C'est avec un immense plaisir que je vous propose aujourd'hui une galerie photos de l’illustrateur français le plus fameux qui, de la fin du XIXéme au début du XXéme siècle,illustra de nombreuses nouvelles et romans, pour le plupart d'imagination scientifique, avec un talent rarement inégalé et pourtant pratiquement inconnu ou ignoré de la plupart des amateurs du genre. Il faut dire que sa plus grosse production reste dispersée dans de nombreuses revues qui de nos jours se font assez rares ou alors dans des volumes qui le sont tout autant. C'est le cas pour la galerie que je vous présente aujourd'hui et pour la première fois rassemblée dans son intégralité. Je viens en effet d'avoir la chance de trouver l' édition originale de « When the sleepers wake » de H.G.Wells, publié en 1899 cher Herber & Brothers Publishers et traduit en France au Mercure de France en 1904 ( hélas sans les illustrations), sous le titre de « Quand le dormeur s'éveillera ».Comme vous allez le découvrir cette édition bénéficia de pas moins de 15 illustrations originales de Henri Lanos et c'est d'autant plus étonnant que l'artiste par la suite sera plutôt avare dans ce genre d'exercice puisqu'il faudra attendre 1910 et « Un monde sur le monde » écrit par Jules Perrin pour le voir effectuer une série conséquente d'illustrations ( un total de 19), 1913 avec « Les pirates de l'air » de Pierre Vernou à la librairie Librairie Hachette ( pour un total de 15 compositions) et par la suite les superbes compositions couleurs, beaucoup plus « fantaisistes » de « Le grand raid Paris lune » publié dans la revue « Pierrot » en 1928 sans oublier toujours dans le même hebdomadaire « Les hommes de fer du Professeur Hax » en 1932.

Mais déjà dans « When the sleeper wakes » allons nous retrouver toutes les caractéristiques de l'auteur : Superbe perspectives, mouvement de foule, hommes écrasés par la toute puissance des machine et du progrès......un sens de la démesure où une fois encore l'être humain y est représenté comme un insecte dérisoire face aux monstres industriels qu'il a lui même créé. On retrouve ainsi dans cette superbe série , tout le talent et le savoir faire de ce brillant artiste que l'on ne découvrira dans tout son art que 6 ans plus tard en 1905 alors que les éditions Pierre Lafitte eurent l'idée de lui ouvrir toutes grandes leurs portes. Nous assistons alors, dans le premier numéro de cette mythique revue du 15 Février 1905, à la mise en exergue de son talent, suite à un article de Santos-Dumont « Ce que je ferai, Ce que l'on fera » et dans celui de Camille Flammarion « La fin du monde » avec des scènes de destructions cataclysmiques et des vues de villes du futur dont le ciel se noircit de curieuses machines volantes entre l'avion et le navire à voile. Caractéristique de ses scènes futuristes, Lanos fige toujours ces anticipations dans l'époque dans laquelle il vit. Sa vison de l'avenir reste toujours dans une dimension poétique, plus proche de ce que l'on qualifierait à notre époque de steampunk : le cadre de sa technologie ne dépasse que rarement une évolution scientifique très minimaliste.Timidité vite relayée par la démesuré des machines qu'il dessine, qui envahissent littéralement le cadre ( et parfois même pour en sortir ,une autre de ses spécificités),nous hypnotisent et nous terrifie par la puissance évocatrice qu'elles dégagent.

La (re)découverte de cette série forte de cette empreinte qui caractérise les artistes de talent, va je l’espère vous donner toute la mesure de son immense talent. Il est fort regrettable que ce volume fut publié outre Atlantique, car l’extrême rareté de cette édition et le prix souvent prohibitif qu'elle peut atteindre chez les libraires, relègue de fait cette période pourtant prolifique de l'auteur dans une immense étendue désertique dont on ne sait que très peu de choses. Il serait grand temps qu'un jour ou l'autre un éditeur audacieux et disons le, ayant quelque peu le goût du risque, propose au public, un volume digne du talent de l'artiste . Mais pour le moment prenons le temps d'admirer cette galerie photo nous apportant la preuve éclatante à quel point point Lanos fut et restera pour les générations à venir la référence incontournable des dessinateurs ayant oeuvrés d'aussi belle manière pour le merveilleux scientifique.