De J.Munoz Escamez. Edition Albert Méricant, collection « Les Récits Mystérieux » 1913.In-12 broché de 216 pages. Couverture illustrée en couleur par Charles Garabed Atamian (Bulletin des amateurs d'anticipation ancienne N°7 juillet/Août 1991 tirage 80 exemplaires)
Poursuivant ma quête impitoyable concernant l'étude des ouvrages de cette célèbre collection, mon choix se porta un soir de déprime sur un volume dont le titre ne manquerait pas de me remonter le
moral : « La cité de suicidé »
En parcourant mes rayonnages, mes doigts furent plutôt guidés vers ce titre si accrocheur, teinté d'une douce folie.....un titre lourd de promesses.
Hélas, au fil de la lecture,et malgré une idée de base passionnante,l'auteur nous plonge dans une intrigue « sentimentalo-policiére » dont nous nous serions bien passé,mais n'anticipons pas !
Toute l'histoire s'articule sur la disparition d'un groupe d'ouvriers chargés de creuser un tunnel pour l'installation du « tube ».Ce nouveau moyen de transport rapide et économique sera une
véritable petite révolution dans le milieu de l'urbanisme.
Cette disparition n'est pas un hasard, en effet à plusieurs reprises, une mystérieuse association, avait déjà proférée plusieurs menaces. Faisant fi de toutes craintes, la compagnie en fut pour ses
frais en voyant se volatiliser une vingtaine d'ouvriers et de son meilleur ingénieur : Villemain
Emmenés dans une mystérieuse cité, ils ne doivent leur salut qu'en faisant la promesse de rester une année complète dans cette ville souterraine appelée « Radium ». Ces quelques mois seront utiles au
maître des lieux afin de mener à bien ses formidables projets.
Fabrication d'or artificiel, utilisation d'un télégraphe de poche, d'un téléphone vidéo et autres petits gadgets, nous feront patienter jusqu'à la fin du volume où Villemain sera finalement relâché
après un marché conclu avec son ravisseur.
C'est le témoignage de ce dernier qui nous apportera les pièces manquantes pour réunir le puzzle de cette énigmatique histoire.
Le maître de Radium, dont la population ouvrière est constituée de suicidés sauvés in extremis, ne possède qu'un seul désir : créer une terre de paix et de justice en supprimant les passions, en
abolissant la valeur de l'argent, la remplaçant par la notion de travail.
Distribution d'une nourriture chimique et gratuite pour tous, disparition des grèves et des conflits entre ouvriers et patrons. Les riches n'existeront plus puisque l'or fabriqué artificiellement
sera si abondant qu'il n'aura plus aucune valeur.
Par contre « Aie » ! C'est là où ça fait mal, suppression de l'amour, femmes et hommes seront séparé sauf pour atteindre un certain seuil de natalité. Le contrôle des naissances est indispensable
pour gérer la population de cette citée aux allures de dictature.
En résumé, un monde uniforme, où toutes les maladies certes seront guéries grâce aux bienfaits d'une science basée sur le radium, mais à quel prix ! Pour se protéger des effets nocifs des radiations,
qui sont le principe de base technologique de cette société « en sursis », les habitants doivent se protéger à l'aide d'une combinaison spéciale, les faisant ressembler à d'étranges créatures.
Il y a un peu d'émerveillement dans le récit de l'ingénieur lorsqu'il parle de cette vision d'une ville immense avec des champs, des machines agricoles, tout un réseau de véhicules électrique...et
tout cela sous Paris !
Mais le meilleur sera gardé pour la fin,où ce chef suprême démontre l'étendue de son immense pouvoir en lui révélant son arme secrète, une sorte de canon produisant un son d'un fréquence spécifique
et capable d'ébranler les plus solides fortifications.
En fin de compte, refusant d'appartenir à cette confrérie redoutable, cette sorte de « club des toqués »le héros échangera sa liberté contre sa parole de ne rien révéler au monde « du dessus » de
l'existence de cette étrange société ainsi que de quitter la France afin d'éviter toute tentation de trahison.
Villemain honorera sa promesse, quand à toi lecteur impénitent, tu es le seul à la lecture de ses lignes, à connaître ce formidable récit.
En guise de conclusion
Curieuse fin en vérité et bien décevante malgré les deux derniers chapitres vraiment sensationnels. Pourtant le titre est absolument sublime, entretenant cette aura de « Mystère » propre à la
collection, qui plus est agrémenté par une couverture fidèle à la réputation de cette rare et magnifique collection
Ce final nous laisse sur une impression de suite qui, sauf avis contraire, n'existe pas. J'ai la nette impression que ce roman fut terminé en toute hâte et que l'auteur sacrifia une idée remarquable
afin de respecter un nombre de pages peut-être imposé par l'éditeur. L'auteur par exemple n'explique pas l'origine de ce maître du radium, vieil original aux idées certes révolutionnaires mais pour
le moins très ambiguës. Encore une part de réticence pour un genre aux frontières imprécises, mais finalement dans la politique de l'éditeur qui, en regard de son prestigieux catalogue, préférait
associer roman policier et roman mystérieux, évitant d'une manière générale tout débordement conjectural (exception fait pour les deux romans de Gustave Le Rouge ou l'élément « merveilleux »
prédomine sur l'ensemble de l'histoire)
Dommage, cet empire souterrain ( dont on retrouve la référence dans « Les terres creuses » corpus 426, page 232) nous est décrit comme une vaste cité
technologique, de la science et du progrès mais aussi comme un régime totalitaire, parfaitement contrôlé. On retrouve cette thématique de « société idéale » construite sur les fondations d'une ville
hyper technologique rêvée par un savant fou, dans le roman « Les chercheurs de trésors » de Jean Bonnery que vous retrouverez résumé dans la rubrique des
auteurs.
Avec des idées lumineuses s'articulant autour d'une hypothèse fort intéressante, si ce était la trame policière occupant la majeure partie de l'ouvrage (bien souvent le défaut majeur de cette
collection) nous aurions avec un développement plus important , un petit chef-d'œuvre d'anticipation d'avant guerre.
Mais avec des si....
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