De Maurice Haime. Editions Louis Soulanges1961.
Nous sommes en 2380, l'humanité connaît une ère nouvelle de bien être et de prospérité. Face à la pénurie des énergies fossiles, la fission atomique alimente toutes les machines du globe. L'homme
désormais maîtrise les climats et il est possible, grâce à un appareillage complexe, de prodiguer soleil ou pluies en fonction du besoin des récoltes. Tout est contrôlé, domestiqué, dominé...
Le professeur Strongman, digne successeur du docteur Stanley Cowes, travaille depuis quelques années dans un centre de fécondation aux résultats pour le moins assez surprenants. Depuis quelques
décennies, l'homme voulant se détacher de la servitude des taches pénibles et « humiliantes » a créé une nouvelle race de créatures hybrides, capable de remplacer l'homme. C'est en Californie que
l'illustre savant réalisa un croisement entre l'homme et les anthropoïdes supérieurs au moyen de la fécondation artificielle des guenons sélectionnées avec la semence humaine.
Les résultats obtenus dépassa toutes les espérances et cette l'hybridation anthropoïde avait ainsi permis d'affecter aussi bien à la culture qu'aux usines, une main d'œuvre considérable qui obéissait
servilement.
Bas salaires, pas de grèves, l'homme avait ainsi trouvé la solution idéale.
Le professeur Strongmlan , avec l'aide de son assistant François Dupont, d'origine Française et que tout le monde surnomme « Frankie », poursuit donc les extraordinaires recherches de son
prédécesseur et compte bien lui aussi apporter sa pierre à l'édifice. En secret il teste sur son domestique primate du nom de Kong, un nouveau sérum capable d'allonger la vie .Ces « serviteurs » que
l'on retrouve dans un grand nombre de foyers, sont des « anthropoïdes supérieurs » capables de remplir certaines taches plus complexes. Frankie en possède également un, du nom de « Bang » et
l'assistant fait preuve avec lui d'une grande gentillesse car convaincu qu'il serait possible, lors d'une ultime étape sur « l'évolution dirigée », de conduire cette race vers le stade ultime de
l'humanité.
Lors d'une injection du fameux « sérum » Strogman inocule par erreur à son cobaye les gênes de la violence. Toute agressivité ayant été éradiquée de la surface du globe, on ne garde en laboratoire
que les traces cellulaires de cette gangrène qui enflamma le monde dans un lointain passé.
Fort de cette « sensation » nouvelle, Kong développe en lui un sentiment de révolte, entraînant avec lui, Bang et une multitude d'autres anthropoïdes.
Les créatures enlèvent la fille du professeur (amoureuse de l'assistant) et de toutes les familles importantes de la ville. La révolte gronde, les ouvriers des usines se soulèvent et une masse
compacte de singes descend dans la rue. Petit à petit ils deviennent maîtres de tous les points stratégiques de la région. La police, en sous effectif est submergé et son chef n'a que le temps
d'aller se réfugier avec le maire, le professeur Strogman et quelques notables de la ville, dans une foret avoisinante.
N'écoutant que son courage, François part délivrer Dorothy , la fille du professeur. Lors de sa mission il rencontre Bang, qui lui fait comprendre qu'il est toujours de son coté, mais qu'il faut agir
avec prudence.
Dans la foret, les survivants s'organisent. Ils échafaudent diverses stratégies, dont une consistant à rayer la ville de la carte. Mais Frankie rappelle la présence des populations civiles. Car en
ville les esclaves ont été remplacés par les anciens maîtres et désormais les rôles sont inversés. Kong est devenu le maire et profite pleinement de sa nouvelle autorité.
Seulement il y a un hic aux projets des anthropoïdes. Ils ne possèdent pas l'intelligence suffisante pour actionner les machines complexes qui régulent le climat. Une période de pluies diluviennes
vient ainsi dévaster la région et provoquer de considérables dégâts. Les singes sont affectés par ces terribles catastrophes et François profite de cette brèche pour entamer une négociation. La
libération des otages en échange du règlement de la machine météorologique. L'accord est passé, mais ne résout pas le problème de « l'invasion ».
Alors que tout monde s'accorde pour une destruction massive de ces esclaves encombrants, le Français lui est plus modéré. Il évoque le fait que ces créatures sont le produit de la folie des hommes et
qu'il faut donc leur donner une chance en essayant de trouver un accord et de vivre avec en bonne entente. Il compare le rapport actuel avec celui qu'eurent leurs ancêtres avec les esclaves b
noirs.
