Jacques Spitz et "L'homme Élastique": Un Fantastique Écrivain à (Re) Découvrir!
« L'homme élastique » de Jacques Spitz. Éditions de la nouvelle revue Française collection « Les romans fantastiques ».1938.
Profitant d'une publicité trouvée dans un des volumes de cette collection consacrée à Jacques Spitz, voici donc le résumé de ce singulier roman ou l'auteur aborde avec brio le thème de « L'homme modifié »:
« Dans la nouvelle collection de « Romans fantastiques » où l'on s'efforce de remettre en faveur un genre qui fit le renommée de Wells et de Jules Verne, « L'homme élastique » vient prendre place après « La guerre des mouches », « Les évadés de l'an 4000 » et « L'agonie du globe ». Un savant assez original, le docteur Flohr, découvre le moyen de dilater ou de comprimer les atomes, ce qui lui permet de faire varier les dimensions des organismes vivants et en particulier des hommes. La chose paraîtrait incroyable si le docteur Flohr, dont on nous donne le journal, n'indiquait avec une grande précision les moyens qu'il emploie et la façon dont il se trouve conduit cette sensationnelle découverte. Il commence à emmener un nain à des dimensions normales, mais serait assez gêné pour trouver de nouveaux sujets d'expérience, si une guerre Européenne n'éclatait fort opportunément. Le docteur Flohr va mettre son invention au service de la défense nationale, et, devant le succès des expériences de contrôle, le haut commandement n'hésite pas à lui confier une division de 7000 hommes qu'il devra tous réduire à cinq centimètres de hauteur. Ces petits soldats, presque invisibles, font merveilles, remportent la victoire, et voilà l'invention lancée. Peu à peu, l'humanité qui commençait à se lasser de l'uniformité de sa taille depuis l'age des cavernes, se laisse tenter par la variété des nouvelles dimensions qu'elle peut acquérir. Elle entre dans les autoclaves du docteur pour en sortir avec des tailles qui s'échelonnent entre quelques centimètres et trois cent mètres de haut. Les nouveaux pouvoirs qu'elle acquiert ainsi sur la nature sont extraordinaires. Mais la chose ne va pas – on le pense bien – sans de grands bouleversements politiques, sociaux et moraux, et l'humanité nouvelle ne conserve pas grand'chose de tous les préjugés ou croyances où se complaisait la vieille humanité de jadis».
Jacques Spitz est sans conteste le chef de file de la science fiction Française où du moins d'un genre qui dans les années trente n'avait pas encore de véritable « étiquette » et que les éditeurs, faute de mieux, affublaient du titre de « romans fantastiques ». Si notre pays connaissait un passé riche en fantômes, revenants, histoires macabres et autres contes insolites, le terme de « merveilleux scientifique » n'était pas encore au goût du jour, bien que d'illustres prédécesseurs comme Rosny Aîné ou Maurice Renard, pour ne citer qu'eux, avaient déjà enrichis le genre d'œuvres mémorables.
Ce n'est pas un hasard si en évoquant ici Jacques Spitz, je pense de façon simultanée à Maurice Renard. Ces deux auteurs sont pour moi des références essentielles dans l'anticipation ancienne et si le plus ancien des deux connaît encore une gloire fragile grâce à l'intérêt que lui portent quelques éditeurs ayant un goût certain,le second quand à lui était à deux doigts de sombrer dans l'oubli le plus total si deux ou trois éditeurs n'avaient eu la présence d'esprit de refaire découvrir ce pionnier de la science-fiction Française à un jeune public.
Homme de science et de talent, Spitz était un ancien polytechnicien, un érudit qui publia dans les années trente une étude sur la physique quantique et ses implications philosophiques. On a souvent l'impression à la lecture de ses œuvres « imaginaires » qu'il ne prenait pas tout cela très au sérieux et qu'il s'agissait là d'un moyen d'affirmer son goût pour la satyre et exprimer un humour souvent des plus noir. Ce diable d'homme possède un sens de l'imagination tout à fait exceptionnel, la désinvolture et le ton ironique qu'il utilise bien souvent dans ses nombreux écrits nous force à reconnaître l'empreinte d'un écrivain de génie. Il faut jeter un œil sur sa bibliographie où, en dix ans et en l'espace de huit romans il aborde un grand nombre de thèmes majeurs de la science fiction : La fin du monde, la révolte des animaux (des mouches en l'occurrence), expérience sur l'homme et sa modification, Attaque de créatures extra-terrestres, Pouvoir surhumain etc..... Un catalogue impressionnant dont pas mal d'auteurs pourrait prendre de la graine.
