Hebdomadaire satirique français créé en 1915 , il parut d'abord sous le titre « A la Baïonnette » le 23 janvier 1915
Son siège était à Paris, au 30 rue de Provence .
En juillet 1915, la revue va modifier son titre pour ne conserver que « La Baïonnette »
Il tire son nom de la baïonnette et de l'expression « charger à la baïonnette » , la charge était d'ailleurs son activité favorite en se moquant de la « bêtise » des Allemands ou en ridiculisant par ses caricatures le Kaiser Guillaume II ou le Konprinz Guillaume de Prusse et soutenant ainsi le moral des Français pendant la première guerre mondiale
Elle est toute consacrée à la Grande guerre.
Le titre est à l'image des premiers dessins, tout en charge contre l'ennemi.
Elle traita néanmoins avec humour et justesse de la vie des soldats, brossant sur le ton de la satire certains sujets, sans excès.
La Baïonnette a été très peu censurée.
De très nombreuses situations liées au conflit, mais aussi à la société française qui le subit, sont abordées sous forme de thèmes, ce qui en fait également un grand intérêt.
Elle officiera de 1915 ( N°1 le 8 Juillet 1915) à 1920 (N°250 22 Avril 1920)
Dans ce numéro 175 , la revue nous propose une vision assez exceptionnelle de la « La guerre vue des autres planètes » tout en conservant le ton ironique et provocateur faisant sa spécificité. Rares sont les revues ayant accordées leurs pages entières au domaine de l'imaginaire scientifique, une liste se trouve sur une page du site, il m'était de fait impossible de passer cet exemplaire sous silence, non seulement parce qu’il est exclusivement consacré à l'illustration mais qu'il nous offre en plus une nouvelle inédite relevant de notre domaine, reproduite ci-dessous.
Bonne lecture!
Le Souper de Saturne
Le jour qui correspond dans l’infini à notre quatorzième jour de juillet 1918 se couchait sur Saturne.
L’atmosphère de cette planète était d’un violet vaguement trouble, et les choses y trempaient dans un bain de vaporeuses améthystes.
Les astres ont chacun leur couleur.
Cassiopée est mauve et jaune, Vénus est verte, Mars rouge ; la Lune, qui est une terre morte, est blanche comme un suaire ; c’est un globe de plâtre stratifié aux cratères grumeleux givrés d’argent, et le silence y est absolu sur les crassiers de sel et les vieilles laves éteintes depuis des millénaires.
Les mots que nous employons ne s’appliqueraient guère aux objets étranges et aux êtres de Saturne.
Ce soir-là, pendant que Paris pavoisé de drapeaux alliés fêtait ce 14 juillet qui était la plus tragique veillée d’armes, immobile dans un hall immense encombré d’une mystérieuse machinerie et dont les charpentes étaient faites d’un métal vert, Ilian, le personnage le plus important de Saturne, venait de remporter une grande victoire.
Il était, à la fois le savant officiel et le généralissime de la planète.
Il ne faudrait point que le lecteur, ne s’élevant pas au- dessus des conceptions terrestres, aille imaginer un vieux militaire aux moustaches blanches, en tunique étoilée, couverte de croix, sur un cheval qui caracole en passant sous un arc de triomphe, suivi par un torrent de soldats et de canons enguirlandés de roses et de lauriers dans les acclamations de la foule.
Ilian était une boule pâle, vaguement ailée de membranes et couverte d’une pulpe laineuse comme les edelweiss et certaines plantes montagnardes des Alpes, une boule qui était illuminée à l’intérieur, ainsi que le globe d’une lampe. Des antennes infiniment sensibles lui tenaient lieu de chevelure.
Il donna un ordre dans une langue qui était un murmure modulé, et un autre Saturnien, c’est-à-dire une boule éclairée et peluchée, un peu moins grosse, étendit son bras, ou son aile, vers la roue d’améthyste d’une machine inconnue...
Avant de continuer, il serait peut-être bon de donner quelques détails sur la planète qui nous occupe.
Autour de Saturne, il y a deux anneaux concentriques, largos et plats, souvenirs d’une ancienne nébuleuse.
Personne sur terre ne sait de quelle matière subtile ils sont composés. Ce sont deux immenses arcs-en-ciel mystérieux.
La planète est peuplée de millions d’êtres prodigieusement civilisés, des êtres ronds vivant seulement par la pensée, et recevant l’énergie nécessaire à leurs rares mouvements des vibrations du double cercle autour de l’astre.
Depuis des siècles et des siècles que tournent ces anneaux de Saturne, leur puissance a décru par degrés, et les Saturniens trop nombreux se sont âprement disputé les frissons nourriciers et les ondes bienfaisantes.
La moitié de la planète a fait alors la guerre à l’autre moitié.
Il n’y eut ni mobilisation, ni batailles, ni sang répandu. Aucune caserne ne jeta dans les champs ravagés ses fantassins, ses cavaliers et ses artilleurs. Les cités de pourpre ne flambèrent pas ; aucune explosion brutale ne déchira l’air couleur d’améthyste. En apparence les pays ennemis ne furent jamais troublés.
Tout se passa dans de secrets laboratoires.
