Par Jacques BREIZ. Éditions Mistral à Cavaillon. Collection: « Aventures Etranges »
Cinq heures du matin, Antoine Fougasse dit « Tintin », livreur de « croquants » arrête net sa bicyclette. Arrivé à la hauteur de la rue Fort Notre-Dame il se frotte les deux yeux avec stupéfaction, un fait incroyable vient de se dérouler: le pont transbordeur a disparu, entièrement volatilisé!
Sous l'emprise de la panique, il reprend alors sa course et ses mirettes fixées dans le vide laissé par le pont, il tombe à l'eau manquant de peu de se noyer. Fort heureusement, l'intervention inattendue d'un mendiant, accorde un sursis à sa jeune existence. Le quidam hurle, une fenêtre s'ouvre, deux, puis dix... et la populasse médusée constate par elle même l'objet de se singulier réveil matinal: la disparition du pont transbordeur !
La nouvelle se propage comme une traînée de poudre, avisant ainsi la presse dont deux des plus brillants représentants se rendent aussitôt sur place. Chastel et Faraux en conviennent, l'événement est fort singulier mais incontestable. Alors que sur le quai la foule hébétée se perd en conjecture, un homme, peut-être attiré par le goût de l'aventure, se met à escalader un des quatre piliers resté toujours en place, mais coupé net à une certaine hauteur.
Il s'élance, glisse, essaye de se rétablir et s'éclate la tête contre quelque chose d'invisible à cette distance. Chastel, le plus perspicace des deux, se frotte le menton, plisse les yeux et charge son associé de revenir porteur d'un rouleau de ficelle. Au même instant, l'aviation pratique une reconnaissance aérienne en basse altitude... et se disloque également devant une foule horrifiée. Le journaliste prend aussitôt les mesures des quatre piliers, note les chiffres tout en chargeant son collègue d'un incroyable calcul mathématique:
– « Où pourrait être l'axe d'une lame gigantesque pouvant sectionner en biseau les piliers du pont ? »
Faraux s'affaire, aligne les chiffres, consulte une carte, pose son doigt sur une zone précise:
- « Ici, à condition de se trouver à une hauteur de quatorze mètres! »
Faisant une paire indissociable, les hommes s'élancent s'élance aussitôt.
Arrivés sur place, dans une impasse sordide ils découvrent un immeuble de trois étages dont le dernier est habité par un certain Yves de la Tréguières « Professeur au Collège de France ». La porte est ouverte et dans la pénombre ils découvrent un véritable laboratoire, équipé de curieux instruments dont un qui attire plus particulièrement leur regard et qui est un étrange mélange entre le télescope astronomique et la mitrailleuse. Sur le côté, une sorte de culasse pleine de pièces miroitantes, reliée à un petit moteur électrique. «L'engin» se prolonge par un tube cylindrique en cuivre avec à son extrémité un objectif braqué vers l'extérieur. Hélas leur exploration prend fin, un homme fonce sur les deux journalistes, renverse le premier tout en tirant sur le deuxième, le manque de peu, s'engouffrer dans l'escalier comme s'il avait le diable à ses trousse !
Va suivre une course poursuite dans Marseille, dont le final sera la gare Saint Charles. Les journalistes se font discret, montent dans un train pour en descendre dans la banlieue Toulousaine. Leur agresseur se croyant seul va les conduire à l'entrée d'une maison abandonnée. Que faire?
Un événement va précipiter les choses. A l'intérieur de la maison un bruit de lutte se fait entendre, puis des appels au secours. A coeur vaillant rien d'impossible! Chastel et Faraux bondissent vers la porte qui s'ouvre, laissant passer quelque chose d'indéfinissable et de puissant. A l'intérieur un homme est ficelé aussi proprement qu'un rôti un dimanche de fête. Il s'agit bien du professeur Tréguière, celui-ci explique qu'il n'y a pas une seule minute à perdre, s'excuse pour sa conduite, mais il voyait en eux des comparses de Cordier, son assistant qui, non content de lui avoir volé son invention a également kidnappé sa fille. Entre les mains de ce maniaque son incroyable découverte peut avoir des répercussions terrible sur le monde : Un instrument diabolique, épouvantable et redoutable......la routine du savant en somme ! Il ne leur reste plus qu'à retourner à leur point de départ et c'est là qu'il leur révélera le formidable secret.
