« Le Bolide Stratosphérique » : Les Bretons Dans L’espace!
De Alan Darmor. Editions « Propagande de la langue Bretonne » vers 1920/1930 ? (Bulletin des amateurs d'anticipation ancienne et de fantastique N° 11, Novembre 1992. Tiré à 140 exemplaires)
Paul Le Henaff, brillant polytechnicien et Yves, son frère major de l'école supérieure des mines et auteur d'une brillante thèse sur la transmutation des métaux, viennent de mettre au point un engin d'exception, capable de traverser les espaces interstellaires. Toutefois, afin de pouvoir vaincre les effets de l'attraction terrestre, risquant ainsi de dépenser la majeure partie du carburant de leur engin, ils optent pour la fabrication d'une fronde gigantesque, moyen qui devrait leur permettre selon les calculs de solutionner une partie du problème. Tout est donc réglé, le jour du départ approche et le « Bolide » va entamer, sur l'hymne Breton avec toute sa batterie de Binious, sa formidable rotation de propulsion, suspendu à un immense monorail circulaire. Une fois la vitesse voulue atteinte, voilà donc nos deux frères propulsés dans l'espace où ils ne mettront que deux jours pour atteindre....la planète Vénus !
A peine y a-t-on posé le pied que déjà on se sent comme à la maison : en effet on y respire mais attention, pas d'imprudence et n'oublions pas nos casques...coloniaux. Réchappés de justesse aux appétits féroces d'une plante carnivore (je l'avais oublié celle là dans mon post sur les plantes anthropophages !), Yves et Paul assistent effarés à la poursuite d'une créature humanoïde par une sorte de dragon. Hardi les gars ! Le temps de venir en aide au pauvre malheureux que tout le monde disparaît dans un tunnel gigantesque. Il s'agit en réalité d'une voie de transport rapide qu'empruntent les autochtones dans leurs déplacements. Les voici donc arrivés aux portes de la capitale Vénusienne où arrêtés sur le champ ils seront conduit séance tenante devant une sorte de tribunal où un être « fait d'énergie » les condamneront à une emprisonnement immédiat.
Enfermés en compagnie de deux robots à l'aspect plutôt amical, il faudra attendre l'intervention inespérée de leur gardien, qui n'est autre que la créature qu'ils voulaient secourir à l'entrée du tunnel, et qui en signe de reconnaissance va les délivrer. C'est ainsi qu'ils vont apprendre que les autres détenus sont en réalité des Martiens et que sur Vénus, ce sont les indigènes peuple pacifique, qui servent les maîtres. Ces derniers fortement minoritaires n'en sont pas moins despotiques et cruels. Grâce à la complicité des Vénusiens, nos Bretons regagnent le vaisseau spatial des Martiens. Plus puissant et mieux équipé, il pendra en « remorque » le Bolide, déjà bien endommagé lors de l'atterrissage.
Après un court voyage dans l'espace entrecoupé par l'attaque soudaine de créatures spatiales, l'astronef s'approche de Phébos où les pilotes dévoilent l'espace d'un court passage, l'aspect redoutable des habitants qui la peuplent. Arrivés sur Mars, les deux terriens admirent avec stupéfaction les progrès réalisés par cette formidable civilisation. Un des points essentiels, ils communiquent par un langage basé un peu sur notre alphabet morse et qu'ils sont pratiquement immortels. Leurs carcasses métalliques, carburent à l'énergie solaire et comme le dit si bien un des habitants : « Nous dépendons du soleil, notre existence est consécutive à la sienne, ce qui veut dire que notre fin n'est pas encore proche ! » Mais comme quoi il faut toujours tourner sept fois son piston dans sa bouche, il faudra qu'une stupide pluie de météorites s'abatte soudainement et à ce moment précis sur la cité Martien, fleuron de la technologie intergalactique.
Pendant ce temps sur notre bonne vielle terre, le père Le Henaff, un explorateur de réputation mondiale, rentre d'une longue expédition. A la maison tout le mondes est aux abois, car on est sans nouvelle des « petits » depuis belle lurette et il faudra curieusement les supplications de la bonne, pour que le paternel se mette au pupitre d'un émetteur super puissant afin d'envoyer une message dans les profondeurs de la galaxie. Après de nombreuses tentatives (pourtant dans l'espace personne ne vous entend crier...) il perçoit enfin un faible mais compréhensible message de détresse. Se pourrait-il que...mais oui ! Il s'agit bien de Paul qui lance un appel désespéré. N'écoutant que son courage, le père équipe le second « Bolide », que les géniaux fistons avaient eu la bonne idée de construire en même temps que l'original, afin de partir à leur rescousse.