De leur coté, les anthropoïdes, sous l'impulsion de Kong, veulent ouvrir un centre de reproduction d'un nouveau genre. Les anciennes guenons sélectionnées en ont assez de procréer par un procédé
artificiel, car il ne leur procure aucun plaisir. Elles réclament la création de centres où seraient enfermés des humains jeunes et forts, où elles pourraient assouvir leurs besoins qui les
tenaillent à certaines périodes bien déterminées. De plus la race mutante serait également perpétué : en somme joindre l'utile à l'agréable.
Fort heureusement ce projet ne pourra aboutir. Grâce probablement à la stupidité d'une de ces simiesques créatures, un puissant gaz bactériologique sera libéré suite à une erreur de manipulation dans
une usine de la banlieue. Une violente explosion et un épais nuage d'aspect jaunâtre vient alors recouvrir toute la région de son mortel manteau. La population humaine au fait de la proximité d'une
telle menace, possédait depuis sa mise en service une gélule, lui permettant de s'immuniser contre les bactéries en cas de « fuites ». Une fois la menace détectée, tous absorbèrent l'antidote, sauf
les anthropoïdes bien entendu qui, après inhalation de la puissante toxine, périrent tous en l'espace de quelques minutes pour finir sous forme liquide. Seul Bang, qui se trouvait dans une pièce
frigorifique , sera épargné de cette forme de décomposition. Son corps sera retrouvé parfaitement conservé, entièrement gelé, unique vestige de cette singulière révolte. En souvenir de ces événements
passés son corps sera pétrifié.
La vie va reprendre ainsi son cours, les responsabilités clairement établies. Le professeur va brûler ses précieux documents, interdisant ainsi toute nouvelles tentatives d'hybridations ou alors de
renouveler ce type d'expérience en prenant conscience de la place que cette nouvelle race devrait occuper sur terre. Plus question de les traiter comme des inférieurs.
L'histoire comme il se doit se termine par un heureux mariage.
Dans le vestibule de la grande maison à présent vide du professeur,la statue pétrifiée de Bang le regarde de ses yeux de verre, lui donnant une apparence de vie, comme s'il voulait lui poser une
ultime question : Pourquoi ?
Rêve de singe....
Voilà un sujet qui, s'il eut été confié à des mains plus expertes, aurait donné lieu à un roman surprenant pour le contenu de sa thématique. Hélas, l'auteur, d'un sujet en or, en fait une histoire
un peu longue et laborieuse, entrecoupée de l'idylle entre l'assistant Français et la fille du professeur. D'ailleurs à plusieurs reprises l'auteur usera de ce procédé, alourdissant un texte
souffrant déjà de flatulences de style en parsemant son texte des rivalités amoureuses entre les différents protagonistes.
L'autre problème , est inhérent à la sous évaluation de Maurice Haime avec cette pourtant géniale révolte des anthropoïdes, dont le peuple opprimé va se rendre maître d'une ville sous le choc de la
soudaineté d'une telle « révolution ».Malheureusement, nos singuliers primates sont trop stupides pour en tirer le moindre parti. Certes ils possèdent entre eux un langage, mais sont incapables une
fois la prise de pouvoir assurée d'en faire quelque chose de concret.
Pourtant l'auteur avec cette hypothèse de la fécondation artificielle de « guenons » avec du sperme humain, nous livre un cas assez audacieux et si l'on en juge par les quelques études « sérieuses »
dans le domaine, il nous faut remonter très loin pour qu'un telle « pratique » soit formulée.
C'est Régis Messac qui dans son article sur « Le roman de l'homme, singe » (Paru dans la revue « Les Primaires » Juin/Juillet/Août 1935 et
réédité par les éditions « Ex-Nihilo » en 2007) en parle pour la première fois en citant le roman de Emile Dodillon « Hémo » publié en 1886. Dans ce
roman c'est un scientifique qui va volontairement accorder ses faveurs à une « D'ginna » sorte de grand singe femelle, ceci afin de prouver si le croisement entre un singe et une humain est possible.
Thématique que l'on retrouvera la même année, bien que dans ce cas , ce fut uniquement les conséquences d'un acte « accidentel », avec le roman de Maurice Sand « La
fille du singe ».
