« Wendigo » : Toute la saveur du frisson à l'ancienne
Je viens de terminer enfin le premier volume de la revue « Wendigo » et je dois dire que même en connaissant le bon goût de l'anthologiste, la lecture de ce recueil fut une agréable surprise.
Il faut dire que Richard D.Nolane, au cour de sa carrière, accorda à la littérature fantastique une attention toute particulière, en publiant de nombreuses nouvelles Anglo-saxonnes. Le genre d'initiative des plus réjouissante en regard d'un certain dédain que nombre d'éditeurs éprouvait pour un genre somme toute assez marginal. On se rappellera de son excellent anthologie « Les masques de la peur » paru aux nouvelles éditions Opta en 1983 pour le fiction spécial N°33, et de la collection qu'il dirigea chez Garancière de 1985 à 1987. Avec seize titres au total, la collection « Aventures Fantastiques » fut le moyen au public Français de découvrir des aventures colorées, mystérieuses et envoûtantes avec des auteurs comme Poul Anderson,Jack Williamson ( superbe » Sang doré »), Charles R.Saunders, l'extraordinaire « Dr Nikola » de Guy Boothby (connu en France grâce à son superbe roman fantastique « Pharos l'Egyptien » réédité chez Néo Plus en 1987) et surtout en ce qui me concerne, grand amateur de détectives de l'étrange, le très célèbre « Erasmus Magister » de Charles Sheffield.
Mais son activité des plus fébrile ne s'arrêtera pas à cette simple fonction de « collecteur » de textes essentiels, infatigable il écrira également dans des domaines très variés. Sa plume féconde se rencontrera dans la série des « Blade », rédigera des études sur la Cryptozoologie, rédigera un « Who's Who » de la littérature fantastique et de l'horreur de 1860 à 1923, auteur du roman « Les démons d'Abidjan » et de nombreuses nouvelles publiées dans les revues « Fiction », « Ténèbres », ou « Solaris » ( l'ensemble de ses textes sont rassemblés dans un volume paru chez Rivière Blanche, « Séparation de corps »), scénariste de nombreuses BD, chez « Soleil », « Harry Dickson », « Les tigres volants », « 20 000 siècles sous les mers », il réalisera enfin une très intéressante étude sur le vampirisme « Vampires, une histoire sanglante ». Traducteur, critique, la liste serait trop longue pour vous faire ici le résumé de la carrière d'un véritable passionné du genre, d'un personnage ouvert et disponible qui malgré sa culture prodigieuse reste d'une grande simplicité et d'une extrême gentillesse.
Alors, comme je ne lis pas que des choses anciennes et surannées et que de temps en temps j'ouvre un livre dont la date n'affiche pas toujours le centenaire sur la page de garde, je me suis dit qu'il serait également sympathique de vous faire part de mes coups de cœur, ou de vous parler d'un ouvrage qui mérite toute notre attention. Aujourd'hui donc, actualité de ce billet oblige, je vais vous parler un petit peu du premier numéro de la revue « Wendigo » que vient tout juste de créer notre ami. Déjà le titre est tout un programme et dans notre mémoire, c'est le nom d'une terrible créature Amérindienne, aux appétits redoutables, une vision cauchemardesque et terrible des terreurs qui se terrent dans les forets du Nord du Canada.
Immortalisée par l'écrivain au nom prédestiné de Algernon Blackwood dans un nouvelle publiée en 1972 aux éditons Denoël « Présence du futur » dans le recueil du même nom, cette créature mystérieuse et redoutable ne pouvait qu'inspirer fascination, mystère et respect. Je crois que l'on ne pouvait pas lui rendre plus bel hommage qu'au travers le titre d'une revue qui renferme en elle toutes les qualités propres au domaine de l'imaginaire.
