« Avietta » Une Bien Curieuse « Nageuse Aérienne » Par Henry De La Tombelle
Imprimerie Michelet. Sarlat.1938.103 pages.
Un beau matin un paysan découvre dans les branches d'un chêne une enfant abandonnée. Lors du sauvetage, celle-ci manque de tomber mais par un phénomène tout à fait incroyable, le petit être ne tombe pas lourdement sur le sol, mais vient à se poser délicatement, telle une feuille décrochée de l'arbre, aux pieds de l'homme abasourdi. De retour au village, tout le monde est alors charmé par cet « ange » venu du ciel, et décide de l'adopter. Elle portera le doux nom de « Avietta » Toutefois comme un commun accord, nul ne devra divulguer ce formidable secret. Le temps passe et notre petit « plus léger que l'air » perfectionne son style pour devenir une véritable spécialiste du crawl aérien. Malheureusement, il existe toujours un fruit pourri dans le panier et un des habitants, peu scrupuleux, divulgue aau monde l'existence de cette merveille de la nature. La presse, les scientifiques, les cinéastes, tout le monde se précipite dans ce lieu hors du temps, afin de contempler ce prodige et de pouvoir en tirer un maximum de profit. Avietta apeurée décide de prendre le large, d'une façon quelque peu maladroite et sera aussitôt capturée. Comme on ne laisse pas un tel oiseau en liberté, elle sera enfermée dans une cage, certes dorée, mais dont la porte ferme à double tour. On vient alors l'admirer comme une bête curieuse, une aberration de la nature, un phénomène de foire. Un des geôliers, charmé par sa beauté et ne voulant pas être le complice d'une telle ignominie, va lui ouvrir la porte de la liberté. Une horrible partie de chasse s'ouvre alors. Une foule de prétendants en mal d'amour, organisent une bien singulière traque aérienne, afin de conquérir le cœur d'un si magnifique volatile : Il y eut « Fulgur » et sa machine volante à pédale, »Robur » un conquérant en herbe, adepte des biscotos avec son avion actionné à la force des bras, »Idéo » et son planeur, « Sylphise »......Et bien d'autres encore. Mais leur échec fut à la mesure de leur projet insensé et tous périrent écrasés qui dans l'herbe ou contre un rocher. De son coté, « Avietta » frôlée de si prés par les « ailes du désir », décide de trouver refuge à proximité d'une chaumière. Le propriétaire, un modeste paysan ignorant tout du secret de la belle, l'accueillit avec toute la simplicité des petites gens. Elle voulait connaître l'amour, mais cet être au cœur si pur, aux gestes si délicats, fut probablement impressionné par les ardeurs d'un homme voué depuis longtemps à l'abstinence. L'histoire ne nous le dira pas mais il n'empêche qu'elle s'envole et que personne ne la revit jamais. Rêve ou réalité ? Fut-elle la cristallisation soudaine des rêves et des désirs de chacun, subissant depuis fort longtemps la pression douloureuse et continue de la réalité. Phantasmes des hommes qui sur terre regardent avec des yeux d'envies évoluer les gracieux volatiles ? Ils diront alors que c'était un mirage, une hallucination collective. Seuls les poètes clameront les louanges de cette « Avietta » proclamant haut et fort la réalité de son existence.
Amnes, l'homme à la mémoire inversée.
A sa naissance, Amnes semblait un enfant comme tous les autres et pourtant...Au fil des mois et des années, parents et proches remarquèrent une « différence ». Il lui était en effet impossible d'apprendre la lecture, alors qu'il avait l'usage du langage ; ne reconnaissait ni ses parents, ni les lieux et les objets familiers. La famille s'inquiète d'un éventuel retard intellectuel et l'inquiétude laisse place à l'incrédulité lorsqu'ils découvrent ses étranges facultés. Un don très maturel pour saisir spontanément le devenir de la matière : « Le fer devait rouiller, le bois pourrir et l'homme mourir ! ». La nature lui avait donné ce qu'il faut de mémoire à l'animal ou la plante pour durer et lui avait refusé la mémoire particulière qu'il faut à l'homme pour s'instruire. Elle développa pourtant en lui, cadeau suprême des dieux, le don prodigieux d'enregistrer l'avenir : Il était l'homme à la mémoire inversée ! Point d'images du passé n'encombraient son cerveau, seulement les redoutables visons de l'avenir.
