Les romans pour la jeunesse sont à la littérature, ce que les bonbons à la menthe sont aux friandises : C'est croquant, rafraîchissant et ils laissent toujours dans la bouche un goût très agréable pendant un certain temps. Il m'arrive souvent de me laisser aller à me plonger dans ces merveilleuses lectures qui sont toujours une source de découverte et d'émerveillement et je ne boude pas mon plaisir à la lecture de la trilogie de « Sublutétia » de la série « Les chroniques de Kronos » de celle de « Edgar Destois » ou de ma derrière découverte de « Adrien et le train des abysses ». Toute une littérature certes destinée à la jeunesse, mais qui, par son dynamisme et son inventivité parvient, je n'en doute pas à fédérer tout un lectorat en herbe et le destiner vers les immenses territoires de l'imaginaire qui s'offrent à eux. En leur permettant ainsi de leur ouvrir les immenses portes de tous les possibles, c'est toute une future génération d'amoureux de littérature de science-fiction et de fantastique qu'ils vont générer,
Stéphane Tamaillon est de cette catégorie, de ces auteurs généreux et inventifs qui ne cesse de m'émerveiller et de réveiller en moi ce gamin que je n'ai jamais été, à savoir un lecteur assidu de tous ces mondes qui nous transportent au-delà de notre imagination. J'avais déjà eu dans les pages de ce blog, l'occasion de vous dire à quel point sa série « Krine » ( trois volumes) était passionnante et incontournable et du talent de cet auteur nourri depuis sa jeunesse aux classiques de la littérature et du cinéma. Il ne cesse dès lors de se consacrer à cet art difficile et depuis quelques années, il m'arrive d'ouvrir un de ces ouvrages, principalement consacré à la la jeunesse, et qu'il s'agisse de « L'ogre de la couronne » de « Il était une fois dans L'Huld » ou de « L'ultramonde » , le plaisir a toujours été au rendez-vous et les livres ne furent pratiquement lâchés que lorsqu'ils étaient terminés.
Avec ce nouveau cycle de l'Ultramonde intitulé « Les trois pierres de Fâark » débute une saga pleine d'aventures, de mystères, à la découverte de mondes étranges et envoûtants. Ce qui fait la force de Stéphane, c'est de rendre ses personnages attachants et sympathiques et les suivre lors de leurs péripéties est un véritable plaisir pour les Savanturiers en herbe. Car dans ce roman qui mêle avec délice plusieurs thématiques, nous percevons une fois de plus toute l'affinité de l'auteur avec cette diversité des genres qui ne peuvent qu'aboutir au plaisir de la lecture. On devine au travers des lignes, toute cette nourriture conjecturale dont il se délecte depuis de nombreuses années pour nous la restituer sous la forme d'un plat savoureux dont il a le secret. Bien évidemment, nous sentons au travers du périple de ces deux jeunes adolescents, la forte présence de l'univers de Jules Verne, mais revisitée selon son propre univers entre le steampunk, le roman d'exploration et d'aventure mystérieuse. Autant d'ingrédients indispensables afin de passer en un claquement de doigts de notre réalité à celle beaucoup plus complexe d'une multitude de mondes parallèles. Car notre ami n'est jamais à cours d'idées et si le lecteur attentif sera capable de relever les nombreux clins d’œil littéraires et cinématographiques qui parsèment son ouvrage, il sera sous le charme de cet univers foisonnant dont il va vivre les nombreuses péripéties :

Paris 1963, Mathilde et Louis, deux jumeaux, lors de l'inauguration du Géant, dernière invention du célèbre Nadar, vont vivre une expérience hors du commun. Ils vont en effet découvrir à la suite d'une tentative de sabotage de ce magnifique aéronef, que le monde dans lequel nous vivons est peuplé d'affreuses créatures, sortes de métamorphes, qui se nourrissent de notre réalité : les détraqueurs. Ce sont des dévoreuses de mondes que rien ni personne ne peut arrêter, si ce n'est une mystérieuse communauté, les archivistes qui à l'aide des trois pierres de Fâark peuvent stabiliser la cohérence de la multitude d'univers qui se superposent tel un immense mille feuille. Le célèbre Tournachon en possède une, mais pour combien de temps ? Pour les deux jumeaux débutent alors une course folle, dont la destination finale est L'Ultramonde, une île extraordinaire, en dehors de l'espace et du temps, où les époques s’entremêlent, leur révélant au fil de leur périple bien d'autres surprises : êtes-vous prêt à partager leur fabuleuse aventure ?
C'est drôle, dynamique et original, que demander de mieux ! On arrive à la dernière page, le sourire aux lèvres face à tant d'inventivité et d'avoir terminé la première partie d'une saga, certes écrite d'une façon légère, mais qui je n'en doute pas fera le bonheur des jeunes lecteurs pour qui cet ouvrage est destiné, et par la même occasion, celui des amateurs de Savanture dont je revendique l'appartenance.
Le roman jeunesse à bien des choses à dire et je suis heureux de constater à quel point certains auteurs s'efforcent à entretenir cette flamme des « voyages extraordinaires » qui ne cesse de renaître et de se renouveler.

