« Le Duc Rollon » ou Le Thème de la « Régression » scientifique
Edition Calmann-Lévy (in 12 Broché) 1913. Réédition chez Cosmopolites « Collection du lecteur » N° 34, in- 12 cartonné avec jaquette illustrée couleur.1930.(Bulletin des amateurs d'anticipation ancienne et de fantastique, Février/Mars/Avril 1992, Tirage 102 exemplaires)
En ce début de l'an 2000, le monde « civilisé » se divise en trois super-puissances : L'état de Colombie, le Canada et le royaume du Japon, occupant une partie des Etats-Unis. Le reste du monde, parés un e guerre universelle, est retourné à la barbarie. Waren Islinghton, fleuron de la culture Colombienne et inventeur du carburant solide, attire l'attention de son gouvernement sur un phénomène risquant de compromettre la situation de son pays : La disparition, faute de matière première de l'industrie métallurgique.
Un explorateur de renom, Douglas Grant, apportera la solution idéale à savoir aller chercher ailleurs ce qu'il est impossible de trouver sur place. Cet ailleurs, comme par hasard c'est la France et plus précisément la Normandie où Grant à relevé la présence quasi-inépuisable de la précieuse ferraille. Mais nos intrépides explorateurs semblent ignorer un point déterminant dans leur indispensable quête : le facteur humain !Après un voyage sans histoire et d'une banalité confondante, l'expédition composée de quelques sommités et d'une charmante jeune fille, doit se rendre à l'évidence car la réalité est tout autre. En effet, ici point de promesse de verroteries et autres pacotilles à bon marché pour convaincre les autochtones du coin, la région est sous la protection du seigneur des lieux, le duc Rollon, vieil original refusant toute notion de progrès.
Histoire de compliquer un petit peu plus la négociation,un autre concurrent est déjà sur la brèche, un émissaire du Canada représentant son gouvernement qui lui aussi est confronté aux mêmes problèmes de matières premières. Un affrontement assez singulier avec d'un coté « l'honnêteté » Colombienne et de l'autre la ruse des « fourbes » Canadiens. Pour seul arbitre, un vieil homme au regard fatigué, symbole d'une société archaïque et dont les yeux ont contemplé la chute d'une civilisation prés d'incessantes guerres technologiques.
Dans cette France retournée à l'age médiéval, seul le père Eustache dernier descendant de l'ordre des bénédictins et d'un savoir prodigieux, tente d'assembler secrètement les derniers vestiges de la connaissance afin de les utiliser au mieux pour le confort de cette communauté. C'est d'un œil amusé qu'il assiste aux efforts déployés par les deux puissances afin d'amadouer le Duc. Ce vénérable moine, en homme lucide et clairvoyant, comprend toute l'importance de l'acier pour les générations à venir et qui sera probablement d'un enjeu déterminant pour les générations futures et la reconstruction du pays.
Après d'infructueuses tentatives, les Canadiens doivent baisser les bras et rentrer la tête basse, tandis que les Colombiens voient leur salut en la personne de Pierre de Mandeville, héritier direct du duc Rollon. Ce sympathique jeune homme vient en effet d'avouer sa flamme à Edith Worgloff, membre de l'expédition et nièce du président de Colombie. Le roman se termine ainsi par un accord éventuel accord d'union entre les deux pays. Toutefois, la question du mariage doit être mûrement réfléchie, tant les conséquences peuvent se révéler délicates. Une interrogation se pose à l'issue de cette aventure, avec cependant une lueur d'espoir : La France tel le phénix, peut-elle renaître de ses cendres ?
Une fois n'est pas coutume dans ce genre d'ouvrage, c'est un simple mariage qui probablement changera le cour de l'histoire et le destin de tout un pays.
Les vestiges d'une civilisation
Il est assez rare en conjecture ancienne de rencontrer des romans évoquant le « déclin » d'une civilisation retournant à une vie archaïque, pour passer sous silence le roman de Léon De Tinseau. Certes l'ouvrage est par moment assez lourd et indigeste mais il porte en lui tous les stigmates et les maladresses d'un auteur peu enclin à ce genre d'exercices. Il est également curieux de noter que la France, dans cette humanité reconstruite, ne figure pas dans les nations de pointe et dont le savoir et la technologie rayonnent dans le monde entier.
Probablement est-ce le fait que l'auteur appartenait peut-être à la vieille aristocratie et que par nostalgie d'une époque révolue (le système féodal) il voulait ainsi faire ressurgir tous les attraits d'un monde idéal mais définitivement obsolète. Dans ce monde figé et refusant tout apport technologique, nous avons les prémisses d'un texte profondément « écolo » mettant en garde l'humanité et de sa folle ambition d'aller toujours plus loin.
Une fois de plus cette course effrénée conduira l'espèce humaine à sa destruction et en bon élève attentif, le duc Rollon s'efforcera de retarder le plus possible le jour où la science fera de nouveau irruption sur ses terres. Car le véritable mal, c'est le progrès et le vieil homme sait très bien que l'histoire se répète sans cesse et que loin de servir l'homme elle ne fait que l'asservir. Une véritable gangrène qui ronge le discernement des hommes, dont la soif de conquête et de pouvoir ne l'utiliseront qu'à des fins de destruction. Rollon sait très bien que l'avenir ne lui appartient plus son destin est aux mains de Mandeville et sa plus grande crainte risque de se concrétiser car ouvrir la porte des richesses minières de son pays, c'est ouvrir la porte à une nouvelle course effrénée pour la richesse et la domination.
