Le professeur Challanger, génie extravagant, a convoqué Perless Jones, spécialiste de forages des puits profonds, et lui indique sous secret ce qu'il attend de ses services. La terre, dit-il, est un être vivant, monstrueux, qui ne soupçonne pas la présence à sa surface des microbes que sont les hommes pour elle. Par un puits extrêmement profond, l'illustre scientifique espère parvenir à la manière sensible de ce monstre et ainsi lui faire connaître son existence. A l'issue de cet entretien Perless Jones part sur les lieux où se tente l'expérience. Tout au fond du puits, il trouve une matière molle et ondulants, inconnue, au-dessus de laquelle il installe une perforatrice électrique. Lorsque tout est prêt, en présence de personnages importants qu'il a réunis, le professeur montre la valeur de sa théorie. Mais cette bonne vielle terre ne l'entend pas de cette oreille et par de terribles secousses et vibrations de sa substance vitale que ces intrus viennent de troubler, chasse les opportuns à la surface de la terre, comme pour les prévenir de ne pas venir troubler sa quiétude apparente.

« Un étonnant spectacle s'offrit à nos yeux.Comme par une étrange télépathie cosmique, la planète semblait pressentir la liberté inouïe qu'on allait prendre envers elle.La surface découverte avait l'aspect d'un liquide en ébullition.De grosses bulles s'y formaient, qui cre­vaient avec bruit. Une continuelle activité séparait, puis rappro­chait les poches d'air et les vacuoles. Les ondulations transver­sales se faisaient plus fortes, obéissaient à un rythme plus vif.
Un fluide de couleur pourpre foncé semblait battre dans les tor­tueuses anastomoses de vaisseaux internes. La surface entière palpitait de vie. Une odeur lourde rendait l'atmosphère presque irrespirable à des pou­mons humains. »

Il y a parfois de troublantes coïncidences et ce texte de Conan Doyle , n'est pas sans rappeler un autre texte rédigé quelques années plus tot par un auteur Français que les habitués d'anticipation ancienne connaissant bien: le Cdt G.de Wailly , auteur entre autre du célèbre « A deux doigts de la fin du monde »
L'illustre « militaire » avait déjà eu l'idée en effet en 1910,d'une terre vivante et possédant dans ses entrailles une complexe anatomie faite de veines et d'artères et d'une masse vivante comparable à un cœur palpitant. Mais à l'inverse de Conan Doyle dont le fameux professeur sera poussé non seulement par curiosité scientifique , mais également par vanité car possédant un « moi » surpuissant, Lobanief de de Wailly, va faire cela par vengeance. Il compare le globe à une « bête immense et mauvaise » qui dans le passé a tué sans vergogne toute se famille. Son projet de destruction sera avorté car où il pensait détruite un organe vital, il ne fit que soulager la terre d'une probable « tumeur ou abcès ». Le cataclysme qui va suivre sera un avertissement à la misérable vermine qui grouille à sa surface comme un rappel de la fragilité et la précarité de notre existence.

En lisant le Français, peut-etre Conan Doyle était-il abonné à « Sciences et Voyages »....

La première édition du texte de Conan Doyle fut publiée sous le titre :

« L'homme qui fit hurler le monde » Dans la collection « Sciences et Voyages » du N° 524 ( 12 Septembre 1929) au N°531( 17 Octobre 1929) contrairement à ce qui est annoncé dans le Rayon SF
« L'homme qui fit hurler le monde » dans le volume « La ville du gouffre » éditions Albin Michel,1930 ( contient quatre textes , tous liés au Pr Challenger ».
« Quand la terre hurla » dans l'intégrale N°9 de l'œuvre de Sir Arthur Conan Doyle, publiée par les éditions Oswald « Club Néo » sous la direction de Jean Baptiste Baronian. 1987

En ce qui concerne le texte du Cdt G.de Wailly :

« Le meurtrier du globe » dans la revue « Journal des Voyages » du N° 702 (15 Mai 1910) au N°725 (23 Octobre 1910).
« Le meurtrier du globe » Éditions Tallandier « Bibliothèque des grandes aventures » N°50. 1925 .
« Le meurtrier du globe » Éditions Tallandier « A travers l'univers » N°41. 1933