Il y a dans ce dur métier qu'est la littérature, bien des aléas et certains auteurs qui me liront connaissent bien ce stress qui est le leur à la sortie d'un
livre : comment le public va-t-il percevoir mon texte ? Leur vie est faite de hauts et de bas, de craintes et de doutes, de joies et de peines face parfois à une critique assassine. Mais je
pense que ce qu'il y a de plus difficile pour un écrivain, c'est la sortie de son tout premier roman et d'attendre, non sans un grande appréhension doublé d'une nervosité toute justifiée, l'avis de
ces lecteurs qui finalement tiennent un peu ce foutu destin entre leurs mains. J'évoque bien souvent cet état de fait, en parlant de cette race un peu particulière qui,sans ne rien faire, si ce n'est
tourner des pages confortablement installé dans son fauteuil, accorde sa bonne grâce en émettant un avis favorable ou non et encore pire qui bien souvent ne dit rien du tout. Alors une fois n'est pas
coutume, de mes deux doigts malhabiles sur le clavier de mon ordinateur, je vais essayer de vous parler de ce dernier petit coup de cœur, pour une personne qui en a plus qu'à revendre tellement son
écriture est généreuse et originale.
Habituée depuis quelque temps à la mise en écriture de ses pensées et de ses réflexions au travers d'un site dont l'intelligence n'a d'égale que cette simplicité qui est l'apanage des personnes
érudites, puis par la lecture d'une nouvelle dans la désormais très célèbre anthologie « Bestiaire humain » pour enfin pousser les magnifiques portes du Carnoplaste de l'ami Robert Darvel
avec un fascicule tout en tendresse, délicatesse et originalité, je guettais depuis longtemps l'arrivée de son premier véritable roman au titre prometteur et à la couverture intrigante. Mais quelque
part, je n'étais pas inquiet, connaissant les goûts sûrs de l'éditeur qui lui accordait ainsi sa confiance, et nous ne remercierons jamais assez André-François Ruaud pour son extraordinaire flair, et
la qualité d'écriture de Christine pour qui manier le langage semble être d'une aisance toute naturelle. Une chose est certaine, j'aime avoir raison et ce n'est pas la lecture de « Les paillons
géomètres » qui apportera la preuve du contraire.
Venons-en rapidement sur le fond, car finalement, il vous suffira de regarder sur la page de l'éditeur et d'en saisir quelques fragments pour comprendre de quoi il en retourne, à savoir une histoire
de fantômes ( car les bougres sont plusieurs) dont un est chargé de mener une enquête dans le monde des morts en passant par celui des vivants et de deux ravissantes jeunes femmes dont une fameuse
médium, Mary-Gaëtane LaFay,et chargée quant à elle de mener une enquête dans le monde des vivants en passant bien naturellement par celui des morts. Curieuse coïncidence dans ce roman au géométrique
énoncé, nous pourrions nous arrêter avec ces trois protagonistes à un simple triangle, mais l'auteur se veut plus complexe dans sa démonstration et nous bonifie d'une quatrième élément afin de
compléter sa quadrature du cercle. Un cercle aux allures assez complexe par définition, mais comme Christine s'y entend mieux en littérature qu'en mathématique, elle nous tisse entre ces différents
personnages une relation pour le moins étrange, voir impossible, mais qui, au fil des pages,va prendre forme et se révéler indissociable. Il faut dire que la relation entre morts et vivants n'est pas
une chose des plus facile et il faudra toute la pugnacité, la témérité et ce besoin de vérité, pour arriver à une complicité des plus….. Surnaturelle !
De cette histoire d'un amour fou qu'un homme voue à sa bien-aimée et qui n'aura de cesse de la retrouver, Christine nous peaufine un récit mâtiné dune histoire de détective de l'étrange aux ressorts bien plus complexes qu'il n'y parait,sur fond de drame d'un amour impossible ( et même d'amours impossibles) et habité par des personnages attachants et pour le moins originaux. Le contexte temporel, en outre, fera les délices des amateurs de littérature Victorienne avec son ambiance si particulière. Le décor est en place, voici pour le fond. Pour ce qui est de la forme, voilà un exercice de style qui, si bon nombre de lecteurs pourront être déroutés, n'en est pas moins flamboyant et brûle des mille feux dont l'auteure parvient à si bien nous réchauffer. Car son langage, volontairement désuet pour l'occasion, nous apporte la preuve supplémentaire de tout son savoir et ce dont elle est capable avec les mots. Le choix de son histoire pouvait se révéler casse-gueule, car il y n'existe pas à mon avis plus difficile exercice que celui de décrire le monde des morts qui plus est lorsque l'un de ses représentants doit nous raconter la façon dont il perçoit celui des vivants et vice-versa bien entendu. Nous évoluons ici en terrain inconnu où la sensation est aussi importante que le visuel et parvenir par de simples mots à nous faire vivre ce genre d'expérience tout en restant plaisant à lire et parfois même amusant, est une gageure que peu d'écrivains auraient osé aborder lors d'un premier roman. Mais Christine à plus d'un mot dans son sac et elle jongle avec eux comme un acrobate ivre d'amour et de littérature et nous compose avec sa prose toute spécifique un univers à la fois drôle, angoissant, mystérieux et beau : toute la délicatesse d'une monde évanescent qui se perçoit plus qu'il ne se raconte !