Avec un sommaire assez varié d'auteurs que nous ne connaissons pour la plupart que de nom, c'est une immense joie que pouvoir enfin découvrir le talent de ces écrivains complètement oubliés ( si ce n'est des spécialistes). D'autant plus que la France, en petite égoïste, ne prête pas facilement son intérêt à cet aspect de la littérature fantastique qui pourtant ne manque pas de talents. Un volume donc dominé par des femmes fatales avec la nouvelle qui débute l'ouvrage « Purification » de Robert Barr, que les « fans de la première heure » comme moi avaient déjà eu la joie de découvrir dans la regrettée « Presses du crépuscule », suivra « La femme de Jackson » de Victor Rousseau, un auteur dont nous avons la traduction d'un de ses romans « L'œil de Balamok » (Editions Antarès collection « L'or du temps » N°1 1991) et pour finir cette thématique « Le médaillon » de D.O.Marrama, l'amour d'une visage peint peut-il vous conduire à la folie ? Trois nouvelles, trois petites perles, de sensibilté, de finesse ou l'horreur est distillé d'une maniére subtile et délictate pour ensuite venir vous exploser à la figure.
Vient ensuite une autre thématique, que j'affectionne plus particulièrement, celle des légendes de la mer. Entre la terrible « Le destin du Hollandais volant » de Georges Griffith et la terrifiante « L'horreur des profondeurs » de Morgan Robertson, je dois avouer que mon cœur balance.La première, avec un style percutant nous raconte les affres du héros qui,en nous faisant vivre la vie difficile des marins et leurs craintes superstitieuses des mystères de la mer, se trouve confronté à la plus terrible des légendes maritimes « Le hollandais volant ». Nous sommes dans un style proche de W.H.Hogdson, une ambiance pesante et méphitique. Cependant l'ambiance de la seconde qui nous raconte quand à elle,la tragique histoire de ses marins prisonniers sur leur propre navire et qui meurent, les uns après les autres victimes d'une monstruosité marine, une pure merveille.Une ambiance lourde et pesante, un huis clos terrifiant ou le tueur n'est autre qu'une redoutable créature des abysses... je me suis particulièrement régalé. De plus, cerise sur le gâteau et concernant cet auteur, j'ai découvert son incroyable histoire à propos de son roman « Le naufrage du Titan » : Incroyable, pour ne pas dire surnaturel ! Si vous voulez en savoir plus, achetez le recueil, c'est passionnant.
Vient ensuite la nouvelle de l'auteur qui nous est le plus familier « Nom d'un bouc vert » puisqu'il s'agit de Seabury Quinn, auteur de l'impossible « Jules de Grandin ». Sa nouvelle « L'idole de pierre » quoique de facture assez classique et qui nous conte l'histoire d'une « statue maléfique », n'en est pas moins savoureuse. « L'étrange cas de Lemuel Jenkins » de Philip M.Fisher Jr., est presque ma préférée du lot. D'une part pour sa thématique un peu conjecturale (l'invisibilité) mais aussi parce que l'auteur est parvenu à retranscrire avec précision, les affres d'un homme qui se « voit » tout d'un coup disparaître aux yeux de son entourage. Métaphore sur la solitude des êtres méprisés ou véritable expérience scientifique ? En tout cas une nouvelle qui ne manque pas de force et de désespoir.
Pour conclure une série déjà bien appétissante, un classique de la littérature fantastique « Terreur » de Achmed Abdullah. Un court récit vraiment terrifiant, un mélange d'aventure et d'horreur comme on aimerait en lire plus souvent avec un final, bien que rationnel, nous plonge dans les abîmes de l'épouvante pure. Une superbe histoire de vengeance et de malédiction.
Au final donc une anthologie à la hauteur de ses ambitions comme on aimerait en voir plus souvent. Mais je gage qu'en regard de la qualité de celle-ci l'accueil du public sera des plus chaleureux, permettant ainsi une suite que nous attendons tous avec impatience.
Pour conclure, je ne connais pas les textes originaux et loin de moi de vouloir les consulter dans le texte, mais je peux dire, mis a part quelques petites coquilles, que la traduction me semble parfaite, le style est léger, agréable à lire, donnant à l'ensemble une envie de s'y plonger avec délectation, pour n'en ressortir que trempé de sueur
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