« Elisabeth Faldras » Une Suite En Tout Point Remarquable!
« Elisabeth Faldras » de O.de Traynel. Librairie Paul Ollendorff. Paris 1909. Un des 25 exemplaires sur vélin de couleur (Bleu). Illustrations de G.Dupuis. (Bulletin des amateurs d'anticipation ancienne et de littérature fantastique N° 11 Novembre 1992).Tirage 140 exemplaires.
Je dois avouer avoir été fortement déçu à la lecture d'un texte au titre pourtant prometteur « La découverte du Dr Faldras». Qui plus est avec une couverture des plus attrayante qui pouvait en dire long sur le contenu du précieux et rare ouvrage. Hélas l'attente était loin d'être justifiée et si le gros volume malgré ma déconvenue lors de sa lecture, est bien rangé dans ma bibliothèque à coté des volumes de Léon-Marie Thylienne (je sais, j'ai une idée particulière du rangement), je dois avouer qu'à l'époque je n'étais pas peu fier d'y joindre également celui qui semblait sa suite logique : « Elisabeth Dr Faldras ».
Pour cet ouvrage, j'étais tout de meme plus serein car il suffit de jeter un œil sur les superbes illustrations de G.Dupuis pour en conclure que cette fois on gravite sur du lourd : Combats de croiseurs aérien, hommes volants, rayon de la mort, péril jaune....diantre que du bon et de l'excellent même ! Une fois le premier chapitre entame, c'est le délire total et les idées péniblement esquissées à la page 292 de « La découverte du Dr Faldras » sont ici bien concrètes et pas dans la demi mesure. Jugez par vous-même.
Nous sommes en l'an 2096 et le docteur Faldras, noble vieillard de 240 printemps, fête son anniversaire entouré des 800 membres et descendants de sa longue lignée. Depuis la découverte de son sérum, certes dans le monde on succombe moins aux sévices de la grande faucheuse, mais il faut reconnaître que la surpopulation commence à se faire ressentir. Comme quoi un bienfait n'est jamais récompensé. Le progrès est sans contexte une bonne chose et l'humanité toute entière de ce fait bénéficie des dernières évolutions. Bien évidemment tout fonctionne à l'électricité, les déplacements se font par les airs ou au moyen de patins électriques, mais une rumeur de plus en plus persistante commence à grossir et tout le monde s'interroge sur un problème fondamental : La bouffe !
Toute médaille à son revers, un homme dans la force de l'age atteint désormais la centaine, mais à force de ne plus mourir, on commence à jouer des coudes et les ressources naturelles ne sont pas inépuisables. Dans sa ville natale, Sens, une cité d'acier et de cristal, Faldras est plongé dans une intense réflexion. En Orient, la révolte menace, la Chine, le Japon, la Corée...accusent les états confédérés Européens. En effet ces derniers n'acceptent pas le blocus de l'Afrique, devenu le grenier alimentaire de la planète et dont les nations « blanches » ont le monopole exclusif. Car les « blancs » en Arpagon de la boustifaille sentaient depuis longtemps poindre cette terrible pénurie alimentaire en faisant de ce fait alliance avec les nations Africaines. Du coup....c'est la guerre !
C'est alors un déchaînement de fureur et de violence. Face à la technologie Européenne, la supériorité numérique des peuples Asiatiques est un facteur déterminant et de ce fait la « chair à canon ne manque pas ». Les hommes sont ainsi envoyés au « casse pipe » que l'auteur nous décrit avec force de détails qui frôlent un passage de l'apocalypse. Face à cette incroyable marée humaine, la France doit s'incliner et penser coûte que coûte à la sauvegarde de leur génie national, Faldras. En signe de représailles, et devant un péril (jaune) qui se précise de plus en plus, les états confédérés font un embargo sur l'exportation du sérum de jouvence, géniale invention du célèbre docteur. Les résultats ne se font pas attendre avec pour résultats des Asiatique qui tombent comme des mouches en raison du sevrage de sérum frais que l'on doit s'injecter de façon régulière.
