De Max Segonne. Editions Subervie.1969.Recueil de nouvelles
Le Manuscrit
Un bibliophile découvre un jour dans son immense et précieuse bibliothèque un texte datant de 1266 et annonçant la date exacte de la mort de plusieurs de ses proches... Et de la sienne. Plus chanceux que ses amis, il réussira à échapper de justesse à la terrible prophétie. Lors de son expertise, le manuscrit s'auto- détruira. L'ombre du Malin plane sur cette affaire.
Chienlit au muséum
Le héros de cette aventure, intrigué par d'étranges lueurs se déplaçant la nuit dans le musée d'histoire naturelle de Marseille, décide de rencontrer son conservateur afin d'éclaircir ce mystère. Celui-ci évoque de vagues explications, mais à force d'insistance et surtout en remerciement d'un petit service rendu, le maître des lieux lui remettra un étrange manuscrit rédigé par son prédécesseur. A la lecture de son témoignage, tout porte à croire que celui-ci avait découvert à l'intérieur même du musée une porte spatio-temporelle, que gens et créatures immobiles de l'édifice pouvaient traverser après avoir retrouvé la vie.
Témoin ce squelette du « Chalcolithèque » qui disparaît et que l'on retrouve avec le crâne perforé par une balle de carabine, ou alors cette bande d'étudiants attaquée de nuit près du musée par une meute d'hommes hirsutes, armés de pierres et de massues. Dans de nombreuses salles des visiteurs disparaissent et l'on ne retrouve d'eux que quelques gouttes de sang. Le gouvernement détache des spécialistes, qui après enquête, videront entièrement l'édifice, entreposant tout son contenu en quelques lieux inconnus. Tout porte à croire que l'ancien responsable avait découvert la » faille » car on le retrouva mort de froid et à moitié nu, serrant dans ses mains une hache en silex.
Les blancs et les noirs
A la suite d'un accident de vélomoteur, un homme se réveille dans un monde étrange. Rêve ou réalité? Quoiqu'il en soit il se retrouve sur une terre partagée entre les blancs et les noirs. Les Blancs sont les adultes et les noirs les enfants et les adolescents, qui à la suite d'une prise de pouvoir à l'échelon mondial régnent en despotes sur une population terrorisée. Arrivés à l'âge maximum de 35 ans, les «jeunes» accèdent au métissage ou «blanchissage» c'est à dire à une retraite plus ou moins douce suivant son pourcentage d'utilité publique.
De ce fait les «noirs» vivent à plein temps, sachant leur règne éphémère. Vient alors la résignation et l'acceptation de se... reposer. Le héros Mr. Putois apprendra que sa femme s'est remariée (la garce...) et que son fils est devenu chef de cabinet du gouverneur provincial.
Un matin, décidé à revoir son fils, il refit, le même chemin qu'il emprunta hier ou vingt ans plus tôt, il fit mine d'enfourcher un vélomoteur imaginaire et s'engagea sur la chaussée à l'endroit même où il avait été «tué», il fut projeté pour la seconde fois dans.... L'Eternité.
Le coffret
Lors d'une émission consacrée à la guerre 14/18, Jérôme assiste à une scène troublante, où un soldat fracasse la tète d'un de ses camarades pour lui dérober un coffre que celui-ci venait de découvrir.
Jérôme après renseignements a été le seul témoin de ce passage, fait d'autant plus étrange, il est possesseur de ce coffret, héritage de son grand-père. Pris de remord et afin de s'acquitter de sa dette, il retrouve le nom du poilu ainsi que sa descendante et décide de se marier avec.
Gros sacrifice car celle-ci est affreuse. Un jour pourtant, il visionnera une fois de plus l'étrange spectacle dont il avait été le témoin et ce en présence de son épouse. Celle-ci ne reconnaîtra pas les traits de son père, de plus les personnages, malgré la similitude de l'histoire, ne semblent pas êtres les mêmes.
il divorcera, laissant à son » ex » le coffret contenant or et argent car ignorant ce qu'elle s'avait exactement de l'affaire. Quelques semaines plus tard, il recevra une lettre recouverte d'une grosse écriture de paysan dont l'auteur, le véritable propriétaire du coffret, lui exprimait sa reconnaissance, pour la restitution de son bien.
