« Une fumée dans la nue ». Par Louis d'Hée. Editions Méricant « Les Récits Mystérieux ». Br. in-8° de 288 p Couverture illustrée par G. Meirs.
A bord du « Lorraine ». Un singulier trio fixe l'océan. Brusquement, l'appel est envoyé: « Un homme à la mer! ». Il s'agit d'un mousse tombé du « Héléna » yacht d'un milliardaire américain, roi du cuivre, John Kinnett. En fait, le rescapé du nom de Harry Black est un complice des trois hommes dont le chef, Jimmy Kleep n'est autre qu'un criminel se faisant passer pour un illustre détective du nouveau monde. Dans la chaussure du rescapé, dissimulé dans un faux talon, un portefeuille appartenant au milliardaire. Cet objet sera le premier maillon d'un vaste complot visant à rançonner Kinnett.
Le but du gang, s'attirer les bonnes grâces de celui-ci, lui faire croire qu'il est effectivement un bon détective. Rien n'est plus simple, arrivé à destination, il suffit de retrouver le portefeuille à bord du bateau, voler un collier de perle appartenant à sa fille afin de le retrouver dans les poches d'une fripouille éliminée par ses soins. Toutefois, la crapule vise plus haut et voudrait se marier avec Héléna, arracher à son père la moitié de sa fortune et lui dérober enfin un « terrible secret » dont l'auteur ne fait pas allusion. Son savoir-faire aidant, Kleep loue à la famille un hôtel particulier dont il est le propriétaire et fait engager Harry comme intendant.
Tout semble se passer pour le mieux, si ce n'est de curieux événements se produisant dans la maison. Un jour, le père est retrouvé dans le jardin, la bouche ouverte, les yeux exorbités regardant le ciel avec une frayeur comique et hurlant: « Une fumée qui tourne! ». Des voix se font entendre, des empreintes de pas apparaissent dans le jardin, des ombres se glissent le long des murs... Ce qui est sûr, c'est qu'après chaque manifestation, les malfaiteurs aperçoivent dans le ciel un minuscule nuage. Alors que tout le monde s'inquiète, le lecteur est quant à lui avisé de l'intervention d'un groupe d'hommes dont la mission est de protéger les malheureuses victimes.
Pour ce faire, ils disposent de l'invention de leur chef, Jean, et qui n'est autre qu'un appareil puissant pouvant se déplacer à grande vitesse, alimenté par une mystérieuse énergie lui permettant de défier toutes les lois de la gravité. Cet engin est équipé d'un récepteur propulseur, une usine installée aux environs de Paris, l'alimente par des ondes dans un rayon de 500 km. Lors de la production d'énergie, se faisant entre autre par le mélange de deux gaz, il se produit sous l'appareil un phénomène de synthèse le rendant invisible au moyen d'une couche nébuleuse. Son passage n'est à peine perceptible que par la projection de fines gouttelettes d'eau. Mais cette prodigieuse invention doit rester secrète et une rapide description nous en est faite vers la fin de l'ouvrage:
« Une masse sombre, grosse comme la tête, ayant l'apparence d'une minuscule dynamo, une boussole, cinq hélices dont la centrale était seule de grande dimension, une plaque de tôle, comme un gouvernail; le siège du conducteur, des fils métalliques et des câbles: voilà tout ce qu 'il vit! »
Le roman par la suite ne s'avère n'être plus qu'une succession de coups de théâtre, enlèvements, portes dérobées et une suite d'actes héroïques. A la fin, une course sera organisée et ce, dans l'espoir de démasquer le traître. Johnny Kleep, alias Jacques Davay chef de la bande internationale des « Red Hands » a volé une partie des plans du formidable appareil afin de les vendre à une puissance étrangère. Malgré son déguisement, le scélérat est démasqué, exposant sans vergogne à un public stupéfié, un prototype fort heureusement privé des derniers perfectionnements. Lors de la course le traître est suivi à bonne distance par Jean qui le neutralisera en plein air au moyen d'un formidable rayon électrique. Jacques Davay sera laissé pour mort sur un îlot abandonné entre la Sardaigne et la Tunisie.
Au final le roi du cuivre et sa fille retournent aux Amériques, Jean dévoile sa flamme et tandis que le yacht s'éloigne sur la mer immense, sur la côte une paire de jumelle est braquée sur eux. Un homme marqué d'horribles brûlures, jure entre ses dents : « Oui, j'ai perdu la première manche, mais gare à la seconde.... »
Une collection au charme désuet
Le roman se termine sur une suite possible et pour cause, l'éditeur annonce que l'épisode qui va suivre sera publié sous le titre: « Des yeux qui parlent», ouvrage qui, à ma connaissance reste absent de la prestigieuse collection de Méricant « Les Récits Mystérieux ».
Force est de constater que le roman de Louis d'Hée, tout comme «L'affolante minute » de G. Meirs, reste axé en grande partie sur le roman policier avec quelques notes de mystères et un élément conjectural dévoilé en fin de volume uniquement. Mais nous savons tous qu'il s'agit ici de l'apanage d'une grande partie des textes de l'époque et plus particulièrement de la fameuse et rare collection de Méricant.
Toutefois, l'auteur n'est pas avare de rebondissements sensationnels et nous révéle nous révèle l'aspect très violent et sanguinaire des « Red Hands » dont les membres n'hésitent à aucun moment de l'élimination souvent sommaire et brutales de sujets indésirables. Le suspense monte en puissance au fur et à mesure de l'épisode et il nous est possible de comprendre la nature exacte de l'invention pendant une bonne partie du roman.
Le sous-titre de la collection « Récits Mystérieux » trouve ici sa plaine signification: traces de pas fantôme, Mini-tornade aussi violente que rapide, fines gouttelettes tombant d'un ciel dégagé, cadavres volants à moitié carbonisé, câbles métalliques surgissant d'un ciel étoile et apparition subite d'hommes recouverts de combinaisons en caoutchouc, disparaissant le temps d'un clignement de paupière. Nous nous trouvons en présence d'un roman qui respecte à la lettre les éléments qui firent le succès de cette époque ou les bandes organisées détournaient les progrès de la science pour en faire une instrument criminel
Reste à imaginer avec plaisir une suite éventuelle, tout est possible avec un titre comme « Des Yeux qui Parlent » qui n'est pas sans nous rappeler un épisode des « Vampires ». Tout un programme!
A des degrés différents, cette collection, ma préférée entre toutes, est sans contexte pleine de surprises. Elle est le symbole de toute une époque et dont les titres au charme évident comme « La cité des suicidés » « L'affolante minute » ou « La Joconde retrouvée » sont le gage de savoureux moments de lecture.
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