L'avantage du Carnoplaste, et non des moindres, est de savoir diversifier ses histoires, tout en restant dans le même esprit. Vous y trouverez donc tout ce qui fit le bonheur de nos illustres ancêtres, en y adjoignant cette petite note particulière qui fait de lui tout son charme et ses qualités. Les histoires du Carnoplaste fort heureusement se suivent et ne ressemblent pas, et l'ouverture de l'une de ces précieuses brochures, qui sentent bon le parfum d'antan, est toujours une grande satisfaction, un peu comme un gamin qui, des étoiles plein les yeux découvre avec ravissement le contenu d'une pochette surprise.
Pour ne pas faillir à la règle Jérôme Verschueren nous propose dans ce merveilleux petit fascicule, illustré par un Jeam Tag inspiré par la scène finale du roman (constituant un diptyque dés que l'objet est ouvert à plat s'il vous plait), un pur roman d'aventure extraordinaire, combinant avec beaucoup d'à propos faits réels et fictifs. En vous plongeant dans l'ambiance particulière du New York des années quarante, alors que la population ne connaît pas encore les angoisses d'une guerre qui fait rage sur le vieux continent, le lecteur se laisse porter par cette histoire d'espionnage aux relents fantastiques.
Bartok est un compositeur usé et fatigué par la barbarie nazi et la fureur des hommes. Obligé de quitter son pays pour ses positions engagées, il va lutter contre les séides de Hitler qui espère bien
déstabiliser la structure du pays en s'attaquant à ses personnages les plus influents. En usant d'une forme de magie et surtout grâce à de puissants agents dont le moindre des pouvoirs est de
contrôler une armée d'araignées , les forces du mal vont ainsi élaborer un plan des plus machiavélique en semant sur leur passage mort et destruction. Fort heureusement la formidable arme secrète
envoyée par Hitler va trouver ici à qui se frotter et il faudra toute la ruse et l'immense talent de compositeur/ magicien de Bartok et du courage de Black Becky une petite noire orpheline aux
réactions impulsives, pour venir à bout de cette redoutable « veuve noire du Führer ».
Autant vous le dire de suite, nous sommes dans un pur roman d'aventure aux multiples rebondissements, autre signe caractéristique des publications du Carnoplaste. Et l'auteur se prête bien au jeu, le rythme est bien soutenu, les idées fusent et les scènes d'action nous plongent parfaitement dans l'univers des « sérials » avec sa galerie de trognes patibulaires. L'époque choisie par Jérôme est assez passionnante car dans cette atmosphère de guerre et d'apocalypse mondiale il est possible de jouer sur plusieurs thématiques tout en exploitant celle, ô combien jouissive, d'une dirigeant de l'Allemagne nazi passionné de sciences occultes : la porte est ainsi ouverte sur des mondes fantastiques et mystérieux. Souvenons nous pour exemple des aventures de Indiana Jones dans le premier film de la série ,du roman de Masterton « Le jour J du jugement » ou du tout aussi excellent « Etrange conflit » de Dennis Wheatley. Une veine assez prometteuse et qui méritait que l'on s'y intéresse et le récent engouement pour ce type de production est le signe que, dans ce domaine, le sujet se porte assez bien avec des œuvres, cinématographiques ou littéraires, d'un intérêt variable. Période transitoire où la machine de guerre des différents belligérants va faire preuve d'une ingéniosité destructrice extraordinaire il était de bonne « guerre » que d'utiliser des armes beaucoup moins conventionnelles et ouvrir les portes occultes de procédés magiques aux incroyables possibilités.
Mais l'auteur, en grand spécialiste des littératures dites « populaires » ne va pas se contenter de l'arsenal classique et de toute une magie de bazar. Pour notre plus grand plaisir, il va faire
montre d'une habileté et d'une imagination tout à fait remarquable en utilisant un don exceptionnel dont Bartok est investi : le pouvoir de la musique.