Une fleur de 999 999 ans
Une créature, descendante très éloignée des terriens et fatiguée de sa vie sous terre malgré tous les bienfaits de la technologie décide, avant de passer son examen d'entrée dans son troisième siècle d'existence, d'effectuer un voyage dans le passé. Il grimpe sur sa machine à remonter le temps, et hop! Le temps d'un soupir le voilà près d'une maison entourée d'arbres fleuris. Il consulte alors son compteur «Wells»: L'aiguille du cadran «Espace-temps» indique approximativement le chiffre zéro. Il avait donc crevé la croûte terrestre et remonté le temps jusqu'aux premières années de l'ère atomique.
Dans la maison il rencontre une jeune personne considérant avec curiosité cet étrange petit troglodyte. Au dehors ils entendirent brusquement hurler des sirènes d'alarme. Il avait oublié que la guerre en surface était en train de commencer. Des fusées nucléaires étaient repérées et fonçaient sur toutes les parties du globe. 11 prit alors le poignet de la jeune femme car une idée folle germa en lui: Au moins en sauver une! il se dirigea vers son appareil, régla sans complexe sur le point Oméga et attendit. A son arrivée il s'aperçut avec tristesse que le corps n'avait pu s'affranchir des lois temporelles. Tournant alors sa tête vers l'endroit où aurait du se trouver le corps, il découvrit dans sa main une poignée de fins débris dans lequel il crut reconnaître une fleur fossilisée: une fleur de 999 999 ans
Les Martiens
Ou l'histoire d'un gigantesque canular. Le professeur Poissevin fait croire au célèbre chroniqueur scientifique Jean-Louis Bouquet qu'un objet céleste s'est posé dans son jardin. Preuves à l'appui il lui démontre que les extraterrestres existent bel et bien et donc que le journaliste s'est trompé toute sa vie en affirmant que de tels phénomènes n'existaient pas.
Honteux, Bouquet rentre chez lui, n'écrira plus jamais d'articles, adoptera même un pseudonyme à consonance américaine, qui d'ailleurs lui portera chance puisque devenu célèbre dans les romans de S.F. Le professeur Poissevin raconta quand à lui au narrateur de l'histoire, en compagnie de ses deux chimpanzés pseudo Martiens, que la soucoupe volante, la vraie, qui s'était un jour posé dans son jardin, ressemblait de façon extraordinaire à un gigantesque oeuf de Pâques qu'il avait fait gober à l'incrédule journaliste.
Voyage dans un bocal
Frédéric Du Moulin, intrigué par les souvenirs par les souvenirs d'enfance de l'officine de son oncle Octave le pharmacien, décide le jour de sa majorité de rendre visite à cet antre mystérieux repère d'innommables concoctions. Malgré son côté » magique « , celle-ci ne révèle rien, pourtant en essayant d'ouvrir une grosse armoire et sous l'emprise d'une grosse chaleur, Frédéric boit par mégarde un liquide ressemblant à de l'eau. Suite à son absorption, il tombe dans les pommes après avoir renversé l'armoire. A son réveil, il découvre derrière celle-ci un passage qu'il s'empresse aussitôt d'emprunter. Au bout du tunnel il se retrouve trente ans en arrière, au bord d'un océan et face à un Octave rajeuni.
Celui-ci le fait monter dans une calèche et l'emmène à un mariage avec...sa propre mère. Analysant rapidement le tragique (ou comique) de la situation, il renverse son oncle et fouette le cheval pour échapper à cette ridicule histoire. Mais piètre conducteur son véhicule se renverse, re-syncope, réveil dans l'officine auprès d'un aide préparateur. II apprendra que le liquide absorbé était en fait un hallucinogène, mais alors, où conduit le passage qu'il découvre aussitôt après derrière la fameuse armoire? Sans commentaire.