La pression monte crescendo du coté de l'agresseur qui veut frapper vite et fort sur le système névralgique de l'Europe. Il faut donc préserver Sens, la ville du génial inventeur et pour ce faire on s'active à son transfert dans une fortification souterraine, à plus de 300 mètres de profondeur. Parallèlement, le Docteur s'active à une autre de ses inventions qui, selon ses dires mettra un terme définitif à cette guerre ridicule. De son coté, l'armée ennemie progresse, engloutissant tout sur son passage, telle une déferlante humaine, hurlante et destructrice. La région se trouve encerclée par la plus puissante armada jamais rassemblée de mémoire d'homme. Tout semble perdu....non ! Un ingénieur de talent et inventeur d'un puissant explosif, va par un coup de dés impensable réussir à percer la croûte terrestre, provoquant ainsi l'éruption d'un gigantesque volcan dont la puissance formidable détruira tout dans un rayon de deux kilomètres.
L'armée de l'empire céleste sera ainsi défaite, à moitié brûlée, morte de faim et vieillissante. En raison de sa grande profondeur, la capitale provisoire des peuples libres « Electrica » sera saine et sauve. En signe de « gratitude » Faldras offre au monde sa nouvelle et formidable invention : La pilule nutritive ! Passons sur les explications de cette ingénieuse formule pour en arriver au résultat final, à savoir 40 g d'extraits chimiques essentiels à l'organisme dont les composants sont faciles à faire, à extraire, à avaler. La guerre va donc se terminer, un peu aussi faute de combattants, pour laisser place à un accord passé avec les nations Asiatiques, prémisse d'une longue période de paix et de prospérité. Quarante années après ces terribles événements, Faldras va mourir de sa belle mort, l'action du sérum n'étant pas illimitée. C'est ainsi de va disparaître ce génial personnage, avec le sentiment d'une vie bien remplie et du devoir accompli, sous les ovations de millions d'estomacs atrophiés et de palais agueusiques.
Une suite bien plus prometteuse!
Il y a tellement de choses à dire sur cet incroyable roman que la meilleure chose à faire...c'est de le lire ! Et si vous vous dépêchez un peu il y a encore moyen de le trouver sur le net à un prix assez raisonnable. Il faut dire qu'une fois n'est pas coutume et dans le cas présent, la fille est vraiment meilleure que le père. J'entends par là que la suite est largement supérieure au premier volet et si ma déconvenue fut grande à la lecture de « La découverte du Dr Faldras », il était pratiquement impossible de me décoller de sa suite « Elisabeth Faldras ». Remarquez, il parait que pour conquérir le cœur d'une fille, il faut s'attirer les bonnes grâces du père. Mais dans le cas présent il vous suffira de vous attaquer directement à la descendance, je vous assure que vous gagnerez du temps.
Le roman ne propose aucun temps morts et aborde joyeusement plusieurs thématiques dont l'immortalité, le péril jaune, la terre creuse, les guerres futures etc..... avec un délicieux mélange d'humour fort bien approprié. Retenons ce passage où seront massacrés des centaines d'ennemis belliqueux et aux intentions peu louables, par un trio de vieillards de 210 ans, bien installés dans leurs fauteuils et aux commandes d'un puissant rayon de la mort. Et tout cela à distance s'il vous plait !
Le texte fourmille d'inventions délirantes, la technologie y est reine et puis quoi de plus enrichissant pour le progrès qu'une bonne guerre bien enlevée. Mais le terme de guerre est un bien faible mot, disons massacre à l'échelle mondiale. L'auteur avait le sens de la démesure et de l'exagération. Danrit à coté est une véritable midinette et pour cause, même une bombe atomique à coté de l'apocalypse finale ressemble à un bâton de dynamite. La thématique reste assez conventionnelle, mais le ton du roman, les illustrations d'excellentes factures et les excès de délire de l'auteur, me laissent un souvenir des plus agréable que j'avais partagé à l'époque avec la lecture simultanée d'un autre roman tout aussi extravagant : Le Fulgur !
O de Traynel serait le pseudonyme du Marquis de Jean de Neltray, de lui nous connaissons également un autre ouvrage « La boussole merveilleuse » éditions Boivin & Cie, 1923 avec des compositions de W.A.Lambrecht (Sources Bdfi)
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