« Bagarre dans le ciel » de Rivelac & Langevin: Le renouveau de la SF D’aprés Guerre!
« Bagarre dans le ciel » Texte de Jean de Rivelac, dessins de Jean-Loup Langevin. Edtions de l’Apex collection « Bédéphilia ».Janvier 1994, tirage limité à 250 exemplaires. Cette histoire fut publiée à l'origine dans les N°1 à 13 du supplément pour les garçons de Jeudi Matin en 1949
A l'académie « des sciences et du progrès », le professeur Alexow, fait un discourt passionnant et enflammé sur les bienfaits de la science et sur l'évolution des technologies. La terre, après de nombreuses guerres et de luttes incessantes, semble vouloir retrouver une paix relative et les savants du monde entier dans un accord parfait n'ont plus qu'un seul but : le bonheur de l'humanité.
Mais une ombre plane sur le tableau, car le professeur vient de recevoir d'inquiétantes nouvelles de ses deux assistants qui effectuent de recherches sur Déimos, satellite de la planète Mars. Comme pour vouloir appuyer ses dires, les deux corps des pauvres malheureux sont véritablement « lâchés » au dessus de l'immense assemblée (qui se déroule dans un amphithéâtre en plein air) pour venir s'écraser pratiquement aux pieds de leur maître. Peu après une boule de feu s'immobilise dans l'espace pour disparaître aussitôt. Alexow sait de quoi il en retourne, car l'ennemi juré de la planète terre, le commandant KMX, refusant le désarmement est allé se réfugier avec son équipe de spécialistes, sur Mars afin de construire une base secrète.
Peu de temps après, le professeur reçoit un message visuel, où il découvre horrifié, les structures très complexes d'une véritable cité technologique, construite par le diabolique personnage sur la planète rouge. Les intentions sont simples, préparer la destruction de la terre ! Il voit ainsi une véritable armée, équipée de scaphandres portant le cercle noir de la redoutable organisation, s'affairer telle une immonde fourmilière à préparer dans ce qu'ils appellent « L'usine-robot » leur redoutable entreprise. Le scientifique n'ayant pas dit son dernier mot il s'embarque illico avec sa fille et un botaniste sur un engin spatial, afin de rejoindre sa propre station orbitale, véritables joyaux de technologie.
Pour se rendre sur Mars, il lui sera nécessaire de faire escale sur cette plate forme, afin d'économiser le précieux carburant. Arrivé à destination, il profite du peu de temps qu'il lui reste afin d'élaborer une stratégie visant a contrecarrer la folle ambition de KMX. Mais son vieil ennemi profite de l'effet de surprise et attaque la station. La bataille fait rage mais tourne en faveur de l'équipage du professeur et les gredins s'échappent à bord de leur engin spatial. Mais en se lançant à leur poursuite une avarie les force à faire un atterrissage forcé sur la lune. Pendant les réparations la fille de Alexow sera capturée.
Le temps presse, car tous savent que les jours de la terre sont comptés. Nouvelle petite escale sur Déimos, une aubaine pour eux car ils parviennent à se rendre maître d'un véhicule de l'ennemi. Ils vont jouer le tout pour le tout et enfilent les combinaisons de l'organisation. Arrivés sur Mars, qui est devenue sur une infime partie, une zone parfaitement habitable, ils se dirigent vers la gigantesque mégapole construite par les rebelles. En se dirigeant vers le bâtiment principal, un immense édifice de plusieurs dizaine de mètres de haut, il placent dans plusieurs point stratégiques de « l'usine-robot » abritant l'arme de destruction finale, de nombreuses charges d'un explosif spécial inventé par le professeur. Après une audace incroyable et une chance tout aussi extraordinaire, le « commando » parvient à récupérer la fille, rejoindre la navette qu'ils avaient subtilisée et s'éloigner à toute vitesse vers le petit satellite.
Une fois en sécurité il ne reste plus qu'à actionner à distance la mise à feu des puissants explosifs et assister non sans un certain effroi, la destruction des installations de KMX :
« Mais désormais les hommes n'avaient plus à trembler car si la science set une rame terrible entre les mains de ceux qui voudraient affirmer leur puissance, elle permet aussi de se défendre. »
Science-fiction et bande dessinée d'après guerre: Un nouvel essor !
Ce petit roman de science-fiction paru à l'origine dans les N°1 à 13 du supplément pour les garçons de « Jeudi-Matin » en 1949, est une aubaine pour les amateurs de curiosités. D'un format assez spécial entre la bande dessinée et le roman illustré, ce dernier est surtout intéressant pour les superbes illustrations de Jean-Loup Langevin, qui signait uniquement la majorité de ses compositions de son prénom.
