« Hodomur l'homme de l'infini » de Ege Tilms. Edition de la revue mondiale.1934. 212 pages
Venu passer quelques jours de repos à Ostende, Lerte rencontre plusieurs de ses anciennes connaissances: Louis Demer, ancien sous-officier de son régiment et devenu à présent policier ainsi que Jacques Belons, vieil ami de l'université. Fait curieux, le policier est précisément chargé de surveiller Jacques et son épouse Jéromine, tous deux accusés d'activités suspectes. Le couple fortuné serait le chef d'une organisation internationale. Un soir, Lerte décide d'élucider l'affaire et se rend à une soirée où il rencontre son ami Jacques. Celui-ci a une attitude bizarre et porte au cou un étrange médaillon, et se met brusquement à hurler en regardant les étoiles: «Le signal, ils viennent».
Quelques jours plus tard, rappelé par ses affaires le narrateur de l'histoire rentre à Bruxelles profitant de l'automobile des Belons. Arrivé là, Jacques est victime d'un traumatisme crânien et, comme libéré d'une extraordinaire force, le blessé se met soudain à proclamer: «Voilà comment je suis revenu d'un autre monde».
Lors d'un périple dans sa région maternelle il découvre près d'un endroit connu de lui seul un étrange médaillon. Il le passe autour du cou, lorsqu'un formidable rugissement se fait entendre. Un vaisseau spatial de «construction harmonieuse» vient de se poser à quelques mètres de lui. Une porte s'ouvre, une force mentale lui ordonne de monter à bord. Une fois à l'intérieur, il sent l'appareil se soulever et par un hublot il voit la terre s'éloigner à une vitesse prodigieuse. Brusquement un homme apparaît, il s'agit de Hodomur, Capitaine de «L'ercor» et explorateur des mondes habités. Par malchance, Jacques se trouvait au mauvais endroit, au mauvais moment et afin «d'éliminer» un témoin gênant il ne restait plus qu'à le capturer et l'emmener sur sa planète.
Qu'il se rassure il n'est pas le seul, et d'autres «invités» se trouvent sur sa planète: Wise, 5ème satellite de Frey, mais n'anticipons pas ! Au cours du voyage, conversation philosophique et échange d'idées vont bon train mais une chose est certaine, les «Wisistes» nous sont, comme il se doit, bien supérieures dans le domaine social et technologique et plus particulièrement dans le domaine des sons. Tout semble idyllique sur cette planète, mais arrivés sur Wise, la réalité se fera vite jour.
En réalité, les Terriens sont parqués dans ce qu'ils appellent «le Camp de la Bonne Etoile» délimité par un champ de protection mentale infranchissable. Le but, satisfaire la curiosité des savants de la planète en pratiquant quelques mystérieuses mais horribles expériences sur le cerveau humain. Pour cela, tout les jours un Terrien (ils sont une cinquantaine) est appelé mentalement, quitte le champ de force et disparaît pendant plusieurs jours. A son retour, celui-ci, complètement amnésique, semble être entré dans une phase complète de prostration.
Arrive le jour fatidique où Lerte est désigné à son tour et chose incroyable, à l'inverse de ses infortunés compagnons, il se rappelle certains faits. Il revoit les savants, de puissantes machines, une formidable ville de verre parcourue par des engins volants et surtout une femme extraordinairement belle. Dans le camp c'est la consternation et les prisonniers le considèrent alors comme un individu suspect, un traître, lorsqu'un jour les hommes commencent à mourir mystérieusement les uns après les autres. La peur rôde, il faut agir. Un brave arrive bien à forcer la barrière invisible pour aller «au-delà», mais à son retour ses cheveux sont devenus blancs, avant de mourir il hurle dans son délire: «Le pentagone de feu... Les vierges de Mohêma... La flèche de lumière... Le secret de la ville de métal!»
La mort poursuit son effroyable moisson, Belons désespère, mais un matin Hodomur le contacte et lui annonce qu'il allait être le consul de Wise, chargé de mission. Confiant en son intelligence et ses connaissances, les Wisites vont le charger d'acquérir multiples objets pouvant intéresser leurs savants. Après un conditionnement spécial (afin d'effacer certains éléments de sa visite sur Wise) Jacques embarque sur l'Ercor. Ses amis jaloux et haineux lui tournent le dos: Pourquoi lui?