C'est un texte qui met en garde contre les dérives de la science et qui, bien que rédigé avant la première guerre mondiale et son cortège d'atrocités, se révèle assez symptomatique des tensions de l'époque. Robida avait également dans « L'ingénieur Von Satanas » évoqué de tels écarts dans un roman beaucoup plus noir, en nous décrivant une humanité également retournée au bas de l'échelle, se refusant à tout apport technologique. Mais l'auteur avait lui le prétexte d'avoir traversé la tragédie de 14/18. D'autres approches similaires nous serons proposées et il faut citer pour mémoire le célèbre « Ravage » de Barjavel où la disparition de l'électricité entraîne une régression volontaire des derniers survivants sans oublier « Le grand cataclysme » de Henri Allorge qui ressemble au texte De Luigi Motta « La princesse des roses » et de celui de Barjavel pour sa thématique (La disparition de l'électricité) mais qui se rapproche cependant plus de celui de De Tinseau, dans ce cas de figure,on assiste aux efforts d'une humanité réutilisant des techniques archaïques, pour finalement se diviser de nouveau afin de reconquérir le monopole des ressources naturelles et sombrer de nouveau dans la folie et le chaos.
Mais la destruction et la « renaissance » de l'humanité ne seront pas uniquement le simple fait de catastrophes technologiques, dame nature est également là pour faire valoir ses droits et rappeler aux misérables fourmis que nous sommes, qu'en l'espace d'un clin d'œil notre folle ambition peu être réduite à néant.
Au final, une thématique peu courante, avec une seule préoccupation, celle de savoir si l'homme sage n'est pas celui qui reste dans l'ignorance. Une problématique qui dans ce genre de littérature arrivera toujours à la meme conclusion, une société idéale n'est pas le fait de sa technologie mais de la raison des hommes qui la constitue.
Quelques petits rappels bibliographiques sur le thème de la fin de la civilisation..... et de sa renaissance.
- « Le dernier homme » de Mary Shelley. Publié pour la première fois en 1826. Edité en France en 1988 aux éditions du Rocher. Ouvrage cité de façon anecdotique, tout comme les deux textes suivants :
- « Omégar le dernier homme, proso-poésie dramatique de la fin des temps en douze chants » par Mme Elise Gagne. Paris ; Didier & Cie, Libraires éditeurs.1859.
- « Les derniers jours de la terre » Par le Docteur Eusèbe Magnus. Paris à la librairie illustrée. 1875
- « La cité rebâtie » de Emile Solari. Paris librairie universelle.1907.
- « La mort de la terre » de J.H.Rosny Ainé. Librairie Plon.1912. Pré originale dans « Les annales politiques et littéraires » du N°1405 au N°1412 (du 29 Mai au 17 Juillet 1910)
- « Le nuage pourpre » de H.P.Shiel. « Je sais tout » de Septembre 1911 à Janvier 1912 (N° 81 à 84). Illustré par M.Orazi. Réédité en volume chez Pierre Lafitte. Couverture illustré couleur. 1913.
- « Un exploration plaire aux ruines de Paris » de Octave Béliard. Dans la revue «Lecrure pour tous» du 1er JUin 1911
- « L'ingénieur Von Satanas » de Albert Robida. La Renaissance du Livre.1919. Illustré par l'auteur.
- « La princesse des roses » de Luigi Motta. Editions Delagrave.1914
- « Le soleil noir » de René Pujol. Lecture pour tous Avril/Mai/Juin 1921.Illustré par A.F.Gorguet.
- « Le grand cataclysme, roman du centième siècle » de Henri Allorge. Editions Crès. 1922. Réédité chez Larousse collection « Contes et romans pour tous »1929.
- « L'homme qui vient » de Frédéric Rouquette. 1922
- « Le nouveau déluge » de Noëlle Roger. Editions Calmann-Lévy. 1922.
- « La peste écarlate » de Jack London. Editions Crès.1924
- « Le Napus, fléau de l'an 2227 » De Léon Daudet. Editions Ernest Flammarion.1927.
- « La mort du fer » de S.S.Held. Arthème Fayard &Cie Editieurs.1931
- « Changement de décor » de James Ray. Editions de la nouvelle revue critique collection Tours d'horizon.1934
- « Quinzinzinzili » de Régis Messac. Editions de la fenêtre ouverte Collection « Les Hypermondes ».1935. Réédition Edition Spéciale. 1972.
- « Sur la terre qui change » de Léon Lambry. Librairie de l'œuvre St Charles. Illustré par Le Rallic.1937
- « Ravage, roman extraordinaire » de René Barjavel. Editons Denoël 1943 pour l'édition originale Réédité par la « Toison D'or » (vers 1944) couverture illustrée couleur. Il existe à ce jour de très nombreuses rééditions.
- « Le dernier couple » de R.H.Jacquart. Les éditions « La Concorde ». Vers 1943.
- « Le rire jaune » de Pierre Mac Orlan. Editions Maréchal.1944
- « S'il n'en reste qu'un, Roman extraordinaire » de Jean paulin. Editions Self. 1946.
- « Le pont sur l'abîme » de George R.Stewart. Editions Hachette.1951.
- « Sa majesté des mouches » de William Golding. Edition Gallimard « N.R.F ».1956.
- « Les naufragés de Paris » de Georges Blond. Le livre Contemporain. 1959
- « Le nuage vert, ou le dernier survivant » de A.S.Neill. Editions O.C.L.D. 1974
- « Archie Dumbarton, une histoire criminelle » de Victor Hatar. Editions Denoël « Les lettres nouvelles ».1977 Refermons comme il se doit cette rubrique provisoirement dans l'attente de nouvelles références.
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