Ce fut à qui inventerait la machine la plus puissante, l’appareil qui capterait le mieux les vibrations qui venaient des anneaux et des autres mondes, et, des deux côtés, on créa des merveilles jusqu’au jour où Ilian construisit sa formidable pile thermo-électrique dont les disques étaient dirigés vers l’espace comme des miroirs d’héliostat.
Grâce à lui la victoire de l’hémisphère Nord fut écrasante. Les Saturniens du Sud, pris d’une étrange langueur, pâlirent et s’éteignirent lentement ainsi que des veilleuses !...
Ilian avait appliqué son invention à beaucoup d’autres globes, à Mars, au Soleil, à la Terre.
Cette nuit-là, par simple curiosité, il fit diriger ses écrans vers notre planète.
Il était exactement minuit dix à la montre du général commandant l'armée de Champagne, l'heure où, comme une gamme formidable roulant sur l’horizon enflammé, répondant à notre C. P. O. (contre préparation offensive), le plus effroyable Trommel- feüer allemand qu’on eût jamais entendu se déclenchait à l’ordre du kaiser manchot de Berlin. Sur l’écran d’ébène qui réfléchissait cette furieuse nuit de la Terre, passaient des éclairs soufrés, des éclaboussements livides, des jets de clartés pâles. Les fusées éclairantes se multipliaient ; dès chenilles d’or montaient de l’ombre, s’épanouissaient en vapeurs, en poussières d’aurores sanglantes, en rougeoiements de feux de Bengale, en grosses étoiles blanches qui hésitaient, se fixaient pendant quelques instants, se brisaient, retombaient en gouttes ardentes, trouant les ténèbres lugubres de reflets d’incendies.
Des gerbes de projecteurs passaient comme des queues de comètes fauves...
Puis, l’écran sonore de l’appareil enregistra la canonnade fabuleuse que l’on entendit cette nuit-là de Châlons-sur- Marne à Paris, un grondement lointain et continu de brasier, le grondement égal et véhément des 75 et des 150 dans lequel on distinguait des colères plus massives, celles des mortiers et des pièces de gros calibre, et la voix autoritaire et sèche des canons de marine.
Devant les reflets et le tumulte de cette nuit où se jouaient un destin de nations, Ilian demeura longtemps immobile.
L'effort qu’il faisait pour comprendre le rendait plus lumineux encore.
Il étendit son aile membraneuse vers les disques, et, dans sa langue musicale, il dit à son secrétaire :
« Les Terriens se font certainement la guerre. Les moyens qu’ils emploient sont primitifs et cependant impressionnants. Jamais tant de vacarme n’était venu d’une planète sur nos plaques sonores. Il ne faut pas laisser perdre ces vibrations. Recueillez-les à la hâte, je vous prie... »
Et c’est ainsi que l’écho de la canonnade éperdue de cette tragique nuit de juillet 1918, pendant laquelle nous attendions avec angoisse, servit à apporter un peu d’énergie aux deux étranges savants de Saturne qui soupèrent — si on peut employer ce mot grossier — des vibrations de la bataille de Champagne, captées sur un disque, dans l’Infini...
Léo Larguier
"La guerre vue des autres planétes" couverture pleine page de Gus Bofa
"Au pays de Mars" Illustration de Dharm
Voui, vous comprnez, j'ai dit à ma femme: "Avec tous ces trucs qui tombent, faut prendre ton parapluie"
"L'astrologue au rédacteur du petit Neptune" Illustration de Hemjy
"Notez pour le communiqué des terriens: Le parti du centre semble etre en mauvaise posture"
"Le conflit mondial, vu de la lune" Illustration de G.Delaw
"L'avis de Saturne" Illustration de Hautot
"La malheureuse! Je crois qu'elle commence à mal tourner!"
"Le jour final" Illustration de Hervé Baille
"Tu parles! J'les vois défiler sur les Champs-Elysées"
"Sans titre" Illustration de P.Falké
"Depuis quatre ans, la terre est couverte de feux d'artifices
Les veinards, ce qu'ils doivent s'amuser!"
"L'interview" Illustration sur deux pages de Paul Iribe
"Et, selon vous, professeur Rxzrmt.....qui sera vainqueur sur la terre : Les hommes ou le feu?"
"Les Uraniens" Illustration de Quint
"Si on ne s'en mêle pas, ils ne pourront jamais s'entendre sur la terre"
"Saturnisme intégral" Illustration de Mars Trick
"Les sauvages! sont-ils "terre à terre!...
Oui, je crois qu'il vaut meiux rester chacun dans....Saturne!"
"Dans Mars" Illustration de Jobbé-Duval
"Le savant absolu: Non mais y cherrent un peu, les boches! Nous envoyer leurs engins, alors que nous attendons notre premier convoi de terriens pacifistes"
"La guerre vue de Saturne" Illustration de Rouffé
"Les Martiens" Illustration de Marcel Capy
"Hé!Hé! moins de pétard,S.V.P! y a des voisins"
"Conjecture Sélénite" Dos de couverture Illustration pleine page de Roubille
"C'est, pour moi, de grands feux allumés par les terriens pour retarder le refroidissement de leur pnanète
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