Le frigidaire d'Hitler
En 1945, lors de la débâcle Allemande, un soldat Français découvre dans une maison abandonnée un curieux récit (encore un), témoignage du capitaine SS Karl Von B... (Nous tairons le nom par respect pour ses descendants). Quelques mois après l'Anschluss, celui-ci adjoint au chef d'un commando spécial de SS est convoqué avec quelques un de ses camarades par le furher en personne. Le caporal leur explique qu'ils ont été sélectionnés pour leurs caractéristiques physiques et intellectuelles à êtres les piliers de la future race supérieure. «Le moment n'est pas encore venu, attendez mon appel».
Les années de souffrance et de guerre passèrent lorsqu'un jour la convocation tant attendue et Après de longues heures de voyage dans des régions inconnues, le capitaine arriva dans un camp. On le fit pénétrer dans une pièce presque vide où il restera seul pendant plusieurs jours. Un matin pourtant, la voix de papa Adolphe se fait entendre. La voix lui apprend comme promis,qu'il est ici afin de grossir les rangs du groupe Thulé ( capitale de l'hyperborée pour les imbéciles et berceau de la race blanche ). Suite à un entraînement spécial le jour J arrive.
Après avoir endossé un scaphandre spécial, Karl se rend près d'un lac, nage sur quelques brasses et plonge à la verticale sur trente mètres de profondeur. Sa mission consiste à récupérer une pierre portant son nom et enlever son masque de plongée. Les directives sont bien précises, pas d'inquiétudes, tout est prévu et surtout il est interdit de se retourner une fois au fond de l'eau. En bonne tête de mule (sapotache!) il se retourne. Derrière, un home se tient immobile, même tenue sauf que celui-ci à enlevé son masque de plongée. Stupéfaction, ils sont ainsi des centaines et des milliers à attendre ainsi le jour de la résurrection. A côté d'eux, de redoutables armes sophistiquées, destinées à des fins inavouables. Notre héros comprend vite qu'il ne s'agit que d'une mort » artificielle Le lac n'est en fait qu'un bac gigantesque contenant un liquide spécial et dont la basse température maintient les corps en hibernation.
Une fois au dehors de cet énorme frigidaire, notre super soldat s'évanouit. A son réveil, il trouve près du lac un blockhaus dans lequel se trouve toutes les machines permettant le fonctionnement de cette marmite à zombi. Imaginant la menace que cela pourrait occasionner pour l'humanité, pris d'un relent d'humanisme il va alors détruire cette œuvre Kolossale: » Le lac était recouvert d'une multitude de cadavres dont les combinaisons brillaient au premier feu du jour « . Ici se termine cet incroyable récit. Karl se tirera une balle dans la tête.... Aïe Hitler!
Des nouvelles très inspirées
Dans ce recueil de Contes à rebours l'auteur aborde avec réussite un bon nombre de genre: Fantastique, Science-fiction, poésie et autres faits insolites. Malgré des textes «conventionnels» comme « Le Manuscrit » ou « Le Coffret », il est clair que la préoccupation majeure de l'écrivain est le voyage dans l'espace temps.
Il est amusant de noter lors de la lecture les nombreux clins d'oeil adressés à Renard, Wells, Verne ou Messac. Lors de la préface il est évident que nous avons affaire à un amateur du genre et ne cache pas son admiration pour tous les précurseurs qui enflammèrent notre imagination. Cependant avec « Le Frigidaire d'Hitler » son imagination nous livre un instant de lecture inoubliable lorsque le fanatique « SS » se trouve face à cette légion de soldats, figés dans un garde à vous éternel. Ma préférence se portera donc sur cette nouvelle, sans oublier « Chienlit Au Muséum » ( qui pourrait avoir sa place dans une future anthologie de « Malpertuis » sur les muséums) et « Une Fleur de 999 999 ans ».