Le voyage de retour se poursuit, le vaisseau passera près d'une planète inconnue des Terriens comportant, fait incroyable, des statues comparables à celles de l'île de Pâques. Sur terre une vie de rêve et de prospérité commence alors, jusqu'au jour où Hodomur se présente à Belons, celui-ci est avec son épouse. L'explorateur n'a d'yeux que pour elle: C'est le coup de foudre, il veut en faire la nouvelle reine de sa planète. A partir de ce jour le couple arrive à échapper à l'emprise infernale de ce monstre, mais pour combien de temps encore?
Ainsi se termine le récit, Jean prenant conscience du danger et par amour secret pour Jéromine, tente de sauvegarder cette innocente personne. Mais en vain, celui-ci sera «conditionné» mentalement et écarté du domicile de ses amis. A son retour, la maison est vide. Ici prend fin le témoignage de Lerte qui est en réalité un manuscrit transmis à l'un de ses amis. Celui-ci pense que Jean, depuis introuvable, a été à son tour victime des extra-terrestres.
«Depuis, par les nuits étoilées et paisibles, devant l'immensité constellée un frisson nerveux nie parcourt. Malgré moi, je crois entendre, hallucinée et angoissée, portée par l'éther impalpable, une plainte lourde de souffrance venant des profondeurs inouïes des abîmes inconnus de l'infini, un cri poignant de détresse et de douleurs, inexplicables, poussée par les disparus du mois d'août et que seule mon âme pitoyable et sensible entend faiblement: Au secours!... Pitié!... Au secours!»
Le mot de la fin
Ce roman procure deux impressions: Une favorable pour le sujet même et plus particulièrement l'originalité du récit avec cette remarquable description des captifs sur cette mystérieuse planète. L'impression défavorable concerne certains gros défauts dont le récit souffre bien souvent, en effet certains éléments abordés, nous laissent malheureusement sur notre faim. Imaginons un meilleur développement des indices évoqués par l'un des captifs: La flèche de lumière, la ville de métal et le pentagone de feu... Et puis il y a les moyens d'investigations des « Wisites » sur le cerveau des Terriens! Il existe hélas un énorme vide, là où notre auteur se devait de laisser libre cour à son imagination. Seuls quelques éléments sont abordés donnant heureusement à l'ouvrage quelques passages mémorables. Citons pour exemple le développement de la théorie « Wisiste » sur les rapports hommes/femmes, la technologie basée sur les sons, l'immortalité, la sélection naturelle, le voyage dans l'espace....
Parfois même, grâce à l'intermédiaire de cet Hodomur, l'auteur nous expose ses théories plutôt radicales, concernant certaines nations:
«Les Américains dominer le monde? Vous plaisantez? Les Etats-Unis offrent une population mélangée au possible à des résidus de toutes les races. Vous n 'y trouvez que des gens capables d'exploiter, mais non pas de comprendre. Imbus de leurs idées souvent fausses, ils se trouvent dans l'impossibilité de résoudre des problèmes d'où le bonheur général de l'humanité dépend».
Saluons pour terminer l'auteur qui dans une bonne partie du livre nous décrit la captivité des Terriens dans ce «camp de la mort» sans barbelés mais ô combien plus terrible. Il se dégage de cet ensemble une impression de malaise, une lucidité effroyable d'hommes à la merci d'une intelligence supérieure. Tel du bétail dans l'attente du bon vouloir de leur bourreau, la peur et la folie que peuvent générer une telle situation est ici raconté d'une manière angoissante. Certaines lignes arrivent à être terribles. Il suffit de se remémorer des ouvrages comme « La guerre des mouches » (Editons Gallimard 1938) de Jacques Spitz le tout aussi passionnant « Le sceptre volé aux hommes » (La renaissance du livre 1930)de H.J.Proumen, sans oublier « Apparition des surhommes » ( Editions J.Froissart 1950) de B.R.Brus, pour se remémorer le triste destin d'une race humaine agonisante aux pouvoirs d'une force les dépassant totalement.
« Hodomur » pourra plaire ou agacer, mais il reste toutefois quelques bon moments pour en faire une oeuvre intéressante. Parsemée de certains éléments novateurs et vraiment originaux, comme cette captivité aux confins des étoiles où l'être Humain impuissant n'est qu'un animal de laboratoire. Le roman se termine d'un façon tragique et la dernière phrase se révèle des plus angoissante, comme quoi, dans l'espace que faire même si l'on vous entend crier.
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