« Voyages aux îles Atlantides » par Pierre Billaume et Pierre Hégine (Grasset, 1914)

Le récit débute un peu comme "Les Pacifiques” de Han Ryner, texte exactement contemporain: à la suite d'un naufrage, le héros de l'histoire se trouve rejeté sur une des Îles Atlantides, quelque part au milieu de l'océan. Il pourra ainsi découvrir la civilisation atlante. La démarche est cependant toute autres le but de Han Ryner était de présenter une civilisation anarchiste idéale, alors que Billaume et Hégine montrent une société qui n’est qu'une copie de la nôtre. Leur roman est en fait une satire; on y trouve d'ailleurs de nombreuses allusions aux affaires politiques et sociales du moment.

Et ce n'est pas le fait que les atlantes s'habillent comme les grecs antiques ou se battent avec des arcs et des flèches qui rend le récit plus exotique.

« Antinéa ou la nouvelle Atlantide » par Georges Grandjean (Éditions « Roman Nouveau », 1922) :

Voici ce que l'on pouvait lire à la rubrique « Tribunaux » du journal « Le Matin » le 3 juin 1923 :

« La contrefaçon d'un romans La première chambre de la cour a confirmé hier... une ordonnance de référé ordonnant la saisie de mille exemplaires d'un livre de M. Char­les (sic) Grandjean, qui était, la suite d'un roman connu »

« Antinéa » se voulait en effet la suite de « L’Atlantide » de Pierre Benoit. L'auteur et l'éditeur ne manquaient pas d'effronteries on trouvait dans les journaux une pu­blicité pour « Antinéa » faisant référence au célèbre roman !

L'ouvrage de Georges Grandjean n'est pas dépourvu de qualités, Il est cependant permis de regretter que cet auteur ait gaspillé son talent dans une entreprise aussi douteuse au lieu de faire preuve d un peu d'originalité »

« Héliodora en Atlantide » par Georges Spitzmuller et A. Barbier Daumont (France-Édition, 1923):

Ici, les auteurs jouent le jeu du récit antiqueî un savant découvre à Ténériffe des tablettes d'argile contant les aventures d’Héraclès et de sa promise Héliodora dans l’empire atlante

L'Atlantide décrite dans ce ro­man reste très traditionnelle avec son mélange de civilisations grecques et égyptiennes en pleine décadence. On comprend vite que l’arrivée d'Héraclès va précipiter la fin de cet empire déliquescent.

L’ouvrage se révèle sans surpri­se mais très honorable et peut être placé à côté de « La fin d'Atlantis », le fameux roman de Jean Garrère qui date de 1926.

Il faut également signaler que Barbier-Daumont est l’auteur d’un roman beaucoup plus extraordinaire sur la découverte en Afrique du royaume fabuleux d’Ophir: « Le cap­teur d'âmes » (Société d’édition et de diffusion littéraire, 1947)

« L’antarctique » par Dominique Sévriat (pion, 1923): 

Il s’agit, comme le titre l'indique, de l’histoire d’une expédition au Pôle Sud. C’est là que se trouve l'Atlantide, en accord avec une théorie de la dérive des continents revue et corrigée ! L’auteur réussit une description fascinante de l'Atlantide, désertée par ses habitants, mais intacte. Les explorateurs y découvrent des monuments grandioses et parfaits, de taille gigantesque (les atlantes étaient des géants), une technologie avancée (automobiles, aéroplanes ultra perfectionnés, téléphone...), et surtout les vestiges d’une civilisation d’une incroyable antiquité. En effet, en plus des versions authentiques de la plupart des grands livres sacrés de l’humanité, les atlantes ont conservé :

« ...le plus ancien livre du monde, le livre de l’Origine, ou de Seth, écrit par Malaléel le cinquième des Patriarches antédiluviens... » (page 204).

De ces découvertes fabuleuses, il ne restera rien puisque l’Atlantide disparaîtra dans un tremblement de terre et que l’expédition ne revien­dra jamais. Hélas, l'auteur a greffé sur son récit une banale histoire d'amour et de jalousie peu compatible avec l’atmosphère très prenante qu'il a par ailleurs su créer. Cependant, des quatre ouvrages analysés ici, « L’antarctique » est celui qui mérite le plus de sortir de l'oubli

Joseph Altairac