Ce court texte humoristique, soulève une fois de plus la plus vieille thématique de l'anticipation ancienne : Créer ou prolonger la vie !
Dans de nombreux romans et nouvelles, tout y passe, rayon, sérum, fluide, substitution d'organe, magie......Avec ce « L'homme qui prétend ressusciter les morts » ( le titre à lui tout seul est une histoire), nous retombons dans une veine plus « classique » mais les petites anecdotes qui nous y sont révélées sont assez amusantes et qui plus est , une histoire bonifiée par le trait incomparable du grand René Pellos. Pour mémoire, cet artiste participa à l'élaboration de nombreuses histoires pour la revue « Jeunesse Magazine » où il illustra quelques couvertures et participa au roman de Darblin « Face à face avec les monstres » avec de somptueuses planches en couleurs , dessins dont vous retrouverez quelques reproductions dans l'article que j'avais consacré à ce classique du gigantisme animal
« L'homme qui prétend ressusciter les morts » de Anne Masson dans la revue « Jeunesse Magazine » N°1 du 2 Janvier 1938
Pour prolonger la vie, dit le docteur Carrel, il suffirait que l'homme hiverne, comme les marmottes, pendant certaines périodes de sa vie. Trois ans en chambre froide, sans bouger, nourri de liquide, voilà dix ans de prolongation assurés.
- Moi, je préfère rajeunir les humains par les glandes, dit le docteur Voronof, qui a quelque part, dans le Midi, une ferme de singes qu’il appelle « son magasin de pièces de rechange ». Par les glandes, vous pouvez rendre la jeunesse à un vieillard, donner à un enfant la bosse de l’intelligence, celle des sports, ou en faire un géant.
- Et moi, disait le doux professeur Coué avant de mourir, j’ai trouvé le secret de l’immortalité. Vous répétez chaque matin en vous levant : « Je vais de mieux en mieux, je n’ai jamais été aussi bien », et c’est mathématique, la mort ni la maladie n’ont de prise sur vous.
Il était à ce point persuadé que, chaque fois qu’on lui annonçait la mort d’un de ses amis, il disait tristement: « Encore un qui s’est laissé mourir par distraction! »
- Eh bien! moi, a dit ces jours-ci le docteur A..., je fais mieux: je ressuscite les morts!...
- Et il a couvert d’affiches les murs de Paris pour en faire publiquement la démonstration.
« Vendredi, à 2 heures, des animaux seront mis à mort. L’arrêt des battements du cœur sera officiellement constaté. Les cadavres seront ensuite ressuscites. »
Une foule se rua, à la date fixée, vers le Laboratoire... et en trouva les portes closes. La séance avait été interdite.
Les curieux, dépités, s’en retournèrent chez eux et le lapin mort qu’ils apportaient comme champ d'expérience fut mangé sans gloire, le lendemain, en gibelotte.Les curieux s’en retournèrent... mais pas les journalistes, et, par une porte dérobée, je pénétrai dans la maison du miracle.
- Mais non, il n’y a pas de miracle, me dit le docteur A... que j'interrogeai. Seulement une découverte scientifique dont les résultats nous bouleversent nous-mêmes.
« Nous avons pu préparer un gaz à base d’oxygène suractivé, auquel nous avons donné le nom de « gaz vital ». Ce gaz, introduit dans l’organisme par un appareil spécial, y rétablit véritablement la vie.
« La première expérience, nous l’avons faite sur un chien, mort depuis un quart d’heure et le thorax ouvert.
« À ce moment, une injection de gaz vital a pu rétablir la circulation du sang et les battements du coeur pendant plusieurs heures.
« La seconde expérience, nous l’avons faite sur un veau mort depuis une demi-heure. Après dix minutes d’attente, le cœur a recommencé à battre et a continué pendant tout le temps qu’il était soumis à l’action du gaz vital.
« Mais ce qui nous a véritablement bouleversés, c’est notre troisième essai.
« Nous avions pris un cobaye, l’avions mis sous une cloche sursaturée de gaz d’éclairage et soumis dix minutes à cette action. Le cœur s’était arrêté et plusieurs personnes présentes avaient constaté la mort de l’animal.
« Vous savez que les hématies du sang, soumises à l'action de l’oxyde de carbone, ne peuvent plus s’oxygéner. C’est du moins ce que l’on apprend dans toutes les Facultés.
« Eh bien! notre cobaye, transporté mort sous une autre cloche remplie de gaz vital, a recommencé à respirer, son cœur s’est mis à battre, et, après quelques minutes, il se dressait sur ses pattes : ressuscité!
