Claude Farrére et les "Pulp's"
Bulletin des amateurs d'anticipation ancienne et de fantastique N°8,Octobre/Novembre 1991. tirage à 92 exemplaires,article modifié et augmenté)
Les trouvailles inattendues nous réservent souvent d'agréables surprises. Un jour en épluchant une série de « Famous Fantastic Mysteries »,je découvris au bas de la couverture d'un numéro de Février 1946 le nom d'un roman « The house of the secret »,d'un auteur évoquant un forte impression de déjà vu : « Claude Ferrère ».Je reproduis ici l'orthographe exacte.
Comme vous vous en doutiez le roman concerné est bien« La maison des hommes vivants » de Claude Farrère.
Autre surprise, la couverture que vous pouvez admirer en bas de page est une composition du célèbre Lawrence, à l'époque illustrateur attitré de cette revue . Le dessin reproduisant une scène plutôt incroyable de ce mystérieux roman.
Imaginez un peu, les traductions Françaises dans les « pulps » étaient assez anecdotiques (ne comptons pas les rééditions de Verne dans les premiers « Amazing Stories ») alors traduire le texte d'un inconnu ayant l'honneur de bénéficier de la couverture...il s'agit d'un véritable miracle.
Le texte est traduit dans son intégralité, seule change la longueur des chapitres ainsi que l'orthographe de certains lieux. Le texte bénéficie en outre de trois illustrations intérieures n&b, plus classiquess sauf peut-être la dernière reproduite dans le volume « A pictorial History of Horror Stories » de Peter Haining en page 65. Cette même illustration se retrouvera dans le recueil de nouvelles édité par le « Visage Vert » et intitulé « Le lac du squelette et autres contes Fantastiques » (page de couverture).
Il est également amusant de rapporter un petit détail amusant et relevé dans un des courriers du lecteur de « Famous Fantastic Mysteries » de Juin 1946. En effet un lecteur passionné louange le texte de Farrère,en redemande,mais signale qu'il aurait été plus exact de traduire par « The house of the living men » et non « The house of the secret ».Ceci par respect pour l'œuvre originale mais également afin de conserver le coté énigmatique et poétique de ce titre effectivement si troublant.
Quand à l'ouvrage de Claude Farrère, les habitués de la vieille anticipation connaissent la trame de l'histoire, pour faire court en reprenant le résumé de Versin dans son encyclopédie :
« Histoire d'immortel qui ont reçu du comte St Germain le secret de se régénérer grâce a des moyens électrochimiques et biologiques »
Une bien curieuse histoire d'immortels, baignée dans une atmosphère très étrange. Cependant, ce que vous devez probablement ignorer, c'est l'origine du sujet de ce roman. Il est souvent difficile de connaître les véritables raisons qui poussent nos auteurs à écrire des histoires parfois si insensées.
A l'époque, un bouquiniste de ma ville me fit lire la copie d'une lettre rédigée par l'auteur et qui nous éclaire quelque peu sur l'origine de son inspiration :
« Ce roman là fut pour moi qu'une fantaisie. La première idée m'en vint en 1907 ou 1908. J'étais alors à l'état major du gouverneur de Toulon, place forte et port militaire. Un jour chevauchant en manœuvres de cadres entre le grand cap et le Coudon,il m'advint de passer le plus étrange des cols que j'ai jamais vus ; et ma carte m'appris que ce col portait un nom également étrange : »La mort de Gauthier ». Il pleuvait finement, un peu de brume emmitouflait la montagne. Le lendemain, comme je rendais visite à Tamaris à mon maître et ami Pierre Louÿs, qui s'y trouvait alors, une jeune dame malade me pria de l'endormir en lui racontant une histoire. Je racontais tout à fait au hasard et je pris pour cadre l'histoire improvisée, ce col de « la mort de Gauthier » que j'avais reconnu la veille. Je racontai, et ce fut exactement les quarante premières pages du roman tel qu'il est encore. Ces quarante pages là inventées, la dame dormait et j'achevai par la phrase rituelle : la suite au prochain numéro. Le prochain numéro n'est venu que fort plus tard, vers 1910 je crois : Mr Richel me demandait un roman. Je n'en avis pas, il insista ; je me souvins des hommes vivants. Il accepta, achat en poche. Je les écrivis et voilà leur histoire. »
Une raison assez peu ordinaire pour un roman extraordinaire.
Quelques petites informations sur l'homme et son oeuvre :
Son véritable nom était en réalité Charles Bargone, né en 1876 et décédé en 1957. D'origine Lyonnaise, sa soif d'aventures le poussa à une vie très agitée durant laquelle il fut marin, journaliste et romancier. Grand bourlingueur de l'extrême orient à New York, personnalité internationale, reporter pendant la guerre civile Espagnole, Farrère aurait pu être le Kipling français.
Prix Goncourt en 1905 pour son roman « Les civilisés » (roman se terminant par une guerre imaginaire), académicien en 1935, outre ses récits de voyages, il nous livra quelques excellentes nouvelles fantastiques et parfois même d'anticipations. Il écrivit un superbe roman en 1920 « Les condamnés à mort », l'une des premières anti-utopies où l'auteur dénonce le danger de la machine supplantant l'homme : Cité dortoirs, masse populaire opprimée, pouvoir abusif de la classe dirigeante, rayon de la mort....Bien avant Métropolis, un excellent roman pessimiste à souhait, rarement mentionné mais qui vaut largement le détour.
Signalons que trois autres nouvelles de l'auteur furent traduites dans la revue « Weird Tales »
- « The idol and the rajah » en Août 1935
- « The keen eyes and ears of kara kedi » en décembre 1937
- « The passion of Van Mitten » en Février 1938
Bibliographie sélective
- « La maison des hommes vivants » Librairie des annales 1911
- « Les condamnés à mort » Librairie des annales 1911. Ce roman fut l'objet d'une magnifique édition en 1920 aux éditions « Edouard-Joseph » et « L'illustration ». Volume grand format en édition limitée (300 sur Japon et 500 sur Hollande) avec de superbes compositions de André Devambez
La totalité des nouvelles fantastiques ou conjecturales se trouvent dans les volumes suivants :
- « Fumée d'opium » Edition Ernest Flammarion 1927
- « Cent million d'or » (Fin de planète, 1937) Edition Ernest Flammarion 1927
- « L'autre coté, contes insolites » (Où, rouge et noire, télépathie...) Edition Ernest Flammarion 1928
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