Le drame avec cet auteur est l'indifférence quasi-totale dans laquelle il manqua de tomber. Fort heureusement il me faut ici remercier la présence d'esprit d'un éditeur comme « La petite bibliothèque ombre » pour la réédition de « La guerre des mouches », Mr Serge Lehman d'avoir eu la bonne idée d'inclure dans sa formidable anthologie « Les chasseurs de chimères » un des romans le moins connu de l'auteur « Les signaux du soleil » sans oublier « L'arbre vengeur » de nous avoir gratifié de « L'œil du purgatoire ». Enfin un grand merci aux éditions Bragelonne qui dans sa collection des classiques de la SF, après nous avoir gratifié des textes de la sublime Julia Verlanger, propose dans le volume consacré à Jacques Spitz « Joyeuse apocalypse » (un titre très évocateur) deux textes essentiels dans sa bibliographie : « L'homme élastique » un must que je vous recommande fortement et surtout un inédit que l'on attendait depuis plus de cinquante ans « La guerre mondiale N°3 » Espérons que tout ce superbe travail réalisé avec amour et conviction parviendra à rallier un nouveau public qui se devait absolument de découvrir ce maître incontesté et incontestable de l'anticipation ancienne.
Il reste encore à faire découvrir à la nouvelle génération ces héros de l'ombre qui dorment depuis trop longtemps à l'abri de nos bibliothèques. Je vous conseille également de vous rendre sur le site de la « Brigade chimérique », dans son introduction «La brigade : Origines » Serge Lehman nous propose une passionnante analyse sur les héros Français de la littérature populaire au début du XXéme siècle. La bande dessinée du même nom dont il est l'un des scénaristes et dédiée à « J.H.Rosny, Wells, Jean De La Hire, Zamiatine, Jean Ray, Messac, Fritz Lang, Papini et tous les ancien de L'Hypermonde » en dit long sur le contenu de ce petit « bijou ».
Les 6 volumes que compose cette saga, sont traversés par toute une quirielle de héros de l'ombre et en amoureux inconditionnels du genre, les auteurs parviennent à nous entraîner à la (re)découverte de tout un pan de notre littérature de l'imaginaire.
A noter puisque nous parlons de Jacques Spitz, ce brillant petit hommage à « L'homme élastique » puisque dans le premier volume « La dernière mission du passe muraille » on découvre avec ravissement les expériences pour le moins incroyables du docteur Flohr.
Bibliographie de ses œuvres « Fantastiques »
- « L'agonie du globe » NRF Gallimard. 1935.
- « Les évadés de l'an 4000 » NRF Gallimard « Les romans fantastiques » 1936. Ouvrage réédité chez le même éditeur toujours dans la série « Les romans fantastiques » sous couverture couleur en 1948
- « La guerre des mouches » NRF Gallimard « Les romans fantastiques » 1938.
- « L'homme élastique » NRF Gallimard « Les romans fantastiques » 1938.
- « L'expérience du docteur Mops » NRF Gallimard « Les romans fantastiques » 1939.
- « La parcelle Z » Jean Vigneau Éditeur « Les romans fantastiques » 1942.
- « Les signaux du soleil » Jean Vigneau éditeur « Les romans fantastiques » 1943.
- « L'œil du purgatoire » Éditions de la nouvelle France « Collection chamois » 1945. Dans cet ouvrage dans la rubrique « Du même auteur, romans fantastiques » est mentionné sous presse « Alpha du centaure » qui à ma connaissance n'est jamais paru.
En revues
- « L'homme d'affaire de l'an 3000 a du travail pour sept» Reportage anticipé de Jacques Spitz Illustré par Guy Sabran. Paru dans la revue « V » N°297,11 Juin 1950.
- « L'énigme du V51 » V magazine. Supplément au N°326. 1951.
- « Sport de printemps sur Vénus » V magazine. Supplément au N° 445.1953
A noter également l'hommage que lui fait Claude Elsen dans la revue « Fiction » du mois d'Avril 1963 (L'année de son décès) N° 113 et intitulé « Les romans fantastiques de Jacques Spitz ». Article qui sera hélas le seul consacré à ce prolifique et talentueux écrivain.
Réédition
– « La guerre des mouches » Editions Marabout série « Fantastique » N° 349. 1970. Réédition « « Petite bibliothèque ombre » 1997
- « L'œil du purgatoire » et « L'expérience du Dr Mops » Editions Robert Laffont « Ailleurs et demain Classiques » Collection dirigée par Gérard Klein. 1972
- « L'homme élastique » Éditions Marabout série « Science-fiction » N° 483. 1974.
- « l'agonie du globe » Éditions Septimus, Science Fiction N°1. 1977.
- « L'œil du purgatoire » Éditions Presse Pocket collection « Science Fiction » N° 5068. 1980
- « Les signaux du soleil » dans l'anthologie de Serge Lehman « Les chasseurs de chimères », l'âge d'or de la science-fiction Française » Omnibus 2006.
- « Dernier exil » de Jean Michel Ponzio. Bd en deux volumes, adaptée du roman de Jacques Spitz « L'œil du purgatoire » Éditions Carabas. 2007
- « L'œil du purgatoire » Éditions « L'arbre vengeur » 2008
- « Joyeuse apocalypse » Éditions Bragelonne « Les trésors de la SF » contient les romans suivants : « La guerre des mouches », « L'homme élastique », « La guerre mondiale N°3 ». ainsi que 6 nouvelles inédites : « Après la guerre atomique », « Le nez de Cléopâtre », « L'interview d'une soucoupe volante », « L'énigme du V.51 », « Les vacances du martien », « Le secret des microbes ». Le volume se termine par une passionnante postface de notre éminent spécialiste en la matière, Joseph Altairac « De la guerre des mondes à la guerre des mouches».
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