Je m'étonnerai toujours du silence assez extraordinaire qui plane autour de certains livres et
je dois avouer que si mon enthousiasme, parfois considéré comme excessif, est souvent la marque de mon intérêt que je porte à certains auteurs de talents, l'indifférence d'un grand nombre d'amateurs
du genre me laisse assez perplexe et assez décontenancé. Pour preuve, la lecture de mon tout dernier fascicule du Carnoplaste, rédigé d'une main attentive par le sieur Robert Darvel, éditeur de
fascicule de son état et qui, par le biais d'une forme de réhabilitation du roman populaire, nous livre une collection pleine de références certes, mais bourrée d'inventivité et d'idées lumineuses.
Malgré d'attentives recherches sur la toile, il semblerait que son ouvrage frappe d'une amnésie totale et foudroyante nos amis conjecturopathes et fins connaisseurs des littératures de
l'imaginaire.
Ce « L'île du Docteur Corman » donc, ne faillit pas à la règle et dans une histoire comme on aimerait en lire plus souvent, propose en quarante pages sur double colonne,une version
réactualisée de « L'île du Dr Moreau » mais version « Fascicule Bob » dont cet infatigable conteur à la secret. Non seulement c'est un brillant hommage rendu au célèbre écrivain
Anglais, mais avec ce style inimitable « à la manière de..... » ou « comment écrire un roman qui aurait pu être écrit il y a fort longtemps, qui n'existe pas et que je me suis permis
d'inventer ».En faisant un magistral pied de nez à l'histoire de notre passé conjectural, l'ami Darvel accorde une seconde chance au genre, ou une seconde jeunesse, appelez cela comme vous le
voulez, afin de montrer de quoi cette littérature est capable et de balancer un grand coup de pied dans les préjugés. M'étonnerait pas que , dans un lointain futur, des défricheurs de l'imaginaire,
décortiquent avec amour cette collection de fascicules en pensant que le temps, au XXI éme siècle, s'est figé et que notre bonne vielle science-fiction est restée dans cette transe
« rétro-futuriste ».Nul doute qu'il sera vénéré à sa juste valeur par toute une bande d'esprits nostalgiques qui eux aussi penseront que cette littérature avait le goût délicieux des
pâtisseries d'autrefois.....Mais bon, une fois de plus je m'égare !
Nous voici donc dans une histoire d'aventure dans la plus pure tradition, écrite par quelqu'un qui s'y connaît et surtout d'un lecteur attentif ayant bien ingurgité ses classiques.....populaires bien
entendu ! Et de Jean Ray à Wells, en passant par la case Maurice Renard et les romans d'explorations qui firent le bonheur à une époque d'un public avide de sensations, tout y est, mais en
mieux, beaucoup mieux !
Ismaël, le héros du roman, vieux briscard ayant visiblement roulé sa bosse sur toutes les mers du monde, se retrouve, après avoir assisté à un étrange meurtre dans un port mal famé, embarqué sur un
étrange rafiot, le « Susan Cabot ».Un sacré relent du « Fulmar » celui-ci!Embarqué avec un équipage de tronches patibulaires, du genre que l'on aimerait pas rencontrer le soir
dans une ruelle déserte , il doit se rendre sur l'île de Venganza, pour une « mission » dont il ignore tout . Lorsque l'on a besoin de travailler, on ne pose pas beaucoup de
questions , même si l'île en question a de fortes ressemblance avec « Skull Island » . Une fois arrivés à destination, ils découvrent la présence d'une femme, leur commanditaire, dont
les courbes gracieuses sont ponctuées par un voile vaporeux qui cache son visage. Fortement armée et d'un caractère bien trempé,c'est le genre de femme à ne pas bousculer sous peine de se retrouver
avec quelques grammes de bon métal entre les deux yeux. Une expédition s'organise vers un point mystérieux de l'île.Nul ne connaît la destination, mais la tension est palpable dans l'air, une menace
rode......celle-ci va venir les frapper de plein fouet, sans prévenir. Ismaël et sa troublante patronne seront les rares survivants d'un massacre épouvantable et lorsque, la tête à moitié arrachée,
il se réveille sur la table du professeur Broeck, il réalise que celle-ci a été remplacée par une masse métallique.Plus de peau, mais une enveloppe de métal qui au fur et à mesure de l'histoire va se
révéler être un casque « intuitif » pouvant décupler ses facultés mentales et intellectuelles: science folle quand tu nous tiens ! Mais les surprises ne font que commencer et la
rencontre avec un singe doué de la parole, de créatures aériennes les « Sysamnes » et d'autres aquatiques les « Gorgons », les révélations sur les étranges recherches de son
sauveur et de l'invisible Dr Corman, ne feront qu'entretenir cette atmosphère lourde et pesante qui plane sur ce coin reculé et qui n'en finit pas de nous livrer ses secrets. Les véritables
intentions de la redoutable miss Munro et de son effroyable destin vont mettre un terme à cette histoire qui éclate littéralement dans un final digne des plus grands romans de savants fous et nous
propose une vision apocalyptique du probable devenir de notre civilisation : Un grand moment !
Ce roman, nous confirme une fois de plus l'art si particulier de l'auteur de distiller le mystère à petite dose pour venir enfin éclater dans le tout dernier chapitre. On sent, dans le déroulement de
l'histoire, poindre cette passion pleinement assumée pour un certain sculpteur de chair humaine, en participant à son tour à l'édification d'une thématique qui nous réserve encore de belles
surprises, celle du savant fou. En conjuguant avec brio, roman d'aventures exotiques, roman d'action ( certaines scènes de combats sont très dynamiques et spectaculaires), roman mystérieux et un sens
très affûté du « merveilleux scientifique », « l'île du docteur Corman » pourrait préfigurer une future collection consacrée exclusivement à ce type d'ouvrages.
Ponctué par des titres de chapitres se révélant être des films de ce grand réalisateur ( avec des choix toujours judicieux bravo à Christine Luce) que fut ce maître de la série « B », Roger
Corman, il nous rappelle donc à notre bon souvenir que c'est avec les anciennes recettes que l'on compose les meilleurs plats . En jouant sur le double tableau du cinéma et de la littérature, Robert
ne fait que renforcer cette louable passion pour ce « mauvais genre » qui nous est aussi très cher. Il utilise ici, les codes du roman populaire, mais il lui donne un souffle nouveau, qu'il
modernise de façon admirable afin de le rendre, non seulement terriblement plus attrayant, mais indispensable pour une toute nouvelle génération de lecteurs abreuvés de ces nouveaux courants
littéraires, mornes et insipides.
Nul doute qu'il possède encore dans sa prodigieuse caboche en ébullition constante, d'autres projets de la même teneur et nous, pauvres lecteurs drogués à ces ponctuelles injections de purs moments
de lecture, ne souhaitons qu'une chose, c'est que notre fournisseur de came de fascicules populaires, poursuive sa politique éditoriale et nous propose encore et toujours ( ce dont je ne doute pas)
de régulières livraisons d'une telle qualité imaginative.
Saluons et remercions enfin l'illustrateur de cette magnifique double page, notre ami Patrick A.Dumas, qui est probablement à l'origine d'une histoire « partie dans une direction
inattendue » . Comme quoi développer un texte à partir d'une illustration peut se révéler plein de surprises.
Ami lecteur, tu sais ce qu'il te reste à faire et te priver, pour un prix aussi modique, d'un tel plaisir de lecture sous une couverture nous rappelant les fascicules populaires d'antan, serait un
acte vil et impardonnable. Autrement, arrêtez de vous plaindre et passez votre chemin, je n'aurai aucune sympathie pour vous
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