Je passe rapidement sur les détails du retour, de l'arrivée au troisième étage, du sauvetage de la princesse, heu!., de la fille du savant, pour soulever le voile si épais de ce mystère insoutenable qu'est la machine. La machine? Heum! Qu'elle machine? Seigneur! Suis-je bête, LA MACHINE!
Donc arrivés à l'appartement, tout leur vole à la figure, assiettes, chaises, bouteilles, le linge sale avec d'un côté le professeur à moitié K.O., de l'autre Faraux, violemment blessé à l'épaule et au milieu Chastel qui n'a que le temps de dégainer son arme et de viser en direction d'une barre en acier se dirigeant à grande vitesse vers son visage. La manœuvre est efficace, arrêtant tout net les manifestations surnaturelles. L'heure est aux implications. Trèguier est l'inventeur de la « paratransparence ».
Grâce à des cristaux de sa composition, un rayon lumineux ordinaire les traversant devient, par réaction doté d'un pouvoir bien particulier: dès qu'il atteint pratiquement n'importe quel objet, celui-ci se retrouve « paratransparent » c'est-à-dire se laisse « contourner » par les rayons du soleil et se retrouve invisible, même en plein midi .Cette machine d'une portée de plusieurs kilomètres peut produire l'effet inverse par simple changement des cristaux.
Voila l'invention que Cordier voulait dérober, ainsi s'explique la force mystérieuse cause de tous le tracas. Reste à annoncer la réapparition prochaine du pont transbordeur, honneur accordé aux deux journalistes ainsi que faire disparaître les traces invisibles du défunt assistant, la police est trop stupide pour en apprendre davantage et peut-être que plus tard quand le monde sera enfin prêt.....
Voir ou ne pas voir
Après avoir volé la bombe atomique ( « On a volé la bombe atomique »J.Dasit éditions Dumat, 1946), le canon du même nom ( « On a volé le canon atomique » C.A.Gonnet, éditions de la flamme d'or,1956), certains se sont amusés à voler la tour Eiffel (« On a volé la tour Eiffel » de Léon Groc, éditions Ferenczi 1923), le numéro 2 (« On a volé le 2 de la rue » de H.Suquet, éditions de Marly, 1974) d'une certaine rue, un transatlantique ( « On a volé un transatlantique » de H.Bernay , contes et romans pour tous,1928) d'autres, pourquoi pas, préférent voler des personnalités encombrantes ( et nous les comprenons) avec ce « On a volé un dictateur » de Haddock ( pas de la même famille que le capitaine je vous rassure) Librairie Gallimard1922 et pourquoi pas la cuisse de Jupiter pendant que nous y sommes!
Voici donc le vol du pont transbordeur où l'illustrateur en manque d'imagination vola quant à lui l'idée de la superbe couverture d'Armengol illustrant le roman de Léon Groc où l'on voit un bras gigantesque dérober l'objet de ses convoitises. Il serait d'ailleurs assez intéressant de répertorier les ouvrages ou l'on voit en couverture cette main monstrueuse surgissant des nuages et attrapant l'objet de sa convoitise. On se souviendra de la magnifique couverture de la revue « Le rire rouge» N° 16 (6 Mars 1916) ou l'on voit une main titanesque écraser des dirigeables Allemands. Symbole puissant de la main divine, celle qui punit le coupable, elle est également synomyne de mystére, de tout ce que l'on ne peut expliquer...
Seulement la ressemblance s'arrête ici. Chez Groc la tour Eiffel a vraiment été dérobée à l'aide d'un gigantesque électro-aimant. A Marseille, on est dans le Midi et il ne faut pas trop se fatiguer, alors pourquoi forcer ? Té! Faisons le disparaître. Hop ! Un nouveau rayon invisible vient d'être inventé.
Petit roman d'un éditeur local (Cavaillon dans le Var) probablement rédigé pendant la guerre (la dernière page comporte un visa de censure datant du 24/7/42). Une des grandes originalités vient du nom de l'auteur bien de chez nous J. Breiz, histoire de bien brouiller les pistes. De tout cela au final, il reste un petit roman amusant où le savant, bien que très sympathique demeure un peu terne à côté de ses homologues qui hantent habituellement les pages de ce blog.
Quoiqu'il en soit, si vous parvenez à trouver ce chef-d'œuvre, un bon conseil: Achetez-le, peu...chère !
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