Les personnages y sont attachants et je dois
avouer mon faible pour l'assistante de la médium, Miss Maisy, prête à s’encanailler à la moindre occasion. Ce qu'il y a de tout aussi étonnant, c'est qu'au final, on a presque l'impression d’être
dans un huit-clos. Certes les personnages bougent, changent d’endroits, en cela le roman n'a rien de statique, mais on a l'impression, depuis la rencontre du fantôme ,se faisant appeler
« l’enquêteur », et de la médium, que le temps se fige et pour cause, c'est le salon de cette dernière qui va servir de porte, d’accès vers cet au-delà habité par de bien étranges créatures
dont l'arpenteur, une figure inquiétante du roman, à l'allure et aux intentions plus que troubles, n'est qu'un petit aperçu de cet outre-monde dans lequel nous entraîne Christine .Mais il n'y
avait nul besoin de nous y forcer, notre choix en lisant les premières pages, était déjà fait !
Les chapitres se succèdent ainsi à une vitesse folle, soutenus par une langage riche, volontairement vieillot par certains côtés, mais tellement plaisant à lire. Certes, je ne vous cache pas qu'une
telle densité en terme d'écriture risque de désarçonner quelques lecteurs, on devine entre les lignes une sensibilité extrême que Christine exprime par un langage soutenu, toutefois, elle parvient
toujours à trouver un équilibre parfait, et le fait de marcher continuellement en équilibre entre richesse de son vocabulaire et légèreté dont elle aborde nombre de situations, me font penser à
« l’enquêteur », le principal protagoniste de ce roman, toujours en équilibre entre les vivants et les morts, le solide et l'évanescent, l'imaginaire et le réel. Il leur faudra alors une
bonne dose de courage et de sagacité pour résoudre cette mystérieuse énigme, unir leurs forces et surtout ne jamais perdre pied, car l'horreur qui va se révéler au bout de l'aventure pourrait les
plonger dans une éternelle folie et si les morts n'ont pas grand chose à perdre, si ce n'est un amour impossible, les vivants eux pourraient voir leur âme corrompue à tout jamais.
Un roman qui nous plonge dans un monde occulte, complexe et foisonnant, habité par des personnages attachants et charismatiques et trouvant un parfait équilibre entre noirceur , délicatesse et
humour. Tout cela ne faisant que confirmer le talent de cette nouvelle venue chez les moutons électriques, mais de cela, nous n'en doutions pas une minute. Nous attendons alors avec impatience son
prochain roman, car une fois qu'un telle machine est lancée, il ne faut surtout pas l’arrêter.
Saluons pour finir le magnifique travail de l'artiste, Melchior Ascaride, qui vient de parfaire avec brio son extraordinaire savoir faire, nous gratifiant de plus pour cette édition d'une superbe
couverture collector pour celles et ceux qui auront eu le bon sens de commander l'édition en tirage limité., bénéficiant d'une belle mise en page et d'un très beau papier. Que les autres se
rassurent, l'édition « classique » est tout aussi belle, et ce qui semble évident, c'est qu'avec un tel potentiel chez cet éditeur, les lecteurs, outre le fait de tenir entre les mains des
ouvrages d’excellentes factures par le choix des écrivains, vont pouvoir se délecter en plus de très belles couvertures........si après ça le lecteur n'est pas comblé et ne se décide pas à plus
s'exprimer !
Rejoignez le groupe des Savanturiers sur Facebook
"A ma mort, je souhaite léguer mon corps à la science-fiction" Steven Wright. Acteur et réalisateur Américain
Découvrez cette nouvelle page entièrement consacrée à Henri Lanos
Pour une Esquisse Bibliographique de Maurice Renard , Père du" Merveilleux Scientifique"
Ici on aime l'aventure et les voyages extraordinaires
Un long métrage d'un jeune réalisateur qui fleure bon les séries d'antan
Derniers articles en ligne
Une exposition incontournable à la BNF, toute en finessse et érudition: Magnifique!
Cliquez sur l'image pour accéder à l'article et les photos de l'exposition
L'auberge entre les mondes: Péril en cuisine" de Jean-Luc Marcastel, pour lire l'article cliquez sur l'image
"Sherlock Holmes aux enfers" de Nicolas Le Breton. Pour lire l'article, cliquez sur l'image
"Espérer le soleil" de Nelly Chadour .Pour lire l'article, cliquez sur l'image
"Pierre fendre " de Brice Tarvel pour lire l'article cliquez ici
"La fin du monde est pour demain" pour l'article cliquez sur l'image
"Le monstrologue" pour lire l'article, cliquez sur l'image
"les planétes pilleuses" de Jean-Pierre Laigle. Pour lire l'article, cliquez sur l'image
"Une journée en l'an 2000" Pour lire la nouvelle cliquez sur l'image
Maurice Renard par Jean Cabanel. Cliquez sur l'image pour lire l'article
Pour accéder à l'article, cliquez sur l'image"
"L'aviation: journal de bord"
Pour l'ire la nouvelle, cliquez sur l'image
Pour accéder à l'article, cliquez sur l'image.
Pour accéder à l'article, cliquez sur l'image
Pour accéder à l'article, cliquez sur l'image
Pour accéder à l'article, cliquez sur l'image
Pour accéder à l'article, cliquez sur l'image
Pour accéder à l'article, cliquez sur l'image