Lorsque dernièrement, nous avons eu avec Brice une conversation au téléphone, nous évoquions le côté décalé de son
écriture et il m'avoua qu 'avec l'âge, il se lâchait de plus en plus, empruntant un chemin quelque peu tortueux, mais ô combien plus jouissif pour le lecteur. Ce constat se fait écho dans son
dernier roman et il ne pouvait y avoir meilleur label que celui de « Ovni éditions » pour mener à terme ce projet de roman post -apocalyptique, aussi fou que.......atypique. Mais c'est un
mot qui ici prend une importance toute particulière, car il vient non seulement confirmer une fois de plus le talent de cet homme qui semble rajeunir au fil de ses romans, mais marquer de façon
durable l'horizon de l'imaginaire français avec un style qui fait mouche et une énergie qui ne semble pas prête de se tarir. Brice c'est la force tranquille, ce merveilleux faiseur d'histoires qui
parvient toujours à dérider le lecteur et lui faire prendre conscience que ce n'est pas l'age le plus important, ni l'expérience, mais la façon dont on va modeler une histoire selon son propre
univers, sa propre folie et en faire quelque chose qui malgré un verni légèrement éraflé, le roman « fin du monde » pourrait se révéler casse-gueule ou du moins nous conforter dans une
impression de déjà vu, laisse présager un texte jouissif à souhait.
L'auteur à cette merveilleuse faculté de nous créer des personnages pouvant nous évoquer ces figures atypiques et autres salles trognes rencontrées dans les romans de Jean Ray ou des grands
classiques du polar et de se les approprier, de les personnaliser, de leur donner une vision inédite en leur attribuant une identité et une texture qui sans nul doute est sa marque de fabrique, son
code barre, son ADN. Il y a dans son univers une galerie de personnages complètement marginalisés qui tentent coûte que coûte de s'adapter dans le monde dans lequel la survie est une question de
débrouillardise, de roublardise où l'individu doit penser avant tout à sa propre personne. Ses héros, n'ont rien de vraiment exceptionnel, ils s'adaptent voilà tout car leur environnement est parfois
cruel, souvent impitoyable et dans cette lutte pour une survie toute relative, il faut avant tout penser à soi.
Ainsi dans « Une camionnette qui servait de volière » titre romantique en apparence, se cache en fait un microcosme , en l’occurrence un petit village, avec tous les composants de notre
société actuelle, avec ce qu'elle de plus « affreux , sale et méchant ». L'auteur nous brosse alors une galerie de portraits atypiques, de marginaux de l'apocalypse qui parviennent à se fondre
dans un décor qui vient de s'imposer à eux et qu'il leur faudra domestiquer avec les moyens du bord. Dans cet univers hors norme que Brice a toujours affectionné, j'aime ce regard blasé, mais
parfaitement lucide qu'il porte sur un monde que bon nombre pourrait qualifier de paria, mais qui finalement n'est pas si loin de la réalité. Nous assistons alors médusé à ce défilé de mode d'un
genre particulier avec Zuzu la fille aux cheveux qui poussent de guingois, gobe mouche dont le seul objectif est d'enfourner son vermicelle dans la plantureuse Nanachina , un droïde qui a perdu la
partie supérieure de son corps et qui s'exprime par son vagin, Kadou qui entretient une bien curieuse faune animale dans cette fameuse camionnette, des insectes aux propriétés hallucinogènes, les
Xylolâtres vouant un culte sans nom au règne végétal et puis Riza, la belle noire captive des Scruts, survivants d'un monde à l'agonie, et dont le destin va être étroitement liée au sort des héros de
ce road-movies apocalyptique, parfois traversé par un dirigeable, symbole d'un monde en régression et de l'amour immodéré que porte l'auteur aux choses anciennes. Mais vous parler de tous les
personnages et des aberrations qui parsèment cet ouvrage, consisterait à vous faire un inventaire à la Prévert, un listing des plus incongrus pour ne pas dire frisant le cauchemar.
Tout dans ce roman frôle l'absurde et le décalé, mais dans le bon sens du terme, car à l'image de son précédent « L'or et la toise » Brice nous précise les contours de son univers original
et particulièrement intéressant, avec un vocabulaire qui lui est propre un peu comme s'il avait inventé cette curieuse machine dont nous rêvons tous et qui nous permettrait d'accéder à des univers
bien réels et non pas le produit de nos fantasmes inavoués. Avec des romans comme « Dépression » , « Pluie de plomb sur Pluton », ce fameux diptyque de « L'or et la
toise » (dont vous trouverez la chronique dans ces pages) et maintenant ce jubilatoire « Une camionnette qui servait de volière » il nous confirme toute le savoir-faire et la maîtrise d'un
auteur qui est passé expert dans la réalisation de romans barrés et déjantés, mais avec une telle logique, une telle poésie et avec une telle richesse du langage que les situations cocasses se
succèdent avec une intense frénésie. Je sais que sa modestie et sa simplicité ne feront que réfuter ce que nous savons déjà mais il ne serait pas faire preuve d'une trop grande flagornerie de dire
qu'il y a eu une après Jean Ray, un après Brussolo et qu'il aura très certainement un après Brice Tarvel.
La courte nouvelle qui fait suite au roman « Enfin l'apocalypse », est dans la même veine, un petit bijou d'humour noir qui ne fait que confirmer la bien piètre opinion que l'auteur se fait
de l'espèce humaine.
Décidément, qu'il s'agisse de romans ou de nouvelles, il navigue en toute quiétude sur l'océan du langage avec la même facilité que ce vieux briscard à la barre d'un Fulmar, toujours aussi fringant,
et qui cabotine pour le plus grand plaisir des lecteurs, mais de la race de ceux qui savent déceler l'originalité, la finesse d'esprit et toute la poésie d'un imaginaire en constante maturité.
Petite mention particulière pour la couverture de Jean-Claude Claeys qui outre un talent de dessinateur exceptionnel, nous révèle une grande sensibilité de photographe et je ne peux que vous inviter
à aller faire un tour sur sa page Facebook pour prendre la pleine mesure de la justesse et de la finesse de son œil « artificiel »
Bravo à toute l'équipe de OVNI encore du bon boulot !
« Une camionnette qui servait de volière » de Brice Travel. OVNI éditeurs d'autres réalités.Décembre 2016.204 pages. Couvertures de Jean-Claude CLAEYS
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