Isolée dans une sinistre demeure, Sonia Gorliz épouse du célèbre professeur, se plaint de l'austérité de sa toute nouvelle vie. Sa servante, apeurée veut également quitter la maison, elle dit que des choses étranges et des bruits sinistres se font entendre dans le laboratoire du Professeur. Ce dernier est responsable d'une maison de santé où il traite de pauvres malheureux souffrant de graves affections cérébrales, la plupart sont condamnées et souffrent d'horribles manières.
Mais le sinistre scientifique à des projets plus ambitieux, avec la complicité de son assistant, il veut pratiquer une délicate intervention sur la cervelle d'un homme atteint d'une incurable tumeur,
opération qui lui permettrait de prouver l'authenticité d'une de ses audacieuses théories. Mitchninn hésite, il réprouve les agissements de Gorlitz, mais ce dernier semble le tenir sous sa coupe par
quelques mystérieux secrets.
Le drame va prendre une toute autre tournure le jour où sa femme, s'ennuyant à mourir, part en promenade avec un ami de la famille, le Dr De Mora. Un banal accident de la route va se transformer en
cauchemar pour nos deux tourtereaux. Le corps inanimé de De Mora, le visage couvert de sang, est emmené de toute urgence dans le laboratoire de Gorlitz, sa femme le suppliant de le sauver à tout
prix. Son mari, suspecte quelque chose et lorsque le blessé divague, parle d'une « lettre », il découvre dans la poche de ce dernier , une enveloppe contenant la révélation de ce qu'il redoutait : un
adultère !
Il va donc opérer son rival comme si de rien n'était mais le résultat ne sera pas à la hauteur des attentes de sa maîtresse. Sous prétexte de lui enlever une pièce métallique découvert lors un examen radiologique, il débute alors son effroyable besogne. Certes le patient est en vie, mais la malheureuse Sonia ne contemple à présent qu'un homme qui n'est que l'ombre de lui-même. Amaigri, le regard fiévreux, il semble plongé dans une profonde apathie dont il ne sort que de temps en temps pour divaguer de la, manière la plus horrible qui soit :
« Je veux partir....je veux partir....Un cadavre devant la, porte...devant la porte !!!. Il vient, il est derrière, mais il me tient....Oh !il me saisit...il m'entraîne avec lui dans sa
pourriture....dans sa pourriture...Et vous aussi il va vous entraîner avec moi....et vous serez comme lui...comme lui....de la pourriture....de la pourriture...de la pourriture...»
L'homme est agité, hurle, court dans tous les sens envahi par une terreur sans nom. La pauvre Sonia est épouvantée et son mari lui avoue qu'il s'agit là du résultat d'une expérience qui vient de
prouver enfin une de ses théories. Il lui révèle la connaissance de la liaison de sa femme avec De Mora et que par vengeance il l'a délibérément opéré afin que la vie de l'infortuné ne soit plus
qu'un enfer :
« Non, il n'y a rien à craindre pour sa vie...je lui ai sauvé la vie...mais pour le reste !...Car ce qui fait l'homme, c'est le cerveau...l'intelligence, la volonté, tout cela teint dans quelques
grammes de matière cérébrale....»
Fixant l'infortuné plongé dans une profonde prostration
« Et quand cela vient à disparaître....plus rien...il n'y a plus rien...Les crises jusqu'ici se sont montrées régulières. Le coma dure dix minutes environ. Ensuite les yeux s'ouvriront, il
reprendra ses sens...toute sa lucidité. Et puis les crises deviendront de plus en plus fréquentes et enfin ce sera la déchéance complète...une pauvre loque...qui n'aura plus rien d'humain que la
souffrance... »
Il eut été plus facile de le tuer tout simplement, mais sa vengeance eut été alors incomplète. Cet homme est un scientifique doublé d'un sadique hors pair et non content de prouver ses hypothéses les
plus hasardeuses, il aime faire souffrir.
Le drame va se clore dans ce « Laboratoire des hallucinations » où De Mora dans un bref éclair de lucidité va se jeter sur Gorliz et lui faire payer son crime odieux .Se saisissant d'un ciseau et
d'un marteau, la bave aux lèvres, les yeux injectés de sang va lui fendre le crâne en hurlant :
« J'agrandis l'ouverture ! J'agrandis l'ouverture...j'efface l'intelligence...l'intelligence...il n'y a plus rien...il n'y a plus que la souffrance...que la souffrance !...»
Typique de ce genre de production de l'époque et fidèle à la tradition du « Grand guignol » cette pièce de André de Lorde et Heni Bauche est la représentation même de ce genre littéraire ou le
macabre l'insolite et l'extravagance des situations faisaient bon ménage. Il n'est pas étonnant à la lecture d'un tel sadisme poussé à son paroxysme que le terme de « Grand-guignolesque » fut par la
suite employé pour désigner des situations horribles et exagérées.
Dans cette forme littéraire tout concours à pousser les situations invraisemblables au plus haut point d'une certaine forme d'absurde macabre » où le sadisme des faits trouve sa catharsis dans un
final toujours morbide et inattendu.
Réputé pour son coté sulfureux et précurseur d'un certaine forme du « gore » qui fait actuellement les choux gras d'une communauté de cinéphiles avide de sensationnel et de violence poussée à
l'extrême, il n'est pas rare de voir cette forme associée bien souvent à la thématique du savant fou.... mais vraiment très très fou, qui trouve dans cette littérature matière à ses exactions les
plus macabres et les plus controversées dans le milieu scientifique.
Une littérature riche et totalement décomplexée, privée du politiquement correct qui pourtant à l'époque subissait les foudres d'une censure impitoyable et d'une « élite » bien pensante.
Porte qui grinces, personnages déments, apparitions sanglantes et morts violentes, touts les ingrédients sont ici réunis pour nous apporter ce doux frisson de l'absurde qui ornait sous de magnifiques
affiches tape à l'œil, les murs de la capitale à une époque où l'on avait encore le sens de la démesure et d'un certain goût pour l'étrange.
Cette pièce fut jouée au « Théâtre du grand guignol » à Paris le 29 Novembre 1916 et fut publiée dans le magasine « Je sais tout » (Troisième série) le 15 Avril 1922 avant de sortir en volume dans le
recueil « Les drames célèbres du grand guignol » Librairie Stock en 1924 avec deux autres pièces « Le château de la
mort lente » et « La grande épouvante
Cette pièce publiée dans cette fameuse revue est en outre agrémentée de magnifiques illustrations qui rajoutent à l'angoisse et au macabre de la situation, un pinceau inspiré et particulièrement magnifique qui rivalise sans nul doute avec les productions Américaines des Pulp's de l'époque
Une petite galerie d'affiches qui fleurissaient sur les murs à l'époque du "Grand Guignol"
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