Je vous avais déjà fait part de toute mon admiration pour Laurent Whale lors de mes deux précédents coups de cœur concernant « Les pilleurs d'âmes » et « Les étoiles s'en balancent » ( voir sur cette même page) et comme le bougre est bourré de talent le voilà qu'il recommence à titiller mon appétence pour les romans d'aventures matinée de SF avec un tout aussi excellent roman post-apocaliptique « Les damnés de l'asphalte ». Et comme il n'est jamais trop tard pour dire du bien de ses amis et de leur œuvre, je voulais en quelques lignes vous livrer mes impressions.

En reprenant le même univers déjà croisé dans le premier volume, l'auteur nous prouve que le talent est amplement suffisant pour nous écrire un pavé de 480 pages sans pour autant plonger dans une forme de redondance et nous livrer bien au contraire un roman encore plus palpitant et original. Le livre est, une fois de plus, à l'image du personnage : pétillant, explosif et terriblement passionnant. Une fois la situation mise en place, ce qui ne lui prend guère de temps, l'auteur ne s'encombrant pas de digressions inutiles, il nous ouvre ici les portes d'un univers riche, complexe et extrêmement dangereux dominé par la débrouillardise et la loi du plus fort. Dans ce monde dévasté que le héros, déjà rencontré dans le premier roman quinze ans plus tôt, va traverser à la recherche de ses deux frères, tout n'est que ruines et désolation. Aidé par un petit groupe d'amis, ils vont faire face à toute la barbarie des hommes qui, comme eux mêmes, doivent s'adapter à un monde hostile et aride où la clémence et la charité ne sont plus de mise. Ils ne devront leur survie que grâce à une rage de vivre extraordinaire, une témérité à toute épreuve et surtout la présence d'armes à feu qui entre leurs mains deviennent une puissante réplique à toute l'agressivité des coyotes sans foi ni loi rencontrée lors de ce périlleux voyage. Car dans cette quête qui vont les conduire dans un coin reculé de l'Espagne, leur chemin ne cessera de croiser hordes sanguinaires, fanatiques religieux, villes maudites et bien pire encore.... Laurent nous plonge de manière insidieuse, par paliers progressifs, dans un univers où tout sens de la morale à disparu, où les hommes se livrent à leurs instincts les plus vils ne s'encombrant pas d'une morale qui depuis des lustres a abandonné notre bonne vielle planète !
S'il devait y avoir un maître-mot à retenir dans cette saga où règne le chaos, nul doute que ce serait un sens assez affiné de l'aventure avec des personnages attachants et haut en couleur et des situations décrites avec un rythme tout à fait époustouflant. Voilà un livre qu'il est difficile à relâcher une fois que vous l'avez dans les mains : scènes de combats bien menées, descriptifs d'un monde abandonné des dieux, digne des plus beaux passages de Mad Max, un quête impossible proche d'une saga de Cervantès, sauf que cette fois, ce n'est pas une chimère que le héros tente de poursuivre. Bref, un roman jubilatoire qui ne possède qu'un seul défaut, celui de se terminer.
Dans la lignée des grands textes de P .J.Heraut et de Julia Verlanger, avec Laurent Whale, la SF Française à sans nul doute en son sein un écrivain de talent qui en plus d’être un homme d'excellente compagnie est habité de cette géniale étincelle capable de mettre le feu à un public complètement conquis par son écriture plaisante et alerte. Et si, dans une apocalypse finale, lors de cette ultime découverte dans un cadre ou la science se mêle à l'horreur, la note est à ce point positive, c'est que Laurent a un profond respect de ses lecteurs et qu'il sait que le monde n'est pas si pourri que ça et qu'une faible lueur d'espérance brille encore à petit feu !
Plus noir, plus violent et encore plus passionnant que le précédent. Bravo ! La preuve supplémentaire que ta gentillesse n'a d'égale que ton talent
Alors cher ami et fidèle Savanturier à quand le troisième et peut-être dernier tome ?

« Oui, nous sommes un peuple de la route. Condamnés à transhumer éternellement dans un monde où les pâturages eux-mêmes se déplacent. Troupeau maigre et frénétique, broutant le goudron. Errants qui s'ignorent.
Des damnés de l'asphalte »