«La grande pluie » de John Bowen. Mecure de France colection Parallèles. 1964 pour l'édition Française
Mr Uppington, un bricoleur de génie invente à l'aide d'un système de catalyseur, une machine à fabriquer la pluie. Lors de la première expérience il va y laisser la vie, mais le test est une réussite car il commence à se mettre à pleuvoir. Au début, tout le monde s'accommode de cette petite nuisance, mais la situation va vite devenir alarmante, à tel point que les autorités commencent à envisager un repli des population sur les hauteurs. Très vite, des camps provisoires se dressent un peu de partout mais devant la montée incessante des eaux, les refuges se font rares et avec le froid et l'humidité, les conditions d'hygiène deviennent précaire, l'insalubrité des lieux s'installe progressivement. L'hiver arrive, la pluie devient neige, sans pour autant faiblir d4intensité. Clarke, un survivant en compagnie de Sonya naviguent sur une mer intérieure dans un radeau de fortune et rejoignent d'autres survivants qui ont trouvé un abri précaire sur une sorte « d'arche » publicitaire. Les vivres y sont abondantes car il s'agit de la marque « Glub , l'aliment idéal pour les petits déjeuners ».La publicité affirme que « l'homme pouvait se nourrir exclusivement de Glub ». Il semble que Arthur Rensham, patron de la société , soit le chef de cette arche. Véritable « maître après dieu » ce dictateur d'opérette va ainsi faire régner sa loi au gré de sa fantaisie, en imposant une discipline de fer à son bord, n'hésitant pas à distribuer punitions et récompenses quand bon lui semble. Les huit personnes embarquées (dont un culturiste, une actrice et un pasteur) ont un rôle bien précis créant ainsi une micro société avec ses règles, ses devoirs et ses « dérives ». Car à bord, les tensions montent, cette vie de promiscuité n'est pas faite pour apaiser les alléas d'une vie en communauté, assez difficiles à endurer sur fond de cataclysme à l'échelle planétaire.
Les éléments continuent à se déchaîner et l'équipage devra affronter encore bien des périls, dont une vague gigantesque, résultat d'un effondrement océanique et d'une toute aussi menaçante pieuvre
géante, réveillée par un appétit soudain de reprendre ses droits sur un monde envahi par les flots.
Mais à force de se croire seul maître à bord, Arthur cède de plus en plus à ses bouffées délirantes qui lui font croire qu'il est l'incarnation de dieu . A bord , sa folie ne connaît plus de limites,
se promène avec deux masques, un représentant le Dieu rieur et un autre le dieu sérieux s'affublant tantôt de l'un ou de l'autre en fonction des circonstances. Dieu ne doit en aucune manière montrer
son véritable visage au commun des mortels. Sa cabine, dont il ne sortira par la suite qu'à de rares occasions, est devenue une terre sainte, et dans sa folie grandissante décrète que la furie des
éléments est le résultat d'une punition , d'une force qu'il ne peut plus contrôler et dont la violence ne pourra être apaisée que par un sacrifice humain.
Il pose son dévolu sur le futur enfant de Sonya, enceinte de Clarke. Ce dernier complètement fanatisé par Arthur accède à sa requête et en fait part à Tony. Celui-ci horrifié par un tel propos décide
d'agir. Il va donc le poignarder, et en essayant de le jeter par dessus bord, sera également entraîné dans les fonds marins. Le ciel voulait un sacrifice humain, il en a eu deux !
Comme un fait exprès, peu après, la pluie va cesser de tomber, le soleil reprend ses droits, une nouvelle terre apparaît aux derniers survivants de l'espèce humaine.
Résumé éditeur
« Qu'un ingénieur du Texas essaie une nouvelle méthode pour provoquer la pluie, que l'expérience réussisse trop bien, échappe à son contrôle : c'est le déluge. Sur un bateau publicitaire qui
vantait un produit alimentaire contenant toutes les vitamines essentielles à l'organisme, huit britanniques vont revivre l'aventure de l'espèce humaine.