Pour se rendre compte de son magnifique travail, il est nécessaire de se plonger dans les revues d'après guerre telles que « Francs Jeux » « Pierrot » « Lisette » ou « Nade ». Malheureusement de nos jours, cet artiste n'est connu que des seuls collectionneurs ou nostalgiques qui gardent précieusement, ces fragiles morceaux de papier et qui n'intéressent guère plus personne de nos jours. Constat d'autant plus regrettable que ces publications sont à certains égards d'une grande richesse et mettent en avant le talent de nombreux illustrateurs qui n'avaient rien à envier à leurs homologues Américains. Que l'on se souvienne de noms aussi talentueux que Pellos, Guy Sabran, Marijac «(allias Jacques Dumas), Remy Bourlés, Brantonne et son « Fulguros » etc...
Dans le présent récit force est de constater du modernisme qui anime les planches de « Jean-loup » et du dynamisme de ses personnages. Les lignes très futuristes de ses engins spatiaux nous révèlent la vision à la fois « classique » mais très « avant-gardiste » d'une certaine conception des technologies futures. Dans ses réalisations, rien n'est figé et l'on a parfois même l'impression que les fusées qu'il dessine vont littéralement « sortir » du cadre restreint de la page où elles se trouvent emprisonnées. Un dessin riche et généreux qui mettent en évidence un soucis du détail et une générosité dont faisait preuve les artistes de cette époque.
Le scénariste Jean de Rivelac quand à lui est connu des amateurs de conjecture ancienne pour avoir écrit un petit roman publié en 1945 et qui nous raconte l'histoire d'un engin spatial réalisant un voyage autour de la lune. Classiquement à cette époque l'histoire est un mélange de roman policier et d'espionnage. (« Vitesse : 93.600 Km/h » Les éditions artistiques et documentaires collection « Vie et aventure » la collection des jeunes). Jean-Loup Langevin lui, a produit de nombreuses bandes dessinées et illustartion pour les revus Jeudi Matin,Francs Jeux, Pierrot, Lisette....Il fit une autre BD de Science-Fiction pour la revue Ima et intitulée « Evitez Copernic » en 1956/57
« Bagarre dans le ciel » ne brille pas forcément pour son originalité avec cette thématique du savant fou qui veut détruire la terre mais le récit a toutefois le mérite d'être incisif, rapide et ne laisse place à aucun temps morts. Lorsque l'on y regarde de plus près, il est assez symptomatique des angoisses d'une époque qui venait de connaître les horreurs d'un conflit mondial et des sinistres conséquences de l'utilisation d'une arme nucléaire. Les deux blocs de l'est et de l'ouest viennent de rentrer dans la « guerre froide » et la course à l'armement et toutes les technologies qui en découlent sont assez caractéristiques de cet aspect « négatif » que l'on pouvait se faire de la science.
Ce roman vient donc ici nous faire passer un message quelque peu optimiste en insistant sur le fait que ce n'est pas la science qui est mauvaise, mais les hommes qui l'utilise. Voulant apporter un juste équilibre « Bagarre dans le ciel » nous propose un peu le « Yin » et le « Yang » de la technologie et le message de l'auteur est clair, la science est une chose redoutable dans les mains de scélérats aux intentions douteuses, mais elle peut être salutaire entre de bonnes mains. Cette vision souvent pessimiste des progrès scientifiques était l'apanage d'une grande majorité des romans Français d'avant guerre. Les auteurs voyaient d'un œil assez méfiant, l'intrusion brutale de toute cette panoplie technologique ,tout en ayant conscience que mise entre de mauvaises mains , elle ne pourrait qu'apporter mort et désolation.
Certes une vison des plus réductrice mais que l'on retrouve de manière systématique en regard des différentes thématiques abordées pendant des décennies : Savants fous, guerres futures, manipulations génétiques etc....
Il nous faut donc avec la présente réédition, saluer une fois de plus les éditions de « L'apex » et de sa collection « Bédéphilia » sous la direction de Jean-Pierre Moumon de nous avoir donné l'occasion d'accéder à ce petit joyaux de notre patrimoine culturel populaire, en espérant qu'un jour toutes ces merveilles resurgiront sur les catalogues d'un grand éditeur, leur permettant ainsi de sortir d'un anonymat indigne et honteux.
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