A l'image du 20éme de cavalerie, le papa arrivera juste à temps sur les sables de Mars la rouge ( où ici également l'air est respirable) pour sauver in extremis sa petite famille, qui vient de s'accroître par la présence du Vénusien, seul rescapé de la terrible catastrophe. Inutile de s'attarder sur la réception que firent les autorités terriennes à ces « aventuriers de la science »
Impossible....pas Breton !
Dans son encyclopédie, Versin au chapitre Breton, disait qu'il n'existait qu'un seul roman de science-fiction « ancienne » rédigé par un auteur de cette région de la France. Tout le monde connaît bien évidemment « L'île sous cloche » de Xavier de Langlais (éditions « aux portes du large 1946 ») qui possède toutefois de meilleures qualités littéraires que le court roman de d'Alan Darmor et dont la thématique est bien plus passionnante tant le sujet est sensible et d'actualité : la modification génétique.Une œuvre à découvrir de toute urgence !
Mais pour en revenir à nos Bretons, voilà un ouvrage supplémentaire qui viendra un peu augmenter l'effort de guerre à notre louable domaine. Hélas, une fois de plus rareté n'est pas synonyme de qualité et si le texte se lit aussi rapidement que le « Bolide » met à atteindre la planète Vénus, heureusement que le texte ne fait que 45 pages. Mais j'ose espérer qu'il ne s'agissait que d'une œuvre destinée pour la jeunesse (rien ne semble le préciser pourtant) tant le texte est parsemé du début à la fin d'aberrations de toutes sortes. Et encore, ce n'est pas faire honneur à nos enfants que de leur faire avaler de telles énormités. Mais bon, le style fonctionne et le texte se laisse lire comme un roman d'exploration ou l'Afrique s'est substituée à Mars et à Vénus. Alors nous allons faire preuve d'un peu de clémence en restant attaché au coté coloré et pittoresque de cette extravagante aventure.
En ce qui concerne la datation du roman, il est impossible de retrouver une trace quelconque sur l'ouvrage, pas plus que sur le net qui reste obstinément muet sur cet éditeur. Il a certes publié de nombreux ouvrages en langue Bretonne mais aucune indication concernant cette œuvre, pas plus que sur l'auteur qui possède une forte odeur de pseudonyme. Apparemment le texte fut publié en pré originale dans la revue illustrée Bretonne « O lo lê » point final. Je pense toutefois que ce texte fut écris dans les années vingt, car il entre dans la catégorie des textes ou l'auteur utilise encore la fronde géante imaginée par Mas et Drouet.
Cette même technique sera également utilisée souvenez vous dans le roman de Graffigny « Voyage de cinq Américains dans les planètes ». Ce procédé sera par la suite vite abandonné, laissant place à la « fusée », permettant un décollage possible grâce à un mélange adapté de carburant et dont nous devons la découverte à un père de l'astronautique, Tziolkowski. Un preuve supplémentaire que le romancier, peut-être mal informé ou alors ne disposant que de la faible technologie proposée par son époque fut également confronté au problème de l'attraction terrestre. Mais il faut dire qu'en regard des délires proposés tout au long du roman, l'auteur ne devait certainement pas se poser trop de questions. Probablement a-t-il feuilleté une revue datant un peu et évoquant cette singulière possibilité (Il aurait tout aussi bien pu utiliser le canon géant proposé par Jules Verne).
En résumé donc un texte relativement rare, car édité par un éditeur assez improbable, sur du papier de piètre qualité, par un auteur totalement inconnu. La seule prouesse est d'avoir réussi à raconter une telle épopée en quarante trois pages, jamais nous n'avions rencontré une odyssée Terre/Vénus/Mars en si peu de jours. Reste également la qualité de certaines illustrations intérieures exécutées par l'auteur en personne qui bien que renforçant finalement l'hypothèse que ce texte était adressé à une jeune public, n'en restent pas moins très agréables à regarder car se rapprochant par moment à la légèreté du trait de Etienne Le Rallic. D'ailleurs simple coïncidence, ou influence d'un style, Le Rallic collabora à la revue « O lo lê », dans les années quarante, où il réalisa de nombreuses illustrations pour diverses histoires d'aventures. Ce pseudonyme cachet-il la signature du célèbre illustrateur ou un hommage au célèbre illustrateur en voulant reproduire son style ? Une hypothèse assez hasardeuse mais très séduisante.
En tout cas, une chose est sure, l'auteur fortement ancré dans la culture de sa région, ne voulait pas laisser le peuple Breton en marge du progrès.
Un petit voyage par l'image
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