Un expert-comptable, un prêtre, une comédienne, il n'en faut pas davantage pour que se constitue une hiérarchie, ou sa caricature, une religion, ou son apparence, une justice, ou sa dérision. Et
tandis que chacun raconte des souvenirs savoureux, cette humanité en miniature poursuit sa destinée, riche de péripéties, de drames et de suspense. Jusqu'à ce que le bon sens l'emporte, et emporte
avec lui les faux dieux et les apprentis-dictateurs. »
Le déluge futur
Cette thématique post-cataclysmique avec un ersatz d'humanité trouvant refuge sur un bateau , fut déjà rencontrée dans un roman méconnu de Fenner Brockay « Purple Plague » et ressuscité grâce à la revue « Quinzinzinzili » N°11qui publia l'article réalisé par Régis Messac dans la revue « les Primaires n° 90, juin 1937. Mais ici s'agira t-il d'une curieuse maladie qui décimera une partie de l'espace humaine et qui, confinement forcé oblige, donnera naissance à une micro- société flottante, comme si l'histoire ne faisait que se renouveler, quelque soient les conditions. Dans le texte de John Bowen , fort plaisant à lire, nous avons, reproduit en miniature tous les travers de l'humanité et du pouvoir excessif d'un homme qui, sous des couverts religieux, impose sa propre loi/religion en usant et abusant de la crédulité des autres, métaphore de notre société moderne qui, loin de vouloir se reconstruire, préfère se référer aux schémas classiques qui pourtant furent durement éprouvés au cours de l'histoire.
Un très bon texte, peu connu mais pourtant une référence incontournable dans la thématique du roman post-cataclysmique.
La terre fut soumise à diverses catastrophes se retrouvant ainsi aux prises avec les éléments les plus redoutables de la nature et si la rencontre avec un objet céleste fut très en vogue au début du
XXéme siècle, nul doute que les inondations, à l'heure où l'on ne parlait pas encore de réchauffement climatique, furent les grandes gagnantes lors de cette course effrénée à la fin du monde. Nous
avions déjà eu l'occasion d'évoquer cette thématique lors d'articles précédents et il n'était donc que justice d'accorder au péril de l'eau, la place qu'il mérite.
Depuis les récits bibliques et du fameux « Déluge », premier roman catastrophe de l'histoire de l'humanité,cette menace tourne souvent à l'obsession, comme en témoigne les nombreux récits qui
accordèrent une place de choix à la disparition de civilisations extraordinaires comme l'Atlantide pour ne citer que l'exemple le plus célébre. Le grand spécialiste du genre, Camille Flammarion, dans
le N°1 de la célèbre revue « Je sais tout » rédigera dans la toute nouvelle « Science et Nature » un article consacré à la fin du monde et explique avec force détails dans le chapitre intitulé
« Tous les continents seront-ils un jour noyés comme des épaves » la manière dont notre planète risque de finir engloutie.Une sensation de malaise
renforcée par de magnifiques illustrations de Henri Lanos qui, avec son sens habituel de la démesure et de la petitesse de l'homme face aux éléments en furie,nous livre de saisissantes
compositions,
Mais dans le « merveilleux scientifique » ces inondations seront aussi bien le fait de savants fous que le résultat de la colère divine et cette thématique est étroitement liée à celle de l'invention
merveilleuse, celle dont tout le monde rêve : la machine à faire la pluie.
Rencontrée dans certains romans et utilisée pour le bien de l'humanité, elle sera souvent l'objet d'un dérapage incontrôlé, provoquant sur notre bonne vieille terre de multiples catastrophes aux
tragiques retombées. Si au départ elles servirent à une noble cause, support d'une société idéale construite sur la répartition équilibrée du climat donc une répartition égale des ressources de
l'agriculture ( « Le vainqueur de la mort » de Camille Debans,« Perdus dans les sables
» de A.Brown , « La révolte des esclaves » de Maurice Haimé) bien souvent elle ne sera que l'instrument d'une
terrible vengeance orchestrée par quelques esprits diaboliques ( « L'homme qui voulut le déluge » de Charles de Richter, « «Fulguros le maître du Tonnerre » de R.Brantonne et R.Lortac) De temps en temps , c'est une invention qui échappera au contrôle de l'homme comme
vous pouvez le constater dans le roman résumé ci-dessus, sans oublier et il est important de le préciser car la nature a elle aussi son mot à dire, les inondations naturelles, qui elles balayent
d'une vague gigantesque la quasi totalité de l'espèce humaine, ne laissant la place qu'à de rares survivants( « La cité rebâtie » de
Emile Solari, « Le nouveau déluge » de Noëlle Roger, « Alerte à la terre
» de Marijac). Il y aura même une machine à pluie doublée de propriétés archéologiques comme en témoigne cette nouvelle, mise en ligne sur le site,« La machine à gouverner le
temps » de John Russel Fearn, mais ceci est une autre histoire.
Bibliographie sélective des machines à faire la pluie, des inondations, raz de marée et autres catastrophes aquatiques.
- « La Fin du Monde, Histoire du temps présent et des choses à venir » de Antoine Rey-Dussueil,1930.
- « Le monde nouveau » de Antoine Rey-Dussueil,1931.
- « Le déluge à Paris » de Pierre Véron dans le recueil « Les marionnettes de la vie » Éditions Dentu 1862.
