Cette tête de mort ricanante, coiffée de grelots, agrémentée d'un sceptre absurde, ce visage à moitié décomposé aux portes de l'anéantissement et qu= exprime pourtant une satisfaction hideuse et démente est-elle l'image dt l'humanité contemporaine à la veille d'un monstrueux cataclysme ? C'est et que suggère André Héléna dans cet ouvrage extraordinaire.
Deux hommes, un truand recherche par la police et un savant, dégoûté de la vie terrestre, embarquent dans une fusée et s'en vont.

« Désirez-vous découvrir un autre monde ? demande Pierrot au professeur Merlou. — Non monsieur, répond l'autre, celui-ci me suffit. Je fous le camp. »
Mais à la suite d'une panne les deux hommes atterrissent sur une planète qui ressemble bougrement à la nôtre. Ils y rencontrent les mêmes erreurs les mêmes compromissions, les mêmes concussions. Comme sur la Terre, les hommes à qui on a rempli la cervelle de théories absurdes, se lancent dans des aventures incohérentes, entretiennent à grands frais un Etat qui les gruge, leur prend leur argent, leur travail et leur sang. Ce sont de pitoyables fantoches, des moutons consentants qui ne vivent que de haines et de dissensions.
Notre truand, que les scrupules n'étouffent pas, arrive à se faire bombarder chef de l'Etat après une étourdissante série d'aventures, d'entourloupettes et de trahisons. Jusqu'au moment où... Mais nous en avons déjà trop dit.
Ce roman est sans nul doute l'œuvre la plus étrange et la plus exaltante de l'année. Sous le style alerte, vivant, ironique d'André Héléna, on sent percer la colère et l'indignation. Il s'y mêle parfois un peu de pitié. L'auteui a ramassé le fouet de Juvénal et il en fustige violemment la bêtise ambiante.
Cet ouvrage est gai et picaresque comme le Gil Blas de Santillanne, loufoque et cru comme Rabelais.Il allie l'Apreté de Céline au scepticisme d'Anatole France et à l'imagination ironique de Voltaire.
Planète des cocus nous montre un nouvel aspect du talent si nuancé d'André Héléna. Cet auteur nous avait habitués, jusqu'à présent, à des romans noirs très violents. On voit qu'il manie aussi la satire comme un maître