Tom Costa est un survivant des temps futurs, un héros de l'ombre qui ne va pas tarder à sortir de l'anonymat et participer à la reconstruction d'une société moribonde qui ne connaît plus de règles et où le système D, les combines et les meurtres crapuleux sont de mise. Car voyez vous dans un avenir pas si éloigné que ça, les derniers survivants d'un immense chaos programmé se regroupent dans des sortes de communautés, fonctionnant sur le modèle clanique et tentent de survivre, bien retranchés dans leurs villes forteresses. A « L'extérieur », les HM (Hors murs) font une chasse impitoyable à ces privilégiés dont l'arrogance ne suscite que le mépris d'une horde de parias hirsute qui finalement préfère vivre hors murs, hors règles échappant ainsi à une société à l'origine de cet immense chaos.
Costa lui est un volant qui vivote avec son « coucou », assurant la liaison entre différentes communautés de l'île de France. Il profite ainsi de ces « va et vient » pour pratiquer le troc et échange
quelques pièces rares, voir même de la nourriture pour la plus grande satisfaction de son mentor « Armand ». Lui c'est un sage, doublé d'un hippie qui ne cesse de balancer des citations en latin à
tout va et dont la philosophie et la bienveillance tente de percer les ténèbres d'une période bien difficile. Pourtant parfois les apparences sont trompeuses....
Un jour,suite à un accident d'avion, Costa va se retrouver dans une histoire qui dépasse son entendement. Un lute de pouvoir pour la suprématie de territoires à l'échelle de notre pays, de l'Europe
et qui sait....Chargé de former de jeunes recrues au métier de pilote, Tom découvre les enjeux de ces luttes intestines où se greffe une menace d'invasion encore plus redoutable. De mystérieuses «
brigades noires » venant du Nord, suréquipés et d'une cruauté implacable semblent vouloir tout raser sur leur passage et balayer d'un revers de la main toute tentative de résistance.
L'histoire se répète et dans cet arsenal découvert par le héros de cette odyssée, point final où la tension est à son comble, nous apprendrons de biens terribles secrets qui pourraient bien sceller notre destin, remettre en jeu notre supériorité toute masculine. Les masques tombent, la lumière se fait. Les révolutions, les guerres, les exterminations passent, l'homme dans sa quête de pouvoir et de son arrogance sans limite, n'a que faire des dommages qu'il peut causer. L'homme est un loup parmi les loups, agissant selon ses propres codes et peu importe s'il reproduit les mêmes erreurs. Dans son insignifiance ultime, il se donne une illusoire importance. Ne sommes nous pas une quantité négligeable dans ce vaste échiquier cosmique, un battement de cil, la portion infinitésimale d'un vaste tout dont le devenir n'a pas la moindre importance et pour cause sous le regard distrait du vaste univers et du temps qui passe, même les étoiles s'en balancent !
On retrouve dans ce bouillonnant roman pots apocalyptique, tous les ingrédients d'un petit chef d'œuvre du genre, bien orchestré, intelligemment construit et foisonnant d'idées. Le héros, est le symbole de cette figure mythique et charismatique du personnage pour qui le lecteur aime à se prendre d'une certaine empathie, et nous savons dès les premières lignes que nous serions prêt à le suivre jusqu'au bout du monde. Le genre de pote que l'on aimerait avoir en cas de coup dur et qui plus est si par malheur, la fin de notre civilisation venait à poindre le bout de son implacable nez.
Mais je crois surtout que Tom Costa est à l'image de son auteur, généreux intrépide, ne tenant pas en place et prêt à se sacrifier pour une juste cause. Car dans ce roman, notre sympathique aviateur
est avant tout un homme de terrain et d'action pour qui voler est la seule et unique raison de vivre. A l'image de ses étoiles qui ont bien raison de s'en balancer, il pourrait continuer à vivre sa
vie « pépère » et regarder par le petit bout de la lorgnette, les hommes s'entredéchirer pour une lutte de pouvoir vaine et futile, mais il sait très bien que de lui va dépendre le tournant d'une
toute nouvelle histoire de l'humanité, qu'il le veuille ou non, son nom est inscrit en lettre de sang sur cette page qui est en train de s'écrire.
Toute l'originalité de ce pavé de presque 500 pages qui se dévore avec une facilité déconcertante, signe évident d'une écriture aussi limpide que jouissive, est la facilité avec laquelle Laurent
Whale nous campe cet univers. Tous les éléments de ce gigantesque puzzle, s'imbriquent parfaitement, jusqu'à la révélation finale si « logique » et à la fois surprenante. Cette société qui peine à
reprendre son souffle est le reflet d'un monde qui n'a de cesse encore et toujours de convoiter la propriété de son voisin et l'on est presque à souhaiter qu'elle finisse comme elle a toujours vécue,
arrogante, misérable, dérisoire.... Une fois de plus et comme l'histoire à cette fâcheuse tendance à vouloir reproduire les mêmes erreurs, ce hiatus sociétal est le fait d'hommes peu scrupuleux qui
ne rêvent que de gloire et de puissance : Bis répétita !