Les conséquences d’une telle découverte sont telles que nous n’osons même pas y penser !
- N’avez-vous pas pu expérimenter votre découverte sur l’espèce humaine ?
- Jusqu’à présent, nous avons eu beaucoup de difficultés. Pour espérer réussir, il faut que la mort soit récente, Sinon le sang, coagulé, ne peut plus véhiculer le gaz vital jusqu’aux centres où il peut agir.
« Un soir, pourtant, nous eûmes une grande émotion.
« Nous fûmes appelés auprès d’un homme mort soudainement. La mort remontait déjà à six heures.
« J’essayai une piqûre. Nous attendîmes.
« Je vous assure, je faillis m’évanouir de joie en sentant le pouls recommencer à battre sous ma main.
« Mais les pulsations cessèrent soudain. L’autopsie nous renseigna. Le sujet avait succombé à une rupture de l’aorte, et, dans ces conditions, nous ne pouvions rien pour lui.
« C’est pourquoi je voulais donner une séance publique, afin de faire connaître ma découverte et pouvoir, dans de bonnes conditions, poursuivre mes recherchés. Ressusciter les gens quand ils sont morts, cela peut en intéresser quelques autres...
« Naturellement, je n’ai rien à faire de corps déchirés. Il faut que le système circulatoire soit intact. Mais les noyés, les asphyxiés pourront, je pense, être sauvés.
« Il faut encore, évidemment, trouver les doses exactes. Ce n’est que sur l’homme même que nous pourrons les chercher...
Quelles belles histoires effrayantes n’a-t-on pas écrit sur ce sujet ?
Je me souviens de l’une d’entre elles, particulièrement terrible.
Un docteur avait trouvé la liqueur d’immortalité. Il la but et, tout content, sortit et fut écrasé par un tramway. Qu’importait, puisqu’il était immortel ! On lui coupa deux jambes, puis, le mal s’acharnant, le bassin... Il lui arriva tant d’aventures qu’il ne restait bientôt plus que sa belle tête à la barbe blanche qui parlait, dictait son courrier, faisait encore des recherches (comme si ça ne suffisait pas), jusqu’à ce qu’une dame un peu étourdie bousculât le guéridon sur lequel la tête éternelle était posée et la brisât.
Heureusement, il restait un œil intact. La dame, pleine de remords, lui fît faire un encadrement solide, dans lequel il continua sa petite vie.
Et jusqu’à la fin du monde, quand Paris n’était,plus qu’un*amas de décombres, que la Tour Eiffel disloquée s’embourbait, l’œil, pas du tout « dans la tombe », comme disait Victor Hugo, regardait pousser l’herbe autour de son immortalité.
Il y a aussi cette légende antillaise, sur la résurrection des morts. De la superstition toute pure, bien entendu!
On assure que, là-bas, grâce à des formules magiques, certains propriétaires arrivent à faire travailler les morts.
Ils les sortent de leur tombe, leur insufflent juste ce qu’il faut de vie, et les emploient aux plus durs travaux des champs.
C’est une main-d’œuvre bon marché, car les « zombies », tel est le nom de ces morts vivants, ne sont pas payés. Mais, ajoute la légende, il y a quelques précautions à prendre pour les conserver :
Les faire travailler la nuit seulement et leur donner à manger de la nourriture sans sel.
Dès qu’un grain de sel approche les lèvres d’un « zombie », il se rappelle qu’il est mort et retourne dans sa tombe.
La fabrication et l’embauche des « zombies » sont punis de mort, car, assurent ceux qui ne croient pas à la Magie Vaudou, ce sont simplement des hommes hypnotisés, enterrés et vendus ensuite à des chefs d’une entreprise agricole.
Les autres pays ne sont pas arrivés dans la résurrection — et ça se comprend ! — à des résultats plus complets ! On signale bien des fantômes, çà et là, comme chez la famille Volovan, mais nous sommes encore quelques-uns à attendre de les avoir vus !
Le docteur À... a-t-il découvert, comme il l’assure, une façon scientifique de rendre la vie ? C’est une nouvelle qui, depuis le moyen âge, traverse le monde par périodes sans que nous en soyons plus avancés.
Et pourtant, au moment où les avions peuvent venir vider sur une ville les microbes de la peste et du choléra, on serait heureux de penser qu’il nous reste quelque espoir !
Et ce serait une belle lutte que celle où les artisans de la Reconstruction essaieraient de gagner de vitesse ceux de la Destruction.
Mais n’allons pas trop vite... ceux de la Destruction nous ont habitués depuis trop longtemps à triompher...
Anne Manson
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