Jusqu'alors, nous n'avions en littérature conjecturale que de faibles tentatives de modifications de quelques primates, soit par intervention directe sur le cerveau , comme ce fut le cas par exemple
dans le roman de Maurice Perot « L'expérience du Dr Hortner » ( que vous retrouverez dans les pages de ce site), soit , mais ici l'auteur trichera
quelque peu, il y aura un échange de cerveau entre l'homme et l'animal ( « L'homme qui devint gorille » de H.J.Magog, éditions Ollendorff 1921 ) soit en
agissant directement sur les cordes vocales du sujet, fidèle en cela au principe que l'organe crée la fonction – générant de fait une évolution vers le « plus humain »- et nous nous tournerons vers
le roman de H.G.Wells « L'île du DR Moreau » (Mercure de France 1901) ou le roman de Gaston Leroux « Balaoo » (
Editions Tallandier 1912) et de sa suite rédigée par Stanislas A.Steeman quelques années plus tard « Les fils de Balaoo » (Les éditions Visscher
1948) .L'ultime procédé sera la découverte d'une race ayant mutée à tel point que son « humanité » finale ne saurait tarder dans le cycle de l'évolution, ce qui fut le cas pour le roman de
Gozlan « Les émotions de polydore Marasquin » (Editions M.Levy 1857) l'épopée complètement échevelée de A.Robida «
Voyages très extraordinaires de Saturnin Farandoul » (Librairie M.Dreyfous 1879) et bien plus tard avec un résultat des plus concluant comme ce fut le cas du roman de Pierre Boulle
« La planète des singes » (Editions Julliard 1963).
Visiblement dans « La révolte des esclaves » l'expérience est plus que décisive et la science du futur par fécondation artificielle et un rigoureux
contrôle, obtient cette race hybride entre l'humain et le singe , malheureusement tout juste bonne à être employé à des basses œuvres.
C'est ici que l'auteur n'a pas fait montre d'une grande inventivité avec pourtant un sujet innovant et une hypothèse fort audacieuse , précédant en cela de deux ans Pierre Boulle et sa fameuse
« Planète des singes ». Quel singulier roman sera aurait-il fait ! Mais avec des si.....
Bien souvent, on sent qu'il ne sait pas quoi faire de la matière se trouvant entre ses mains. L'histoire tourne en rond, la stupidité dont il accable les anthropoïdes est affligeante, et certaines scènes assez amusantes où ces derniers prennent la place du maire, du chef de la police, auraient pu donner lieu à des passages assez cocasses, voir même dramatique....il n'en fit rien.
Maurice Haime venait ainsi de créer une fort belle hypothèse, cette fameuse race qui nous supplantera, mais le soufflet tombera bien vite à plat, faute de pousser un peu plus loin une imaginaire
engoncé dans une forme de « politiquement correct ». Frustration du lecteur, comme dans bien des cas, de ne pas voir un auteur aller au bout de son inventivité.
On se plait à rêver de l'exploitation de ces centres de reproductions, réclamées par cette bande de guenons en chaleur et des suites qu'une telle invasion aurait pu avoir sur notre civilisation.
Comme il faut finir vite et bien, il va préférer laisser ses braves esclaves se liquéfier l'espace d'une misérable petite page, avec un chef au nom prédestiné alimenté au gène de la violence, qui ne
sera pas plus redoutable qu'un chimpanzé dans la cage étroite de son Zoo.
Final des plus convenu et facile avec ce gaz toxique qui en un clin d'œil, mate cette insupportable révolte et prouver une fois de plus que la stupidité de l'animal ne peut rien face au génie
humain.
Alors il y a bien sûr la leçon de morale finale avec l'assistant qui nous fait une plaidoirie sur les dérives de la science et le devoir de tout être humain de montrer plus de tolérance envers «
l'autre ». Un « mea-culpa » bien indigeste et moralisateur qui se veut une bien piètre expiation face à cette boulette monstrueuse de quelques apprentis sorciers.
Le fond y est, la forme laisse à désirer et ce roman ne restera dans les mémoires que pour cet éclair fugace de génie que l'auteur laissera disparaître aussi rapidement que la décomposition de ses
malheureux anthropoïdes. De la stupidité de cette race mutante, seules les guenons tirent leur épingle du jeux en voulant s'octroyer un lieu de plaisirs où elles pourraient assouvir leurs besoins
naturels. Finalement elles, ne sont pas si « bêtes » !