- « L'oasis » de Alphonse Brown, Premiére parution revue « Journal des voyages » du N° 361 ( 8 Juin 18884) au N° 393 ( 18 Janvier 1885).
Réédité en volume sous le titre « Perdus dans les sables » Éditions Juven 1917 (illustré par A.Robida) et « Les mohicans du Sahara »
- « Le vainqueur de la mort » de Camille Debans. Dans la revue « La science illustrée » du N° 414 (3 Novembre 1895) au N° 418 (1er
Décembre 1895). Illustré par Damblans (Machine à faire la pluie) .
- « Les faiseurs de pluie » de Alphonse Brown. Publié dans la revue « Journal des voyages » du N°227 ( Dimanche 7 Avril 1901) au N° 249
( Dimanche 8 Septembre 1901). Illustré par Damblans (Machine à faire la pluie)
- « Dans cinq mille ans ou la traversée de Paris » de Edmond Haroucourt .Le journal 1904 . Réédité aux éditions Apex dans le volume « Le
gorilloide et autres contes de l'avenir ». 2001.
- « La fin du monde » de Camille Flamarion : « Tous les continents seront-ils un jour noyés comme des épaves ? » Illustré par Lanos.
Revue « Je sais tout » 15 Févier 1905. N°1
- « La cité rebâtie » de Emile Solari. Librairie universelle 1907.
- « Le déluge futur » de Marcel Roland. Editions Fayard vers 1925.Publié en pré original dans la revue « Touche à Tout » du N° 4 (15
Avril 1910) au N° 6 (15 Juin 1910),
- « Le second déluge » de Garrett P.Serviss. Publié dans la revue « Je sais tout » de Octobre et Novembre 1912 (N° 93 et 94). Illustré
par S.Macchiat.
- « Le formidable événement » de Maurice Leblanc. En pré original dans la revue « Je sais tout » de Octobre à Novembre 1920. En volume
éditions Lafitte 1921.
- « L'homme qui vint » de Louis-Ferdinand Rouquette. Éditions Albin Michel 1921.
- « La tempête universelle de l'an 2000 » du Colonel Royet. Publié dans le journal « A l'aventure » du N°55 ( 16 Juin 1621) au N°59 (14
Juillet 1921). Réédité aux éditions de l'hydre N°1 « Le visage vert »
- « Ci-git Lutéce » de André Muller. La vie Parisienne Juillet 1914
- « L'homme qui vint » de Louis-Frédéric Rouquette, Éditions Albin Michel.1921
- « Le nouveau déluge » de Noëlle Roger .Publié en cinq parties dans « La petite illustration » du N°35 ( 19 Aout 1922) au N°39 ( 16
Septembre 1922) Illustré par André Dewambez, Publié en volume chez Calman Levy en 1922.
- « Adieu Britannia » de Aslan . Paris 1923 .
- « L'homme qui volait le Gulf-Stream » de Georges Gustave Toudouze. Librairie Gallimard « Les chefs-d'œuvre du roman feuilleton.1925.
Réédité sous le titre « Le sorcier des abîmes » Éditions Tallandier « Grandes aventures » 1949.
- « La dernière jouissance » de Renée Dunan. France édition 1925
- « L'an 1937 » de Claude Farrére, nouvelle publiée dans « Cent millions d'or » Éditions Flammarion 1927
- « En l'an 2125 » de Raoul, Le Jeune. Collection Fama 1928.
- « Sur la terre qui change » de Léon Lambry. Éditions Tallandier « Bibliothèque des grandes aventures N°313 . 1930.
- « Un saison en Auvergne » de Pierre Nolhac nouvelle dans le recueil « Contes philosophiques » Éditions Bernard Grasset 1932.
- « La machine à gouverner le temps » de John Russel Fearn traduit par Jean de Bizac. Dans la revue « Ric et Rac » Mercredi 20 Décembre
1939 (Machine à faire la pluie)
- « Le manuscrit Hopkins » de Robert Cédric Sherriff. Editions Plon 1941
- « Déluge » de André Demaison. Librairie Arthéme Fayard,1943
- « Adam Eve & Cie » de André Rigaud. Éditions Albin Michel 1947,
- « Alerte à la terre » Dessins de Marijac Scénario de Mathelot.Publié dans la revue « Coq Hardi » du N°43 ( Jeudi 20 Septembre 1951) au
N° 89 (Jeudi 7 Août 1952). Repris en deux volumes avec illustrations n&b. Collection « Atoll » N° 86 et 87. 1974
- « La révolte des esclaves » de Maurice Haime .Éditions Louis Soulange.1961 (Machine à faire la pluie)
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