En faisant quelques recherches sur cet illustre musicien, je me suis rendu compte à quel point Jérôme est parvenu à « manipuler » l'histoire, luis donner des méandres plus fantastiques et utiliser le
talent de ce compositeur de génie afin d'inventer de toute pièce un « arme » aux effets redoutables, puisque qu'elle est capable de commander des sortes d'entités, créatures spectrales habitant une
autre dimension et qui utilisent un « pont » musical pour venir agir dans notre monde. Une « porte » sur une autre dimension qui nous ouvre des horizons d'une grande fléxibilité. Cette manière
d'interagir sur le monde qui nous entoure et d'entrer en étroite collaboration avec ces êtres provenant d'un univers parallèle au notre, se révèle d'un grande originalité puisqu'à ma connaissance peu
d'auteurs utilisèrent ce procédé ouvrant ces brèches sur des mondes insoupçonnés. Certains habitués des littératures de l'imaginaire feront sans doute le lien avec une nouvelle de Lovecraft
« La musique d'Erich Zann » où le héros mélomane entretient par le biais de la musique un rapport étrange avec des créatures vivants dans les replis de
notre espace temps
Dans le cas présent, il s'agit d'alliés puissants, d'une grande mobilité et dotés de pouvoirs qui ne seront pas de trop afin de lutter contre les forces du mal à la solde des espions nazis. Nous
ignorons la nature du pacte qu'elles ont convenu avec notre musicien mais en regard de leur mission et du rôle essentiel qu'elles jouent dans notre monde, nul doute que nous les retrouverons dans une
prochaine aventure. Ce sont elles qui vont choisir l'assistante de Bartok, elles qui vont façonner une arme magique pour la tumultueuse Black Becky mais également elles qui vont servir de protecteur
en assumant la garde rapprochée de notre équipe face à la sulfureuse Frau Eva dont les pouvoirs magiques semblent sans limite. Chez cette sombre créature nous avons le mal personnifié, et elle
n'hésitera pas à sacrifier tout ce qui va faire obstacle à sa mission et utiliser un bien ignoble procédé afin de soumettre ses adversaires à son impitoyable autorité : Vous pensiez avoir tout vu sur
la façon de soumettre la volonté d'un individu ? Attendez de voir alors...
L'autre point fort du roman, est l'association entre Bartok et Becky, que je trouve assez savoureuse : le contraste entre l'impétuosité et la réflexion, le « gouffre » culturel entre le nouveau monde
et l'ancien continent, le « héros » emprunt d'un certain classicisme à l'européenne et la jeune héroïne masquée prémisse des vengeurs à l'Américaine. Je ne sais pas pourquoi j'ai reconnu dans cette
jeune impétueuse la fougue de « Hit Girl » la fille de Nicolas Cage dans Kick-Ass. Cette jeune héroïne, qui agit plus souvent par impulsion que par pure réflexion vient compléter ce singulier duo
qui, d'apparence assez hétéroclite, constitue cependant un binôme d'une extrême complémentarité qui donne tout son rythme à l'aventure. Un duo qui vient dans un final apocalyptique, trouver une aide
non négligeable par la présence de Edgar (Varése) avec sa machine à voyager dans le monde astral. Edgar, personnage également emprunté à la vie du véritable Bartok, un autre passionné de musique «
expérimentale », une musique des « sphères » dont l'étrangeté et l'avant-gardisme ne pouvait que susciter de la part de notre écrivain la création de cette incroyable engin qui lors de son voyage
éthéré va provoquer le réveil de la bête.
Peut-être y rencontreront-ils un jour, par ce mystérieux hasard dont les littératures de l'imaginaire ont le secret, le sympathique « Psychagog » qui traîne son ectoplasme dans les ateliers du
Carnoplaste ?
Mais des personnages aussi imaginaires que réels, vous allez en croiser dans cette aventure. Une aventure placée sous le signe de l'imagination la plus délirante, dont certaines situations sont
autant d'hommages à une culture littéraire et cinématographique qui imprègne l'auteur et qu'il nous livre ici sous la forme d'un texte généreux, inventif se laissant lire d'une traite et dont le seul
reproche est sans nul doute la frustration d'arriver aussi rapidement à l'épilogue alors que notre appétit vient d'être d'une aussi belle manière mis en éveil.
Une fois de plus, le Carnoplaste fut à la hauteur de mes attentes et nul doute que vous tomberez également sous le charme de cette musique « dégénérée » en espérant que vous ne plongiez pas trop loin
dans les profondeurs insondables de ces univers extraordinaires, car pour celui qui maîtrise ces folles partitions le voyage sera probablement agréable, pour les autres par contre prenez garde car si
vous plongez un peu trop loin, le réveil risque de se faire dans une belle chambre capitonnée !
Amateur de musique ? Certainement! Excellent écrivain de fascicule? Assurément ! Nous attendons la suite avec impatience.
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