.
Pour effacer sa morosité,il va se livrer par la suite à l'exploration des fonds marins, la terre lui ayant révélée presque tout ses secrets, poursuivant encore et toujours sont admirable travail pour le bonheur de ses semblables.
Lors du bicentenaire de sa première invention extraordinaire, Smithson semble être tombé en disgrâce, personne pour le remercier de tant de bienfaits, lui qui à toujours œuvré pour ses concitoyens et frères terriens. Un seule chose les préoccupe, et devant une telle attitude d'enfants trop gâtés par un père qui a toujours donné sans compter, décide avec son épouse de ne plus boire le précieux liquide régénérateur :
« En deux jours ils vieillirent de tout le temps qu'ils avaient volé à la nature, et ils moururent désabusés, sans un regret »
Une agréable longue nouvelle d'un auteur qui déjà en 1884 nous avait livré un fort passionnant « Les malheurs de John Bull » ( Marpon & Flammarion 1884) à placer dans la thématique des guerres futures. Il y fait preuve d'une inventivité assez rare pour un roman de cette période.
Dans « Le vainqueur de la mort », il aborde avec une certaine ironie le problème du savant de génie confronté à une humanité hostile et peu reconnaissante de sa bonté. A trop vouloir faire le bien pour ses semblables, il se rend vite compte de toute l'hostilité de ses semblables lorsqu'ils veulent encore et toujours plus. Un exemple intéressant de savant qui va se démener toute sa vie durant, pour améliorer notre condition et qui n'utilisera à aucun moment tout son savoir afin de se retourner contre nous.
Une de ses petites « perles » qui se cachent bien à l'abri des revues scientifiques de cette époque.
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