« L'ultramonde » de Stéphane Tamaillon, Volume 1 « Les trois pierres de Fâark », Éditions du Seuil 2015 , couverture de Raphaël Gauthey

Avec le premier tome de « L'ultramonde » Stéphane Tamaillon nous avait entraîné dans l’univers déroutant et terriblement inquiétant d'un monde parallèle abritant d'abominables créatures dévoreuses de réalité. Nous retrouvons dans ce deuxième volume, les aventures de nos deux jeunes héros, Mathilde et Louis, à la recherche de la troisième pierre de Faark, dérobée à l'illustre Tournachon. Ce vol risque d'avoir des conséquences dramatiques sur l'équilibre de la terre et la perte de ce précieux bijou va entraîner notre monde dans un chaos total et dont les prémices commencent à se faire sentir dans notre bonne vieille ville de Paris. Et c'est en compagnie de Jules Verne, Darwin et du tout aussi célèbre Nadar que va se poursuivre cette palpitante odyssée où le lecteur va découvrir bien des choses sur ce monde "parallèle".
Une nouvelle fois, l'auteur nous plonge au cœur d'une folle aventure, partagée entre un rétro futurisme toujours bien pesé et un univers fantastique abritant les pires créatures de nos cauchemars d'enfants. Toute la force de son univers est de rester toujours dans les clous à savoir trouver un juste équilibre entre l'âge des lecteurs à qui il propose ses mondes étranges et une inventivité pouvant également satisfaire les plus grands ayant conservé leur âme d'enfant. Un dur exercice de style dans lequel il trouve pourtant un excellent compromis avec juste ce qu'il faut pour satisfaire aussi bien les uns que les autres.
Franchement, ce volume a quelque chose de plus que le précédent, probablement parce qu’il nous invite à une exaltante visite Savanturière de cet « Ultramonde » qui abrite non seulement une curieuse cité sous-marine rivalisant avec l’Atlantide, mais également un monde terrestre peuplé de Vikings, de dinosaures, de créatures volantes ( il y a un chapitre consacré à un combat aérien assez sympathique) et surtout de l'antre des dérailleurs aux féroces appétits. Une fois de plus, et pour notre plus grand plaisir, il nous concocte un savant mélange de ces propres lectures de jeunesse, mais aussi de tous ces films qui bercèrent et qui bercent toujours son âme de passionné de l'imaginaire. Il n'est ainsi pas difficile de relever les nombreuses références qui jalonnent l'ouvrage et l'on ne peut que se réjouir de percevoir dans l'ombre des ténébreuses créatures, celles du film de Ridley Scott et notamment de l'antre de la reine, sympathique hommage à ce deuxième métrage qui demeure mon préféré. Mais loin de ces nombreux clins d'oeil, il y a l'auteur et son talent habituel et je voulais ici lui rendre hommage, car il est de cette génération qui avec générosité et savoir faire, contribue à faire naître chez une jeune public cet amour et ce goût pour les littératures de l'imaginaire. Il est un véritable raconteur d'histoire sachant créer des univers originaux et passionnants qui ne peuvent que pousser les jeunes lecteurs à lire encore et toujours et de forcer leur curiosité à aller toujours plus loin en se faisant petits rats de bibliothèque en herbe et réalisant patiemment cette quête qui est la nôtre : toujours en lire plus, en découvrir d'avantage. Je félicite ces auteurs « jeunesse » qui génèrent ce nouveau lectorat en sachant capturer leur attention et titiller leur imagination, c'est à la source qu'il faut aller dénicher ces futurs jeunes Savanturiers.
Au final, une saga riche en rebondissement qui, bien que « légère », se laisse lire également par un public plus adulte et je dois avouer, comme je le signalais précédemment, qu'il est toujours bon de se plonger dans cette catégorie de roman, car on y savoure avec toujours autant de plaisir cette fraîcheur salvatrice se révélant une sorte d’échappatoire à la noirceur de notre quotidien. Une bien belle occasion de voyager dans le temps, en tout cas en ce qui me concerne, et d'aller y chercher tout ce que j'aurais aimé y découvrir il y a de cela plusieurs années, toutes ces petites choses dont on fait les bonnes et passionnantes histoires et qui, peut-être, auraient permis de réveiller en moi et de manière plus précoce, cet amour pour la lecture. Nul doute qu'elles seront des pièces de choix pour mes futurs petits enfants et cette fois, ils auront à leur disposition une belle et grande bibliothèque de l'imaginaire comme compagnon de jeu et de voyage.
Un coup de chapeau à mon ami Stéphane Tamaillon, tes livres sont dans ma bibliothèque en bonne place, merci pour ta gentillesse et ta générosité qui se retrouve dans ton écriture et merci également pour ce retour à une enfance littéraire que je n'ai pas eu, nous attendons encore beaucoup de romans de ta part . Un grand bravo à Raphaël Gauthey pour sa magnifique couverture, qui nous donne encore plus envie d'ouvrir ce sympathique petit roman et de s'y plonger avec délectation.