L'autre élément déterminant, est cette menace qui se précise au fil des pages, se matérialisant sous la forme de cette invasion venue du Nord, qui n'a rien de surnaturelle mais qui symbolise tout de
même quelques fléaux implacables et dont l'avancée inexorable ne semble souffrir aucune opposition. Un seul homme est à même de pouvoir s'opposer à cette « marée noire » dont l'identité , que je ne
révélerais pas ici sous peine de déflorer l'effet de surprise, nous rappelle étrangement ces déferlantes d'armées barbares qui dans l'antiquité et le moyen âge, rêvaient de soumettre l'Europe à son
terrible joug.
Il lui faudra alors toute la sagacité et l'esprit d'aventure pour trouver une solution et, luttant contre vents et marées, faire ce qu'il maîtrise le mieux : Voler !
Ce roman est un véritable chant d'amour au plus lourd que l'air et le descriptif des machines volantes qui nous sont décrits, est un véritable catalogue du système D en matière d'aéronautique.
Incroyable personnage que ce Laurent Whale qui non seulement parvient à nous captiver avec un roman de piraterie (« Les preneurs d'âmes ») fort recommandable par ailleurs, nous enthousiasme avec cet
hommage aux héros de l'air, ces « merveilleux fous volants » dont le courage est tout aussi proportionnel à leur inconscience. Voyez vous, pour voler dans de telles conditions, comme dirait Hemingway
le tout est de savoir : « En avoir ou pas ! ».
Alors avec un malin plaisir, comme si dans une autre vie l'auteur était un maniaque du manche, il nous décrit avec force précision, cet univers où les hommes se plaisent à côtoyer les nuages, défiant
les lois de l'apesanteur pour notre plus grand plaisir. Ici point de termes techniques pouvant alourdir le propos, de l'action, toujours de l'action et des faits décrits avec un langage qui frise
tout le temps une décontraction toujours fort à propos.
Les scènes de batailles, qu'elles soient sur terre ou dans les airs sont toujours décrites avec une aisance et une maestria qui enchantent le lecteur et les pages tournent et tournent encore à une
vitesse folle, impossible de lâcher le bouquin, chaque chapitre donne envie encore d'aller plus loin. Finalement on arrive en fin de volume...Quoi déjà ! Et l'on perçoit au fond de soi l'agréable
sensation d'avoir lu quelque chose de vraiment bien et de ranger le précieux volume avec la ferme intention de le prêter à un ami désireux de passer un agréable moment de lecture.
J'avais à l'époque de sa sortie, fait l'impasse sur cet excellent roman, mais la collection « Trésors de la Rivière Blanche » fut, fort heureusement là pour me rappeler de ne pas reproduire
deux fois la même erreur.
Sur le second plat de couverture, la présentation de ce pétillant et sympathique personnage fait référence à Gilles Thomas ( Julia Verlanger Eliane Taïeb de son véritable nom) et je pense que la
comparaison avec cet extraordinaire auteur est à la mesure de ce roman d'une excellente tenue et qui nous démontre d'une façon aussi éclatante, si besoin en était,que l'imaginaire Français traverse
une période faste où s'exprime des écrivains au talent immense.
Dans ce « Les étoiles s'en balancent » allusion évidente au titre d'un certains Pierre Versins coupable de « Les étoiles ne s'en foutent pas » (édition
Métal « Série 2000. 1954) le ton est déjà donné et le titre à lui tout seul donne à sa simple lecture, une idée de l'écriture qui, à l'image du personnage, est franche, directe, pleine de gouaille,
de fureur et de passion.
Pour terminer, saluons l'artiste de cette belle couverture (élément déterminant dans l'achat d'un ouvrage), qui est aussi impressionnante que celle de la première édition, bien que possédant une
nette préférence pour celle de Jeam Tag. En effet, cette vue aérienne de Jeam, rend bien hommage au fond du roman qui certes parle d'un univers post apocalyptique, mais qui n'hésite pas à mettre en
valeur le coté « aéronautique » du roman, pivot principal de l'action. Pour la réédition, les ruines de Paris sous la neige avec ce garde noir en premier plan est assez sympathique mais je trouve
personnellement que l'avion manque d'un certain réalisme, je ne sais pas il fait un peu pièce rapporté...mais bon c'est histoire de chercher la petite bête.
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