Confronté à diverses théories sur l'origine de l'homme et sur l'évolution des primates, les auteurs n'eurent de cesse d'élaborer de bien curieuses et passionnantes histoires, voyant en cela matière à
des conjonctures souvent plaisantes et originales. L'origine des espèces est un domaine vaste qui tend peu à peu à rétrécir son champ d'exploration, mais il fut une époque où ses territoires vierges
et inexplorés laissèrent la place à un imaginaire des plus actif et ce, pour notre plus grand plaisir. Preuve en est, cette liste qui n'est qu'une ébauche, où le singe sera soit par mutation,
hybridation ou évolution naturelle parviendra au stade ultime de son développement et réalisera son vieux rêve de singe, nous bouter en touche et accéder au rang d'espèce dominante.
« Le singe est l'avenir de l'homme ». ESquisse Bibliographie du singe « évolué » dans l'imaginaire ancien.
- « Les émotions de Polydore Marasquin » de Léon Gozlan Editions M.Levy 1857.
- « Voyages très extraordinaires de Saturnin Farandoul »de Albert Robida Librairie M.Dreyfous 1879).
- « Hémo » de Emile Dodillon. Editions Ollendorff 1886
- « La fille du singe »de Maurice Sand. Editions Ollendorff.1886.
- « Le gorille roman Parisien » de Oscar Méténier.
- « La vénus de Widah » de Louis Noir.1893
- « Roman d'un singe » de Armand Charpentier. Editions Ollendorff.1894.
- « Chers petits singes » de Paul André.1899
- « L'île du DR Moreau » de H.G.Wells Mercure de France .1901.
- « Le Gorilloïde » de Edmond Haraucourt. Parution dans « Le Journal » le 27 janvier 1904, puis dans « L'œuvre » en septembre1906. Réédité par la suite
dans « Le bulletin des amateurs d'anticipation ancienne et de littérature fantastique » dans la collection « Idés...et autres » de Bernard Goorden et pour finir aux éditions Apex collection
« Périodica »
- « To-Ho le tueur d'or » de Jules Lermina .Paru dans « Le Journal des Voyages » 1905.
- « Les deux singes » de Félicien Champsaur. Editions Albin Michel.1907 Contient : « Le premier homme » et « Le dernier homme ».
Réédités dans le recueil « Entrée de Clown » la nouvelle revue critique 1927. Réédition en Fac-similé aux éditions de l'Hydre « Le visage vert » en 1985
avec les reproductions Albert Robida.
- « Le roi des singes » de Achille Mélandri. Dans le recueil « L'albatros » éditions Geldage.1910
- « Balaoo » de Gaston Leroux Editions Tallandier 1912).
- « Le Presqu'homme, roman des temps futurs » de Marcel Roland. Editions Méricant vers 1920.
- « Ouha roi des singes » de Félicien Champsaur » Editions Fasquelle.1923
- « La reprise » » de Albert Vivies. Editions Crès et Cie, 1924.
- « La mission de quatre savants » de René TRote de Bargis .Editions Ferenczi « le roman d'aventure » 2éme série N° 3.1925.
- « Le mystère du Zoo d'Anvers » de Steeman et Sintair. Librairie des Champs Elysées collection « Le masque » N°11.1928
- « Le gorille roi » de Georges Sim (Georges Simenon). Editions Tallandier « Bibliothèque des grandes aventures » N° 274.1929.
- « Nora la guenon devenue femme » de Félicien Champsaur. Editions FGerenczi.1929
- « L'île aux mystères » de René Duchesne. Editions Rouff « Romans pour la jeunesse » 1935.
- « L'expérience du Dr Hortner » de Maurice Perot. Éditons Ferenczi « Voyages et aventures »N°198.1937.
- « Les cerveaux cambriolés » du DR Albert Leprince. Editions Jean-Renard.1943.
- « Les fils de Balaoo » de Gaston Leroux et Stanislas A.Steeman. Les éditions de Visscher 1948
- « La révolte des esclaves » de Maurice Haime. Editions Louis Soulages 1961.
- « La planète des singes » de Pierre Boulle. Editions Julliard 1963
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