Un recueil de nouvelles relativement récent compte tenu de la moyenne d'age des œuvres analysées dans ce blog, mais qui valait vraiment la peine d'être honoré pour la diversité et l'originalité de ses thématique.
La lecture de l'ouvrage de Max Segonne m'a procurée autant de plaisir que les « Histoires impossibles » de Jean Azaïs.
Max Segonne est un ancien des Forces Françaises libres et Sociétaire de la société des poètes Français
Avertissement de l'auteur
C'est bien, cette fois, à un véritable besoin de justification que je cède, en écrivant personnellement cette Introduction qu'une signature plus prestigieuse eût sans doute rehaussée et, en tout cas, infiniment mieux ornée.
Je pense à des noms tels que ceux de Louis Pauwels et de Jacques Bergier, responsables à travers leur « Matin des Magiciens » et leurs activités « Planète » de mon goût tardif pour l'étrange et l'irrationnel ; ceux d'Aimé Michel et de Jimmy Guieu, dont les publications m'ont initié aux mystères des extra-terrestres et convaincu qu'en certains domaines considérés comme tabous (celui des soucoupes volantes en particulier) les sots sont quelquefois du côté des rieurs ; celui de Robert Charroux qui m'a permis, une fois au moins, à la station préhistorique de Glozel, près de Vichy, de soulever moi-même un coin du voile de l'Histoire inconnue des hommes.
Et je pense encore à ces talentueux écrivains dits de « science-fiction » qui en valent bien d'autres de plus grand renom, non seulement par l'imagination parfois prophétique, le courage et l'érudition, mais souvent aussi par les qualités intrinsèques de leurs œuvres, trop peu appréciées hélas ! Dans la patrie de Jules Verne. Il est vrai que Jules Verne, tout comme son lointain, compatriote Charles Perrault, s'adressait à des enfants ! C'est du moins l'opinion de ceux qui pensent que tout n'est qu'une question d'accessoires, et que la fusée interplanétaire a remplacé le manche à balai de la sorcière... (1).
Peu m'importe cependant de savoir si un seul de ces auteurs, parmi mes contemporains, aurait accepté d'accorder sa caution à ces récits plus ou moins extraordinaires, commencés en 1965, que j'ai longtemps hésité à publier. Il me suffit de les leur dédier, dussent- ils s'en offusquer, en remerciement des joies ineffables qu'ils m'ont procurées.
Si j'ajoute qu'une circonstance fortuite, un songe ou, plus exactement, une « excursion onirique dans le pays de la quatrième dimension », a donné naissance à la première de ces nouvelles (« Voyage dans un bocal ») et, par enchaînement, aux suivantes, si l'on veut bien se rappeler que mes débuts en littérature (voilà un grand mot lâché !) furent placés sous le signe de la Poésie,on comprendra peut-être que l'auteur de l'austère et laborieuse étude de biographie historique « Benoît d'Alignan, seigneur évêque de Marseille », se soit laissé aller, comme un grand enfant en récréation, à jouer avec l'absurde et l'inimaginable.
Et l'on pourra alors, si l'on a la patience d'achever la lecture de ce recueil, tenter de démêler la part d'authenticité qui sommeille toujours, comme une gemme, dans la gangue des histoires insolites.
Max Segonne
Marseille, mars 1969
(1) Lorsque ce livre aura vu le jour, les premiers humains auront probablement foulé le sol lunaire. Gloire en soit rendue aux rêveurs de génie qui, de Cyrano de Bergerac à Rosny aîné, tout en enchantant nos jeunes années, nous avaient annoncé cet incroyable exploit qui n'est somme toute, qu'un nouveau pas dans l'impossible.
Et comme « à l'échelle cosmique, seul le fantastique a des chances d'être vrai... » (Teilhard de Chardin), Dieu sait quelles fabuleuses aventures l'avenir réserve à l'humanité !
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