Il eut un jour la vision d'une femme avec qui, il connaîtrait les délices de l'amour et cette image le hanta. Non pas pour l'acte qu'il allait accomplir, mais de l'importance de cette créature sur sa destinée. Le temps passa, pimenté de quelques péripéties liées à son étrange faculté, surhomme oblige, jusqu'au jour où il rencontra la fameuse Lucette. Sa vision « captée » depuis déjà longtemps, se révéla exacte et de l'union de se tendre amour, comme délivré de son lourd fardeau, sa malédiction, il perdit son incroyable don, tout en retrouvant celle, Ô ! Combien misérable et commune à tous les hommes : La mémoire. Il vit au fond des yeux de Lucette les vestiges de son passé et de sa trahison avec un autre. Lui qui espérait tant dans sa loyauté, sa pureté. Cet homme, lui avait volé le peu de conviction qu'il avait en l'humanité. La mémoire voyait en arrière de lui, aussi clair qu'au travers d'un cristal. Mais derrière cette transparence, à la limpidité douteuse, il distingua cette bête monstrueuse : La jalousie. En deux années il dilapida la fortune amassée grâce à son talent. Comme il avait entre temps, apprit à lire écrire et compter, une petit place de comptable lui échut dans une modeste entreprise de province. L'homme qui faillit un instant posséder la foudroyante intuition de l'éternité du temps, aligne des chiffres au fond d'une salle obscure et laide.
« Connaissant l'avenir, Amnes n'était en possession que d'un fragment du réel inerte et froid , tandis que les infirmes que nous sommes ont inventé,eux, de poétiser la réalité (qu'ils ignorent), en la transformant en je ne sais quoi de faux mais de grand qu'ils appellent : Vérité. »
Cette petite plaquette probablement tirée à compte d'auteur, s'approche plus de l'histoire merveilleuse que de la pure science fiction, bien que la thématique du second texte lui appartienne corps et
âme mais..... Car il y a toujours un mais dans notre domaine, l'auteur s'enlise trop souvent dans de sombres histoires philosophiques et pour notre plus grand désespoir, sentimentales. Dommage car la
thématique du « surhomme » dans « Amnes », pouvait aboutir sur une nouvelle vraiment intéressante, d'autant plus que cette faculté de « mémoire inversée » était tout à fait originale et jamais
abordée dans cette littérature. L'auteur, une fois n'est pas coutume, n'a pas versé dans la facilité en terminant son récit par le classique « ce n'était qu'un rêve », il assume jusqu'au bout le
pouvoir extraordinaire du héros, un don bien réel (souvenez vous du roman « Jean Arlog, le premier surhomme » analysé sur les pages de ce site) qui n'est
pas le fruit de l'imagination. Cependant, De la Tombelle ne voudra pas trop forcer le destin de Amnes, préférant lui attribuer un statut d'être humain classique, faible et vulnérable et dont la
faiblesse de cœur le ramènera à des normes bien insignifiantes Son destin hélas, basculera tout comme Avietta, le jour où son cœur deviendra plus fort que sa raison.
Voilà pourquoi, en dépit d'une trame véritablement conjecturale et d'une thématique particulièrement passionnante, l'amour une fois de plus vient tout gâcher,avec un auteur préférant une
explication rationnelle et sentimentale, en misant sur le fait que son lectorat sera beaucoup plus sensible à une histoire d'amour, qu'à une histoire extravagante ( bien que souvent les deux ne
soient pas incompatibles). L'imagination encore et toujours sacrifié sur l'autel de la logique et des sentiments
Manque d'inspiration, ce qui ne semble pas être le cas,peur d'aller trop loin et de rebuter les lecteurs? Avec « Amnes » Henry de la Tombelle était « à deux doigts » non pas de la fin du monde, mais
de nous livrer une longue nouvelle vraiment originale s'il avait pris la peine de développer jusqu'au bout les tenants et les aboutissants de cette incroyable faculté. Il n'exploitera hélas pas à
fond cette thématique si passionnante du surhomme, bien que déjà traitée avec brio: « Caresco surhomme » de André Couvreur, « Le sceptre volé aux hommes » de H.J.Proumen, « Trois ombres sur Paris » de H.J. Magog et le trop peu connu
« Les chasseurs d'hommes » de R.Thevenin. Tout en utilisant un format( la nouvelle) lui permettant d'éviter d'interminables longueurs pour ne se
consacrer qu'au thème de l'être supérieur.
Mais ne soyons pas trop injuste avec nos pères, l'important n'est-il pas de participer, et dans ce domaine, l'auteur vient d'apporter une nouvelle pierre à notre édifice,
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